𝓤𝓷𝓮 𝓯𝓸𝓲𝓼 𝓼𝓮𝓾𝓵, 𝓵𝓸𝓲𝓷𝓼 𝓭𝓮 𝓒𝓪𝓶𝓲𝓵𝓵𝓮, 𝓳’𝓮𝓾𝓼 𝓵𝓪 𝓼𝓮𝓷𝓼𝓪𝓽𝓲𝓸𝓷 𝓺𝓾𝓮 𝓽𝓸𝓾𝓽 𝓶𝓸𝓷 ê𝓽𝓻𝓮 𝓼𝓮 𝓯𝓲𝓼𝓼𝓾𝓻𝓪, 𝓮𝓽 𝓳𝓮 𝓯𝓾𝓼 𝓯𝓸𝓻𝓬é 𝓭𝓮 𝓶𝓮 𝓶𝓮𝓽𝓽𝓻𝓮 à 𝓰𝓮𝓷𝓸𝓾𝔁.
Si proche de ma proie, je sentais l’adrénaline monter en moi, en même temps qu’un désir incommensurable de la posséder. Que m’arrivait-il ? C’était une sensation à la fois puissante et étrange. Je dus me surpasser pour ne pas succomber à la tentation de la prendre, de la voler, sur-le-champ.
J’étais passé maître dans l’art de la dissimulation. Si les gens avaient su qui j’étais réellement, ils m’auraient considéré comme un paria. Mais, grâce à la manière dont je savais gérer mon image, j’étais pour tous le PDG d’une importante entreprise forestière établie par ma famille depuis trois générations.
Je ne quittai pas Camille des yeux, observant chacun de ses gestes avec attention : sa manière de placer ses cheveux derrière ses épaules, ou encore son léger déhanchement lorsqu’elle s’appuyait sur son pied gauche. Mon besoin de la posséder s’intensifiait à chaque battement de mon cœur, mais je décidai d’agir avec précaution et de rester patient. Le piège que j’avais échafaudé ne pouvait être déclenché que le moment venu ; je devais attendre et me contenter de la regarder. Mais je sentais que cela ne suffisait pas.
Malgré les efforts que Camille faisait pour être impolie, son naturel refaisait inexorablement surface. Chacun de ses mots et de ses gestes révélait sa nature chaleureuse et vivante.
Lorsque nous rentrâmes chez lui, je lui avais dit que je n’étais pas encore prête à dormir avec lui. Il avait accepté, mais j’avais senti sa déception. Nous sortions ensemble depuis plusieurs mois et il s’était montré plus que patient. Pourtant, je n’étais toujours pas sûre de vouloir passer à l’étape suivante. Je n’étais pas vierge, mais cela faisait longtemps que je n’avais pas couché avec un homme. Je n’étais même plus certaine de savoir comment on faisait…
Elle s’était comparée à un animal de compagnie, mais elle était plus que ça. Tellement plus. Je n’avais jamais eu envie de toucher quelqu’un comme j’en avais envie avec elle. Je suivis des yeux les courbes de son corps sous la couette. Elle était magnifique. Des seins ronds, une taille fine, des hanches généreuses… Je fermai les yeux en imaginant lécher chaque centimètre de son corps qui était pour moi le plus tentant des desserts.
Le contact de sa robe en soie sous mes doigts et la chaleur de sa paume dans la mienne me séduisirent encore davantage. Je gardai un air impassible, celui que j’arborais la majorité du temps, mais, à l’intérieur de moi, j’étais comme une machine qui se remettait en marche après être restée en veille pendant des années. Sans le savoir, elle me communiquait son énergie et remettait tous mes sens en éveil.
Toute mon enfance, mon père avait insisté sur l’importance de « faire preuve de finesse », comme il disait. Si bien que j’étais devenu un parfait pantin, respectant l’abécédaire des bonnes manières à la lettre. On tirait telle ficelle, je souriais. On tirait telle autre, j’exprimais mes condoléances. Malheureusement, enlever une femme ne faisait pas partie de ce qui m’avait été inculqué.
Depuis qu’il était en âge de sortir, Grégory était un oiseau de nuit, et il n’avait jamais peur d’être lui-même, y compris dans l’atmosphère poussiéreuse de l’école. Je l’aimais beaucoup. Nous étions devenus amis dès le jour de mon arrivée, lorsque j’avais reconnu en lui un visage frais et moderne, désireux de former la jeunesse de demain.
Emménager avec lui ne faisait absolument pas partie de mes plans. De plus, je ne pouvais pas abandonner mes étudiants au milieu de l’année. Je le lui avais expliqué de nombreuses fois, mais il faisait toujours comme s’il ne comprenait pas. C’était un aspect de sa personnalité que je trouvais à la fois très attachant et irritant.