AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Boubacar Boris Diop (56)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Murambi, le livre des ossements

Le mot "génocide" a un sens.

Le même sens que dans herbicide, insecticide... Il s'agit d'éradiquer, d'anéantir, de faire disparaître de la surface de la Terre.

Sauf que dans "génocide", il s'agit d'êtres humains.

Boubacar Boris Diop leur donne un visage : roman choral où s'expriment, par bonds chronologiques, l'endeuillé, le rescapé, le mis-à-l'abri, la combattante ; mais aussi le génocidaire.

Ainsi que l'officier français qui a armé, ou encouragé, ou laissé faire.

Il n'est pas dans l'allusion, Diop : il livre une description crue des massacres et des cadavres.

Il donne la mesure de l'énormité du crime : dix mille morts par jour, pendant cent jours ; un million de personnes. En trois mois.

Dans sa postface de 2011, il se pose "la lancinante question de la légitimité d'une mise en fiction du génocide", comment il a cherché à "faire ressentir au lecteur le choc et l'effarement de la découverte d'une horreur défiant l'imagination".

Mais il parle également de "la capacité de résilience d'un pays assez confiant en lui-même pour abolir le 25 juillet 2007 la peine de mort."

Résilience incarnée par ses personnages, de retour à Murambi des années après.

Je ne sais pas quoi penser de ce livre : oui, bien sûr, il est important. Mais, lu après "Petit pays" et "Tous tes enfants dispersés", il m'a semblé moins puissant. J'ai été gênée, justement, par les procédés littéraires : sauts dans le temps, polyphonie (je n'ose pas dire "tout ce qui est tendance", mais...)

Je le comparerais à "Nuit et brouillard" : en évitant systématiquement le mot Juif (ce qui lui a été reproché), Alain Resnais donne au génocide une dimension universelle ; il fait de nous tous et toutes, des victimes potentielles. Il dépasse le "c'étaient des Juifs, c'était pendant la guerre..."

Dimension que, pour ma part, je n'ai pas retrouvée dans ce roman.

Je l'ai trouvé trop court, peut-être.

Les racines du mal (au sens que lui donne Hannah Arendt) sont davantage explicitées dans la postface, notamment le poids écrasant du passé colonial et le rôle déshonorant des autorités françaises.

Bref, lisez-le et faites-vous votre propre opinion.

Challenge Globe-Trotter (Sénégal)

LC thématique de juin 2022 : "Titres à rallonge"
Commenter  J’apprécie          244
Murambi, le livre des ossements

Comment commencer cette chronique ? En m’étonnant du fait que ce ne soit qu’aujourd’hui que je lise mon premier roman de Boubacar Boris Diop ? Ou en saluant la qualité du regard de l’écrivain sénégalais sur le génocide tutsi au Rwanda ?



La première question pouvant être résolue rapidement, je vais la traiter avec le même empressement. J’ai abordé la littérature sénégalaise par le biais de ses auteures et je n’en suis jamais vraiment sorti, excepté avec Birago Diop. On mettra donc ma découverte tardive de Boubacar Boris Diop sur le dos des femmes de son pays (qui fréquente mon blog, comprendra l’allusion).



Pour abandonner ces aspects futiles, à la lecture de « Murambi, le livre des ossements » il est une évidence certaine, j’aurai, Dieu voulant, l’occasion de relire cet auteur pertinent et courageux. Je le dis en me remémorant tous les livres que j’ai lus sur le génocide tutsi au Rwanda qui furent produits à la suite de la résidence d’écriture au Rwanda en 1998 organisée par Nocky Djedanoum sur le thème « écrire par devoir de mémoire ». Car si chacun de ces livres porte un regard singulier, une capacité à transposer dans un projet littéraire, des expériences de vie uniques en lien avec cette tragédie, le roman de Boubacar Boris Diop est celui, qui au-delà de l’émotion qu’il suscite, a une approche qui porte le plus un discours politique, une désignation claire des bourreaux et des victimes, une accusation franche et sans ambiguïté de la collusion française avec des responsables du génocide.



