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Critiques de Cameron Stewart (67)
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De l'autre côté

Lundi 4 septembre 1967. Le jeune soldat des Marines, Jon. J. Faulkner meurt touché par un obus de mortier de 82 mm dans la province de Quang Tin, dans le sud du Vietnam. Le lendemain, à Russelville, dans l'Alabama, Billy Everette est gentiment convié à prendre la relève. Bien qu'il ait tout fait pour tenter d'y échapper comme choper la chtouille auprès des prostituées ou dire, lors de la visite médicale, qu'il est pédé, rien n'y fait. Direction le camp d'entrainement des Marines, en Caroline du Sud, sous l'autorité d'un chef tyrannique et despotique. Dès les premiers jours, Bill est sujet aux hallucinations morbides et perd peu à peu pied...

Village de Nam Phong, au nord du Vietnam. Vo Bin Daï, fils de paysans et fils de soldats, s'engage dans l'Armée Populaire du Vietnam. Il laisse derrière lui ses parents, empreints de fierté. Il rejoint un bataillon qui se dirige vers le sud. Dans la moiteur de la jungle, ses compagnons de fortune y laissent leur peau. La progression est parfois difficile mais le jeune homme de 19 ans est prêt à combattre et défendre son pays...



Récit croisé de deux destinées, cet album, dès la première page, donne le ton. Bienvenue dans la moiteur de la jungle et dans la violence de la guerre ! D'un côté, Bill Everette, soldat des Marines, qui, au fil des combats, perd peu à peu ses esprits. De l'autre, Vo Bin Daï qui ne compte pas déshonorer ni sa patrie ni sa famille. Deux camps opposés qui, immanquablement, vont se croiser. La Guerre du Vietnam aurait engendré plus de trois millions de morts (Nord et Sud Viet-Nam et États-Unis pour ne citer qu'eux) ainsi que de nombreux traumatismes pour les soldats et leurs familles. Cet album, qui n'est pas sans rappeler Full Metal Jacket, reflète aussi crûment et violemment soit-il, cette guerre. Le propos est dur et incroyablement documenté. Ce récit dense et riche est parfaitement mis en scène par Jason Aaron qui s'attarde, non seulement sur les combats, mais aussi sur l'état psychologique des soldats. Graphiquement, Cameron Stewart fait montre d'un réalisme impressionnant. Moult détails dans ses planches, trait minutieux, large palette de couleurs, ambiance apocalyptique. Le dessinateur s'est d'ailleurs rendu sur les lieux en 2005 pour s'en imprégner. Un récit de guerre saisissant et oppressant...
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Fight club 2

"Première règle du Fight Club : Tu ne parles pas du Fight Club."



"Deuxième règle du Fight Club : Tu ne parles pas du Fight Club."



Bonne nouvelle : Sebastian est de retour.



Mauvaise nouvelle : Tyler Durden aussi...



C'est ainsi que la quatrième de couverture nous présente ce roman graphique qui fait suite directe au roman originel sorti en 1996.



Sebastian, nom d'emprunt pour désigner le personnage principal qui à la base l'on ne connaît pas sa véritable identité, se voit dans cette suite marié à Marla et ayant eu un enfant de cette union.



Sebastian prends un traitement et suit une thérapie.

Problème, Marla trafique les médicaments de Sebastian, qui n'ont plus aucun effet sur lui, très vite Tyler Durden va faire sa réapparition.



Après un accident domestique, le fils de Marla et Sebastian se voit kidnappé après que leur maison ait brûlée dans les flammes.



Voilà pour l'introduction, le pitch de départ de cette bande dessinée.

Autant être clair de suite, c'est un bon Comics mais un très mauvais Fight Club quand on a lu le roman de départ. Il y a quelques bonnes idées mais rien de plus.



Le dessin est bon, mais celà ne suffit pas à redresser la barre.

Autant dire que le roman d'origine se suffit à lui-même et n'a pas besoin d'une suite. Suite qui est différente par rapport au film.



En tant que Fight Club je lui ai accordé 3 étoiles mais en tant que comics, je lui aurais accordé 3,5 ou 4 étoiles.



J'ai réellement été déçu de cette suite dont on aurait pu se passer.
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De l'autre côté

La guerre, c'est moche.

Et puis ça tue, cette connerie, au profit de gradés au gros derche chaudement parqués dans leur QG, à des lustres du terrain des opérations, bien trop occupés à briguer leur énième médaille au profit de vaillants p'tits gars élevés en batterie au rang de chair à canon. Une médaille posthume, pour eux, mais une médaille quand même...



D'un côté, le soldat Billy.

De l'autre, Vo Bin Daï.

Tout semble les séparer alors que tout les rassemble.

L'un se bat, à contre coeur, pour l'Oncle Sam, l'autre corps et âme pour sa mère patrie, le Vietnam.

Ils n'auraient jamais dû se rencontrer, ce conflit y veillera dans le sang, la merde et l'atrocité des combats.



Ce qu'il y a de plus intéressant, ici, c'est une absence totale de manichéisme au profit d'un questionnement personnel semblant inhérent à toute personne évoluant en plein cauchemar éveillé.

Deux visions antagonistes de la guerre.

Deux soldats lambda totalement dépassés dans une guerre charriant à outrance de la matière première pour la grande faucheuse.



Le découpage est admirable, la psychologie remarquablement développée et le visuel incroyablement parlant.



J'ignore si ce récit avait pour vocation de développer la moindre bribe de sentiment antimilitariste.

Ce que je sais, c'est la vacuité humaniste de tels conflits et l'incroyable propension de l'humain à se foutre sur la gueule pour des considérations politiques bien trop subtiles pour la bleusaille sursitaire appelée à les défendre .

"Seek and destroy" chantonnait Metallica.

Et la tendresse, bordel...
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Fight club 2

La BD n'est pas mon univers habituel et j'ai donc posé des yeux de profane sur la suite de Fight Club en version dessinée. Non-initié ne veut pas dire que je me suis plongé dans l'ouvrage à reculons. Bien au contraire, c'est avec un état d'esprit particulièrement curieux que j'ai découvert les premières planches. Pour bien me plonger dans l'ambiance, j'ai d’ailleurs revisionné le film de David Fincher datant de 1999.



Mais n'oublions pas que FC est avant tout un livre (1996) ! Chuck Palahniuk est le géniteur de cette histoire dingue et violente. On le retrouve aux manettes du scénario de cette bande-dessinée (où il se moque d'ailleurs un peu du film au détour de quelques passages), avec Cameron Stewart comme compère pour l'illustration.



Comment résumer l'expérience qu'aura été cette lecture... Démente, surprenante, violente, déstabilisante, renversante... Une plongée au plus profond des esprits malades des personnages (et de leurs auteurs).



Une vraie expérience sensorielle pour le profane que je suis, donc. J'y ai perdu mes repères, ma voix et un peu la tête. Il faut dire qu'il n'est pas toujours évident de suivre cette intrigue déstructurée, découpée en dix parties (Fight Club 2 a été publié en feuilletons aux États-Unis). Heureusement que chaque nouvelle partie s'ouvre sur une sorte de résumé (déjanté et franchement très drôle).



FC 2 fourmille d'idées, d'inspiration, d'imagination et de délires. A travers l'histoire et le texte de Chuck Palahniuk, clairement décalé au point d'intégrer sa propre personne dans le récit. Par le dessin de Cameron Stewart où chaque bulle explose dans un tourbillon de créativité.



J'ai lu les premières pages avec enthousiasme, j'ai commencé à perdre le fil ensuite, je me suis raccroché aux branches, j'ai tenté de laisser s'évader mon esprit et mettre de coté ma raison trop cartésienne. Une vraie expérimentation assez exigeante, qui m'aura fait passer par nombre d'états, de l'excitation à l'énervement, de la réflexion à la rêverie. Et ce n'est pas le final qui m'aura permis de retomber les pieds sur terre.



On a parfois l'impression que les deux auteurs sont en roue libre, même s'ils s'en donnent à cœur joie. Une sensation déstabilisante et assez improbable, surtout concernant la fin qui est... particulière.



Les dessins de Cameron Stewart sont en tout cas d'une expressivité et d'une inventivité étonnantes. Je n'ai aucune compétence pour parler de technique, mais sa manière d'illustrer cette intrigue folle est à son image : franchement barjo.



