Beau réagit immédiatement à ses injonctions et fila vers le premier obstacle. Chelsea lui murmurait ses ordres. La fusion entre la femme et son cheval était totale. Beau l’écoutait, ses oreilles se rabattaient légèrement en arrière quand elle disait un mot, il n’en fallait pas plus. Ils avaient des codes précis entre eux et il suffisait parfois d’un claquement de langue ou d’un « oui » murmuré... Elle sentait la foulée s’allonger. Beau doubla le premier cheval sur l’extérieur et le laissa sur place, puis, l’encolure projetée, il dépassa les deux autres au pied de la colline. Beau amorça la remontée comme s’il était doté d’une énergie sans bornes. Chelsea était au paradis, un paradis de naseaux frémissants, de bruits de galops, de respirations saccadées, simultanées entre le cavalier et son cheval. D’osmose parfaite.
En roulant, elle pensa encore une fois à ce Superman et se dit que la grandeur de Christopher Reeve ne fut pas dans le jeu d’acteur du super-héros capable de voler dans les airs par lui-même et de sauver le monde mais bien dans son humilité à combattre la maladie et l’offrir en partage aux autres.
- On peut être différent, c'est pas grave, hein Maman ?
- Non, c'est pas grave, c'est même mieux.
"
« Et c’est ainsi que la petite sirène se transforma en
écume… »
La fin de l’histoire est-elle triste ?
Oui, si l’on associe le dénouement à la fracture ou à la mort, la séparation à jamais. L’écume, lugubre, devient alors cris, plaintes, suppliques d’où tentent
désespérément de s’échapper de fiévreux spectres.
Si l’écume reste frivole et roule loin des obsèques aux exhalaisons de soufre, elle n’est alors qu’un frou-frou, une allégresse, une métaphore où l’ensorceleuse sirène devient plaisante et rassurante, pétillante et libre.
Curieux sentiment, au souvenir de mon enfance, où je me revois, heureuse, sautant dans les vagues, fracassant avec bonheur l’écume mourant sur le rivage, sabrant le ressac en riant. Ai-je donc ainsi tué des esprits de sirènes ?
Sans le savoir ? Avec l’étourderie de l’innocence, dans la joie de l’instant ? Aurions-nous si peu de clairvoyance au point de disloquer ainsi, en nos plongées impertinentes, leurs mémoires englouties ?"
Si Dieu existe, Il porte un nom : Maman.
Il n'en a pas d'autre. Parce qu'elle a souffert pour moi, m'a aimée sans retenue, brebis égarée ou pas, ne m'a jamais jugée, m'a ouvert ses bras sans discintinuer et aurait offert sa vie pour la mienne.
Oui, c'est ça : s'Il existe, comme Il ne peut être partout, il a créé la maman.