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Citations de Charles d`Orléans (57)


J'ay fait l'obseque de ma dame.

J'ay fait l'obseque de ma dame
Dedens le moustier amoureux,
Et le service pour son ame
A chanté Penser doloreux.
Mains cierges de soupirs piteux
Ont esté en son luminaire ;
Aussi j'ay fait la tombe faire
De regrez, tous de larmes pains,
Et tout entour moult richement
Est escript : Cy gist vrayement
Le tresor de tous biens mondains.

Dessus elle gist une lame
Faicte d'or et de saffirs bleux,
Car saffir est nommé la jame
De loyauté et l'or eureux.
Bien lui appartiennent ces deux,
Car eur et loyauté pourtraire
Voulu en la tresdebonnaire
Dieu qui la fist de ses deux mains
Et fourma merveilleusement.
C'estoit, a parler plainnement,
Le tresor de tous biens mondains.

N'en parlons plus ! Mon cueur se pasme,
Quant il oyt les fais vertueux
D'elle qui estoit sans nul blasme,
Comme jurent celles et ceulx
Qui congnoissoyent ses conseulx.
Si croy que Dieu l'a voulu traire
Vers lui pour parer son repaire
De paradis ou sont les saints,
Car c'est d'elle bel parement,
Que l'en nommoit communement
Le tresor de tous biens mondains.

ENVOI

De riens ne servent plours ne plains
Tous mourrons ou tart ou briefment.
Nul ne peut garder longuement
Le tresor de tous biens mondains.
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Le beau souleil, le jour saint Valentin.

Le beau souleil, le jour saint Valentin,
Qui apportoit sa chandelle alumee,
N'a pas longtemps entra un bien matin
Priveement en ma chambre fermee.
Celle clarté qu'il avoit apportee,
Si m'esveilla du somme de soussy
Ou j'avoye toute la nuit dormy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.

Ce jour aussi, pour partir leur butin
Les biens d'Amours, faisoient assemblee
Tous les oyseaulx qui, parlans leur latin,
Crioyent fort, demandans la livree
Que Nature leur avoit ordonnee
C'estoit d'un per* comme chascun choisy.
Si ne me peu rendormir, pour leur cry,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.

Lors en moillant de larmes mon coessin
Je regrettay ma dure destinee,
Disant : " Oyseaulx, je vous voy en chemin
De tout plaisir et joye desiree.
Chascun de vous a per qui lui agree,
Et point n'en ay, car Mort, qui m'a trahy,
A prins mon per dont en dueil je languy
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee. "

ENVOI

Saint Valentin choisissent ceste annee
Ceulx et celles de l'amoureux party.
Seul me tendray, de confort desgarny,
Sur le dur lit d'ennuieuse pensee.
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En la forest d'Ennuyeuse Tristesse.

En la forest d'Ennuyeuse Tristesse,
Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye,
Si rencontray l'Amoureuse Deesse
Qui m'appella, demandant ou j'aloye.
Je respondy que, par Fortune, estoye
Mis en exil en ce bois, long temps a,
Et qu'a bon droit appeller me povoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
Me respondy : " Amy, se je savoye
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t'ayderoye ;
Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye
De tout plaisir, ne sçay qui l'en osta ;
Or me desplaist qu'a present je te voye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

- Helas ! dis je, souverainne Princesse,
Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
Cest par la Mort qui fait a tous rudesse,
Qui m'a tollu celle que tant amoye,
En qui estoit tout l'espoir que j'avoye,
Qui me guidoit, si bien m'acompaigna
En son vivant, que point ne me trouvoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va. "

ENVOI

Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ;
De mon baston, affin que ne fervoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C'est grant pitié qu'il couvient que je soye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.
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Le lendemain du premier jour de may.

Le lendemain du premier jour de may,
Dedens mon lit ainsi que je dormoye,
Au point du jour m'avint que je songay
Que devant moy une fleur je veoye,
Qui me disoit : " Amy, je me souloye*
En toy fier, car pieça mon party
Tu tenoies ; mais mis l'as en oubly
En soustenant la fueille contre moy.
J'ay merveille que tu veulx faire ainsi :
Riens n'ay meffait, se pense je, vers toy. "

Tout esbahy alors je me trouvay ;
Si respondy su mieulx que je savoye :
Tresbelle fleur, oncques ne pensay
Faire chose qui desplaire te doye ;
Se pour esbat aventure m'envoye
Que je serve la fueille cest an cy,
Doy je pour tant estre de toy banny ?
Nenni ! certes, je fais comme je doy.
Et se je tiens le party qu'ay choisy,
Riens n'ay meffait, ce pense je, vers toy.