Un mot sur l'objet, absolument superbe, à l'image de sa couverture intérieure très différente de la sur-couverture, et des étonnantes planches de couvertures alternatives proposées en fin d'ouvrage.



Oubliez tous vos repères, gardez l'esprit ouvert, pas besoin d'être expert, tant qu'on accepte de plonger dans un récit non linéaire. Perturbante, mais vraiment intéressante expérience sensorielle que ce Fight Club 2.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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De l'autre côté

Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Il comprend les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2007, écrits par Jason Aaron, dessinés et encrés par Cameron Stewart, avec une mise en couleurs réalise par Dave McCaig. Il commence par une introduction rédigée par le capitaine Dayle Die. Il se termine avec une postface de 2 pages rédigée par Aaron en mémoire de Gustav Hasford, la reproduction du script de l'épisode 1, 8 pages de compte-rendu du voyage de Stewart au Vietnam avec ses photographies de repérage, et 5 pages d'études graphiques.



L'histoire commence le 4 septembre 1967, quand le soldat Jon J. Faulkner trouve la mort sur un champ de bataille dans la vallée de Que Son au Viêt Nam. Son corps est rapatrié dans un sac pour cadavre et il est enterré dans sa ville natale de Ypsilanti, dans le Michigan. Le lendemain à Russellville dans l'Alabama, Billy Everette reçoit la lettre qui l'informe qu'il est appelé sous les drapeaux pour servir l'Oncle Sam. Il a beau se saouler jusqu'à se faire vomir dessus la veille de sa visite médicale et prétendre être homosexuel, cela ne suffit pas pour lui éviter d'être incorporé. Il doit donc faire ses adieux à ses parents, et à son petit frère Bud. Au Vietnam dans le village de Nam Phong, non loin d'Hanoï, Vo Binh Dai fait le constat de l'état de destruction de son pays et se porte volontaire pour rejoindre l'armée populaire vietnamienne dont un recruteur est de passage dans son village. Il ressent toute l'importance de pouvoir faire honneur à ses ancêtres et de défendre sa terre contre les envahisseurs impérialistes. Billy Everett a rejoint le camp d'entraînement de Parris Island en Caroline du Sud. Il subit de plein fouet les hurlements, le mépris et les humiliations du sergent instructeur chargé d'initier et de développer leur esprit de corps. Dès cette première journée d'humiliation, Everette perçoit le spectre sanguinolent d'un soldat américain en uniforme, à la mâchoire inférieure manquante, emportée par une explosion.



Pour Vo Binh Dai, une longue marche à travers la jungle a commencé avec plusieurs autres recrues volontaires pour rejoindre les champs de bataille du Sud. Il est motivé pour s'entraîner de son mieux, afin de faire honneur à sa famille. De son côté, Everette continue de subir l'entraînement et les brimades qui vont avec. En plus du spectre, il éprouve l'impression que son fusil lui parle et le rabaisse. Dans son unité, un appelé lit des comics lorsqu'il en a le temps, pour se distraire : un numéro de Sgt. Rock de Robert Kanigher & Joe Kubert. Everette va voir le prêtre du camp pour lui faire part de ses hallucinations morbides. Il est écouté, mais le prêtre lui enjoint d'y faire face et de se conduire comme un vrai Marine. Dans un cauchemar, Everette se retrouve dans la jungle et il est progressivement submergé par les cadavres des soldats américains morts pendant la guerre. Vo Binh Dai fait un cauchemar similaire de son côté, avec des soldats vietnamiens. Finalement le temps est venu pour Vo Binh Dai de prendre le train avec 200 autres soldats pour aller plus au Sud. Le temps est venu pour Billy Everette de prendre l'avion militaire qui va l'amener et le déposer au Viêt Nam. Le premier est exhorté par des civils âgés lui promettant l'opprobre s'il lui venait l'idée de déserter ou de rebrousser chemin. Le second part en présence de civils manifestant contre la guerre au Viêt Nam.



Dans la postface, Jason Aaron explique qu'il a écrit ce récit pour rendre hommage à son cousin écrivain Gustav Hasford dont l'un des livres a été adapté pour servir de base au scénario de Full Metal Jacket (1987) de Stanley Kubrick. Il ajoute que c'est l'exemple de ce cousin qui a fait naître en lui la vocation d'écrivain. Il explique également qu'il a fait toutes les recherches possibles pour respecter la vérité historique. Ce dernier aspect est complété par le carnet de voyage de Cameron Stewart et ses propres recherches. Le lecteur sait qu'il s'immerge dans une reconstitution dans laquelle il peut avoir confiance. Il découvre un dessin en pleine page pour la première page et des références à la culture populaire de l'époque, comme le début de la série télévisuelle Gilligan's Island ou la prestation de Jimi Hendrix à Stockholm. Il retrouve des références similaires vers la fin du dernier épisode, à Jane Fonda et son rôle dans Barbarella ou à un concert du Grateful Dead. Il peut mesurer l'impact de ce qu'a vécu le soldat Everette au décalage existant par rapport à ces événements. En effet, le scénariste a choisi de raconter le parcours d'un soldat qui va se retrouver sur les champs de bataille.



Au cours du premier chapitre, le lecteur identifie la structure narrative choisie par l'auteur : opposer le parcours de 2 soldats, l'américain et le vietnamien. Il le fait de manière cruelle, en montrant le premier contraint et forcé de répondre à l'appel et subissant l'endoctrinement sadique, et le second convaincu de servir une cause enracinée dans l'histoire de sa famille et de son peuple. Il n'a alors pas de doute que le récit est construit de manière à aboutir à un face à face entre les 2 à la fin. Il note également l'emprunt à Full Metal Jacket pour le sergent instructeur et la dureté de l'entraînement du Marine. Dans le même temps, Jason Aaron ne donne pas l'impression de copier servilement en plus fade. Il opte pour une narration dense, avec un accès aux flux de pensée de chacun des 2 soldats. S'il peut être un moment décontenancé par le spectre sanguinolent aux côtés du soldat américain, il peut rapidement l'envisager comme une métaphore. Billy Everette reçoit son ordre d'incorporation parce qu'il faut remplacer un soldat mort au combat. Même sans conviction politique, Everette ne peut pas échapper à la cause qui a pour effet son incorporation. Sur le principe du parallélisme, le lecteur s'attend à un dispositif narratif similaire du côté de Vo Binh Dai. En fait la dimension spirituelle du vietnamien se manifeste dans les traditions culturelles de son pays. Toutefois il s'attend quand même à ce que le récit progresse jusqu'à ce que les 2 principaux protagonistes se fassent face sur le champ de bataille.



Le lecteur observe également que la narration est dense. Les cellules de texte contenant alternativement les flux de pensée d'Everette et de Dai ne sont pas copieuses, mais elles sont très régulières. De la même façon, les dessins s'avèrent aussi denses, dans une veine réaliste et descriptive. Effectivement, séquence après séquence, le lecteur peut observer les détails de chaque scène, à commencer par les différents environnements. Cameron Stewart ne cherche pas à réaliser des dessins photoréalistes, mais il ne lésine pas non plus sur le degré de précision. La description des milieux naturels en constitue l'exemple le plus patent. En effet, l'artiste sait montrer la diversité des paysages naturels du Viêt Nam que traverse Vo Binh Dai au fur et à mesure de sa progression vers le Sud, à l'opposé de forêts génériques toutes identiques et prêtes à l'emploi. Il est également visible qu'il a pris le temps d'apprendre à représenter les uniformes militaires avec exactitude pour respecter l'authenticité historique. Il a su trouver le bon dosage pour rendre compte des caractéristiques ethniques sans tomber dans la caricature.



Le lecteur peut vraiment se projeter aux côtés des personnages et s'immerger dans leur environnement du moment. Stewart se tient à 'écart des postures exagérées ou romantiques, ne reproduisant pas quelque forme que ce soit de glorification de la guerre ou de la virilité. Il met en scène ses personnages avec une direction d'acteur de type naturaliste, et le lecteur apprécie sa capacité à transcrire une large gamme d'émotions au travers des expressions de visage. Il réalise des dessins qui donnent parfois l'impression d'être un peu denses, sensation pouvant être renforcée par des couleurs un peu sombres, appropriées aux ambiances nocturnes ou aux espaces confinées. Le dessinateur sait aussi utiliser à bon escient la licence artistique pour prendre un peu de liberté avec la réalité, quand le scénario le nécessite à de rares reprises. Le lecteur éprouve le malaise de Billy Everette et aussi celui de Vo Binh Dai, en ressentant que leur nature respective n'est pas la même et que son intensité varie en fonction des circonstances.



