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EAN : 9782749303581
79 pages
Vents d'Ouest (16/01/2008)
3.85/5   48 notes
Résumé :
Luce a six ans. C'est une petite fille tendre et débrouillarde qui passe de paisibles vacances à la campagne chez son Papi, garagiste à la retraite. Luce est une gamine tout à fait normale... mais Luce voit des choses que personne d'autre ne semble voir : elle croise, presque partout, une petite fille drapée dans un crêpe noir, accompagnée d'un homme nu. Tout autour d'elle, de son Papi, des amis de celui-ci, Luce voit rôder la Mort. Tout d'abord, elle ne s'en effrai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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La sonnerie de son réveil la sort de sa nuit. Une fois debout, Luce, 6 ans, fait un brin de toilette, s'habille et prend son petit déjeuner seule à la table de la cuisine. Elle enfile son drôle de chapeau, prend son panier et sort de la maison prudemment, l'obscurité du garage l'effrayant. Aussitôt, elle rejoint son papi en train de jardiner au fond du jardin. Elle lui dit bonjour et s'en va ramasser les quelques oeufs dans le poulailler, le chien Walter dans ses pattes. Il faut faire vite car ils doivent partir au marché où papi tient un stand de légumes. Papi discute avec d'autres maraîchers tandis que Luce observe une coccinelle. C'est à ce moment-là qu'elle les voit, au milieu de la foule. Une petite fille voilée, une boîte sous le bras, et un homme, grand et tout nu, à l'allure primitive. Étrangement, elle semble la seule à les remarquer...

Avec ses sept premières pages muettes, l'on entre doucement dans cet album et l'on regarde la petite Luce s'éveiller à la vie. Un procédé particulièrement accrocheur et qui nous met dans une ambiance très intimiste. La vie s'installe progressivement et l'on suit papi et Luce dans leur quotidien, partagé entre les copains au bistrot, le marché, les courses hippiques, le jardinage... Luce représente la vie et la jeunesse au contraire des petits vieux qui l'entourent. Benoît Springer nous offre ainsi un album réellement touchant sur la vieillesse, la sexualité, la mort inéluctable qui approche à grands pas mais aussi sur le regard que peut porter une petite fille sur la mort. Il y est aussi question de la futilité de la vie, des petits bonheurs du quotidien qu'il faut savoir saisir avant que la Grande Faucheuse ne nous emporte. Au dessin, Benoît Springer excelle dans sa manière de raconter les petits riens du quotidien ou les paysages familiers, qui plus est parfois en silence. La mise en page, originale avec les focus et les plans larges, et le noir et blanc d'une grande profondeur finissent de nous émouvoir totalement.
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Ouverture. Une ambiance de calme et de soleil irrigue les premières cases muettes. En compagnie de la petite Luce, gamine de six ans en vacances chez son papi, on entreprend la visite guidée d'un petit village champêtre, passage en revue obligé de lieux bucoliques et autres clichés pittoresques. le potager du grand-père, le marché braillard, le café du coin avec ses petits vieux chamailleurs et radoteurs, une ballade qui laisse entrevoir les prémisses d'une douce peinture pastorale façon Pagnol. À un détail près : les apparitions morbides et inexpliquées d'une fillette drapée de noir et d'un homme nu décharné que Luce semble être la seule à apercevoir. La fable va vite tourner au pessimisme douloureux…

En jouant sur le contraste de l'âge, l'auteur amène à hauteur de petite fille des questionnements et des préoccupations trop adultes. Une opposition de regards entre une vision innocente remplie de candeur, de révolte très enfantine et le fatalisme voire la névrose de vieillards qui semblent avoir passé leur vie à préparer la mort, à l'oublier dans un cache-cache épuisant. Une inéluctable partie d'échecs contre une grande faucheuse qui finit tôt ou tard par les mettre mat. Et l'on redoute d'entrevoir notre reflet dans ce miroir dérangeant.

Car la force de l'oeuvre, c'est l'empathie profonde et intense qui transpire. La narration prend son temps, étire les instants dérisoires, embrassant d'une poésie morose tous les petits riens du quotidien pour mieux nous faire éprouver la solitude et le sentiment d'abandon. En s'attardant sur les petits détails, elle évoque en nous tous ces souvenirs de campagne où chacun retrouvera sa madeleine proustienne (la bouteille de Pschitt, le pain de deux, le détour que l'on fait dans le jardin pour éviter le canard barjot, cette vieille télé noir et blanc qui débite invariablement la voix des animateurs de jeux à l'heure des repas…). Et puis il y a ce grand format avec ses cadrages et ses gros plans démesurés qui nous rapprochent tellement des personnages et nous font littéralement pénétrer dans les cases. Un degré d'intimisme tel que, dans certaines scènes, l'on se sent voyeur, si gêné d'être là.

La compassion est d'autant plus violente que l'auteur contourne une sensiblerie et une pleurnicherie trop faciles en laissant parler son dessin. Une ligne très belle, magnétique, dont la justesse, la précision et l'expressivité font exploser en non-dits toute la brutalité et la puissance des émotions. Mais c'est également une grande fraîcheur que l'on ressent, quand, complices, on accompagne ces quelques protagonistes se raccrochant aux rares et insignifiants moments de bonheur que l'existence voudra encore leur accorder.