Avant de donner un point de vue, il me faut d’abord présenter ce roman à la structure éclatée qui commence par une série de regards qui replongent le lecteur dans l’atmosphère électrique qui précède les événements douloureux. Un contexte nauséeux où les bourreaux attendent, les victimes pressentent le piège qui va s’abattre sur elles. Chaque voix parle à la première personne. Et le lecteur perçoit intimement sous la plume du romancier l’horreur qui point au jour. Il perçoit intérieurement. Au milieu de ces différents témoignages déroutants, il y a Jessica, une femme, agent infiltré du FPR. Il y a Stanley. Ils sont amis.

Plusieurs années après, ils se retrouvent autour de Cornélius, le troisième larron de leur bande d’enfants de jadis. Cornélius revient de Djibouti, d’où il a vécu le génocide. Toute sa famille a disparu. Du moins, c’est ce qu’il pense en rentrant au Rwanda, où il se doit de retourner à Murambi, fief familial où l’attend son oncle, le vieux Siméon. Ce qu’il va découvrir au sujet de sa famille, en particulier de son père, va remettre en cause toute sa vision du monde…



Entendons-nous, il est extrêmement délicat de commenter un tel livre, un tel sujet. Je pense que Boubacar Boris Diop réussit à la fois à transmettre quelque chose sur la folie de ce qui s’est passée, mais également sur comment on vit après cela, en particulier quand on doit porter le poids des fautes des autres, le tout en évoquant l’historique lointain ou immédiat pour tenter d'expliquer l’inexplicable. Plus que dans les autres ouvrages qui traitent de la question, la prise de position du romancier est nette. Les désignations ne sont pas masquées. Les nuances semblent trop dangereuses. Murambi, le livre des ossements parle à ceux qui veulent en savoir d'avantage. Je ne peux pas être plus long sur cet ouvrage. Certains aspects de la narration peuvent être lus, mais ne peuvent pas être exprimés ou commentés hors du contexte de ce livre. Aussi, je m’arrêterai sur ce, en espérant que vous lirez ce livre. Parce c'est nécessaire.



Bien à vous,



Boubacar Boris Diop, Murambi, le livre des ossements
Lien : http://gangoueus.blogspot.fr..
Commenter  J’apprécie          80
Murambi, le livre des ossements

Comme il est doux de se persuader qu'il n'y a pas meilleur moyen d'apprendre l'histoire qu'au travers du roman, juste parce que tous les gardes-fous qui entourent la science finissent par assécher complètement ses sujets en les objectivant précisément.

Ce roman en est un parfait exemple donc, dans lequel, pour la première fois, j'ai pu lire précisément, entre autres aspects, la position française dans le génocide du Rwanda.

Quel soulagement!
Commenter  J’apprécie          30
Murambi, le livre des ossements

"Si jamais le Rwanda avait été ce lieu paisible et lumineux où le dieu Imana venait se reposer après chaque coucher de soleil, il avait cessé de l'être depuis longtemps en 1998 : la mort continuait à rôder partout, l'odeur des corps en décomposition prenait toujours à la gorge, et les survivants n'avaient pas encore émergé de leur longue sidération".



Dans une prose claire et précise, Boubacar Boris Diop revient sur le génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda au printemps 1994. Pendant cent jours, les interminables massacres, encouragés par la propagande haineuse et incendiaire de radio Mille Collines, près d'un million de Tutsis trouveront la mort."Après une histoire pareille, tout le monde est, de toute façon, un peu mort".



Murambi, c'est ce lieu sinistre (aujourd'hui transformé en mémorial) où, le 21 avril, après avoir trouvé refuge dans une école technique en construction, 45 000 Tutsis sont massacrés par les milices Interahamwe.



Un livre "avant-après" comme je les appelle, bouleversant, et qui questionne le lecteur dans son humanité même. Dans un style très différent des enquêtes philosophico-journalistes de l'excellent Jean Hatzfeld (Une saison de machettes, La stratégie des antilopes). Avec une étonnante économie de mots, Boubacar Boris Diop construit le récit nécessairement éclaté des voix multiples du génocide, et parvient à en soulever brillamment tous les enjeux moraux.