Au fil des séquences, le lecteur est en droit de s'interroger sur la justesse de la représentation du point de vue vietnamien. S'il en juge par rapport aux éléments pour lequel il dispose de points de repère, il se dit que les 2 auteurs ont dû là aussi faire usage de témoignages pour s'assurer de ladite justesse. Ainsi mis en confiance, il ressent pleinement comment l'absence d'idéaux de Billy Everette et le pragmatisme occidental démultiplie l'impact de l'absurdité des situations dans lesquelles il se retrouve. Le décalage entre la vie de ses parents et la sienne devient tel qu'ils semblent ne plus vivre dans le même monde, juste quelques jours après son départ. Dans le même temps, il observe comment les idéaux de Vo Binh Dai sont mis à mal par les situations qu'il vit, lui aussi ne pouvant concilier sa conception socio-culturelle du monde avec ce qu'il observe. Jason Aaron et Cameron Stewart ont choisi de placer leurs 2 personnages dans des unités qui se retrouvent à vraiment combattre. Ils sont donc confrontés aux horreurs de la guerre, y participent même. L'intensité de la narration transcrit avec force l'horreur des situations, pas seulement les blessures atroces, mais aussi la mort dépourvue de sens d'êtres humains se trouvant au mauvais endroit, au mauvais moment, en tant que soldats, mais aussi en tant que population civile. Le face à face a bien lieu, mais il ne se déroule pas comme un duel au soleil. Le lecteur referme l'ouvrage après un dernier choc, celui apporté par une autre acceptation du titre, un autre sens du terme Autre côté.



Jason Aaron, Cameron Stewart et Dave McCaig font œuvre d'auteur avec ce récit sur la guerre du Viêt Nam. Ils n'ont pas choisi la facilité en mettant en scène un soldat américain et un soldat vietnamien et en les plaçant en situation de combat. Le récit sort du lot du simple récit d'aventures plus ou moins orienté en faveur des États-Unis, tout d'abord grâce à la qualité des recherches préparatoires qui assurent une qualité historique satisfaisante. Ensuite, il sort du lot par la volonté de montrer les 2 côtés du conflit, l'autre côté, celui de l'ennemi. En outre, la narration visuelle implique le lecteur par sa densité et sa force émotionnelle sans verser ni dans le pathos, ni dans l'exagération romantique, ni dans le gore. Le scénario sait combiner l'horreur physique de la guerre, avec l'histoire personnelle assez banale de 2 jeunes gens, et avec l'effet annihilateur de la mort violente sur toute forme d'idéologie, même son absence.
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Fight club 2

Dix ans après les évènements du Fight Club (du livre, dont la fin est différente du film), nous retrouvons Sebastian (le nouveau nom du personnage principal hébergeant Tyler Durden) en proie à la monotonie d'une vie principalement composée d'absorption de médicaments principalement d'anxiolytiques, antipsychotiques etc. Il s'est marié avec Marla qui désespère de la disparition de Tyler. Ils ont eu un enfant ensemble.

Et... et voilà, ça ne commence pas forcément très bien mais le développement aurait pu valoir quelque chose. Sauf que non... Tout ce qui faisait de Fight Club une oeuvre explosive n'est plus là : l'humour grinçant disparu, les idées percutantes devenues flasques.

On dirait que le but de l'auteur est de déconstruire tout le mythe de Tyler Durden, au point où

En bref Fight Club n'est plus, avec le temps il s'est transformé en ce Fight Club 2 puéril, puisant à outrance dans tous les pires travers de ce qui fait l'univers niais de la BD, roman graphique, ou quel que soit le nom de ces choses avec dessins et dialogues. J'imagine que les amateurs de romans graphiques y trouveront leur compte, beaucoup de critiques encensent ce Fight Club 2, pour ma part c'est 25 euros mis à la poubelle et la déception de voir l'un de mes livres/films favoris détruit.

Objectivement les dessins sont modernes, parfois pas mauvais bien qu'on sent qu'ils ne sont qu'inspirés de photos calquées (le château de Louis II de Bavière agrémenté d'autres éléments, les visages du club de lecture, etc), et il faut avouer que ça se lit très facilement et très rapidement, qu'on ne passe pas un trop mauvais moment pourvu qu'on ne soit pas trop attaché à Mr Durden, que l'objet en lui-même est de qualité, que les artworks de fin sont beaux, mais le fond reste insipide et a perdu toute la saveur du Fight Club.

La fougue et le nihilisme ont vieilli. Certes, même la Joconde subit les outrages du temps, pourtant certaines idées ne méritent pas de devenir trop matures.
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Fight club 2

Si la fin de Fight Club, au crépuscule du siècle dernier, résonne encore chez vous comme une conclusion parfaite, ne feuilletez pas la suite. Qui veut préserver la magie ne devra pas faire preuve de curiosité.


Lien : http://www.lemonde.fr/bande-..
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De l'autre côté

C'est certainement l'oeuvre la plus marquante que j'ai lue concernant la guerre du Vietnam en bande dessinée. Nous savions que les soldats américains en sont revenus totalement traumatisés. Nous avions eu des films de guerre qui montraient la sauvagerie de cette guerre (Platoon, Apocalypse Now...).



Il n'y a pas à dire, les forces communistes n'y sont pas allées par quatre chemins pour briser la démocratie. On sait que les Américains ont perdu cette guerre et que des années plus tard, il y a eu un véritable génocide de la population locale. Il est vrai que quand les gendarmes du monde désertent le terrain, c'est le pire qui attend les locaux.



Le parti pris par l'auteur est de nous montrer les deux côtés avec le parcours de ce soldat viet-cong et de ce jeune américain qui ne voulait pas partir. C'est tout un développement psychologique qui est traité de manière assez remarquable avec une narration qui prend aux tripes. Par ailleurs, le dessin réaliste jette un peu plus d'effroi.



Il faudra s'accrocher tout le long de cette lecture pour ne pas flancher. C'est l'horreur qui nous est montrée sans aucune pitié. Objectivement, cette bd mérite 4 étoiles mais c'est trop de violence pour moi.
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Fight club 2

Lorsque David Fincher adapte le Fight Club de Chuck Palahniuk au cinéma, une suite est rapidement évoqué mais ne voit jamais le jour. Jusqu’à ce que l’auteur surprenne son monde en l’annonçant l’an dernier…



Car celui-ci n’a jamais caché qu’il aimait le film même s’il comportait quelques différences avec son roman. Notamment son final. D’ailleurs, lorsqu’il a annoncé qu’il s’attelait à l’écriture d’une suite sous forme de comics en 10 parties (Un seul en France, un intégral), il a d’emblée affirmé qu’il serait heureux que David Fincher l’adapte. Bon, ça risque d’être compliqué au vu du livre, mais pourquoi pas…



Cela fait maintenant 10 ans que Sebastian (le narrateur) est marié avec Marla. Ils ont un enfant et Tyler Durden a disparu en même temps que Sebastian a été mis sous traitement. Mais Marla s’ennuie et décide de baisser les doses, histoire de laisser un peu de place à Tyler de temps en temps. Sauf que le bonhomme n’a pas l’intention de laisser tout ça se passer si facilement et a désormais un nouveau projet : détruire le monde pour le guérir de tout ses maux !



Pas facile de parler du livre car il posséde toute une partie méta qui risque de décevoir une grande partie des lecteurs. Si cela commence de maniére trés calme (un appel vers un certain Mr. Palahniuk qui ne pourrait être qu’un clin d’oeil), cela avance rapidement avec le passage des personnages devant l’affiche d’un cinéma proposant un certain Fight Club avec Edward Norton et Brad Pitt, suivi d’une image représentant une scéne du film, avec Brad Pitt en Tyler Durden. Et on finira décontenancé avec un Chuck Palahniuk illustrant ses difficultés à boucler l’histoire. Il ne se générera d’ailleurs pas, en début de livre, pour préciser que cette suite suit la fin du roman, et non celle du film !



