Il regarde au dessus de nous et sourit.
-Pourquoi ris-tu ?
-Sous la lune il y a nous.
Pendant qu’il me dit ça, je réalise qu’il me tient par les mains et marche vers la rivière.
-Oui, je vois, pourquoi tu me dis ça ?
Je commence à trembler.
-Ma grand-mère m’a dit une fois que tous les couples qui naissaient sous le clair de lune étaient destinés à être ensemble pour l’éternité. Que rien ne pouvait dissoudre cet amour. Ni la haine, ni le mal, ni la mort. Deux âmes, tout simplement…destinées…
Je suis la brise d’automne qui caresse ton visage, je suis le flocon de neige qui scintille sur le bout de tes doigt, je suis le chuchotement des forêts qui murmure ton nom

-Chéri ! minaude-t-elle. Je t’ai appelé à maintes reprises, tu avais disparu ?
Je sens la main de Jaylen sur mon épaule, mais je feins de ne pas l’avoir sentie.
-Engy ?
Je lève les yeux au ciel et me retourne à contrecoeur. Eh merde ! Je ne veux pas que cette fille me voie. Je hausse les paupières en simulant la surprise et me lève devant eux.
-Galadrielle, je te présente Engy. Engy, Galadrielle.
Sourire aux lèvres, je lève la main pour serrer la sienne, mais elle détourne plutôt les yeux et les pose sur Jaylen en m’ignorant totalement. La honte… Sale garce ! C’est mon mec que tu regardes là.
-Tu étais passé où ? J’ai demandé à Alan des nouvelles de toi, il n’en avait pas. Et tu ne répondais pas à tes nombreux numéros. Mon lit refroidit sans toi.
Quoi ? J’y crois pas ! Son lit ? Et en plus, ses nombreux numéros ? Cette fille avait tout ses numéros, alors que je n’en ai qu’un seul ?
-Je sais.
Je me rassois pour éviter la honte que Jaylen me fait subir et aussi pour m’assurer de reprendre mon calme, alors que mon visage vire au cramoisi. Jaylen m’intercepte encore. Je crois qu’il sait que je me sens mal.
-Engy occupe tout mon temps dernièrement…
Je me relève et continue de sourire comme une idiote. Va-t-il arrêter de me présenter à cette fille ?
Galadrielle me dévisage quelques secondes et reporte son attention sur lui :
-C’est pas grave si tu étais occupé. J’ai vu Joshua à l’entrée, il m’a dit que c’était ton anniv ? Tu veux bien venir avec moi dans ma chambre, en haut ?
Elle glisse ses doigts sur son torse en rapprochant son corps, et une nouvelle fois, je me retourne pour éviter d’éclater, Zacharie me toise avec un sourire en coin.
-Ça va pas ? se moque-t-il.
Je fronce les sourcils.
-Non, pas aujourd’hui, Gala ! avertit Jaylen, derrière moi. Je ne suis pas venu pour ça. Je suis avec Engy.
Je sens les yeux de cette fille me brûler le dos.
Zacharie plante ses yeux une nouvelle fois sur son téléphone, mais il secoue la tête en riant doucement de moi.
-Bon ! Si jamais tu changes d’avis, tu sais où me trouver ! J’entends les talons de la fille claquer au sol alors qu’elle part, pendant que les mains de Jaylen m’enveloppent, retenant mes bras contre mon corps. Il dépose un baiser sur ma nuque.
-Désolé, dit-il tout simplement. C’est juste une amie. Une ex-amie.
Je l’ignore, parce que je ne sais pas quoi dire. C’était à la fois humiliant et extrêmement frustrant. Je sais que Jaylen a une vie en dehors de moi, qu’il a fait Dieu sait quoi. Mais j’ai peur qu’il réalise ses fantasmes avec ces filles plutôt qu’avec moi. Je ne veux pas être uniquement la fille de son coeur, je veux être aussi toutes ces filles. Enfin… c’est beau de rêver. Et puis, c’est quoi les chambres en haut du Red Holder ? Les filles se prostituent, ici ?
-Je vais aller aux toilettes, je reviens.
Il pose un autre baiser à la base de mon cou et défait son étreinte avant de s’éloigner. Zacharie suit des yeux Jaylen, puis me fixe.
-Tu sais que c’est faux, hein ?
-De quoi ?
-Galadrielle est la fille qui prend soin de Jaylen chaque fois qu’il vient ici. Ils sont affichés ensemble depuis deux ans. C’est sa putain. Son histoire de « je vais aux toilettes », c’est du bidon. Il va la baiser.
Mon coeur fait un bond, et je pouffe nerveusement.
-Voyons… Jaylen me tuerait si je lui faisait un truc pareil… enfin… techniquement parlant… Quoique… bon… Il ne baiserait pas ailleurs ! Il ne me ferait pas un truc qu’il ne voudrait pas que je fasse moi-même !
Ne sous-estimez jamais la force des mots. Certains peuvent faire beaucoup de mal. Ils peuvent démolir ou même tuer...
Ne souffre pas en silence de l'intimidation, car les mots peuvent également servir à te libérer.
Keeper était un village rempli de mystère et j’allais assurément tout faire pour découvrir ce qui se passait ici. Après des cauchemars, des moments où je m’endormais n’importe où, il y avait Jackson, un type qui était devenu étrange avec moi en apprenant que j’étais une Sawyer et, pour finir, il y avait River, encore plus troublant celui-là.
Que la partie commence. Sur le damier d'un jeu d'échecs, la dame est la pièce la plus puissante, c'est elle qui a le pouvoir. Je viens de lâcher la dame, ton est de mener le roi à la victoire… Ne me déçois pas…
p. 339
Psychopathe ? Quelle insulte... Je suis bien mieux, et à la fois bien pire... Je suis la définition même d'un monstre.
p. 506
La jalousie, c𠆞st quand tu veux avoir quelque chose que tu n𠆚s pas. Je ne suis pas jaloux, je suis territorial.
Je croyais que ce Jaylen m’avait sauvée d’un maniaque alors qu’au final, ce sont mes voisins les vrais psychopathes.
J’ai beau le détester pour ce qu’il me fait faire aujourd’hui – tuer des gens –, cette personnalité est tout de même apparue pour me protéger des abus physiques et émotionnels. Zach arrive à effacer beaucoup de souvenirs de traumatismes, à m’enlever toutes mes douleurs. Il s’est développé en moi pour absorber les horreurs et il arrive à les gérer. Lui, il voit les choses, les ressent et aujourd’hui il les extériorise, manipule et joue avec la terreur et les abominations. Alors que je n’ai que des flash-backs de mon enfance, peu d’émotions y sont associées. Comme si ce n’était que des rêves. J’arrive à parler de certaines choses, mais je n’absorbe pas les sentiments qu’entraînait chaque violence, sinon je me suiciderais. De telles blessures sont trop difficiles à porter. C’est Zach qui est réceptif aux éléments qui m’entourent.