Car non pour tant honneur te porteray
De bon vouloir, quelque part que je soye,
Tout pour l'amour d'une fleur que j'amay
Ou temps passé. Dieu doint que je la voye
En paradis, après ma mort, en joye !
Et pource, fleur, chierement je te pry :
Ne te plains plus, car cause n'as pourquoy,
Puis que je fais ainsi que tenu suy.
Riens n'ay meffait, ce pense je, vers toy.

ENVOI

La verité est telle que je dy,
J'en fais juge Amour, le puissant roy.
Tresdoulce fleur, point ne te cry mercy
Riens n'ay meffait, ce pense je, vers toy. "
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Le premier jour du mois de may.

Le premier jour du mois de may
Trouvé me suis en compaignie
Qui estoit, pour dire le vray,
De gracieuseté garnie ;
Et pour oster merencolie
Fut ordonné qu'on choisiroit,
Comme Fortune donneroit,
La fueille plaine de verdure
Ou la fleur pour toute l'annee.
Si prins la fueille pour livree,
Comme lors fut mon aventure.

Tantost apres je m'avisay
Qu'a bon droit je l'avoye choisie,
Car, puis que par mort perdu ay
La fleur de tous biens enrichie,
Qui estoit ma dame, m'amie,
Et qui de sa grace m'amoit
Et pour son amy me tenoit,
Mon coeur d'autre flour n'a plus cure.
Adonc congneu que ma pensee
Acordoit a ma destinee,
Comme lors fut mon aventure.

Pource la fueille porteray
Cest an, sans que point je l'oublie,
Et a mon povair me tendray
Entierement de sa partie.
Je n'ay de nulle flour envie
- Porte la qui porter la doit ! -,
Car la fleur que mon cueur amoit
Plus que nulle autre creature
Est hors de ce monde passee,
Qui son amour m'avoit donnee,
Comme lors fut mon aventure.

ENVOI

Il n'est fueille ne fleur qui dure
Que pour un temps, car esprouvee
J'ay la chose que j'ay contee,
Comme lors fut mon adventure.
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Le Temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est, vêtu de Broderie,
De soleil luisant clair et beau.
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Je meurs de soif en couste la fontaine ;
Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
Aveugle suis, et si les autres maine ;
Povre de sens, entre saichans l'un d'eulx ;
Trop negligent, en vain souvent songneux ;
C'est de mon fait une chose faiee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ;
Je joue et ris, quant me sens douloreux ;
Desplaisance j'ay d'esperance plaine ;
J'atens bon eur en regret engoisseux ;
Rien ne me plaist, et si suis desireux ;
Je m'esjoïs, et cource a ma pensee,
En bien et mal par Fortune menee.

Je parle trop, et me tais a grant paine ;
Je m'esbays, et si suis couraigeux ;
Tristesse tient mon confort en demaine ;
Faillir ne puis, au mains a l'un des deulx ;
Bonne chiere je faiz quant je me deulx ;
Maladie m'est en santé donnee,
En bien et mal par Fortune menee.


Prince, je dy que mon fait maleureux
Et mon prouffit aussi avantageux,
Sur ung hasart j'asserray quelque annee,
En bien et mal par Fortune menee.
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En regardant vers le païs de France,
Un jour m'avint, a Dovre sur la mer,
Qu'il me souvint de la doulce plaisance
Que souloye oudit pays trouver ;
Si commençay de cueur a souspirer,
Combien certes que grant bien me faisoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Je m'avisay que c'estoit non savance
De telz souspirs dedens mon cueur garder,
Veu que je voy que la voye commence
De bonne paix, qui tous biens peut donner ;
Pour ce, tournay en confort mon penser.
ais non pourtant mon cueur ne se lassoit
De voir France que mon cueur amer doit.

Alors chargay en la nef d'Esperance
Tous mes souhaitz, en leur priant d'aler
Oultre la mer, sans faire demourance,
Et a France de me recommander.
Or nous doint Dieu bonne paix sans tarder !
Adonc auray loisir, mais qu'ainsi soit,
De voir France que mon cueur amer doit.

ENVOI

Paix est tresor qu'on ne peut trop loer.
Je hé guerre, point ne la doy prisier ;
Destourbé m'a longtemps, soit tort ou droit,
De voir France que mon cueur amer doit.

842 - [Le Livre de Poche n°13803, p. 32]
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Charles d'Orléans
Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau.

Il n'y a bête ni oiseau
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
« Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie ».

