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Citations de Charles Wright (172)


En regardant Benoit dévaliser cet arbre (un cerisier ), je comprends ce que c’est, dans son fond, l’expérience d’un paysan: un dessaisissement de la maîtrise. Une année, l’arbre ploie sous les fruits, une autre,deux pommes de battent en duel sur les branches. Il a beau trimer sa peine, la récolte est aléatoire, voilà pourquoi il vit dans la prière. Tandis que nous, qui n’avons qu’à appuyer sur des boutons pour exaucer nos désirs, nous n’avons plus besoin de grâce…
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La marche est un grand dispensateur d’émerveillement. J’en avais besoin. Je traînais une sorte de lassitude. Mes fringales d’absolu peinaient à d’étancher dans la France de Macron. Le Black Friday, les boucles de BFM TV, le racolage d’Instagram laissaient dans mon cœur un grand vide. Moi j’éprouvais une soif de vraie vacuité. J’avais besoin de laver mes oreilles dans le silence. Je désirais le baptême des choses simples.
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Orcival exprime une autre théologie. Dans l'architecture romane, il s'agit d'abord de chercher Dieu en soi. L'enveloppement des coûtes, la pénombre, l'accent mis sur les lignes sobres, la densité du silence, tout invite à l'intériorité, au recueillement. En franchissant son portail, on pensait grimper dans une fusée, mais on est fermement maintenu au sol, plaqué à terre, invite à s'enfouir comme une graine de moutarde. Voilà le message d'Orcival : la contemplation n'est pas une évasion. Pour monter haut, il faut garder les pieds sur terre et le sens du concret…
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Depuis une semaine, j'avance tendu par l'effort, éperonné par le désir des sommets qui m'ont injecté de la vitalité et soulevé au-delà de mes ornières habituelles. Maintenant que la conquête est passée, je ressens de nouveau, dans cette ambiance ténébreuse, le fardeau de moi-même. L'énergie brusquement défaite, les vieilles questions, que l'ivresse des hauteurs avait occultées, reviennent me frapper en plein visage: faut-il rester au noviciat, au risque de perdre mon âme? Ou tracer ma propre voie, quitte à me perdre ? Et puis n'est-ce pas complètement fou de se soumettre à une règle religieuse et de s'agréger à un corps à l'identité aussi affirmée que celui des jésuites lorsqu'on est un irrégulier comme moi, absolument jaloux de sa liberté, et rétif à toutes les figures imposées? Ma vocation n'est-elle pas plutôt d'honorer ce que je porte de singulier, et de m'inventer une existence dans les marges des institutions, ces marges où, dans nos cahiers d'écoliers, on pouvait déployer une écriture plus libre, moins contrainte par les rigueurs de la page ?
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Nos saints de prédilection sont des projections de notre moi profond : ils ne dévoilent pas seulement qui nous sommes mais aussi celui que nous aspirons à devenir. Au fil des ans, (Charles de) Foucauld était devenu plus qu'un compagnon : une lumière sur ma route, quelqu'un qui m'aidait à vivre.
Je trouvais admirable l'audace avec laquelle cet irrégulier solitaire s'était libéré de tous les carcans, y compris religieux, pour se tailler une vocation à la mesure de sa personne singulière, de son gabarit unique.
Charles était aussi pour moi le type achevé de l'humanité évangélique : il me montrait ce qu'il advient d'un homme qui se laisse saisir par le Dieu des béatitudes. Au fil d'un itinéraire chaotique, son cœur de pierre est devenu un cœur liquide ouvert au flot des autres (…) Le saint-cyrien volontariste, transmué en trappiste à l'ascèse sauvage, puis en ermite crispé sur ses règlements, s'e=était peu à peu assoupli en un homme doux et humble qui, parvenu à maturité spirituelle à Tamanrasset, ne se regardait plus le nombril mais vivait libre et détaché de tout, dans un grand dénuement et dans l'acceptation simple et joyeuse du réel.
(…) Foucauld a accompli un chemin étonnant pour parvenir à voir dans chaque humain un frère. Dans le visage des Touaregs musulmans, il contemplait la beauté de Dieu. Le "frère universel" est l'inspirateur des moines de Tibhirine, mais aussi le précurseur de Gandhi, Luther King et de Mandela.
(…) Bref il me plaisait de marcher sur ses pas.
