AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Charles Vildrac (52)


Si l’on gardait, depuis des temps, des temps,
Si l’on gardait, souples et odorants,
Tous les cheveux des femmes qui sont mortes,
Tous les cheveux blonds, tous les cheveux blancs,
Crinières de nuit, toisons de safran,
Et les cheveux couleur de feuilles mortes,
Si on les gardait depuis bien longtemps,
Noués bout à bout pour tisser les voiles
Qui vont à la mer,
Il y aurait tant et tant sur la mer,
Tant de cheveux roux, tant de cheveux clairs,
Et tant de cheveux de nuit sans étoiles,
Il y aurait tant de soyeuses voiles
Luisant au soleil, bombant sous le vent
Que les oiseaux gris qui vont sur la mer,
Que ces grands oiseaux sentiraient souvent
Se poser sur eux,
Les baisers partis de tous ces cheveux,
Baisers qu’on sema sur tous ces cheveux,
Et puis en allés parmi le grand vent…

Si l’on gardait, depuis des temps, des temps,
Si l’on gardait, souples et odorants,
Tous les cheveux des femmes qui sont mortes,
Tous les cheveux blonds, tous les cheveux blancs,
Crinières de nuit, toisons de safran,
Et les cheveux couleur de feuilles mortes,
Si l’on gardait depuis bien longtemps,
Noués bout à bout pour tordre des cordes,
Afin d’attacher
A de gros anneaux tous les prisonniers
Et qu’on leur permît de se promener
Au bout de leur corde,
Les liens de cheveux seraient longs, si longs,
Qu’en les déroulant du seuil des prisons,
Tous les prisonniers, tous les prisonniers
Pourraient s’en aller
Jusqu’à leur maison…

Interprété par Serge Reggiani :
http://dormirajamais.org/wp-content/uploads/2012/07/24-Vildrac.mp3
Commenter  J’apprécie          493
Elle était venue:

Elle était venue sur les marches tièdes
Et s'était assise.

Sa tête gentille était inclinée
Un peu de côté ;

Ses mains réunies étaient endormies
Au creux de la jupe ;

Et elle croisait ses jambes devant elle,
L'un des pieds menus pointant vers le ciel.

Il dut le frôler, ce pied, pour passer
Et il dut la voir.

Il vit son poignet qui donnait envie
D'être à côté d'elle dans les farandoles
Où l'on est tiré, où il faut qu'on tire
Plus qu'on n'oserait

Et il vit la ligne de son épaule
Qui donnait envie de l'envelopper
Dans un tendre châle.

Mais le désir lui vint de regarder sa bouche
Et ce fut le départ de tout.
Mais le besoin lui vint de rencontrer ses yeux
Et ce fut la cause de tout.
Commenter  J’apprécie          320
Charles Vildrac
La pomme et l'escargot

Il y avait une pomme
A la cime d'un pommier ;
Un grand coup de vent d'automne
La fit tomber sur le pré !

Pomme, pomme,
T'es-tu fait mal ?
J'ai le menton en marmelade
Le nez fendu
Et l'oeil poché !

Elle tomba, quel dommage,
Sur un petit escargot
Qui s'en allait au village
Sa demeure sur le dos

Ah ! stupide créature
Gémit l'animal cornu
T'as défoncé ma toiture
Et me voici faible et nu.

Dans la pomme à demi blette
L'escargot, comme un gros ver
Rongea, creusa sa chambrette
Afin d'y passer l'hiver.

Ah ! mange-moi, dit la pomme,
Puisque c'est là mon destin ;
Par testament je te nomme
Héritier de mes pépins.

Tu les mettras dans la terre
Vers le mois de février,
Il en sortira, j'espère,
De jolis petits pommiers.

Charles VILDRAC
Commenter  J’apprécie          284
Une amitié

Il y a […] chez toi et chez moi
Comme chez tous, des choses qui manquent,
C’est telle variété de plante
Que je n’ai pas dans mon jardin,
C’est telle arme pour ma lutte
Que je ne sens pas sous ta main ;

Qu’il advient toujours, pour notre bonheur,
Que moi je dispose de cette arme,
Que tu es tout fleuri de ces fleurs
Et que nous entrons sans façon l’un chez l’autre
Pour prendre ce dont nous avons besoin

Tu connais bien mes indigences
Et la façon de mes faiblesses ;
Elles vont à toi sans pudeur
Tu les accueilles et les aimes ;
Et aussi bien j’aime les tiennes
Qui font partie de ta valeur
Et sont la rançon de tes forces.

