Céline Pina

C'est ainsi qu'aux Mureaux, en 2002, une nouvelle équipe écologiste-PS tout juste élue était très opposée aux caméras de surveillance implantées sur la ville. Cette équipe a changé d'avis à la première émeute urbaine qui suivit de près son installation aux commandes. Les caméras avaient montré un curieux jeu de la part des grands frères. Ceux-ci caillassaient les policiers et excitaient les jeunes. Puis changeaient de tenue derrière les bâtiments pour venir faire semblant de jouer les intermédiaires et calmer le jeu. Le tout dans un ballet chronométré et parfaitement mis en scène. Le cynisme et l'assurance de ces caïds, très à l'aise dans le double jeu et la manipulation, avait alors sidéré les nouveaux élus.

Mais l'ancien maire de Bagnolet, par exemple est logé à la même enseigne... Il a fait de Georges Ibrahim Abdallah, terroriste condamné à vie en France, le citoyen d'honneur de la ville et a prêté des locaux municipaux pour installer une école coranique.

Les prêches de ces imams expriment avec violence cette revendication et s'en prennent allégrement aux droits humains comme aux fondamentaux de notre constitution. Ils contiennent de façon explicite des appels au viol et à l'agression des femmes non voilées; des appels au meurtre quand il est question des juifs et des apostats... Le tout est accessible sur internet et ces imams officient, en France, dans des mosquées dont nous avons parfois payé le terrain par le biais de baux emphytéotiques; ils sont donc connus des élus locaux.

Pendant ce temps, l'UOIF peut organiser un meeting à Lille le 7 février avec la fine fleur de ce que l'on fait de pire en matière d'islamisme et il faudra la mobilisation de la société civile pour que le ministre de l'Intérieur annonce le 2 février la surveillance de la manifestation. Le délégué interministériel, au parcours d'excellence, annoncé comme participant ès qualité, choisira de renoncer pour n'avoir pas été présenté en tant qu'enseignant-chercheur et parce que les organisateurs ne lui auraient pas donné tous les noms des participants à ces rencontres. Il faut dire que les trois étaient particulièrement gratinés. Mohamed Rateb Al-Nabulssi, le Syrien, qui pense que "l'homosexualité implique la peine de mort" et qui dit que "la femme ne doit sortir de chez elle qu'en cas d'urgence". Pour Abouzaïd Al-Mokri, marocain, "les juifs ont une capacité incroyable à détruire les nations, y compris chrétiennes... de l'intérieur." Quant au saoudien Abdallah Salah Sana'an, imam à Djedda, pour qui homosexualité et pédophilie sont synonymes, "si un enfant suscite la convoitise, tuer cet enfant est préférable qu'il soit partenaire d'un acte sexuel comme si c'était une femme".

Nous avons eu une vraie discussion pour savoir s'il convenait mieux d'écrire "État islamique" ou Daesh". Dans un cas on penche pour Daesh vu comme plus péjoratif et pour dénier tout lien entre État islamique et islam. Pour d'autres, il faut éviter le "syndrome de Voldemort" et appeler les choses par leur nom. Par ailleurs, l’État islamique se vit comme un état, agit en tant que tel et développe des visées impérialistes. J'ai trouvé le terme plus juste mais j'admets qu'il se discute.

Mais à trop croire en la mort des idéologies, le monde politique a oublié qu'elles sont aussi pour l'homme le moyen de représenter et de penser le monde dans lequel il vit, la place qu'il y occupe, sa relation à l'autre et sa légitimité à agir. Or, aujourd'hui, les programmes électoraux témoignent de cette incapacité à penser l'action locale dans un cadre global. Tous pourraient être écrits par Bahlsen et son Monsieur Plus : on prend les grandes lignes de l'organisation territoriale et on promet mieux et plus de service avec moins de moyens. Fin de l'échange citoyen.