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Citations de Bertrand Gervais (11)


J’imagine que si nous étions invulnérables (…) si nos corps pouvaient supporter d’innombrables sévices sans jamais ressentir de douleur, peut-être la violence ne nous fascinerait-elle pas autant. Elle serait une réalité lointaine et peu intéressante, mais voilà, nous craignons la douleur parce qu’elle est omniprésente.
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Je ne recherche rien de précis, je tente simplement de me laisser imprégner par la vie. Je suis plutôt comme un photographe, mais sans caméra. Je recherche des impressions, des sentiments, des fragments de vie. Je capte du réel. Je n’ai pas de sels d’argent ni de zoom, mais des neurones et des sens. Je tente simplement de me dissoudre dans mes perceptions et dans ce monde qui existe indépendamment de moi.
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L’ordinateur nous transforme en être imaginaire. Nous nous projetons sur un écran qui nous renvoie des images déformées de nos pensées. Nous ne sommes pas qui nous voyons apparaître à l’écran. Il y a là une version anamorphosée de nous, réduite en deux dimensions, en un noir et blanc fortement contrasté, où certains de nos traits paraissent plus durs. L’ordinateur engage sa propre réalité. Il définit ses propres cadres de référence qui viennent modifier notre horizon d’attente.
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Un fils. Qu’est-ce qui pousse un homme à le devenir? À le rester? [...]

Denver avait été un enfer et je me suis enfui. J’avais passé mon adolescence dans des cabinets de médecins à soigner une allergie qui n’avait fait qu’empirer. Mes seuls compagnons étaient les livres et ces cahiers que je remplissais d’une écriture noire et agitée. Le lendemain de mes dix-huit ans, je suis parti, laissant ma grand-mère à ses silences amers. Je voulais écrire et j’ai senti que, pour y parvenir, il me fallait mettre de la distance entre mes souvenirs et mes brouillons, entre ma vie et mon passé.

Je suis monté, à l’aube, dans le premier autobus. La veille, j’avais tout brûlé dans une poubelle rouillée, mes cahiers de notes, des vêtements usés, une liasse de lettres jamais décachetées, les draps de mon enfance. L’odeur avait été atroce, un mélange d’ammoniac et de suie. C’était l’encre qui se consumait. Le bleu des flammes, les volutes de fumée, les craquements emmêlés m’avaient rappelé ces feux que nous allumions, Oslo et moi, l’été après avoir longtemps traîné sur la voie ferrée aux abords de la ville.
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— J’ai vérifié, Caroline. J’ai sorti ma trousse et tous mes instruments. J’ai pris des mesures. J’ai vérifié deux fois tous mes calculs. La preuve est incontestable. Irréfragable! Ce n’est pas un effet d’optique.
— Qu’est-ce que c’est alors?
— Je ne vois qu’une seule explication: l’île a commencé à prendre moins de place. Elle rapetisse…
— Ce n’est pas sérieux, papa. Tu me fais marcher!
— Ai-je l’air d’un plaisantin ou d’un plaisancier? Non… Regarde la baie de Juliette, elle a pris de l’expansion.
— Ce n’est pas l’érosion?
— J’ai fait des tests, et ce n’est pas l’effet du vent ni de la mer. D’ailleurs, la forme de la falaise n’a pas été modifiée. Ses contours sont exactement les mêmes qu’avant. Tout est identique, mais… comment dire?… en plus petit.
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En Amérique centrale, de jeunes filles sont atteintes de grisi sicknis, une maladie de la jungle. Elles souffrent d’anxiété, de nausées, de vertiges, de peurs irrationnelles ainsi que de crises d’une colère extrême, le tout entrelacé de périodes d’activité frénétique, suivies de perte de conscience, comme si elles étaient possédées par le diable. Moi, c’est de grisi middilige que je souffre. Les symptômes sont les mêmes, si on oublie les pertes de conscience, provoquées dans mon cas par une ingurgitation abusive de Glenmorangie. Je n’écris plus et passe tout mon temps libre dans les salles d’attente de l’hôpital Notre-Dame. Je suis désespéré, mais je le cache. Je lis des revues bon marché et, dans les librairies, feuillette des livres que je n’achète pas. Je fais semblant.
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Un frottis. Un simple frottis. Un mur de granit noir, des noms gravés par dizaines de milliers, une feuille détachée d’un carnet, un crayon à mine emprunté, un frottement. L’histoire que je veux raconter commence avec un frottis. A name rubbing. Et un nom: Edward D. Henry.

Je dis l’histoire, mais j’ignore si ce qui se cache sous les mots que je suis en train d’écrire est bel et bien une histoire. De l’Histoire, avec une majuscule, oui, il y en a, mais pour le reste, je ne sais pas. La tentation est forte de lier la petite et la grande Histoire, mais au-delà de la guerre, du conflit armé, amoureux ou familial, je me demande jusqu’où se rend l’analogie.

Je réalise par contre que je veux laisser parler les événements, les laisser dicter la trame de mon récit. Je m’imagine en correspondant de guerre qui entreprend d’organiser ses notes de terrain. Et tout commence par un nom déposé, sans trop y penser, sur une feuille de papier quadrillé.
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On distingue, depuis l’Antiquité, deux grands types de dédales : le tracé à ligne continue et le tracé à ligne brisée. Le premier n’offre au voyageur qu’un seul choix, celui d’entrer dans le labyrinthe, afin de suivre son dessin sinueux jusqu’au centre. Comme le dit Penelope Reed Doob, dans un tel dédale au tracé à ligne continue, « il n’y a pas de danger de se perdre, par définition. Aucun talent précis n’est requis, sinon la persévérance, pour atteindre le centre ou sortir ; le labyrinthe n’est pas inextricable, quoique impénétrable puisse paraître subjectivement son tracé.» La désorientation dans un labyrinthe à ligne continue n’est pas liée à une multitude de choix à faire, mais à l’architecture et à la structure même du lieu, à la longueur du tracé, aux tours et détours qu’il fait prendre au voyageur.
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La route lézardée est le dernier lien avec la civilisation, un lien ténu et ouvert sur un vide que rien ne pourra combler. L’homme crache du sang au lever, il sait qu’il va mourir, mais il veut protéger son fils des dangers qui le menacent : de la faim et des cannibales. Ils font route vers le sud et la mer dans l’espoir d’y trouver un envi- ronnement plus clément et, peut-être, une nouvelle vie. L’homme ne survivra pas au périple et il devra laisser son fils continuer seul sa route. C’est à cette condition seulement que l’humanité survivra.
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Est-ce que ça compte vraiment ce que l’on écrit sur un ordinateur? Est-ce que cela a le même statut que ce qui a été rédigé à la main? Si rien n’est jamais imprimé, si ce ne sont que des octets d’information stockés sur un disque dur, cachés au cœur de cette machine grise, ont-ils une valeur quelconque? Est-ce une preuve, un témoignage?
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Encore une méprise ! Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être. Le clocher ne fait pas l'église. Il faut savoir lire entre les lignes. Et ça ne fait que commencer ! Il faudra vous méfier, à l'avenir.
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