Perdu ? Décontenancé ? On peut l’être, ce sera légitime mais le livre illustre au final parfaitement un propos schizophrène, autant que son personnage, que l’oeuvre elle même (le livre par rapport au film), que son auteur ou ses lecteurs. Impertinent comme souvent, Palahniuk fait ce qu’il veut et moi je le suis sur les 10 chapitres (le 11éme revisite la fin du roman original) et vous conseille ce Fight Club 2, qui posséde d’ailleurs de trés beaux dessins !
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Fight club 2

Depuis le temps que j'attendais des nouvelles de Tyler Durden ! Je suis super contente et j'ai adoré le format, ce roman graphique est percutant, efficace et déroutant à la fois. On le retrouve donc là où on l'a laissé et il ne faut pas longtemps pour se remettre dedans. J'ai beaucoup apprécié l'humour, l'auteur ironise sur son film par petites touches et le lecteur qui a vu le film ne peut qu'aimer. C'est vraiment du lourd, on suit les aventures de Sebastian qui s'est rangé et vit une vie paisible avec sa femme et son fils, mais c'est sans compter sur Tyler Durden qui va mettre un sacré bazar dans sa vie.



Lire Fight club 2 c'est faire une incursion dans la folie, la schizophrénie et le désordre. Il y a dix parties toutes plus haletantes et passionnantes les unes les autres, on lit avec avidité, on se régale des planches de qualité, on veut savoir la suite, alors on tourne les pages sans faire de pause, on est comme hypnotisé. Une critique de la société saisissante et bien vue, des idées géniales servies par des illustrations incroyables, des répliques implacables dont je suis sûre certaines vont devenir cultes, une ambiance de folie.



J'ai aimé aussi les dix parties qui commencent toutes par un résumé complètement barré, ce découpage correspond d'ailleurs à celui de la série passée aux Etats-Unis. Vous l'aurez compris, j'ai été conquise par ce tourbillon de folie, par toute la palette d'émotion que j'ai vécu passant de l'excitation, au questionnement, de la joie au désespoir... Les planches sont aussi démentes que le texte, j'ai trouvé hyper sympa les bonus en fin de livre : planches alternatives de la couverture et autres réjouissances que je vous laisse découvrir. C'est un OVNI littéraire qu'il faut lire en laissant de coté tout ce que l'on a de cartésien. C'est bien simple soit vous allez aimer soit détester



VERDICT



A lire, tant pour les dessins que pour le texte, c'est incroyable ! Vertigineux !
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Fight club 2

Alors Fight club 2 c’est quoi ? Une suite évidemment, et une genèse aussi. On comprend enfin l’essentiel et on découvre que Tyler est bien plus que Tyler Durden….

On retrouve le narrateur 10 ans plus tard, guéri (si on veut), contenu (dirons-nous) grâce des tonnes de pilules qui ont fini par en faire un zombi et que Marla (sa femme depuis 9 ans) ne supporte plus, autant que la monotonie de la vie. Alors elle traficote ses médocs et secrètement soustrait son traitement officiel par des placebos. Résultat : revoilà Tyler Durden. Revoilà ? Avait-il vraiment disparu ?.............................
Lien : http://libre-r-et-associes-s..
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Hostile holster sin titulo

Enfin un comics qui sort du lot. J'ai été charmé par autant de virtuosité dans la mise en scène. On ne sait plus où commence le rêve ou plutôt le cauchemar et la réalité. On est tout de suite entraîné dans le monde d'Alex Mackay comme happé par le récit pour ne plus le lâcher.



Le jeune homme nous livre ses faiblesses et son obsession grandissante à vouloir résoudre le mystère laissé par la mort de son grand-père. Mais surtout, il y aura un aspect psychologique très important. C'est presque de la schizophrénie avec une ambiance digne de ce nom.



Pour le reste, c'est réalisé avec virtuosité aussi bien sur le plan graphique que scénaristique. Que dire de plus? Cette oeuvre a été vainqueur du Eisner Award en 2010 dans la catégorie webcomic et c'est bien mérité pour une fois. Oui, c'est une belle réussite.
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Fight club 2

Un événement, indéniablement.
Lien : http://www.actuabd.com/Fight..
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Fight Club, tome 3

Ce tome fait suite au roman Fight Club de Chuck Palahniuk, publié en 1996 qu'il vaut mieux avoir lu avant, ou au moins avoir vu le film de David Fincher Fight Club (1999), ainsi qu'à Fight Club 2 (2015/2016) qu'il vaut mieux avoir lu avant également. Il comprend les 12 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2019, écrits par Chuck Palahniuk, dessinés et encrés par Cameron Stewart, avec une mise en couleurs de Dave Stewart, et un lettrage de Nate Piekos, la même équipe que pour le tome précédent. Les couvertures sont l'œuvre de David Mack. Le tome commence par une introduction de 2 pages rédigée par Irvine Welsh, auteur de Trainspotting et Dead Men's trousers. Il évoque la réalité de la littérature sérieuse contemporaine, l'étroitesse de l'origine des auteurs, et la réalité de la généralisation d'une vie placée sous la contrainte de la dette (ou du crédit) pour tous les américains. Il met en lumière en quoi l'écriture de Palahniuk est rebelle et anticonformiste. Il se termine par 6 couvertures alternatives réalisées par Duncan Fegredo (*3), Cameron Stewart, Colleen Coover, Kirbi Fagan.



Le fils du narrateur et de Marla Singer est en train de contempler une boule à neige, pendant que son père lit le journal. Il se souvient du mois de janvier et de la mort de son chien. La page du calendrier de janvier mentionne des leçons de piano, le carnaval des carrières à Denver, et la sortie des poubelles le dernier lundi du mois. Dans son atelier, une femme est en train de peindre un portrait de son chien, en vue de la fête de l'art prévue pour les 28 & 29 janvier à Baskell's Bay. Elle va acheter un cadre d'occasion à 50 cents dans un magasin. Comme prévu, le 14 janvier, Balthazar participe au carnaval des carrières à Denver, où il présente son CV lors de rencontres éclair successives. Soudain un coup de feu éclate, la balle transperçant la bannière du carnaval. La dame a terminé le portrait de son chien et le fixe sur le cadre qu'elle a acheté. Puis elle se rend au hall d'exposition pour l'accrocher, et enlève le tissu qui le protège. Les personnes présentes sont frappées de stupeur en le contemplant. Au carnaval, deux individus armés menacent un jeune homme dans la queue, alors que son téléphone lui annonce un score de 930.604. Ils l'emmènent dans le réduit de l'homme de ménage. Stephanie Flynn, une jeune femme, colle son oreille à la porte du réduit pour essayer d'entendre ce qui se passe.



Le soir, Balthazar appelle sa femme Marla Singer pour lui donner de ses nouvelles. Il porte la cicatrice en forme de lèvres sur sa main droite, occasionnée lorsqu'il fabriquait des savons dans sa maison délabrée, et il évoque le demandeur d'emploi emmené par deux individus en uniforme et armés. À l'exposition, tout le monde est ému par le portrait du chien, plusieurs se mettant à pleurer en le contemplant. Un individu portant un long imperméable noir, un chapeau noir à large rebord et des lunettes noires, s'avance, et ouvre une mallette remplie de lingots d'or marqués de la banque du Reich. Il s'empare de la peinture qui n'est pas à vendre, en retire la toile et ne conserve que le cadre. À Denver, Balthazar continue de parler alors que Stephanie Flynn s'approche de lui pour flirter. Plutôt dans la journée, elle avait constaté qu'il n'y avait plus personne dans le réduit. Elle porte un petit cœur noir tatoué sur le côté droit du cou, comme l'homme qui a été emmené. Le Fils demande à Marla si s'est bien son père. De son côté Balthazar est en train de siroter un grand cocktail avec Stephanie. Dans le miroir du bar, se reflète Tyler Durden.



