- Pourquoi vous avez choisi le métier de chercheur ?
Ce métier, son métier qui lui tient tant à cœur.
- Parce qu'il est venu me chercher dans mes rêves.
J’étais entouré de chercheurs. Gaëlle cherchait des solutions, Lou cherchait des preuves et quant à moi, je cherchais surtout à ce qu’on me fiche la paix. Le résultat n’était pas très probant.
Le monde appartient à ceux qui bâtissent l’avenir.
Tout le charme du flou tient dans l'espoir qu'il suscite. Chercher la vérité, c'est accepter le difficile retour au réel.
- Condamné à devenir une femme! Rien que ça! Juste avant la prison, quoi. Et d'abord pourquoi voulais-tu être un homme?
- Pourquoi je veux être un homme? Eh bien...
Je cherchais mes mots...
- Parce que les hommes sont pleins d'élans, ils sont persévérants et courageux, ils aiment dépasser leurs limites, ils sont protecteurs. Ils s'occupent de choses intéressantes, pas de futilités.
Lou m'écoutait attentivement, bienveillant, sans l'ombre d'un jugement.
-Bon, OK. Tu me décris comment tu vois les hommes, tu manifestes ton admiration pour ces qualités, ces comportements, reprit-il. Mais est-ce que tu te sens un homme ou est-ce que tu aimerais avoir les qualités que tu leur prêtes? Ce n'est pas la même chose, tu sais... Les femmes aussi peuvent être courageuses et persévérantes, protectrices. Est-ce que tu te sens un homme? Toi. A l'intérieur de toi...
Une femme, ce n’est pas un vente. Ce n’est pas qu’une machine à produire des enfants.
Je fis de mon mieux pour répondre longuement sans donner aucune information consistante. Ce n'était pas bien compliqué, il me suffisait d'imiter mon prof de sociologie. Deux heures de cours par semaine pour l'écouter parler pour ne rien dire, c'était bien suffisant pour m'entraîner.
Je me sentais tout intimidé et en même temps çà m'énervait d'être aussi facilement facile à déstabiliser. Je me trouve tellement nul parfois. Je sais bien que ça n'a aucune importance et que les gens m'oublient deux minutes plus tard. Mais moi, je ne m'oublie pas.
( p 48)
Enfiler une robe, ce n'est pas revêtir un bout de tissu, c'est endosser un moule, accepter une forme prédéfinie, s'y modeler, s'y limiter
Il lui demande souvent la permission de la toucher, de parcourir ses traits du bout des doigts. Il veut sentir les détails, le coin de ses yeux, de ses lèvres, les cheveux dispersés sur le front ,l'arrondi des joues, la pointe des pommettes, la courbe du menton. Il aimerait voir ses rides, ses paupières fatiguées par les années, sa peau qu'il sent moins ferme. Au lieu de ça, il n'a que l'image d'une jeune femme, celle qu'elle était la dernière fois qu'il l'a vue, le visage de sa mère éternellement jeune. Parfois il a peur de la perdre, qu'elle disparaisse à jamais. Perdre ses souvenirs, ce serait comme devenir aveugle une seconde fois.