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Citations de Brenda Jagger (41)


Jusqu'à l'apparition de ce miracle unique qui s'appelait Blaise, les bébés me paraissaient tous pareils et je n'ai longtemps éprouvé que commisération pour les femmes affligées d'enfants ordinaires. Puis avant l'arrivée du second, je m'étais fort souciée de ce qu'il ne serait peut-être qu'une pâle copie du premier, si bien qu'il m'avait fallu un jour ou deux pour m'habituer à cette variante de la physionomie Barforth, et pour comprendre que j'allais les adorer autant l'un que l'autre, mais différemment.
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Je savais aussi qu'elle recouvrait des injustices choquantes et une pauvreté telle que, sur dix volontaires prêts à porter les armes au Transvaal, quatre devaient être réformés pour cause de malnutrition.
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Je savais que le pays était riche, comme en témoignaient les milords opulents que je voyais arpenter les boulevards ou galoper au bois; je savais qu'ils devaient moins leur fortune aux revenus de leurs domaines ancestraux qu'aux gains du négoce maritime, aux trésors puisés dans de lointaines contrées - avec ou sans le consentement des populations indigènes.
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Hélas, si ma chère petite ! Vous bafouez les conventions. Vous rejetez l'autorité masculine, vous affichez votre désir d'indépendance du vivant même de votre père et de votre mari. Imaginez ce qui se passerait si d'autres s'avisaient de suivre votre exemple ! Ce ne serait plus simplement la fin de l'harmonie des ménages, ce serait le chaos financier, l'écroulement de fortunes établies. Et cela ma chère enfant, la société ne peut le permettre et ne vous le pardonnera jamais. On vous collera l'étiquette de "divorcée", on s'empressera d'oublier les circonstances réelles de votre séparation, de sorte que vous ne vaudrez bientôt pas mieux qu'une gourgandine. Vous serez alors soumise à toutes sortes d'agressions et d'indignités dont j'ai peur que vous ne vous représentiez pas la gravité.
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En général, quand un paysan s’installe sur une terre pour y vivre, il n’y pousse que de l’herbe. Il construit alors une cabane, des abris pour les bêtes et, soudain, on lui retire tout. Le paysan irlandais, qui ne peut compter que sur son lopin de terre pour faire vivre les siens, n’a même pas l’assurance de pouvoir y rester une année entière
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Il y aurait d’autres femmes, mais plus jamais de sentiment aussi fort. Personne ne souhaite vivre cela deux fois. Son besoin d’elle, intense et douloureux, s’affaiblirait, il se contenterait d’émotions mineures – c’était ce qui l’attristait le plus.
Il tenta de s’habituer à cette idée ; après tout, le monde était plein de femmes qui lui plaisaient jadis. Il y en avait même une qui, à cet instant, gravissait le sentier pierreux juste en dessous de lui. Elle se trouvait assez près pour qu’il pût l’examiner en détail et trop loin pour qu’elle se sentît gênée de cet examen. Elle était plus jeune qu’il ne l’avait d’abord pensé et son genre de beauté n’était pas de celui qui, en général, le transportait.
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Mieux valait ne plus revoir Daniel, jamais. Il était plus sensé et moins dangereux de se contenter d’émotions mineures, comme la sympathie, l’affection ou bien de ces plaisirs négatifs qu’étaient le fait de ne pas se consumer, de ne pas agoniser pour un homme. C’était bien entendu moins exaltant, mais on était ainsi sûr de garder le contrôle de sa vie et de ne pas courir à l’abîme.
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Les travailleurs, tout comme les machines, avaient besoin de combustible pour fonctionner. Sairellen se demandait de quelle façon Cara calmerait sa faim pendant ses douze heures de captivité. Alors, craignant de regretter son bon mouvement, elle avait rapidement fourré dans les mains de la jeune femme une seconde tranche de pain accompagnée de lard, le tout enveloppé dans une serviette rouge et blanche soigneusement nouée. Un vrai casse-croûte d’ouvrier.
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Inévitablement, il arrive qu’elles se fassent accoster par des hommes d’un genre douteux. Ce qui a donné à cette profession une réputation de laxisme moral que je ne tolère pas chez mes employées. On prétend même, avec de bonnes raisons sans doute, que durant la morte-saison certaines couturières arrondissent leurs revenus en accordant leurs faveurs à des hommes pour de l’argent.