Trois ans après Fight Club 2, Chuck Palahniuk est de retour pour une suite de suite, comme le précise avec ironie la quatrième de couverture. Le lecteur se doute bien que ce tome 3 ne ressemblera pas au tome 2, comme le 2 ne ressemblait pas au roman originel. La magnifique couverture de David Mack annonce une enfance martyrisée, en effectuant une variation sur le tableau Saint Sébastien (1525) de Le Sodoma (Giovanni Antonio Bazzi, 1479-1549). Le lecteur retrouve bien les personnages auxquels il s'attendait : le narrateur du roman (avec pour nouveau prénom Balthazar, il s'appelait Sebastian dans le 2), sa compagne Marla Singer, et bien sûr Tyler Durden, sans oublier Robert Paulson. Il y a à nouveau une organisation clandestine avec des individus armés et prêts au combat : ce n'est plus le Fight Club, ni Rize or Die (celle du 2), mais Die Off. Le narrateur est toujours en butte à une inadaptation sociale marquée : il est à la recherche d'un emploi, pas trop abrutissant. Marla Singer ne s'est pas départie de sa propension aux comportements à risque. Tyler Durden est irrésistible bien sûr, même s'il n'a pas un grand rôle dans cette suite de suite. En fonction de son appréciation du tome 2, il est certain que le lecteur apprécie de retrouver les extraordinaires couvertures de David Mack, des peintures à l'aquarelle rehaussées d'autres techniques, produisant une impression onirique, tout en transcrivant l'impression de la vie intérieure du personnage évoqué.



Le lecteur retrouve également le même dessinateur et le même coloriste. Cameron Stewart réalise des dessins dans un registre descriptif et réaliste. Le lecteur note qu'il a peut-être accentué le degré de simplification et d'exagération des visages, pour les rendre plus expressifs. C'est flagrant quand un personnage se retrouve avec le visage de Tyler Durden à la suite d'une opération de chirurgie esthétique faite à la va-vite (pommettes trop hautes, menton trop en galoche), mais aussi sur les visages de Marla et de Chloe (une extraordinaire amatrice de sexe). Ainsi, le narrateur semble toujours aussi accablé par une vie minable, mais Tyler Durden a un peu perdu de sa superbe, devenant plus un individu frôlant la parodie, les auteurs indiquant par là-même qu'ils ont conscience de sa nature outrée. Il en va ainsi de plusieurs autres personnages : l'inoubliable Chloe, et Marla à plusieurs reprises, sans oublier les clients du club échangiste. Du coup, malgré les transgressions, le suspense et la violence physique, le récit relève plus de la comédie que d'un autre genre. Le mode de production et de publication mensuelle des comics incite l'artiste à user de raccourcis pour produire plus vite. Le lecteur constate que Stewart les connaît, mais les utilise à bon escient, sans en abuser. Certes il y des cases et parfois des pages sans décor dans les arrière-plans mais le lecteur sait toujours où se déroule chaque séquence, et l'artiste n'en use pas à tire-larigot. La plupart du temps il représente l'environnement de chaque scène avec un bon niveau de détails, le rendant unique, et montrant comment les personnages interagissent avec les accessoires.



Le lecteur se rend vite compte que cette saison 3 se lit beaucoup plus rapidement que la saison 2, que les dialogues sont succincts, et bien souvent les dessins portent la majeure partie des informations, de la narration. Il relève les exigences du scénariste et l'habileté avec laquelle l'artiste les transcrit en page à la lecture facile et immédiate. Par exemple, Palahniuk indique que les pages 2 & 3 de chaque épisode correspondent à un calendrier avec la page 2 comportant l'illustration et la page 3 les cases pour chaque jour de la semaine. En tournant son tome d'un quart de tour, le lecteur a vraiment l'impression de regarder le calendrier dans sa cuisine, mais avec des images se rattachant directement à l'histoire y compris celles collées sur la partie basse. Au fil des séquences l'artiste impressionne par sa capacité à tout dessiner : le langage corporel (comme l'attitude faussement assurée et intéressée de Balthazar devant une conseillère en train de lire son curriculum-vitae), les personnages saugrenus (par exemple ce nazi allemand avec sa gabardine de cuir noir et sa mallette pleine de lingots), des individus magnifiques (la très belle Stephanie Flynn), des détails en pagaille (le monceau de chaussures et de téléphones portables abandonnés par des individus ayant franchi le cadre en bois), des séquences complexes et délicates comme la tentative d'avortement de Marla. La mise en couleurs de Dave Stewart reste très discrète et en retrait complétant et complimentant parfaitement les traits encrés.



Au début, l'intrigue semble simple à suivre : Marla Singer attend son deuxième enfant. Balthazar s'est fait avoir par Stephanie Flynn qui l'a enrôlé à son insu dans un système de Ponzi (1882-1949, Charles Ponzi, né Carlo Pietro Giovanni Guglielmo Tebaldo Ponzi) où il s'agit d'enrôler 1 million de personnes par le biais d'un virus sexuellement transmissible. Le lecteur reconnaît bien là la fiction transgressive chère à l'auteur. Ça se complique un peu avec cette histoire de cadre pour peinture grand format, qui fait office de portail vers une sorte de Jardin d'Éden dans lequel se trouvent des temples grecs et des statues de la Renaissance. Ça devient un peu compliqué avec ce jeune homme qui tue le nazi aux lingots d'or et qui part en expédition dans ce monde paradisiaque. Mais bon, le fil rouge reste bien présent du début jusqu'à la fin, ce qui permet au lecteur de s'y raccrocher quand il ne voit plus trop ce qu'un élément nouveau vient faire dans l'histoire. C'est transgressif, ça c'est sûr et certain : entre la tentative d'avortement au cintre, une tentative de viol, des vomissures photographiées et appliquées par-dessus le dessin, sans oublier les mouches (elles aussi photographiées qui sont comme posées sur la page). C'est second degré : quand une mouche est posée sur un phylactère, cela indique que les auteurs estiment que le mot qu'elle masque est sans importance car le personnage est en train de mentir, et le lecteur n'éprouve pas de difficulté à savoir quel est le mot ainsi masqué. Ça joue aussi sur la provocation humoristique, politiquement incorrecte car une septuagénaire, peut-être octogénaire (Chloe) atteint un score de plusieurs milliers de personnes sexuellement contaminées en une seule nuit de débauche.



Malgré tout, le lecteur ne peut pas s'empêcher d'essayer de découvrir un sens à tout ça, d'identifier un schéma logique. Il se met alors à examiner des éléments d'information textuels ou visuels. Il peut par exemple s'interroger sur la progression formée par la suite des titres de chaque chapitre : une forme d'évolution de situations de la vie du salarié dans l'entreprise, avec un métacommentaire pour le titre du chapitre, posant la question de la distinction entre l'agrégation de contenus et le pillage. Il peut aussi relever les éléments qui semblent énormes ou étrangers au fil narratif : le rapprochement entre réseau social et réseau sexuel, la présence d'un nazi, l'appropriation des œuvres d'art, l'enfance maltraitée, la colonisation du Jardin d'Éden par des forces armées, le motif visuel de la boule à neige, le motif visuel du pingouin, la zone mentale de sécurité de l'individu, la révélation énorme sur la véritable nature de Tyler Durden (ou plutôt les révélations), et pourquoi pas sur la vie de Marla Singer. À chaque fois, il comprend que c'est à lui qu'incombe la responsabilité de nourrir l'histoire qui va avec ces artefacts narratifs, que Palahniuk attend de son lecteur qu'il participe activement, qu'il sait très bien que chaque lecteur apporte ses propres références, ses propres interprétations et qu'il compte bien dessus, sur le consentement du lecteur à participer, et sur la polysémie des signes présents dans le récit.



Comme pour le tome 2, Chuck Palahniuk, Cameron Stewart, Dave Stewart, Nate Piekos et Davi Mack réalisent une œuvre d'auteur, contenant ce qu'attend le lecteur (plus de Tyler Durden et de remise en cause de la société), sans lui donner ce qu'il attend (une suite similaire à Fight Club), en reconnaissant que cette bande dessinée n'a de sens qu'avec la participation active du lecteur, et ils font tout pour la solliciter, pour la provoquer. Pour lecteur consentant, prêt à se renseigner sur la théorie de l'épistasie.
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BPRD - Hell on earth, tome 14 : The Exorcist

Ce tome fait à End of days (épisodes 135 à 139) qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend les 2 épisodes de la minisérie Exorcism, ainsi que les épisodes 140 à 142 qui forment l'histoire The Exorcist. La mise en couleurs de tous ces épisodes a été réalisé par Dave Stewart.



