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Citations de Charles Wright (172)


Notre vocation, c'est de passer. De fendre la haute mer sur nos bateaux ivres. Alors, oui, le voyage continue. « Jamais arrière », disait Foucauld. « En avant, route ! » répliquait son frérot, Rimbaud. Allons droit devant, tendus vers l'invisible. En continuant d'espérer, malgré le désespoir et les peines, que nous sommes faits pour la fête et la joie sans ombre, et que la terre promise est devant nous.
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Que le christianisme soit perçu comme une religion qui donne le bourdon me semble incongru au possible. Pour moi, c'est la religion de la vie intense, un grand éclat de rire, comme celui que laisse échapper Sarah quand elle apprend qu'à son vieil âge, elle va enfanter un fils, Isaac, qui signifie « Dieu rit ».

Le christianisme est joie, jubilation, allégresse, c'est une religion solaire, celle qu'expriment avec tant d'allant François d'Assise, Charles de Foucauld, Séraphim de Sarov, Aliocha et le staretz Zozime dans Les Frères Karamazov. Comment en serait-il autrement ?

Quand on sait que le néant n’a pas le dernier mot, on est gagné par une franche gaieté et une folle envie de danser...
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Entremêlant à son français de vieux mots de patois, elle nous cause du pays avec un accent à couper au couteau. En écoutant cette logorrhée chantante, je songe au mot de Stendhal, quittant la France méridionale, au parler sonore, pour celle du Nord qui lui paraît triste, cérémonieuse, compassée : « On dirait que le bonheur disparaît avec l’accent.»
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À la liste des droits de l'homme, Baudelaire suggérait qu’on ajoutât « le droit de se contredire et le droit de s'en aller ». L’aventurière Isabelle Eberhardt revendiquait, elle, le « droit à l'errance et au vagabondage ». Dans Heures de Tunis, elle écrit : « Pour qui connaît la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté, l'acte de s'en aller est le plus courageux et le plus beau. » Je me suis toujours senti de mèche avec les gens qui enferment leurs vies dans une valise et qui s'en vont. Rimbaud, Casanova, Charles de Foucauld, Kerouac, Benoît-Labre, une mystérieuse parenté m’attire depuis toujours vers ces destins de moines, de pèlerins, de vagabonds célestes. Ces irréguliers ont eu le courage de rompre. Ils ont pris la tangente comme on prend le maquis.

L’année dernière, un concours de circonstances m'a donné de marcher sur les pas de ces détachés. Le hasard a de l'humour : plus de vingt ans après la fugue, il m'offrait gratis l'occasion d'une nouvelle échappée

Pour expliquer cette incongruité, Je dois faire mon coming out chrétien. J'ai bien conscience qu’afficher cette qualité n'est pas la meilleure façon d'entrer dans un livre. Avouer par les temps qui courent que renseignement d'un charpenrier juif donne du sel à votre vie, la conduit même vers les profondeurs, c'est se condamner à récolter des haussements d'épaule.

Manifestant un certain dédain pour les modes, je m'accommodais de cette relégation. J’avais découvert que les béatitudes valaient leur pesant d'or. À les prendre pour balise, l'existence voguait vers des bonheurs qui surpassaient les engouements du moment.
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C’était en 1996. Jacques Chirac était président de la République. Sa jovialité et sa classe décontractée avaient tiré le pays de la torpeur bourgeoise des années Balladur. Pendant l'hiver, une ambiance de kermesse s'était répandue dans Paris après que les bottes de Juppé eurent jeté les gens dans la rue. Nous vivions encore sous l'ancien régime : Internet balbutiait, les téléphones portables n'existaient que dans l'imagination d'ingénieurs fous. Les existences se déroulaient sans textes, ce qui n'était ni sans charme, ni sans désagrément. Ainsi, quand nous devions œnter fleurette, il fallait franchir la douane des parents :

— Bonjour madame, pardon dc vous déranger, pourrais-je parler à Camille s'il vous plaît, de la part de Charles ?

Le Top 50 passait en boucle les chansons d’Oasis, dc Doc Gynéco et Lemon Tree, Ie tube des Fools Gardens.