Une oeuvre magnifique, déchirante et méditative. Luce c'était nous. Ces vieux le seront-ils ?
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Luce passe ses vacances chez son grand-père, découvre les merveilles de la nature, la liberté, l'amour filial, la gentillesse du papi, les peurs enfantines, le temps qui passe, l'ennui parfois. Et puis la solitude, la vieillesse et la mort.
Car le grand-père vit dans un quartier où tout le monde vit seul et âgé, chacun dans sa maison. Par de courtes scènes, souvent sans dialogue, on découvre une petite fille pétrie d'imagination, de malice et de tendresse. Une enfant curieuse qui aime observer ce qui l'entoure, les gens comme les animaux, sans oublier les fantômes qu'elle seule voit. Car la mort, sous la forme d'un homme nu et d'une petite fille au visage caché, vadrouille dans les environs.
Difficile de rester insensible face à cette petite bouille surmontée d'un chapeau tout en hauteur. Une enfant qui découvre que le monde qui l'entoure n'est peut-être pas aussi idyllique qu'elle ne le croyait. Et que dire des trognes des différents personnages âgés, vivant dans une France provinciale intemporelle…
Benoît Springer signe ici une bande dessinée fine et sensible, toute en pudeur sur la fin d'une innocence. Son dessin en noir et blanc, parfois proche du crayonné, lui permet d'aborder un sujet complexe (la découverte de la mort par un enfant) avec simplicité et délicatesse. Tout cela nous amenant insensiblement vers une dernière scène particulièrement émouvante.

Une véritable pépite.
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Voici une BD intéressante, traitée avec intelligence et servie par un dessin efficace et bien maitrisé.
Le sujet principal : la mort (grosse ambiance!) mais aussi l'amitié, l'amour (petit-)filial, la dépression, la sexualité des ainés, les rapports de voisinage...
Tous ces sujets, douloureux pour certains, sont traité avec savoir-faire et poésie. La représentation de la mort qui emporte l'âme des défunts est lyrique et mémorable.
Je ne sais pas trop pourquoi, malgré tout ça, je suis un peu passée à côté de cette BD, je pense que ce n'était pas le bon moment pour la lire...
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Luce est une petite fille de 6 ans. Elle passe quelques jours chez son grand-père maternel. Entre les jeux, la récolte matinale des oeufs, les moments de complicité avec son Papi et l'aide qu'elle lui apporte au marché (il y vend des légumes), l'enfance de Luce semble heureuse. Un jour pourtant, alors qu'elle est perdue dans l'observation de la lente marche d'une coccinelle, Luce aperçoit un étrange spectacle au milieu de la foule : une petite fille voilée avance en tenant la main d'un homme nu, à l'allure presque primitive.
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Sept pages muettes nous accueillent dans cet album, sept pages durant lesquels nous observons une petite fille se préparer pour sortir. Ce silence narratif opère généralement assez facilement sur moi, fascinée par la pudeur de l'auteur à dévoiler ses personnages… le lecteur entre donc sur la pointe des pieds dans cet album, charmé par la fillette. Tout au long de l'albums, ses questions enfantines ont contribué à me faire fondre.

Dans les yeux de Luce pétillent l'innocence de l'enfance, l'amour qu'elle porte à son grand-père et un petit côté espiègle. le dessin croque regard et expressions à pleine dent. Rapidement, j'ai ressenti de la sympathie vis-à-vis du duo enfant/grand-parent bien épaulé par le jeu des personnages secondaires.

Confiant et jovial, le lecteur avance dans cette épopée enfantine jusqu'à l'apparition de ce couple étrange : la fillette voilée (seule autre enfant de l'album) et cet homme obscur… La présence de ce nouveau duo est d'autant plus inquiétante que la foule l'ignore, excepté Luce. Dès leur apparition, l'équilibre de l'album change radicalement. Leur présence a jeté le trouble et les apartés ponctuels auprès de certains personnages secondaires suffisent à maintenir la tension. En effet, on les suit un instant dans leur quotidien mais le fait de partir avec ces tiers a accentué l'inquiétude que j'avais de voir Luce quitter le récit. Enfin, les dialogues s'effacent souvent, laissant au lecteur tout le loisir d'observer cet univers que Benoît Springer a dessiné avec naturel et de réalisme. Les graphismes fourmillent de détails et diffusent une chaleur familière (j'ais ressenti la même à la lecture d'Un air de paradis d'Arnaud Quéré ou des Petits ruisseaux de Rabaté). Chaque élément des visuels est à sa place et contribue à rendre cet univers palpable et réaliste.

Très bel album qui se savoure comme un sucre d'orge et laisse un gout de nostalgie en bouche. 80 pages qui se lisent bien trop vite et un album qui se referme bien tristement sur une enfant qui perd un pan de son innocence qui disparait, une blessure ouverte…
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Je crois que tout ce que nous faisons dans notre vie a pour seul but de rendre notre mort supportable. Et le seul moyen d’y arriver est d’oublier qu’on le fait pour ça. Quelle ironie, n’est-ce pas ?
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Je crois que tout ce que nous faisons dans notre vie a pour seul but de rendre notre mort supportable. Et le seul moyen d’y arriver est d’oublier qu’on le fait pour ça. Quelle ironie n’est-ce pas ?
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- C’est quoi un cercueil ?
- Une grosse boîte.
- Et il sera tout seul dans sa boîte ?
- Ben oui.
- Il va s’ennuyer !!
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On n'entend dans les funérailles que des paroles d'étonnement de ce que le mortel est mort.
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Hé, Roger, un coca-cola aux glaçons, hein ? Pas de caca collé au caleçon.
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