Citations de Charles Baudelaire (3231)
Le vin rend l’oeil plus clair et l’oreille plus fine !
Je vois un port rempli de voiles et de mâts
Encor tout fatigués par la vague marine.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
En un mot, pour que toute modernité soit digne de devenir antiquité, il faut que la beauté mystérieuse que la vie humaine y met involontairement en ait été extraite.
Le beau est fait d'un élément invariable, dont la quantité est excessivement difficile à déterminer, et d'un élément relatif, cironstanciel, qui sera si l'ont veut tour à tour ou tout ensemble, l'époque, la mode, la morale, la passion.
Sans ce second élément, qui est comme l'enveloppe amusante, titilante, apéritive du divin gâteau, le premier élément serait indigestible, non adapté et non approprié à la nature humaine.
Je défie qu'on découvre un échantillon quelconque de beauté qui ne contienne pas ces deux éléments.
Toutes les modes sont charmantes, c'est-à-dire relativement charmantes, chacune étant un effort nouveau, plus ou moins heureux, vers le beau, une approximation quelconque d'un idéal dont le désir titille sans cesse l'esprit humain non satisfait.
L'inviolabilité de la Belgique
"Qu'on ne me touche pas ! Je suis inviolable !"
Dit la Belgique. - C'est hélas ! inconcevable.
Y toucher ? Ce serait, en effet, hasardeux,
Puisqu'elle est un bâton merdeux.
JOURNAUX INTIMES mon cœur mis à nu
Plus l'homme cultive les arts, moins il bande
il se fait un divorce de plus en plus sensible entre l'esprit et la brute...
La brute seule bande bien et la fouterie est le lyrisme du peuple.
Foutre c'est aspirer à entrer dans un autre, et l'artiste ne sort jamais de lui-même.
JOURNAUX INTIMES mon cœur mis à nu XCIII
Travailler de six heures du matin, à jeun, à midi. Travailler en aveugle, sans but, comme un fou.
FUSEES 16
je ne conçois guère (mon cerveau serait-il un miroir ensorcelé?) un type de Beauté où il n'y ait du Malheur
Fusées.
J'ai trouvé la définition du Beau, de mon Beau.
C'est quelque chose d'ardent et de triste, quelque chose d'un peu vague...
et Baudelaire applique sa conception du beau à un visage de femme et à un visage d'homme
L'Amour est assis sur le crâne
De l'Humanité,
Et sur ce trône le profane,
Au rire effronté,
Souffle gaiement des bulles rondes
Qui montent dans l'air,
Comme pour rejoindre les mondes
Au fond de l'éther.
La chambre à coucher de la Fanfarlo était donc très petite, très basse, encombrée de choses molles, parfumées et dangereuses à toucher ; l'air, chargé de miasmes bizarres, donnait envie d'y mourir lentement comme dans une serre chaude. La clarté de la lampe se jouait dans un fouillis de dentelles et d'étoffes d'un ton violent, mais équivoque.
J'ai vu parfois, au fond d'un théâtre banal
Qu'enflammait l'orchestre sonore,
Une fée allumer dans dans un ciel infernal
Une miraculeuse aurore ;
J'ai vu parfois au fond d'un théâtre banal
Un être qui n'était que lumière, or et gaze,
terrasser l'énorme Satan ;
mais mon cœur, que jamais ne visite l'extase,
Est un théâtre où l'on attends
Toujours, toujours en vain, l’Être aux ailes de gaze !
Extrait de "Lesbos", dans Épaves :
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers, languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques,
Font l’ornement des nuits et des jours glorieux ;
Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades
Qui se jettent sans peur dans les gouffres sans fonds,
Et courent, sanglotant et gloussant par saccades,
Orageux et secrets, fourmillants et profonds ;
Lesbos, où les baisers sont comme les cascades !
Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,
Où jamais un soupir ne resta sans écho,
À l’égal de Paphos les étoiles t’admirent,
Et Vénus à bon droit peut jalouser Sapho !
Lesbos, où les Phrynés l’une l’autre s’attirent,
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Qui font qu’à leurs miroirs, stérile volupté !
Les filles aux yeux creux, de leur corps amoureuses,
Caressent les fruits mûrs de leur nubilité ;
Lesbos, terre des nuits chaudes et langoureuses,
Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère ;
Tu tires ton pardon de l’excès des baisers,
Reine du doux empire, aimable et noble terre,
Et des raffinements toujours inépuisés.
Laisse du vieux Platon se froncer l’œil austère.
C'est plutôt une divinité, un astre, qui préside à toutes les conceptions du cerveau mâle.
Les houles,en roulant les images des cieux,
mêlaient d'une façon solennelle et mystique
Les tout-puissants accords de leur riche musique
Aux couleurs du couchant reflété par mes yeux.
La nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L'homme y passe à travers des fôrets de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.