Citations de Catherine Chanter (13)
« Les gens d'ici sont très soudés, mais les Taylor vous dépanneront toujours si vous avez un pépin, j'en suis sûr. » [nous dit l'agent immobilier].
Les synonymes de « très soudés » ne doivent pas manquer d'intérêt, me dis-je. Repliés sur eux-mêmes, xénophobes ? A quel moment passe-t-on de « très soudés » à « hostiles » ?
(p. 34)
Comme une enfant avec son nouveau cahier d’exercice au début de l’année scolaire, je retourne à mon album et j’écris : « Là où tombe la pluie » ainsi que la date en haut de la première page, au milieu, et je souligne le tout. Je passerai mes semaines d’attente à cataloguer cet endroit. Qui sait comment c’est réellement là dehors, ce qui s’est perdu pendant les années de sécheresse, quelles espèces, quels noms, quelles images ?
La pluie lui redonne vie. Chaque brindille sèche se déroule jusqu’à ce que tout ce bois mort prenne la forme de pousses vertes et de centaines de minuscules fleurs blanches.
...une recherche efficace exige une certaine maîtrise. Comme dans la vie, on doit savoir ce que l’on cherche : sinon on s’embarque dans une joyeuse sarabande. Pour savoir ce que vous recherchez, il faut savoir ce que vous savez déjà.
Le sommeil est une force malveillante. Il rôde autour de mon lit comme un chien malade, sa mauvaise haleine s’accrochant à l’air nocturne. Il existe de nombreuses explications à ce que j’ai peut-être fait. Il n’est pas inhabituel que des gens soient incapables de se souvenir des actes haineux commis de leurs propres mains, conçus par leur propre esprit en pleine lumière, alors qu’ils sont pleinement éveillés. Et puis il y a ceux qui font des choses terribles pendant leur sommeil. Enfin ceux qui, au cours de l’histoire, ont fait des choses d’une grande importance, bonnes comme mauvaises, bien qu’on n’ait pu clairement établir s’ils étaient éveillés, endormis ou dans un entre-deux-mondes encore non répertorié par les scientifiques.
Internet le permet: on trie, on sélectionne, on présente les choses sous un jour différent de ce qu'elles sont dans la réalité.
J'ai eu assez de temps pour trouver des explications et j'ai la vie devant moi pour en trouver d'autres. J'ai discuté avec des psychologues, des psychiatres, des scientifiques, des pasteurs, des mediums et moi-même. J'ai interrogé les étoiles et les feuilles de thé, cherché des réponses dans la forme des nuages et des visages dans l'écorce des arbres, étrangement ciselés. Il y a en a qui voient Jésus sur un paquet de fromage industriel : à chacun sa vérité. Qui peut m'en vouloir d'avoir choisi le fromage
Les souvenirs ont un prix et ne voyagent pas seuls.
Et les problèmes sont des problèmes, quels que soient les mots qu’on emploie.
Il est de ces gens qui ne peuvent supporter le malheur des autres et estiment que c’est de leur responsabilité personnelle de leur remonter le moral.
Ma réflexion me mène de ma grammaire de la répétition façon Un jour sans fin à la modalité du « et si ». Un futur. J’ai beau m’efforcer d’être, de respirer, de vivre au présent, ce présent continu, ce « en train de » ne suffit pas. Manger. Patienter. Tapoter. Je ne me suffis pas. Dans le futur, peut-être.
On possède ce dont tout le monde ne peut que rêver. Et nous rêvons d’être comme tout le monde. Nous n’avons d’autre choix que de rester. Nous n’avons aucune vie vers laquelle retourner.
Il suffit de rester dans le flou assez longtemps, ainsi la loi est respectée et tout le monde y trouve son compte.