Comment comprendre l'irréductible spécificité du génocide rwandais ? Quel rôle douteux ont joué les troupes françaises de l'opération Turquoise ? Comment pardonner aux bourreaux et vivre à leurs côtés ? Comment vivre après le génocide rwandais ? "Il voulait dire à la jeune femme en noir - comme plus tard aux enfants de Zakya, que les morts de Murambi font des rêves, eux aussi, et que leur plus ardent désir est la résurrection des vivants". Pourquoi l"indifférence occidentale ? ("Ne t'en fais pas Sera. Ils savent que le monde entier les observe, ils ne pourront rien faire").



Dans une passionnante postface enfin, Boubacar Boris Diop évoque les circonstances de l'écriture de Murambi, et s'interroge sur ce que signifier écrire un roman sur le génocide rwandais. C'est une expérience qui découle d'une résidence d'auteurs au Rwanda en 1998, "Rwanda : écrire par devoir de mémoire", rassemblant pendant trois mois plusieurs écrivains africains dans un hôtel de Kigali. Loin de "jouer les pleureuses de la vingt-cinquième heure", chacun en retire une expérience singulière, débouchant sur la production de plusieurs romans (La Phalène des collines de Koulsy Lamko, le Cavalier et son ombre de B.B. Diop, Murekatete de Monique Ilboudo), parmi lesquels Murambi. Dans cette postface, l'auteur donne sens à son oeuvre, autour d'une réflexion fondamentale sur l'écriture et l'engagement.



"Encore une preuve, s'il en était besoin, de la quasi-impossibilité de sortir indemne de l'expérience rwandaise".
Lien : http://le-mange-livres.blogs..
Commenter  J’apprécie          200
Murambi, le livre des ossements

« Ce roman est un miracle. Il confirme ma certitude qu'après un génocide, seul l'art peut essayer de redonner du sens.

Avec Murambi, le livre des ossements, Boubacar Boris Diop nous offre un roman puissant, terrible et beau. »

Toni Morrison.





Quiconque lit régulièrement mes articles connaît mon amour pour Toni Morrison. Pour la femme d'abord, l'insondable, la courageuse,

et pour son Oeuvre, immense, subtile, terrible.

Il ne me fallait pas plus de mots pour poser Murambi, le livre des ossements – offert par une de mes plus précieuses amies - tout en haut de ma « pile de livres à lire » et de le faire mien aussi vite que possible.





Car toute parole de Toni Morrison est d'or.





Et celle-ci l'est plus que toute autre.





Il y a plusieurs années, j'ai séjourné près de deux mois à Kigali, au Rwanda. A mon retour, j'ai lu tout ce qui me tombait sous la main (romans, essais, écrits divers, témoignages) au sujet de l'effroyable génocide des Tutsis de 1994.

Mais aucun de ces exercices ne m'a semblé avoir le quart du tiers de la force de Murambi, le livre des ossements, et la moitié de sa puissance d'évocation.





Ce livre est né d'une volonté de deux artistes, Maïmouna Coulibaly et Nocky Djedanoum, choqués par le silence des intellectuels africains face à la tragédie du Rwanda, d'impliquer une dizaine d'écrivains dans une réflexion sur le génocide.

De cette initiative a germé la résidence d'auteurs « Rwanda : écrire par devoir de mémoire ». Son but : prendre toute la mesure de la tragédie, réhumaniser les victimes et opposer un projet de vie au projet d'anéantissement des génocidaires.





Voilà pour ce qui est du topo général, des grandes lignes et de ce qu'il fait bon dire en introduction.

Une façon d'annoncer la couleur,

Sans trop se mouiller.



Sauf qu'une fois que l'on a refermé Murambi, le livre des ossements, l'un des écrits nés de cette résidence, il n'est plus possible de se contenter de sagesses allongées sur le papier et de phrases toutes faites, juste bonnes à couvrir la quatrième de couverture de sa dernière édition.





Car une fois le livre refermé,

ses 220 effroyables pages dont on pensait connaître le contenu,

il ne reste plus que le chaos, la sidération et la colère.

La colère surtout.

Celle de constater qu'il y a 27 ans seulement, l'inimaginable ait pu se produire au vu et au su de tous. Tout en se trouvant soutenu par la France, pays « des droits de l'Homme ». Après tout, Mitterrand lui-même le disait : « Dans ces pays là, un génocide, ce n'est pas trop important ».





