Ce qui gisait sur la table d’opération ressemblait à un être humain uniquement par sa forme. Un médecin aurait reconnu la musculature, mise à nu du fait de l’ablation de sa peau. Mais la plus part de gens, s’ils avaient aperçu cette forme, n’aurait vu qu’une chose monstrueuse, surgie de leurs cauchemars les plus horribles. Alors que lui… il voyait l’achèvement exquis de son travail.
Dix contre un qu’il était avec une pute, mais il n’ira jamais nous raconter ça, à nous. On peut s’estimer heureux qu’il nous ait signalé le cadavre. Ce qu’on a trouvé n’était déjà pas joli, imagine ce que ça aurait été si les rats avaient passé la moité de la nuit à le grignoter.
Janet Rowe. Quatorze ans. En proie à cette illusion de se sentir mûre, en dépit de sa jeunesse. Son esprit lui disait qu’elle était une adulte et qu’elle savait exactement ce qu’elle faisait. Ses parents et les contraintes sociales lui tenaient un autre discours. Ils lui expliquaient, en des termes rien moins que bienveillants, qu’il lui fallait attendre les âges magiques. Seize ans, et soudainement elle pourrait conduire une voiture. Dix-huit ans, et elle pourrait quitter la maison familiale, voter, entrer dans un bar et boire de l’alcool. Jusque-là, elle n’avait pas de statut. Elle devait faire ce qu’on lui disait, fin de la discussion.
Les héros n'existent pas. Il n'y a que des idiots et des hommes qui n'ont pas le choix.
C'est cela, la magie, tu sais. C'est avoir une appréhension suffisamment forte de soi-même et de ce qui nous entoure afin non seulement de voir l'ensemble autrement, mais aussi de le rendre différent.
[Charles de Lint - Oiseaux]
Avec les philtres d'amour, les flèches de Cupidon ou autres envoûtements, le coup de foudre reste un sortilège plus facilement explicable par la magie que par la science. La mystérieuse alchimie des sentiments humains a cela de magique qu'on gagne à ne pas tout expliquer et à ne pas tout analyser.
[Analyses - Xavier Spinat - Sur les Traces de la Magie]
Je comprenais maintenant pourquoi les tours de lapin ne marchaient que devant les gamins. C'est que les lapins venaient d'ici. L'enfance. La seule magie qui existe au monde.
[Fabrice Colin - Le coup du lapin]
Ola était incapable d’approuver la pauvreté. Elle avait vu sa mère dépérir, sans le sou et seule, à part sa fille, et elle avait juré que cela ne lui arriverait pas. Elle ne cherchait pas la richesse, ni les possessions matérielles. Seulement la liberté de vivre dans un environnement propre, sans tracas.
Vous parlez de ce que vous ne connaissez pas, comme s’il fallait accepter la pauvreté avec un sourire reconnaissant. Souriez-vous quand vos enfants meurent de faim et que vous n’arrivez même pas à mendier le prix d’un morceau de pain ?
Quand vous êtes obligés de dormir à l’arrière de votre voiture, parce que vous n’avez nulle part où aller – une voiture qui ne marche plus, alors que le vent d’hiver hurle dehors ? Si c’est comme ça que vous voulez vivre, allez-y, mais ne reprochez pas aux autres de prendre ce qu’ils peuvent, quand ils peuvent et comme ils peuvent.
Tom n’aimait pas les énigmes. Il avait horreur des mots croisés, du Trivial Pursuit et des romans policiers. Son esprit ne fonctionnait pas de cette manière. Il avait tendance à foncer à travers les problèmes. Analyser les choses ne faisait que lui donner mal à la tête... comme maintenant. La seule chose pour laquelle il eût de la patience, c’était la musique, et aujourd’hui, même cela ne lui faisait aucun bien.