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Elle savait que le bonheur de ses parents était réel et s’attristait un peu de sa propre incapacité de désirer le même. Elle aimait pourtant son père. Elle admirait ses qualités d’homme d’affaires, sa solidité et respectait son intégrité et son jugement. Mais devenir l’épouse d’un tel homme aurait signifié une lente suffocation, peu importait que ce fût dans le velours et la soie.
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Elle fait de son mieux pour rester à la page. Mais les modes passent vite de nos jours et les femmes se lassent rapidement…
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Travailler à l’extérieur était impensable pour une femme de la bonne société. Sa destinée était donc de vivre du travail des autres et Gemma, avec honnêteté, admettait qu’elle ne saurait pas comment réagir sans la sécurité que lui offrait la fortune de son père. La liberté, dans ce cas,paraîtrait sans doute précaire : liberté d’avoir faim, comme cette fille si elle ne réussissait pas à vendre ses châles et ses bonnets.
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Elle n’était pas d’une beauté classique, celle d’une femme du monde au teint de porcelaine, aux yeux pensifs et à la silhouette fragile, ce que la mère de Gemma qualifiait de « à la mode ».
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Elle n’était pas d’une beauté classique, celle d’une femme du monde au teint de porcelaine, aux yeux pensifs et à la silhouette fragile, ce que la mère de Gemma qualifiait de « à la mode ».
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Tristan n’aimait pas Gemma d’amour, mais se montrerait correct. Tel un chat au pedigree prestigieux, il n’exigerait d’elle qu’un coussin de soie et une bonne ration de crème. Tandis que les autres auraient la prétention de faire d’elle une « épouse », c’est-à-dire l’ange de leur foyer, la source de leurs plaisirs en même temps que la mère de leurs enfants. A sa charge les chemises amidonnées et les soupers chauds ! Gemma devrait s’incliner devant l’autorité de son seigneur et maître, qui lui offrirait en retour sa protection. Elle n’aurait pour tout désir que les siens et d’autres opinions que celles choisies pour elle. Elle épouserait ses croyances religieuses et s’abandonnerait avec innocence à ses caprices sexuels.
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Daniel s’était montré tendre avec les femmes, mais aussi léger et presque distrait. Il cajolait ou taquinait, pour obtenir ce qu’il désirait. Avec Cara, c’était bien différent ; il ne pouvait supporter l’idée qu’elle lui échappe, il fallait qu’elle soit à lui.
Il se débattait dans le courant de ces émotions nouvelles et lui en voulait de ne pas deviner ses sentiments ; il était en colère contre lui-même à cause de son impuissance à les lui exprimer.
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Impossible d’accorder du temps à Daniel, elle devait sauver ce qui pouvait encore l’être. Elle savait aussi que donner libre cours à ses sentiments pour le jeune homme ne ferait que précipiter le désastre.
Elle luttait contre les émotions qui l’envahissaient, en se disant que, quand tout irait mieux, elle prendrait le temps de penser à elle-même. Elle éprouvait un élan de joie fou à la vue de Daniel, en même temps que la nécessité de l’éconduire. La terreur de ne pas le revoir lui nouait la gorge et les larmes qu’elle essayait de refouler donnèrent à sa voix une intonation désagréable.
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Enfant, il se rendait régulièrement à l’école le dimanche avec le plus grand sérieux pour y apprendre à lire et à écrire. Une chance que Sairellen n’avait pas eue. Elle avait bien émis quelques grognements d’approbation, mais rien de plus. Plus tard, il avait étudié à l’Institut de Mécanique. Il passait son temps plongé dans des livres d’histoire ou dans l’étude de cartes anciennes. Elle avait manifesté un peu plus d’enthousiasme quand il avait été promu contremaître aux filatures Braithwaite. Elle faisait en sorte qu’il y eût toujours pour lui un dîner chaud et une chemise propre, qu’il rencontrât le moins possible ses locataires et ne lui prenait sur son salaire pas un penny de plus que nécessaire. Elle le laissait en paix avec ses livres et l’interrogeait rarement au sujet de ses activités, tant amoureuses que sociales. Elle avait confiance en son sens de la décence.
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Elles allaient boire le lait de la vache, cueillir des mûres dans la lande, ou encore ramasser des champignons dans le pré communal.
C’était une vie simple et fruste, loin d’être paradisiaque, comme certains inclinaient à le croire maintenant mais qui respectait au moins la dignité et la liberté de chacun. L’ère des machines y avait mis fin et il n’y avait rien à gagner à s’appesantir sur le passé.
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Il était difficile de réclamer de l’argent à une femme sans appui ; de cela, elle faisait son affaire.
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