Sauf que moi, je suis née le 16 juin 1994. Pile au milieu des « fameux » cent jours. Les pires que le Rwanda ait trouvés sur sa route. Et imaginer qu'à la seconde où je prenais ma première bouffée d'air, des milliers de femmes, d'hommes et d'enfants expiraient dans d'atroces souffrances, m'est aujourd'hui intolérable.





Là n'est pas le problème, me direz-vous.

Et vous avez tout à fait raison.

Mais il vous suffira de lire la postface (rédigée par l'auteur) de cet admirable roman pour avoir envie d'hurler votre dégoût, votre hargne et votre honte d'être né dans un pays dans lequel le cynisme et les intérêts bassement politiques n'avaient pas de limites – j'ai tendance à penser que les choses n'ont pas tant changé que cela.





Mais voilà qu'à nouveau je m'égare.

Venons-en au texte.

Murambi, le livre des ossements, est un roman bouleversant et fascinant, aussi somptueux qu'abjecte, d'une puissance abyssale, d'une absolue vérité. C'est un texte qui vient gratter les tréfonds de notre âme et y coller les lambeaux de centaines de chaires meurtries. Plaies béantes dans une Histoire pas si ancienne.





C'est la retranscription de l'horreur poussée à son paroxysme, de l'inhumanité dans ce qu'elle a de plus fou, de la folie dans ce qu'elle a de plus inhumain.

Ce sont les témoignages d'hommes et de femmes, victimes ou bourreaux, qui trouvent, pour la première fois de leur vie, la force de raconter l'innommable.

C'est un roman d'une clairvoyance rare, une analyse fine des mécanismes ayant été à l'oeuvre depuis les années 50 et un tableau que le monde occidental a, au mieux, refusé de voir, au pire, financé et soutenu.

Dans ses plus sombres heures.





Grâce à son talent de conteur, Boubacar Boris Diop parvient à faire pénétrer dans nos consciences les noms et les visages des acteurs de la sanglante tragédie rwandaise. J'ai été soufflée par la grandeur de ses mots. Leur simplicité aussi.

Des mots qui ne se donnent pas à voir

- ils n'en ont pas besoin.

Mais qui portent en leur sein le tranchant du glaive et la tendresse du pinceau.
Lien : http://www.mespetiteschroniq..
Commenter  J’apprécie          90
Murambi, le livre des ossements

Un livre à la fois « divertissant » (entre guillemets vu le sujet) et éducatif. Le fait d’avoir des points de vu différents par des personnages différents permet de revoir et comprendre tout le prisme de ce génocide. Il est tout de même important de mentionner les descriptions très précise de scène de tueries, ce qui plonge dans la violence du génocide mais est aussi dur à lire.
Commenter  J’apprécie          00
Murambi, le livre des ossements

Tuer son voisin à la machette. Après l'horreur qui nous prend à la gorge, il ne reste qu'en bouche l'incrédulité, le mystère. Une impression d'autant plus forte 20 ans après le génocide du Rwanda.
Lien : http://rss.lapresse.ca/c/336..
Commenter  J’apprécie          10
Murambi, le livre des ossements

Je viens de terminer Murambi, le livre des ossements.

Quel désastre ! Mais mon dieu quelle horreur ! Je me souviens on en parlait à la télé mais leurs explications étaient alambiquées, on voyait des gens de couleur courir avec des machettes mais plus souvent devant les machettes. Mais le nombre de morts assassinés, torturés est hallucinant.

je ne regrette pas de l'avoir lu bien au contraire car franchement : qui en toute honnêteté sait à quel point ce fut un génocide à l'arme blanche ! Bref les mots me manquent

Il faut le lire, il le faut, il faut savoir

Je crois que je ne peux rien dire d'autres sinon que la France sur ce coup- là n'a encore pas été au top.

Commenter  J’apprécie          00
Murambi, le livre des ossements

Parce qu'à 19 ans, on reste traumatisé par le fait qu'un génocide puisse encore se passer sans que personne ne bouge le petit doigt, qu'il a même été si ce n'est encouragé, tout du moins laissé faire voire préparé par une grande force internationale de l'époque, bref, notre propre pays.