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- Exorcism (scénario de Mike Mignola & Cameron Stewart, dessins et encrage de Cameron Stewart, couvertures de Viktor Kalvachev) - En 1890, en Afrique de l'Est, un prêtre noir (Ota Benga) est appelé dans une maison de maître de blancs pour réaliser un exorcisme sur Edwina, la maîtresse de maison. De nos jours, dans l'Indiana, une jeune agente blanche du BPRD (Ashley Strode) doit réaliser un exorcisme sur un jeune garçon. Le résultat n'est pas entièrement concluant, mais elle est ensuite envoyée en mission au Mexique par Kate Corrigan pour se rendre chez Ota Benga suite aux déclarations du démon qui possède le jeune garçon.



Dans les pages de fin de volume, Scott Allie (le responsable éditorial) explique que l'idée du personnage d'Ashley Strode est venue de Cameron Stewart. Ils avaient proposé à ce dernier d'écrire une histoire pour le monde élargi du BPRD et il a souhaité écrire un personnage féminin. Ils lui ont proposé Ashley Strode, déjà apparue une fois pendant la Guerre contre les Grenouilles, voir War on Frogs. Ils l'ont aidé à peaufiner les détails pour que le concept s'amalgame bien avec les principes régissant le monde du BPRD. Le lecteur (re)découvre une jeune agente peu expérimentée, avec une affinité pour sentir les possessions par des démons. L'enjeu du récit est donc double : (1) développer le personnage d'Ashley Strode, (2) montrer les mécanismes de l'exorcisme.



Au cours de ces 2 épisodes, le lecteur voit Ashley Strode agir, prendre des décisions et faire part de ses réflexions. Il découvre une femme assez jeune, vraisemblablement pas encore 30 ans, qui dispose de compétences assez particulières. Elle travaille pour le BPRD sans trop se poser de questions, acceptant les ordres et les missions. Elle semble éprouver de l'empathie pour la souffrance du jeune garçon possédé par un démon. Elle ne laisse pas Ota Benga la mener par le bout du nez. Les auteurs montrent qu'elle sait très bien réfléchir par elle-même et relever les incohérences entres les dires et les comportements. Elle n'est pas facilement décontenancée, malgré les premières expériences qu'elle fait du monde astral, et elle est très courageuse, risquant sa vie pour sauver celle des autres, sans agir comme une tête brulée pour autant. Le lecteur la prend donc facilement au sérieux et la considère comme une adulte.



Cameron Stewart réalise une solide mise en images, en respectant les spécificités visuelles de la série. Les morphologies des personnages sont normales, sans musculatures exagérée. Il sait poser un décor en une case : la belle demeure en Afrique, le village où domine le clocher de l'église au Mexique, le marché découvert du village, la pièce avec un cercle d'invocation tracé sur le sol. Lorsque le récit passe dans le monde des esprits, il peut s'économiser sur les décors et utiliser des fonds noirs, ou des parois rocheuses génériques. Ses monstres sont très convaincants et ses gazelles aussi. Il met en œuvre quelques éléments de l'imagerie associée à la religion catholique comme une croix, des bures, ou encore une épée enflammée.



Le lecteur a bien compris que l'enjeu de ce tome est d'introduire une agente avec une nouvelle capacité dans l'équipe du BPRD. Hellboy et d'autres ont déjà procédé à des exorcismes, mais là il s'agit de renter dans le détail. Les auteurs ont choisi de donner à Ashley Strode la capacité de rentrer dans une forme de dimension astrale, dans laquelle elle perçoit les démons sous leur forme corporelle et où elle peut interagir avec, sans avoir besoin de les contraindre à se manifester dans le monde réel. Cette façon de procéder n'est pas plus grotesque que tous les autres comics à base de démons, et elle s'intègre bien avec le reste du folklore de la série. Cela permet aussi de donner une forme relevant du combat physique à l'affrontement entre les démons et Ashley Strode.



Cette première partie se lit avec plaisir. Cameron Stewart sait donner de la consistance aux différents lieux, ainsi qu'aux personnages (l'inoubliable première apparition d'Ota Benga au temps présent, avec sa canne). Ashley Strode est une sympathique jeune femme, sans être une pin-up, avec un visage jeune sur lequel se lit le courage et un caractère bien décidé. Le lecteur sait qu'il s'agit d'étoffer Ashley Strode, et qu'il s'agit d'une sorte de récit des origines pour expliquer comment elle a acquis ses compétences d'exorciste. Le mode de fonctionnement n'a rien d'extraordinaire, mais il est assez cohérent, et il évite d'en rajouter avec les tenants de la foi catholique, pour rester dans le domaine du divertissement. 4 étoiles pour un lecteur déjà investi dans les histoires du BPRD.



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- The Exorcist (scenario de Mike Mignola & Chris Roberson, dessins et encrage de Mike Norton, couvertures de Duncan Fegredo) - 15 mois plus tard, Ashley Strode intervient à Eugene dans l'Oregon. Elle effectue une mission en solo pour exorciser un suspect. Une fois cette mission achevée, elle va se reposer pendant une nuit dans un motel, avec une femme appelée Hannah. Cette dernière regarde les différents documents que Strode a punaisé au mur. Elle demande à quoi correspond le mot Yamsay. Il s'agit d'un nom évoqué par un indicateur. En fait c'est une petite ville non loin de là, dans laquelle beaucoup d'enfants ont disparu au fils des années.



Ces 3 épisodes de la série du BPRD confirment que ce nouveau personnage a été pensé avec son intégration dans l'équipe. Après les origines d'Ashley Strode, le lecteur s'attend à un récit plus consistant pour l'une de ses enquêtes. Il retrouve toute la saveur des épisodes du BPRD, période Enfer sur Terre, avec des agents de terrain accomplissant des missions seuls ou en groupe, des villes à moitié dévastées et abandonnées, mais une technologie encore en partie opérationnelle. La pagination plus importante que celle de la précédente histoire permet aux auteurs de développer une histoire plus étoffée, avec un prologue en bonne et due forme. Le lecteur constate qu'Ashley se rapproche du moule habituel des héros : autonome et solitaire, débrouillarde, apte physiquement, et courageuse jusqu'à en être téméraire. Elle devient un modèle féminin pour les lectrices. Mignola & Roberson mettent en scène sa relation avec Hannah de manière discrète, mais sans erreur possible d'interprétation pour un adulte sur sa nature homosexuelle.



L'intrigue repose donc sur un nouvel exorcisme, c'est indiqué dans le titre. Le lecteur retrouve le même dispositif avec cette possibilité d'alterner entre la réalité concrète et une vision psychique permettant une relation différente avec les créatures démoniaques. La bure et l'épée enflammée sont de retour, selon le mode opératoire défini dans l'histoire précédente. Néanmoins, cette histoire ne donne pas une impression de narration mécanique, parce qu'Ashley Strode prend le temps d'interagir avec d'autres personnes, avec l'environnement très cohérent de Hell on Earth. En outre cet exorcisme est directement lié à la situation en Enfer, voir Hellboy in Hell, mais reste compréhensible sans l'avoir lu.



C'est au tour de Mike Norton, le dessinateur de la très bonne série d'horreur Revival (avec un scénario de Tim Seeley), de mettre en images les aventures d'Ashley Strode. Le lecteur est étonné de proximité graphique entre Norton et Stewart. Il dessine de manière réaliste, avec le même léger degré de simplification (peut-être un peu plus accentué sur les visages). Il a tendance à mettre un plus de détails dans les dessins, avec des lieux qui gardent la trace de leur usage par les humains qui y sont passés. Il y a la pièce couverte de signes cabalistiques tracés par Trent avec des déchets au sol, le mur punaisé avec les fiches des différents cas que Strode estime reliés entre eux, le bar routier Yamsay Tap prêt à accueillir beaucoup plus de monde qu'il ne s'en présente, la maison isolée avec cette pièce remplie de paires de chaussures d'enfants, etc.