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Ce soir, la loterie du bivouac s'est arrêtée sur Saint-Pardoux-d'Arnet. Pardoux, Arthème, Menélé, Sidoine, Privat, Saturnin, Priest, Eulalie…, les villages du Massif central sont souvent placés sous le patronage de saints affublés de noms qu'on ne donnerait plus aux enfants. Venus du fond des âges, ces saints obscurs tiennent parfois en main une bêche, une serpe, un pain. Ils incarnent une forme rustique du christianisme, une sainteté des champs.
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Pendant les laudes, où ma prière est embrumée par le rêve, je me dis, en regardant Bernard, que j'ai de la sympathie pour ces chrétiens de Creuse, pauvres, exsangues, aux mains nues. Le temps les a dépouillés de tout pouvoir, de tout bien. Renouant avec la légèreté évangélique des débuts, ils apportent le témoignage d'un présence d'amitié, et un peu d'espérance, ce dont les hommes ont le plus besoin. Pour moi, l'Eglise n'est jamais aussi resplendissante que lorsqu'elle s'avance dans le dénouement des béatitudes. Celle qui racole, organise des shows à l'américaine, des congrès comme le Parti socialiste, floque des tee-shirts, agite des banderoles, et transforme le christianisme en marque de savon, me met mal à l'aise. Je tiens de vieux moines avec lesquels j'ai vécu que plus on a de religion, moins on en parle, et que les choses de l'Esprit se manifestent toujours de façon discrète, à bas bruit.
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Nos vies sont des virgules dans le texte de l'univers.
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En guise de télévision, la fenêtre de ma chambre découpe un bout de montagne et de ciel bleu. L'avantage, c'est qu'on ne se lasse jamais de ce programme.
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Ne partageant pas le credo actuel selon lequel une vie réussie est une vie remplie, je prends plaisir à me délecter du vide, à écouter le silence.
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Pour passer le temps, je gratte la terre, je remonte des murs en pierre sèche, je fends des bûches, je cultive des tomates rouges comme les joues des filles amoureuses, je lis un livre par jour.
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A l'époque, les hommes politiques maîtrisaient l'imparfait du subjonctif, ils collectionnaient les éditions originales et cherchaient dans les bibliothèques des refuges contre l'actualité.
Aujourd'hui, ils lisent des essais de sociologie et des notes d'expert.
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Je songe à l'inscription retrouvée sur la tombe de Thomas a Kempis, l'auteur de l'Imitation: J'ai cherché partout le repos et ne l'ai trouvé que dans un coin avec un petit livre.
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Pour me tenir à l'écoute des autres et du monde, j'ai besoin de solitude, de silence, de beauté, de la présence des bêtes, des arbres, de la nature.
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Charles Wright
A l'époque, les hommes politiques maitrisaient l'imparfait du subjonctif, ils collectionnaient les éditions originales et cherchaient dans les bibliothèques des refuges contre l'actualité. Aujourd'hui, ils lisent des essais de sociologie et des notes d'experts...
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Si le paradis est un lieu clos, je comprends qu’Adam et Ève se soient fait la belle.
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L’église est un immense réservoir de silence. Je dis à Parsac qui s’assoupît près du confessionnal que dans la nature, crépitante de mille bruits, un tel calme n’existe pas, et qu’il a fallu l’architecture adorante des hommes pour instaurer un silence si compact, si dense qu’il semble révéler une plénitude, une présence.
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J’ai l’impression d’avoir rejeté tous les soucis derrière moi et que, enfin, je vais me perdre de vue
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La France est un immense jeu fléché. Je rêve de rencontrer l’homme qui peint les chemins en rouge et blanc, les couleurs de ce GR4 qui nous mène désormais sur les collines de la Margerie, où des chaos de granit s’égrainent parmi des forêts de sapins, des cultures de seigle et des landes à myrtilles. Sur cette mer de cabosses, des meules de foin, auxquelles le soleil donne l’allure de pièces d’or, s’alignent à perte de vue.
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De dimanche en dimanche, Parsac a rodé son numéro, et à la messe d’hier sa prestation a été si brillante qu’elle nous a valu une journée mémorable. Il y a d’abord eu l’invitation à déjeuner à la sous-préfecture, dans un ancien hôtel particulier où la République maintient un faste de royauté. La […]. Dans un salon lambrissé au parquet ancien, nous avons ingurgité du champagne et des mignardises dans des banquettes Empire. Puis déjeuné comme des princes dans une salle d’apparat, égayés par la femme du sous-préfet, qui détonne dans l’univers feutré de l’administration. Du paysan à la sous-préfète, du professeur à la Sorbonne au chômeur, notre voyage est une balade à travers les univers sociaux, une traversée du millefeuille de la société….
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