Citations de Carys Davies (33)
Il n’y avait pas de mots pour décrire l’étrange pressentiment qu’il avait de l’importance de ces animaux gigantesques, si ce n’est qu’il ressentait un picotement proche de la nausée et savait qu’il lui était impossible, à présent, de rester là sans rien faire.
Elle se demanda tout haut pourquoi les hommes pensaient toujours qu’il y avait un quelconque intérêt à parler des directions à suivre, et du meilleur chemin pour se rendre d’un point A à un point B.
Il connaissait un peu les étoiles, ce qui pourrait lui être utile à un moment ou un autre, lorsqu’il s’agirait de se repérer dans le monde. Et au cas où ce savoir se révélerait trop maigre ou déficient, il avait récemment fait l’acquisition d’une boussole de petite taille mais, du moins l’espérait-il, fiable, qu’il avait montrée à Bess avant de partir – un instrument lisse, de la taille d’une prune, dans un boîtier d’ébène poli, qui, le moment venu, avait-il promis à sa fille, lui indiquerait, de son aiguille bleue tremblotante, la direction de la maison.
À ses yeux, il n’avait pas du tout l’air d’un idiot.
À ses yeux, il avait l’air majestueux, déterminé et courageux. À ses yeux, il avait l’air intelligent et romantique, l’air d’un aventurier. Il avait l’air d’un homme investi d’une mission qui le différenciait du commun des mortels, et tant qu’il serait parti, elle garderait dans sa mémoire cette image de lui : droit sur son cheval, là-haut, avec ses sacoches et ses baluchons et ses armes – là-haut, dans son long manteau et son haut-de-forme, en route vers l’ouest.
Regarde-la bien, Bess,cette personne, mon imbécile de frère John Cyrus Bellman, car jamais tes yeux ne se poseront sur un plus grand idiot que celui-là. À partir d’aujourd’hui, je le compte parmi les fous et les égarés. Ne t’attends pas à le revoir, et n’agite pas la main, ça ne ferait que l’encourager et lui donner à croire qu’il mérite ta bénédiction. Rentre dans la maison, ma fille, ferme la porte, et oublie-le.
Une chose vous semblait essentielle jusqu'à ce qu'une autre apparaisse, plus importante. (p144)
On voit qu'il est encore en colère à cause du passé, mais ambitieux pour l'avenir. Impossible de savoir laquelle de ces deux impulsions finira par l'emporter, ou si ces deux élans sont tout simplement liés l'un à l'autre, inséparables ; s'ils forment l'essence de ce qu'il est. (p140)
Comme ce jour (...)où il avait découvert l'article consacré aux os monstrueux : ce jour-là la pensée de tout ce qu'il ne connaissait pas lui avait donné le vertige, et il avait compris qu'il ne pouvait rester chez lui. Il avait été totalement incapable d'expliquer cela à quiconque (...). A présent, il se demandait si cela était dû à la possibilité qu'à travers ces animaux géants, une porte s'ouvre soudain sur le mystère du monde. (...) Il lui arrivait (...) de contempler le ciel (....) et de se demander ce qu'il pouvait bien y avoir là-haut - ce qu'il découvrirait s'il trouvait le moyen de s'y rendre pour jeter un œil. (p80)
Il aimait beaucoup le cheval du mort. Sa couleur était bien plus belle, et il filait plus vite. Parfois, pour se donner du cœur, le garçon posait des lèvres contre les oreilles douces de l'animal, taillées comme des feuilles, et il murmurait : "Souviens-toi, il n'y a pas de dieux. Nous n'avons que nous-mêmes, et rien d'autre."
Un homme pouvait choisir de vivre sa vie de tant de manières différentes. La tête lui tournait rien que d'y penser. Et cela lui faisait mal au cœur de songer qu'il avait fait le mauvais choix.
Une chose vous semblait essentielle jusqu'à ce qu'une autre apparaisse, plus importante.
La boussole que le négociant en fourrures lui avait prêtée ne lui était d aucune utilité car il avait la musique du fleuve et et l ordre illuminé des étoiles, mais il la tenait en permanence au creux de sa main parce qu il aimait cette objet pour sa beauté et soupçonnait le marchand de lui avoir caché les pouvoirs secrets qu il recelait; il le croyait vivant à sa manière. Il aimait regarder la minuscule aiguille trembloter sous le couvercle transparent, comme son cœur à lui quand il traquait une proie dans la forêt ou attendait qu un poisson morde à son hameçon.
Une chose vous semblait essentielle jusqu à ce qu un autre apparaisse, plus importante.
John Cyrus Bellman était un homme de trente-cinq ans aux cheveux roux, grand et large d’épaules, avec de grosses mains, de longs pieds et une épaisse barbe d’un brun tirant sur le roux. Il gagnait sa vie en élevant des mules.
Il avait reçu une certaine éducation.
Il savait écrire, même si son orthographe était déplorable. Il lisait lentement mais plutôt bien, et il avait appris à Bess.
Il connaissait un peu les étoiles, ce qui pourrait lui être utile à un moment ou un autre, lorsqu’il s’agirait de se repérer dans le monde. Et au cas où ce savoir se révélerait trop maigre ou déficient, il avait récemment fait l’acquisition d’une boussole de petite taille mais, du moins l’espérait-il, fiable, qu’il avait montrée à Bess avant de partir – un instrument lisse, de la taille d’une prune, dans un boitier d’ébène polis, qui le moment venu, avait-il promis à sa fille, lui indiquerait, de son aiguille bleue tremblante, la direction de la maison.