Parce qu'aujourd'hui encore, je ne comprends toujours pas pourquoi rien n'a été fait, pourquoi on a laissé une population tuer quasiment 1 million de personnes en 3 mois, parce que ça m'effraie qu'après le plus jamais ça du génocide juif par les nazis, une telle chose se reproduise même pas 50 ans plus tard, parce que j'ai peur de ce que ça implique comme état d'esprit sur l'importance d'une vie africaine par rapport à la notre et que cela ne me rassure pas sur la nature humaine face aux intérêts financiers et de pouvoir, j'essaie depuis cette date de trouver des explications.

Je lis tout ce que je peux sur ce génocide, des auteurs africains, européens, des essaies, des témoignages, des hommes politiques, des militaires qui ont fait parti de l'opération Turquoise, des survivants et des génocidaires mais ma conclusion est toujours celle-ci: l'être humain est incroyablement cruel et cynique.

Comme cette conclusion ne me convient pas (éternelle optimiste je suppose), je continue de lire et je tombe sur ce livre plus que nécessaire, magnifique, horrible par certains passages mais si réalistes.

L'auteur nous dépeint toute la mesure de ce génocide grâce à des portraits de personnages qui ont tous eu un rôle proche ou lointain de cette tragédie, l'ont vécu différemment selon leur bord, et forcément le racontent aussi différemment.

C'est un coup de poing dans le plexus, prenez votre respiration et allez-y.

Un livre nécessaire!
Commenter  J’apprécie          30
Murambi, le livre des ossements

Livre magnifique qui donne à voir l'après du génocide et la difficulté de vivre avec. L'aspect roman est réussi.
Commenter  J’apprécie          10
Murambi, le livre des ossements



Deuxième lecture! Toujours même plaisir. J'avais lu "La mort ne veut plus de moi" de Yolande Mukagasana, un autre terrible livre sur le génocide rwandais. La simplicité avec laquelle on dit la violence fait que chaque mot te touche directement en plein cœur. On réalise alors que Rwanda n'est pas si loin de nous.




Lien : http://tatobook.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          20
Murambi, le livre des ossements

J'ai beaucoup aimé ce livre sur le génocide au Rwanda. L'écriture y est comme son sujet: dure, brutale, terrifiante et haletante. je recommande ce livre même s'il demande à avoir un coeur bien accroché.
Commenter  J’apprécie          00
Murambi, le livre des ossements

Que d'émotions et d'effarement à la lecture de cet ouvrage, que j'ai longtemps hésité à lire.!..

Après la lecture d'un premier ouvrage en 2015, "Souveraine magnifique " d'Eugene Ébodé , à propos des vastes massacres qui se sont abattus sur le Rwanda, au printemps 1994: Le pays des mille collines .

Boubacar Boris Diop revient lui aussi, sur le génocide des Tutsis par les Hutus .

Pourquoi Murambi ? C'est ce lieu sinistre transformé aujourd'hui en Mémorial où le 21 avril , 45000 Tutsis furent terrorisés puis massacrés à la machette par les milices interhamwe qui ont pillé et incendié les maisons des Tutsis , volé leur bétail ....... La mort rôde partout ......

Dans ce récit extraordinairement lucide , sobre et mené comme une enquête, écrit par devoir de mémoire : l'auteur donne à voir une série de regards qui éclaire le lecteur sur l'ultime génocide du XX° siécle .

Nous replongeons dans l'atmosphère qui précéda les évènements .

Avant , pendant et aprés, les personnages sont tous bouleversants : le colonel Perrin , officier de l'armée française, Jessica miraculée et résistante , Faustin Gasana , membre des milices du Hutu Power, enfin le lumineux Siméon et son frére, Cornelius , de retour au Rwanda, après l'exil.

Effarement , découverte d'une horreur qui défie l'imagination......

Comment s'exprimer après un génocide ? Ce crime absolu ?

Comment raconter ce qui ne se raconte pas ?

Comment mesurer une telle tragédie ?

Sobre et nuancé, explicatif , l'auteur tente de réhabiliter les morts ........

La postface nous renseigne sur beaucoup de choses, notamment l'auteur y met en exergue le rôle trouble qu'aurait joué la France ? ?

Le devoir de mémoire est une des façons d'opposer un projet de vie au projet d'anéantissement des génocidaires .

