Quelques questions à propos de Vindicta
13/11/2019
Nouvel éditeur, puisque vous êtes désormais publié aux éditions Metropolis, nouveau nom de plume puisque Sire Cédric devient Cédric Sire, nouvel auteur ? L’année 2019 semble constituer un tournant décisif dans votre carrière d’écrivain, est-ce le signe d’une renaissance, d’une maturité atteinte en tant que romancier, pourquoi ce changement de nom de plume ?
Il ne s’agit pas tant de changer que d’aller de l’avant. À vrai dire, je n’y réfléchis pas vraiment ! En ce qui concerne le nom, par exemple, je ne me reconnaissais plus dans mon ancien pseudonyme, « Sire Cédric », qui datait de mon adolescence. À vingt ans, j’écrivais essentiellement de l’imaginaire, ce nom un peu décalé me semblait coller à mes histoires qui sortaient toujours un peu de la norme. Mais, au fil du temps, le fait est je me retrouve de plus en plus attiré par le noir et le mystère. Ce nom, trop caricatural, devenait donc restrictif. L’inverser m’a semblé une évolution naturelle, qui ne renie en rien mon parcours. Au contraire ! Cédric Sire n’est que la traversée du miroir, la suite logique de mon travail. Par exemple, avec Isabelle Marcelly, je viens de publier un « beau livre » sur le Hellfest, au travers du regard des groupes qui se sont produits à ce festival mythique. Un vieux rêve de gosse si je puis dire ! Nous avons choisi de le confier aux éditions Gründ, qui était à mes yeux la maison la plus adaptée pour sortir ce genre d’ouvrage.
Vindicta est un thriller nerveux qui se lit sans relâche et qui immerge le lecteur dans une vertigineuse folie meurtrière sur près de 580 pages. Pavé imposant qui ne doit cependant pas effrayer l’amateur de polar : les chapitres courts s`enchaînent efficacement à un rythme endiablé. Comment créer un suspense insoutenable et maintenir la tension tout au long du roman ?
C’est assez simple : en tant que lecteur, j’ai besoin d’immersion. Je veux être pris par le texte dès la première page, sinon le livre me tombe des mains. Quand j’écris, c’est cette euphorie ludique que je veux reproduire. Pour cela, je me mets tout simplement à la place du lecteur. J’écris une histoire que, moi, j’aimerais lire, qui me tiendrait captif à chaque ligne. Ce n’est pas plus compliqué que ça. Si, en me relisant, je n’ai pas le pouls qui bat plus fort en permanence, j’efface et je réécris de manière plus intense, jusqu’à ne plus pouvoir poser le livre moi-même. Là, je me dis que cela devrait marcher sur le lecteur !
L’intrigue de votre roman se déroule à Toulouse. Votre lieu de vie a-t-il une influence sur ce que vous écrivez ? L’auteur entretient-il un rapport particulier à son environnement ?
J’ai toujours placé mes histoires dans des lieux que je connais. D’une certaine manière, j’y puise mon inspiration. Par exemple, j’ai vécu deux ans à Montpellier, et cette ville a fini par servir de décor à mon thriller Du feu de l’enfer. J’y suis retourné pour faire des repérages quand j’écrivais cette histoire de secte. Les propriétés abandonnées qui pullulent dans la région, au milieu des vignes, ne demandaient qu’à être utilisées pour mon intrigue. Pour Vindicta, ce sont les petits villages semi-ruraux en banlieue de Toulouse qui m’ont donné l’idée de ces jeunes personnages naïfs, sans avenir et un peu déconnectés de la réalité. En fait, chacun de ces endroits où je me promène me souffle des idées !
Ce roman colossal entraîne le lecteur dans une course effrénée et le plonge dans une véritable descente aux enfers. Au fil d’une narration entêtante, une noire vindicte se dessine. Comment est née l’idée du roman ? Vous avez décidé d’explorer le thème de la vindicte : la punition, le châtiment mérité par quelqu`un ayant commis un acte jugé délictueux, pourquoi ?
La vengeance est une thématique qui me fascine. Mais, au cœur du livre, il est aussi question de responsabilité, et des conséquences de nos actes. Ces thèmes sont extrapolés, plus grands que nature, bien sûr, car il s’agit d’une œuvre romanesque, qui doit dépasser notre simple expérience et ouvrir des questions plus vastes. Vindicta pose surtout la question de nos choix, au quotidien. Ne prenons-nous pas toujours nos décisions, tous et toutes, en n’écoutant que notre peur, notre jalousie, nos émotions immédiates ? C’est ce que font tous les personnages de ce roman. Ils ne sont ni tout noir, ni tout blanc, mais comme chacun d’entre nous s’entêtent à suivre leurs impulsions sans prendre le temps de réfléchir. Finalement, tous mes personnages méritent ce qui leur arrive. J’espère que chaque lecteur se posera la question. Qu’aurions-nous fait, à la place de ces personnages ? Serions-nous vraiment meilleurs qu’eux ? Ou, finalement, encore pire ?