Mike Norton rend plausible aussi bien les environnements maintenant surdimensionnés, que les personnages normaux et leurs actions. Comme tous les autres dessinateurs de la série, il s'adapte au niveau d'exigence relatif à l'apparence des créatures surnaturelles. Cette deuxième histoire d'Ashley Strode s'avère tout aussi agréable pour la première, la qualité de l'intrigue de la seconde palliant le plaisir de la découverte de la première. Le dispositif des exorcismes reste un peu tiré par les cheveux, mais plus cohérent que le tout venant des comics d'horreur. On en peut que souhaiter une longue carrière à cette jeune femme au caractère bien trempé.
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Fight club 2

Ce tome fait suite au roman Fight Club de Chuck Palahniuk, publié en 1996 qu'il vaut mieux avoir lu avant, ou au moins avoir vu le film de David Fincher Fight Club (1999). Il comprend les 10 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2015/2016, écrits par Chuck Palahniuk, dessinés et encrés par Cameron Stewart, avec une mise en couleurs de Dave Stewart. Les couvertures sont l'œuvre de David Mack. Le tome commence par une introduction de 2 pages rédigée par Gerard Howard, le responsable d'édition qui a poussé pour que son employeur publie le roman initial. Il se termine par une fin alternative au roman, en 10 pages de bandes dessinées réalisées par les mêmes auteurs.



Dix ans après les événements racontés dans Fight Club (le roman), le Narrateur a pris le nom de Sebastian. Il est marié avec Marla Singer, et ils ont un fils appelé Junior. Sebastian travaille pur une entreprise de conseil nommé Rize or Die, où il occupe un poste de bureau, sans joie et sans motivation. Il est sous traitement médicamenteux afin d'éviter une rechute et la réapparition de Tyler Durden. Marla souffre d'ennui et a recommencé à fréquenter des groupes d'entraide psychologiques, le dernier étant destiné aux malades souffrant de progéria (maladie également connue sous le nom de syndrome de Hutchinson-Gilford, provoquant des changements physiques ressemblant à une sénescence accélérée). La babysitteur de Junior a un comportement un peu apeuré vis-à-vis de Sebastian quand il rentre plus tôt que d'habitude.



En fait, Marla Singer n'en peut plus de cette normalité castratrice dans un pavillon de banlieue avec une pelouse bien entretenue et un mari d'une banalité effroyable et ennuyeuse. Elle a donc décidé de neutraliser le traitement médicamenteux de Sebastian. Le résultat ne se fait pas attendre : il se montre beaucoup plus fougueux au lit, même s'il ne s'en souvient pas forcément. Tyler Durden est de retour et il a de grands projets. Les succursales du Club vont pouvoir retrouver un objectif : projet Mayhem. Dans un bar, Sebastian se rend compte que le serveur a le visage tuméfié et une référence à la Genèse tatouée sur le cou. Il va en avoir des choses à raconter au docteur Wrong, son psychanalyste, lors de la prochaine séance.



20 ans après la parution du roman original, Chuck Palahniuk répond enfin à l'attente des lecteurs et des adorateurs du Fight Club : Tyler Durden, l'homme (le vrai) qui refuse la médiocrité de la société moderne, est de retour. Les clubs n'ont jamais cessé d'exister, mais sans leur maître idéologique, ils n'ont pu que perpétrer la mécanique des combats, sans que cette forme de préparation ne débouche sur quoi que ce soit. Au vu du titre, le lecteur s'attend à une suite en bonne et due forme au roman (à la rigueur au film de David Fincher). Dès les premières séquences, l'auteur confirme cet état de fait. Le lecteur doit être familier du récit original. Il doit se souvenir des personnages secondaires afin de les reconnaître lors de leur retour et pour comprendre le sens de leurs actions. Lorsque plusieurs membres d'un Club se mettent à psalmodier le nom de Robert Paulson, il faut savoir de qui il s'agit pour comprendre le sens de ce passage. De la même manière, il faut pouvoir se rappeler que la fréquentation de groupes d'entraide avait permis à Sebastian et Marla de se rencontrer initialement.



Rasséréné, le lecteur s'installe confortablement et se prête au jeu d'identifier les références à l'œuvre originale et s'en remet à l'auteur pour le secouer dans son fauteuil, le faire sortir de sa zone de confort et le contraindre à regarder la vérité en face. Les thèmes présents dans l'original resurgissent : l'absence de sens de la vie moderne, la sensation d'émasculation de l'homme végétant dans une vie banale sans pouvoir s'accomplir, l'asservissement de l'individu à sa sécurité matérielle, le recours aux médicaments pour supporter un quotidien médiocre et navrant, la pulsion de d'agir sur son environnement pour le maîtriser et le modeler. Tous les doutes sont balayés d'un revers de main : cette suite est légitime dans tous les sens du terme. Pour donner une suite à son roman le plus populaire, l'auteur a choisi une forme tout aussi populaire, celle de la bande dessinée. Les couvertures prennent la forme de peintures magnifiques et ironiques, réalisées par David Mack, l'auteur de la série Kabuki.



Cameron Stewart est un dessinateur ayant travaillé à plusieurs reprises avec Grant Morrison, scénariste exigeant et ambitieux, ayant également réalisé le scénario d'une des incarnations de la série Batgirl. En découvrant les premières pages, le lecteur observe des dessins réalisés dans une approche réaliste et descriptive, avec un degré de simplification qui les éloignent du photoréalisme, et qui leur donne une apparence moqueuse, voire ironique, dans certaines séquences. Il retrouve à plusieurs reprises des échos visuels du film de David Fincher, Stewart s'en inspirant pour créer des liens avec le premier Fight Club. Il retrouve ainsi l'ambiance un peu glauque de la salle où se tiennent les réunions du groupe d'entraide (renforcée par la mise en couleurs intelligente et sensible de Dave Stewart), la maison délabrée que Tyler Durden avait choisie comme quartier général (après la destruction de l'appartement du Narrateur), la vivacité et le tonus des rapports sexuels entre Marla et Tyler, et quelques autres éléments.



Dès la page 10, le lecteur observe que l'artiste surimpose des éléments dessinés par-dessus les cases proprement dites. C'est ainsi qu'apparaissent des gélules qui viennent masquer des visages ou des parties de phylactères, puis des pétales de fleurs, puis des comprimés qui semblent comme apposés sur les visages pour les masquer intentionnellement. Cameron Stewart dessine ces éléments de manière plus réalistes que ceux dans les cases, en y ajoutant un ombrage, comme s'ils étaient vraiment posés par-dessus la planche dessinée. Il constate également que l'artiste ne recherche pas une ressemblance avec les acteurs du film. Il n'est pas possible de reconnaître Brad Pitt et le visage de Sebastian n'évoque que vaguement celui d'Edward Norton.



De séquence en séquence, le lecteur se rend compte que l'approche de Cameron Stewart permet de mettre sur le même plan graphique des éléments qui sinon seraient apparus comme disparates parce qu'appartenant à des environnements trop éloignés (par exemple la pelouse bien tondue et la guérilla urbaine à Mogadiscio en Somalie). Il constate également que l'artiste ne se contente pas d'illustrer le scénario, mais qu'il utilise des techniques spécifiques à ce média. Par exemple, en page 20, le lecteur peut voir la tête de Sebastian ayant explosé (avec un œil voletant à travers la page) et expulsant les biens matériels qui constituaient sa prison. Il y a également le recours à ces éléments comme apposés sur la page. Il y a aussi possibilité de disposer côte à côte une case au temps présent et une case dans le passé. Dans le chapitre 4, il représente les déplacements d'un personnage par des pointillés sur un fond de plan. La page finale de ce même chapitre montre le sceau du Comics Code Authority (un organise d'autocensure des comics) maculé de sang, image à destination de lecteurs de comics.



Le choix de Cameron Stewart se révèle de plus en plus pertinent au fur et à mesure que l'intrigue avance. En effet, son approche graphique lui permet de représenter au premier degré les éléments de plus en plus déconcertants du récit, virant parfois à la parodie. Il faut dire que Chuck Palahniuk ne fait pas dans la demi-mesure : un dessin en pleine page montrant en contre plongée une dizaine d'individus atteints de progéria descendant en parachute sur un château (dont un dans son fauteuil roulant), des spermatozoïdes serpentant sur la page par-dessus les cases, des individus avec de franches expressions d'exaspération sur le visage, et bien d'autres surprises visuelles. Le lecteur peut alors trouver que la narration visuelle vire trop vers la farce, malgré une mise en couleurs qui reste discrète et sobre.