Il est très difficile de commenter un tel ouvrage on se sent humble et petit ! Il Nous permet tout de même , de faire pénétrer dans nos consciences l'esprit et les visages des victimes de cette sanglante tragédie , de mesurer la responsabilité , parfois occultée des puissances occidentales dans les grandes tragédies africaines .

Un roman puissant , terrible , magnifiquement écrit !

Commenter  J’apprécie          402
Murambi, le livre des ossements

Ce livre est intéressant. Il donne un aperçu du vécu du peuple rwandais en se positionnant aussi bien du côté des victimes que du côté des bourreaux. C'est très effrayant de lire ce genre de récit même si il est romancé, la base est réelle. L'être humain est un être de sentiments mais quand ceux-ci sont négatifs, l'être humain est pire que le plus dangereux des animaux...

C'est un livre fort, bien écrit, qui semble objectif. Il ne m'a pas passionnée mais il m'a permis de me rendre compte de ce qui s'est passé là-bas (étant belge, l'histoire de l'assassinat des 10 para-commandos, a beaucoup fait parler du Rwanda à l'époque).
Lien : http://jenta3.blogs.dhnet.be..
Commenter  J’apprécie          00
Murambi, le livre des ossements

En toile de fond du nouveau livre du Sénégalais Boubacar Boris Diop, la tragédie du bateau, Le Joola. Une langue maîtrisée, un conte moderne un brin désabusé.
Lien : https://www.ouest-france.fr/..
Commenter  J’apprécie          00
Murambi, le livre des ossements

Ce livre est incroyable et je ne comprend pas qu'on parle si peu de ce genocide. La cruauté est à son maximum. Un livre à lire absolument
Commenter  J’apprécie          20
Murambi, le livre des ossements

Lire ce livre, c'est lire une page d'histoire inhumaine, c'est la cruauté. C'est aussi une mémoire.

Il faut avoir le cœur bien accroché pour lire ces deux cent pages. Un roman très bien documenté qui raconte aux travers plusieurs personnages, l'avant, le pendant et l'après génocide. C'est une écriture efficace, simple et juste.

Pas de parti pris, pas de jugement.

Les personnages de Jessica et de Simeon amènent de la sagesse et de la lumière dans ce livre sombre.

Un roman marquant et riche
Commenter  J’apprécie          31
Murambi, le livre des ossements

Danielle : "Ce romancier et essayiste sénégalais a écrit ce roman après une résidence d'auteur "Rwanda, écrire par devoir de mémoire". Ce roman est né des témoignanges recueillis au Rwanda, auprès des acteurs, victimes ou bourreaux, du génocide rwandais, quatre ans après celui-ci. C'est facile à lire. Le contenu est très fort dans son contenu, tant par l'évocation des massacres, que par les analyses psychologiques des personnages et les enjeux géopolitiques des différents pays au coeur des événements. "
Commenter  J’apprécie          00
Murambi, le livre des ossements

Avec une écriture simple et fluide, Boubacar Boris Diop nous transporte dans cette magnifique région des grands lacs africains dont fait partie le Rwanda. Il nous fait prendre conscience de l’immense tragédie qui s’est déroulée face à un monde indifférent, plus préoccupé par les résultats de la Coupe du monde de football… Roman contre l’ignorance, contre l’impunité, contre l’oubli. Un roman d’une intensité bouleversante.
Lien : http://lagouluelitteraire.6m..
Commenter  J’apprécie          10
Murambi, le livre des ossements



Murambi , le livre des ossements Boubacar Boris Diop



« Comment peut-on se dire intellectuel capable, pour parler comme Cheikh Hamidou Kane, de « brûler au cœur des choses » si on ne sait même pas se demander pour quelle raison et par qui tant de corps mutilés de Tutsi ont été du jour au lendemain lâchés sur le Nyabarongo ou jetés aux chiens ? Pourquoi n’avais-je pas été capable de voir un seul de ces centaines de milliers de morts ? En m’incitant à me poser de telles questions, les témoignages des rescapés et mes lectures me tendaient sans pitié le miroir où je voyais défiler mes graves déficiences. »

Boubacar Boris Diop, Dans sa postface de « Murami, le livre des ossements » écrite 11 ans après son roman /reportage sur le génocide du Rwanda, Boubacar Boris Diop réfléchit sur cette inconscience, ou ce déni, ainsi que sur les responsabilités de la françafrique, qui a envoyé des troupes et des armes pour soutenir les Hutus, qui a construit un stade de volley- ball au dessus des charniers de Murambi, puis qui as aidé les assassins à fuir au Congo.