Enfin chacun de nous, ô mon ami,
Marche, et peut marcher avec assurance
A cause d’une main qui, vigilante,
Au moindre péril, se lève et saisit
Le bras égaré de cet aveugle
Que je deviens et que tu deviens,
Comme tous, à certaines heures…
Commenter  J’apprécie          241
Les sots cultivés sont les pires, car leur culture devient une redoutable mise en valeur de leur sottise. p 15
Commenter  J’apprécie          220
Charles Vildrac
Sur quel arbre du soir ira,
sans nul témoin,
se blottir et dormir
cet oiseau voyageur
qui s'éloigne et s'efface,
battant le lourd ciel blanc
comme un rameur?
Commenter  J’apprécie          190
"Sans espoir de rien, voguer la vie,
Cela vaut la peine tout de même,
A cause d'instants ensoleillés
Qu'il faut vraiment bien sentir passer.

T’apercevrais-tu que tu es heureux
Si ton bonheur durait plus d'une heure?"
Commenter  J’apprécie          190
-- Tous les empereurs romains se faisaient appeler Auguste, dis-je à Lulu.
-- C'est comme les clowns, réplique -t-elle. p 63
Commenter  J’apprécie          180
"L'oeuvre d'un poète est liée intimement à sa vie : la joie ou la douleur de ses livres, ce sont les siennes particulièrement, mais exaltées et généralisées, jusqu'à devenir la joie et la douleur humaines [...]"

Extrait d'une lettre de Vildrac à Verlaine
Commenter  J’apprécie          170
Chant du désespéré (1er poème du recueil)

Au long des jours et des ans,
Je chante, je chante.
 
La chanson que je me chante
Elle est triste et gaie :
La vieille peine y sourit
Et la joie y pleure
 
C’est la joie ivre et navrée
Des rameaux coupés,
Des rameaux en feuilles neuves
Qui ont chu dans l’eau ;
 
C’est la danse du flocon
Qui tournoie et tombe,
Remonte, rêve et s’abîme
Au désert de neige ;
 
C’est, dans un jardin d’été,
Le rire en pleurs d’un aveugle
Qui titube dans les fleurs ;
 
C’est une rumeur de fête
Ou des jeux d’enfants
Qu’on entend du cimetière,
C’est la chanson pour toujours,
Poignante et légère,
Qu’étreint mais n’étrangle pas
L’âpre loi du monde ;
 
C’est la détresse éternelle,
C’est la volupté
D’aller comme un pèlerin
Plein de mort et plein d’amour !
 
Plein de mort et plein d’amour
Je chante, je chante !
 
C’est ma chance et ma richesse
D’avoir dans mon coeur
Toujours brûlant et fidèle
Et prêt à jaillir,
 
Ce blanc rayon qui poudroie
Sur toute souffrance ;
Ce cri de miséricorde
Sur chaque bonheur.
Commenter  J’apprécie          150
Charles Vildrac
Si l’on gardait, depuis des temps, des temps,
Si l’on gardait, souples et odorants,
Tous les cheveux des femmes qui sont mortes,
Tous les cheveux blonds, tous les cheveux blancs,
Crinières de nuit, toisons de safran,
Et les cheveux couleur de feuilles mortes,
Si on les gardait depuis bien longtemps,
Noués bout à bout pour tisser les voiles
Qui vont à la mer,

Il y aurait tant et tant sur la mer,
Tant de cheveux roux, tant de cheveux clairs,
Et tant de cheveux de nuit sans étoiles,
Il y aurait tant de soyeuses voiles
Luisant au soleil, bombant sous le vent
Que les oiseaux gris qui vont sur la mer,
Que ces grands oiseaux sentiraient souvent
Se poser sur eux,
Les baisers partis de tous ces cheveux,
Baisers qu’on sema sur tous ces cheveux,
Et puis en allés parmi le grand vent…

Si l’on gardait, depuis des temps, des temps,
Si l’on gardait, souples et odorants,
Tous les cheveux des femmes qui sont mortes,
Tous les cheveux blonds, tous les cheveux blancs,
Crinières de nuit, toisons de safran,
Et les cheveux couleur de feuilles mortes,

Si l’on gardait depuis bien longtemps,
Noués bout à bout pour tordre des cordes,
Afin d’attacher
A de gros anneaux tous les prisonniers
Et qu’on leur permît de se promener
Au bout de leur corde,

Les liens de cheveux seraient longs, si longs,
Qu’en les déroulant du seuil des prisons,
Tous les prisonniers, tous les prisonniers
Pourraient s’en aller
Jusqu’à leur maison…
Commenter  J’apprécie          111
ELLE ETAIT VENUE

Elle était venue sur les marches tièdes

Et s'était assise.