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- ATTENTION - La suite du commentaire comprend des divulgâcheurs. -

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En fin de tome, le lecteur se retrouve en butte au fait que Chuck Palahniuk lui a donné exactement ce qu'il attendait, et que pourtant le résultat constitue quelque chose de bien différent qui défie les attentes. Il a apprécié la simplicité narrative des dessins de Cameron Stewart, tout ayant conscience que les images ont permis de faire passer des associations d'idées mieux que le langage écrit ne l'aurait permis. Il a l'impression que cette histoire se termine en grosse farce, et que la leçon à en tirer n'est pas celle qu'il aurait souhaitée. Comme l'indique la phrase sur la couverture peinte de David Mack : il y a des amis imaginaires qui ne s'en vont jamais. Après lecture, ce constat s'applique bien sûr à Tyler Durden, mais aussi à Robert Paulson, un ami imaginaire dont l'auteur lui-même n'a pas pu se défaire, du fait de la pression de son lectorat, ou plutôt de la popularité acquise par le personnage. Cette suite de Fight Club ne fait pas que dépasser les attentes, elle dépasse les espérances en reprenant le récit et les thématiques là où l'auteur s'en était arrêté il y a 20 ans et en les ouvrant sur d'autres réflexions, tout aussi brutales (à commencer par le mélange entre réalité et fiction de l'auteur, mais aussi du lecteur).
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Fight club 2

Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :



Surpris... Voilà, oui, surpris, mais en bien !

Je n’avais pas lu, le premier volume de « Fight Club », j’ai découvert cette histoire en regardant le film.

Ce qui explique que j’ai été surpris par le côté barré de cette compilation, moins intimiste plus décalée mais c’est Palahniuk qui est aux manettes alors il faut suivre, accrochez-vous !





Ce roman graphique porte bien son nom, c’est un roman, du texte, des dialogues et une production graphique, des supers dessins, une qualité de réalisation au top, un univers qui vous transporte, une belle réussite.



L’histoire,

Dix ans se sont écoulés,

Sébastien morfle et les médocs sont son quotidien.

Marla, elle, aspire à retrouver une vie plus speed.

Ils ont un enfant, Junior qui se passionne pour… Enfin des choses qui ne sont pas forcément de son âge.

Le Docteur Wrong est là pour le suivre dans sa thérapie.

Tyler Durden refait surface…



Pour résumer, Sébastien après en avoir mis plein la gueule à ses adversaires, c’est à son tour d’en prendre plein la gueule, et maintenant on attend plus que vous pour commencer…



Bienvenue dans le projet CHAOS !



Grybouille en a encore les plumes toutes hérissées.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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Batgirl, tome 1 : Bienvenue à Burnside

Il y a un côté Buffy dans ce premier tome, les personnages sont un mélange des personnages de Joss Whedon. Et la sauce prend ! C'est moderne et fun, ça dépoussière le mythe.

J'ai pris grand plaisir à lire les aventures de Batgirl et je me ferais un plaisir de lire la suite !
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De l'autre côté

Jason Aaron. Ce mec m'avait impressionné avec ses Scalped. Le voilà qu'il recommence avec The Other Side. Au bout de combien d'œuvres aimées peut on se déclarer fan de? Ça sera 2 pour moi. Ha non 3 j'avais aussi bien kiffé les Southern Bastards (même si un peu en dessous selon moi).



Sinon, The Other Side a été publié en 2006 sous forme d'une mini-série en 5 numéros publiés par Vertigo (DC Comics). Un an avant le début des Scalped donc (entre 2007 et 2012). C'est aussi le livre qui a vraiment lancé la carrière de son auteur.



Et je peux comprendre, car vraiment, c'est fort ! Parler de la guerre au Vietnam, sans parti pris ni manichéisme aucun. Cela, en parvenant à montrer l'horreur sous beaucoup d'égards. Le tout à travers deux protagonistes (d'un côté et de l'autre) plongés dans cette guerre et nous permettant de voir des différences frappantes entre les deux cultures. Tout ça c'est fort, et encore je ne veux pas trop en dire, cela se vit mieux à la lecture.



Une lecture qui fait d'ailleurs très réaliste. Non sans raison. Il se trouve que le cousin germain de Jason Aaron était un type appelé Gustav Hashford, et que l'ami Gus était dans le corps des Marines au Vietnam. En plus de ça, c'est un romancier dont le livre The Short Timers a servi de base au culte Full Metal Jacket. Et oui, il a étroitement bossé avec Kubrick. Pas étonnant que le cousin Jason (qui est né quelques années après la guerre du Vietnam) s'en soit trouvé fasciné mais aussi inspiré bien sûr.



Enfin, à côté du réalisme de cette lecture, on y trouve un côté fantastico-horrifique avec lequel j'ai bien accroché, le tout porté par les dessins très réussis de Cameron Stewart, qui aura profité d'un voyage de 2/3 semaines au Vietnam pour travailler son dessin.



Grosse impression donc laissée par ce récit puissant, mais qui s'accompagne de façon assez surprenante d'un côté poétique. Quel dommage que Jason Aaron se fasse si rare (excepté pour toutes ses œuvres "contractuelles" avec Marvel). Ma prochaine lecture du Monsieur sera The Goddamned - le retour du duo avec R.M Guéra !!
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Batgirl, tome 1 : Bienvenue à Burnside

L'avantage des " Reboot" sur les séries Comics, c'est qu'il est possible de réécrire l'histoire, d'approcher un personnage sous un angle nouveau et d'innover une proposition.



C'est le cas pour cette série " Batgirl" revue et corrigée pour un public plus ados et clairement plus girlie.







Elle est à rapprocher des " Faith" de chez Valiant et " Miss Marvel" de chez Marvel, des personnages jeunes adultes ou grands ados bien dans leur peau, étudiantes le jour et justicières la nuit.



Ces personnages, tout en proposant leur propre univers héroïque sous un titre émonyme, ont chacune gagnée leurs galons de pros en intégrant déja les équipes superhéroïques de chaque éditeur.



Batgirl n'aura, contrairement aux "WonderTwins", jamais fait partie de la Ligue de Justice, toutefois sa connexion de longue date à la "Bat family" en fait un personnage classique de premier plan.



Les auteurs se sont permis un rafraîchissement dans le background et le costume du personnage, la rendant plus populaire et pétillante.







En effet, Barbara Gordon, geek surdouée, coupe le cordon avec papa, le célèbre commissaire Jim Gordon, avec la noire et perverse Gotham et avec l'éternelle et pesante tutelle de Batman.



Les deux s'accordent à tous prix à la surprotéger et la préserver du danger depuis le titre chez Batman" Killing Joke" (réservé à un public grands ados et adultes), où le Joker la cloue dans une chaise roulante d'une balle dans la colonne vertébrale.



Barbara est revenue d'entre les morts, si l'on peut utiliser l'expression, luttant après contre le crime depuis un ordinateur et formant le célèbre groupe d'héroïnes " Birds of Prey".



Mais elle aura l'occasion grâce à une technique médicale expérimentale de se remettre littéralement sur pieds.







Regardez la première de couverture, Batgirl se refait une beauté dans un vestiaire et s'offre un petit selfie.



Oui, la nouvelle série se veut plus légère et plus féminine dans une veine de plus en plus populaire du Girlpower.



Barbara va prendre enfin son envol loin de Bat, de papa et des super cinglés, en déménageant dans les quartiers chics de Burnside.



Les styles graphiques de Babs Tarr et Irène Koh surfent sur le glamour.



Contrairement à la Batgirl des débuts, celle-ci a pris 10 ans de moins et retourne sur les bancs de l'université.



Incroyable.



Celle qui pouvait jongler avec plusieurs écrans d'ordinateur va sembler dépasser entre sa thèse, ses missions nocturnes, les copines et le petit copain.



Le personnage, pourtant précédemment grande "Oracle" détective omnisciente et omnipotente sur les réseaux informatiques, semble vraiment cette fois pleine de doutes mais aussi prête à croquer la pomme à pleines dents comme si elle n'avait pas vécue auparavant.



L'effet Gotham peut-être.







Le style ne plaira pas forcément à tous les publics du Comics mais cela devrait faire l'affaire pour ceux qui se régalent déja de ce mélange de " Fantomette à Riverdale*".

(Archie: série TV et Comics)
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