Les Hutus regroupés dans l’Interahamwe ont assassiné dix mille Tutsi par jour, pendant cent jours.

Un million de morts.

De la manière la plus barbare, inimaginable.

Boubacar Boris Diop, 4 ans après la fin du génocide de 1994, est invité au Rwanda, pour un atelier collectif d’écriture.

Son premier personnage voit bien que se prépare une tuerie : la radio des Mille Collines tenue par les Hutus au pouvoir lancent depuis plusieurs mois des « appels au meurtre totalement insensés » : De plus, ils ont un prétexte en or: la mort du Président Habyarimana dans un accident d’avion resté mystérieux.



Trois parcours dans cette enquête : Jessica, la survivante, la combattante, celle qui a toujours gardé le cap et jamais renié ses convictions. Pardonner, dit elle ?

Stanley, dont on n’entendra pas beaucoup parler.

Et Cornelius, fils d’un Hutu marié à une Tutsi, qui a fui le pays dès les premiers symptômes de meurtres. Il redécouvre son pays, ses blessures et son passé qui lui saute à la gorge. Il revient dans un chez lui qui n’est plus le sien, sauf son oncle, un homme lumineux, qui lui parle :

Bien sûr, dit il, les étrangers avaient mis les Tutsi sur un piédestal, et leur avait dit « vous n’êtes pas des noirs, vous n ‘êtes pas des sauvages. ». Mais de quoi se plaindre le plus ? De l’audace de ces conquérants belges puis français, ou de l’incroyable stupidité des chefs tutsi de cette époque ? L’allégresse de tuer des Hutus a t elle été insufflée par les colonisateurs ou est elle le fait de la vengeance et de la soif de pouvoir de certains chefs ( qui après avoir incité au meurtre les pauvres paysans, les renverront à leur pauvreté initiale)?

Nous ne pouvons en vouloir à personne de notre manque de fierté, conclut l’oncle Siméon. Nous nous comportons comme des esclaves, ce qui s’est passé en 1994 porte un seul nom : la défaite.

Boubacar Boris Diop s’appuie sur l’histoire, les préliminaires au génocide, sa préparation depuis 1959, les premiers meurtres, pour décrire la haine sans raison entre habitants parfois de maison qu’ils partagent, l’extermination, prenant le « solution finale » nazie comme exemple, et éclatant au grand jour en 1994.

Livre fort, donnant la parole aux uns comme aux autres, les chefs hutus incitant au viol, au découpage à la machette, au carnage, l’excitation de massacrer faisant perdre le goût du repos. Jour et nuit, la boucherie, partout, y compris dans sa propre famille.

Réflexion aussi : à commencer : connaître l’histoire, la voir comme elle a été, au risque de se voir opposer le refus d’en voir la spécificité : les massacres ont toujours eu lieu, disent certains des amis de Cornelius, suivi des discours de politiques français, de Jean D’Ormesson et d’autres, puis complètement rendus obsolètes et faux par les études de Patrick de Saint Exupéry entres autres et du livre de Jacques Morel, où la France a été « au cœur du génocide des Tutsi » .

Et écriture somptueuse, les citations essayant de rendre le phrasé spécial de cet auteur sénégalais.

Boubacar Boris Diop n’affirme rien quant à la raison de la démence des Cent. Jours, comme son héros Cornelius, il est déchiré. Il nous éclaire, en faisant parler.

Commenter  J’apprécie          5011




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Boubacar Boris Diop (431)Voir plus

Quiz Voir plus

le Roi Arthur de Michael Morpurgo

Pourquoi le jeune garçon se retrouve-t-il piégé au milieu de l'océan?

Il voulait aller pêcher à la crevette
il voulait assister aux grandes marées d'équinoxe de printemps
il voulait accéder au rocher de Great Ganilly pour remporter son pari

20 questions
3870 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}