Sa tête gentille était inclinée

Un peu de côté ;

Ses mains réunies étaient endormies

Au creux de sa jupe ;

Et elle croisait ses jambes devant elle,

L'un des pieds menus pointant vers le ciel.

Il dut le frôler, ce pied, pour passer

Et il dut la voir.

Il vit son poignet qui donnait envie

D'être à côté d'elle dans les farandoles

Où l'on est tiré, où il faut qu'on tire

Plus qu'on n'oserait...

Et il vit la ligne de son épaule

Qui donnait envie de l'envelopper

Dans un tendre châle.

Mais le désir lui vint de regarder sa bouche

Et ce fut le départ de tout.

Mais le besoin lui vint de rencontrer ses yeux

Et ce fut la cause de tout.
Commenter  J’apprécie          110
Charles Vildrac
À l’auberge des gens heureux…


À l’auberge des gens heureux
Tout est source et levain de joie
Jusqu’au pain sec, jusqu’à l’eau claire,
Que l’on soit dix, ou seul, ou deux,
Il n’est de propos, il n’est de sourire
Où l’esprit ne pointe, où le cœur n’affleure…

Or quelquefois on voit s’attabler
Un pas-heureux venu sur la foi de l’enseigne
Avec l’espoir d’y guérir de ses peines.
Mais ce qu’il mange avec effort
Lui répugne ou lui semble amer.
C’est en vain qu’il vide son verre :
Le vin ravive sa douleur.
Et s’il voit frémir sur le mur
Les feuillages d’or du soleil
C’est avec les yeux de l’exil.

Tout le gêne, l’offense ou l’humilie.
Il est comme un intrus à la fête d’autrui ;
Ou comme au bal celui qui ne sait pas danser.
Vite il paie son écot, il faut qu’il parte,
Refoulant ses pleurs et plein de rancœur.
C’est qu’en entrant à l’auberge attirante
Il n’a pas lu cette avis, sur la porte :

On est prié d’apporter son bonheur.
Commenter  J’apprécie          100
Il leva la tête en tremblant et vit, très haut, un oiseau de grande taille qui, les ailes étendues, tournoyaient au-dessus de lui. Il continua d’avancer, mais avec effort et à petits pas chancelants, la tête toujours levée, ses yeux ne pouvant se détacher de l’aigle. Et celui-ci descendait, effrayant, sans replier ses ailes dont l’ombre s’allongeait sur le sol.
Commenter  J’apprécie          92
Va, ne sois pas gêné de laisser paraître en toi
La jeune fille et la mère que fut ta mère,
L'enfant que tu étais et qu'à jamais tu demeures
Et tous ceux là qui sont à ta base confuse;

Et aussi tous ceux-là sur lesquels en passant
Tu as appuyé avec tes yeux,
Jusqu'à prendre et garder leur empreinte.
Commenter  J’apprécie          80
"La beauté des femmes,
Elle n'était pas parfaite et triomphale,
Ce n'était pas celle des anges et des fleurs.
[...]
Oh ! non, leur beauté n'était pas
Celle impassible des fées
Non plus celle opulente des déesses,
Mais c'étaient des beautés de femmes..."
Commenter  J’apprécie          70
Et la ronde éclata d'être trop dilatée
Et courut par lambeaux aux fenêtres ouvertes
Pour chanter la chanson de la grande nouvelle
Avec toute la rue, avec toute la ville,
Et à toute la terre.
Commenter  J’apprécie          60
Sans espoir de rien, voguer la vie
Cela vaut la peine tout de même,

A cause d'instincts ensoleillés
Qu'il fait vraiment bon sentir passer.
Commenter  J’apprécie          50
Et maintenant devant ce papier
Et maintenant dans ma maison
Je suis encore en moi et j'y étouffe.
Commenter  J’apprécie          50
Il crépitait sur nos fronts de tendres étoiles
et devant nous, délivrées,
s'ébattaient nos âmes
Commenter  J’apprécie          50



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Charles Vildrac (115)Voir plus

Quiz Voir plus

Livre d'Amour

A quelle date fut écrit le Livre d'Amour ?

1920
1930
1875
1905

10 questions
16 lecteurs ont répondu
Thème : Livre d'amour suivi de Premiers vers de Charles VildracCréer un quiz sur cet auteur

{* *}