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie ;
Chacun s'habille de nouveau :
Le temps a laissé son manteau.
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Le temps a laissé son manteau
De vent, de froidure et de pluie,
Et s'est vêtu de broderie,
De soleil luisant, clair et beau;

Il n'y a bête, ni oiseau,
Qu'en son jargon ne chante ou crie :
Le temps a laissé son manteau.

Rivière, fontaine et ruisseau
Portent en livrée jolie,
Gouttes d'argent, d'orfèvrerie,
Chacun s'habille de nouveau;
Le temps a laissé son manteau.
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Le temps a laissié son manteau
De vent, de froidure et de pluye,
Et s'est vestu de brouderie,
De soleil luyant, cler et beau.
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En la forêt de Longue Attente
Chevauchant par divers sentiers
M'en vais, cette année présente,
Au voyage de Desiriers.
Devant sont allés mes fourriers
Pour appareiller mon logis
En la cité de Destinée ;
Et pour mon coeur et moi ont pris
L'hôtellerie de Pensée.

Je mène des chevaux quarante
Et autant pour mes officiers,
Voire, par Dieu, plus de soixante,
Sans les bagages et sommiers.
Loger nous faudra par quartiers,
Si les hôtels sont trop petits ;
Toutefois, pour une vêprée,
En gré prendrai, soit mieux ou pis,
L'hôtellerie de Pensée.

Je despens chaque jour ma rente
En maints travaux aventuriers,
Dont est Fortune mal contente
Qui soutient contre moi Dangiers ;
Mais Espoirs, s'ils sont droicturiers,
Et tiennent ce qu'ils m'ont promis,
Je pense faire telle armée
Qu'aurai, malgré mes ennemis,
L'hôtellerie de Pensée.

Prince, vrai Dieu de paradis,
Votre grâce me soit donnée,
Telle que trouve, à mon devis,
L'hôtellerie de Pensée.
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Pourquoy m'as tu vendu, Jeunesse,
A grant marchié, comme pour rien,
Es mains de ma dame Viellesse
Qui ne me fait gueres de bien ?
A elle peu tenu me tien,
Mais il convient que je l'endure,
Puis que c'est le cours de nature.

Son hostel de noir de tristesse
Est tandu. Quant dedans je vien,
J'y voy l'istoire de Destresse
Qui me fait changer mon maintien,
Quant la ly et maint mal soustien :
Espargnee n'est créature,
Puis que c'est le cours de nature.

Prenant en gré ceste rudesse,
Le mal d'aultruy compare au myen.
Lors me tance dame Sagesse ;
Adoncques en moy je revien
Et croy de tout le conseil sien
Qui est en ce plain de droiture,
Puis que c'est le cours de nature.


Prince, dire ne saroye conbien
Dedans mon coeur mal je retien,
Serré d'une vielle sainture,
Puis que c'est le cours de nature.
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En la forest d'Ennuyeuse Tristesse,
Un jour m'avint qu'a par moy cheminoye,
Si rencontray l'Amoureuse Deesse
Qui m'appella, demandant ou j'aloye.
Je respondy que, par Fortune, estoye
Mis en exil en ce bois, long temps a,
Et qu'a bon droit appeller me povoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

En sousriant, par sa tresgrant humblesse,
Me respondy : " Amy, se je savoye
Pourquoy tu es mis en ceste destresse,
A mon povair voulentiers t'ayderoye ;
Car, ja pieça, je mis ton cueur en voye
De tout plaisir, ne sçay qui l'en osta ;
Or me desplaist qu'a present je te voye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.

- Helas ! dis je, souverainne Princesse,
Mon fait savés, pourquoy le vous diroye ?
Cest par la Mort qui fait a tous rudesse,
Qui m'a tollu celle que tant amoye,
En qui estoit tout l'espoir que j'avoye,
Qui me guidoit, si bien m'acompaigna
En son vivant, que point ne me trouvoye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va. "


Aveugle suy, ne sçay ou aler doye ;
De mon baston, affin que ne fervoye,
Je vois tastant mon chemin ça et la ;
C'est grant pitié qu'il couvient que je soye
L'omme esgaré qui ne scet ou il va.
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En verrai ge jamais la fin,
De voz oeuvres, Merancolie ?
Quand au soir de vous me deslie
Vous me ratachez au matin.

J'aimasse mieulx autre voisin
Que vous qui sy fort me guerrie ;
En verrai ge jamais la fin,
De voz oeuvres, Merancolie ?

Vers moy venez en larrecin
Et me robez Plaisance lie ;
Suis je destiné en ma vie
D'estre tousjours en tel hutin* ?
En verrai ge jamais la fin ?

(*) querelle
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