Il voit, en effet. On ne publie plus, on donne à lire. On n’expose plus, on donne à voir. On ne joue plus, on donne à entendre. Il imagine des textes courts qui déconstruisent à tout va, écrits la nuit par des types qui se coiffent comme Artaud ou Steve Jobs, qui s’inscrivent en surplomb d’une époque en naufrage et lâchent des voilà fatigués en milieu et en fin de phrase, qui bassinent le lecteur avec des personnages improbables, de la science à deux balles ou des précisions inutiles depuis qu’ils ont découvert Wikipédia, qui ne peuvent pas décrire une mouche sur un camembert sans faire un cours sur les diptères.
« Que sait-on du dernier chapitre d’un livre qu’on oublie dans un train, sinon qu’il a rejoint une autre vie, d’autres mains et peut-être d’autres lacunes, quelque part dans la logique trouée du temps. » (p. 167)
Il s'imaginait qu'avec le temps la passion avait rendu les armes, qu'elle avait épargné sa proie et s'en était allé chasser ailleurs, mais la passion ne lâche jamais, elle est obstinée comme le tabac qui triomphe un jour de l'arrogance des sevrés.
Luc Clack, directeur de la logistique, allait à la selle tous les matins à dix heures.
« Il a perdu Laura et gagné douze mesures de douceur. Dans l’économie générale de l’âme, il se sait combler. » (p. 55)
Mais que fait-on quand on ne sait plus que tuer, quand l'espoir du lendemain est toujours celui d'être mort ?
« La mort est communiste, par nature égalitaire. Qui pourrait distinguer le gros du famélique dans la fraternité des squelettes blanchis ? » (p. 117)
« Il l’aimait avant de la connaître. Il en était sûr. Elle était en lui, déjà installée comme un vide à combler. » (p. 131)
Il a perdu Laura et gagné douze mesures de douceur. Dans l'économie générale de l'âme, il se sait comblé.
« Il déteste la chaleur. On ne peut rien contre elle. Il aime l’hiver. On s’en protège. » (p. 44)