Vindicta est un thriller qui se vit plus qu’il ne se lit : menée tambour battant, cette enquête offre de nombreux flash-backs, des scènes glaçantes et époustouflantes de réalisme. Le cinéma imprègne votre travail : votre écriture semble très visuelle et vos intrigues très cinématographiques dans leur déroulement. En plus de vos influences littéraires, des films vous ont-ils inspiré pour écrire ce livre ?
Je veux que mes histoires soient des expériences sensorielles, oui. C’est mon travail, depuis mes débuts, et cela ne changera jamais. Un contrat entre les lecteurs et moi : je suis là pour leur faire oublier qu’ils parcourent des taches noires sur du papier blanc, et qu’au lieu de cela ils voient des images, sentent le pouls des personnages qui s’accélère, ou les odeurs qui montent de la terre humide autour d’eux. C’est le fabuleux tour de magie qu’est la littérature. Je ne me lasse pas de l’explorer. En termes de cinéma, je vénère des réalisateurs tels que David Lynch : des créateurs qui parviennent à transcender un média, en l’occurrence l’image et le son, et faire ressentir des sensations plus vastes.
Beaucoup de vos lecteurs vous ont découvert avec le roman Angemort et vos thrillers occultes mettant en scène l’improbable duo composé d’Eva Svärta, profileuse albinos et le commissaire Alexandre Vauvert, enquêteur au charme rugueux. Vous écrivez désormais essentiellement du polar noir, bien ancré dans le réel et définitivement éloigné de la fantasmagorie. Malgré quelques allusions à une figure horrifique bien connue d’internet, Vindicta ne cherche nullement à flirter avec le surnaturel. Pensez-vous revenir un jour à vos premiers amours fantastiques ?
Actuellement, toutes les idées qui me viennent sont ancrées dans le réel, et, je dois l’avouer, plutôt noires ! Pour autant, je compte bien poursuivre les aventures d’Eva et Alexandre. Cette saga réserve encore quelques surprises… (Sourire.)
Quelques questions à propos de vos lectures
Quel est le livre qui vous a donné envie d`écrire ?
Le Seigneur des Anneaux, Tome 1 : La Communauté de l`Anneau, de J.R.R. Tolkien.
Quel est le livre que vous auriez rêvé d’écrire ?
Le Royaume des devins, de Clive Barker.
Quelle est votre première grande découverte littéraire ?
Ça, tome 1 (1/2), de Stephen King.
Quel est le livre que vous avez relu le plus souvent ?
Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry.
Quel est le livre que vous avez honte de ne pas avoir lu ?
Il y en a trop !
Quelle est la perle méconnue que vous souhaiteriez faire découvrir à nos lecteurs ?
Le Nécrophile, de Gabrielle Wittkop-Ménardeau.
Quel est le classique de la littérature dont vous trouvez la réputation surfaite ?
L’ensemble de l’œuvre d’Honoré de Balzac.
Avez-vous une citation fétiche issue de la littérature ?
« Le souvenir, la prophétie et le fantasme — le passé, l`avenir et le moment de rêve entre eux — ne forment qu`un seul pays, ne vivant qu`une seule et immortelle journée. Savoir ceci, c`est la Sagesse. L`utiliser, c`est l`Art. » (Première phrase de Secret show, de Clive Barker.)
Et en ce moment que lisez-vous ?
M, le bord de l`abîme, de Bernard Minier.
Découvrez Vindicta de Cédric Sire aux éditions Métropolis

Entretien réalisé par Coline Meret
A l'occasion de la 11ème édition du salon international du livre en format livre de poche Saint-Maur En Poche, le libraire Gérard Collard recevait sur la scène des Déblogueurs trois auteurs des éditions Ring-Métropolis...
Les Anges de Babylone de
Ghislain Gilberti aux éditions Métropolis
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Sa Majesté des Ombres - tome 1 La trilogie des ombres (01)
de
Ghislain Gilberti aux éditions Ring
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sa-majeste-des-ombres---tome-1-la-trilogie-des-ombres.html
Dynamique du Chaos de
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Les Démoniaques de
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Le Manufacturier de
Mattias Koping aux éditions Ring
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Vindicta de
Cédric Sire aux éditions Métropolis
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