Raphaël et moi avions quatorze ans. Notre amitié avait éclos sur les bancs d'une école maternelle du quartier Mouffetard.
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À l'heure de la mondialisation, cette promenade cantonale paraît manquer d'audace.
Mais est-il nécessaire de visiter les pôles pour s'offrir l'émerveillement ? Nos fringales de dépaysement, on peut les assouvir partout, y compris dans cette France de l'intérieur, dont on dédaigne souvent les trésors. Sans déprécier la démarche de ceux qui partent la chercher dans des parages lointains, je crois que l'aventure est aussi au bord du chemin. Une virée dans les châtaigneraies du Limousin ou sur les élévations de l'Aubrac ne manque ni de sel ni de beauté.
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Je vais mettre 30 jours pour un voyage qui peut se faire en 6 heures de voiture, ce sera ma façon de résister au culte de la vitesse et à l'énervement contemporain.
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La vie errante est une ivresse, et j'envisage avec bonheur l'idée d'aller ainsi pendant un mois au hasard des routes, à travers la nature. J'ai l'impression d'avoir tous les soucis derrière moi et que, enfin, je vis me perdre de vue.
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- Alors pourquoi toutes ces gribouilles sur ton calepin qui nous mettent en retard?
-Le Massif central ma libéré. Un déclic a eu lieu. Le temps est venu de me délivrer de mon chaos intérieur. Certains ont défini la littérature comme un chagrin dominé par une écriture, une dépression domptée par la grammaire. Oui, un livre répond à une urgence intérieure. On se met à barbouiller du papier parce qu'on ne peut pas faire autrement. Les mots arrivent comme si une explosion avait descellé une source, ils bondissent sous la pression, on n'est pas tranquille tant qu'on ne les a pas attrapés au bond...
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- Mais un écrivain, objecte Parsac, n est-ce pas d'abord celui qui écrit des livres? Si c'est bien cela, où est passé ton corpus?
- Comme Don Quichotte est un seigneur sans royaume, je suis un écrivain sans oeuvre, dis-je en pouffant. Un certain penchant à la fainéantise explique cette page blanche. Or, pour pondre un livre, si un peu dinspiration est requis, il faut surtout demeurer longtemps dans sa chambre. Et puis l'enfantement d'un texte exige de la vacuité, du silence. Enfin, je trouve qu'il sort trop de livres inutiles, bavards ou sans sujets. Et, comme Cioran, je crois qu"on ne devrait rien écrire qui ne « puisse se murmurer à loreille d'un ivrogne ou d'un mourant ».
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-Pourquoi les saints nécrivent-ils pas de romans? demande Parsac, alors que je me suis arrêté sous un pin sylvestre pour noircir mon cahier. - Peut-être parce qu'il n'est pas si simple d'accor der l'écrivain et le chrétien. La tentation du gâcheur d'encre, cest de se mettre en avant, alors que le que croyant est censé seftacer pour faire signe vers autre chose. Et puis les livres ne se font pas avec des bons sentiments. Ils naissent du plus trouble des écrivains qui farfouillent dans leur bazar intérieur et mettent leur coeur à nu. Cela peut être un chemin vers la gråce, mais aussi une façon de s enliser dans la boue. Enfin, en ayant pouvoir de vie et de mort sur des personnages, les romanciers ne se prennent-ils pas pour Dieu?
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J’ai compris qu’entre toutes les inclinations qui se disputaient mon cœur, il ne fallait pas choisir. L’existence consiste à accorder les vérités multiples dont nous sommes tissés, non à amputer telle partie de sa personnalité au profit d’une autre. (p. 312)
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Décidemment, le bonheur se résume à quelques instants fugaces; une menace constante pèse sur ce à quoi nous tenons le plus. (p. 79)
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Parfois, [notre hôtesse] aimerait tout quitter, partir sur le chemin de Compostelle pour s’exiler de la douleur de vivre. (…) Jour après jour, nous mesurons à quel point le besoin de vider son sac est grand chez les gens que nous rencontrons.
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C'est le neuvième jour du voyage. Je sens que le chemin opère peu à peu en moi un travail de métamorphose. La longue marche n'est pas seulement un sport, c'est une ascèse, une hygiène du cœur, un chemin de transformation. Elle éclaire le regard, débarrasse des scories, débroussaille notre fouillis intime, fait venir la vérité. Et puis elle est le lieu où s'éprouve intensément la liberté, "la liberté libre", selon la belle expression de Rimbaud.
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Ces gens au grand cœur se sont remis de la désillusion en se repliant sur le cercle familial, et sur ces choses simples qui ne déçoivent jamais : leur complicité amoureuse, les racines creusoises de Jean, l'accueil de leurs petits-enfants, et une générosité exercée envers quiconque frappe à leur porte.
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J'aimerais tellement dire à Henri que la religion qu'il a rejetée n'est pas le christianisme, mais sa caricature ! Qu'il est incroyant d'un Dieu qui n'est pas celui de Jésus-Christ, lui qui est venu jeter une torche dans nos abîmes et tendre une main ferme et amicale au cœur de nos impuissances. Que suivre les pas du Galiléen ne consiste pas à s'enliser dans des ornières dogmatiques ni à s'adonner à une passion triste. Que le christianisme, enfin, n'est pas une morale ou une idéologie, mais une voie de transformation de l'être, une doctrine de l'éveil, un chemin de liberté. Mais n'étant pas là pour faire de la retape, je ne dis rien. Peut-être d'ailleurs est-ce en apprenant à se taire, après avoir, au cours des siècles, beaucoup trop parlé, que les chrétiens redeviendront crédibles ?
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Cela fait presque un mois que nous vivons sans Internet, ni radio, ni télé, ni journaux, sevrés des vaguelettes de l’actualité. Les bienfaits de cette cure d’inactuel sont incalculables. Quand on se coupe du vacarme ambiant, qu’on se dégage de l’écume, l’âme s’allège et se dilate. On devient attentif à ce qui compte vraiment et se produit souvent sans bruit, dans le secret, loin des caméras: un lever de soleil, l’apparition d’une bête, le souvenir d’un être cher. Pendant un mois, notre actualité, ce fut celle des reliefs, des fleurs, des vaches, des saints, des rencontres et du vent…
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Pour les mendiants, les villes sont des épouvantails. Chacun est claquemuré dans son entre-soi. Toute tentative de contact est regardée comme une ingérence. De toute façon les barrières et les codes rendent le contact impossible. A force d’être dans la forêt, de dormir à la belle étoile, d’habiter parmi les nuages, on finit par être étonné que des gens vivent ainsi, barricadés dans leurs maison.
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Il faut être aveugle pour ne pas voir qu’en France le christianisme connaît une éclipse, un passage par le vide, une traversée des tombeaux. Je ne sais plus quel prélat a écrit que Dieu est devenu comme ces vieux parents en maison de retraite auxquels on oublie de rendre visite. La fuite des fidèles menace l’Eglise d’extinction. Bientôt des curieux entreront dans les églises. Avec l’état d’esprit d’ethnologues découvrant une tribu exotique, ils considèreront ces cierges tremblant dans une demi-lumière, ces êtres à genoux devant un prie-dieu, et se demanderont : quel est le sens de ces rites étranges ?
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