Charlotte Marin et Marion Michau ont écrit le roman "Apocalipstick". Cyril Skinazy tente de les interviewer.
Je referme la porte de mon appartement avec une seule envie, me détendre comme dans les films américains: mettre un fond de jazz, laisser glisser le long de mon corps un épais peignoir blanc, m'immerger dans un bain moussant et me délecter d'un verre de chardonnay en feuilletant Vogue. Vu que je n'ai rien de tout cela sous la main, j'entre dans ma baignoire sabot et allume France Inter.
Faut pas m'emmerder en ce moment, je suis une trentenaire à vif.
Ma mère m'appelle pour dîner . Je hurle:
- J'arriiiiiive !
Avec ma voix qui défonce , donc.
Enfin, "j'arrive"... Je dis ça pour la forme parce que les parents , faut les dresser , si on leur obéit tout de suite, ils prennent de mauvaises habitudes .
Il me file un sweat rouge posé sur une chaise, m'ébouriffe les cheveux et s'en va.
...
Et s'en va?!
Et s'en va.
Et revient?
Je passe une tête dans le couloir .
Non, ne revient pas.
...
Bon, bah, ils ne se marièrent pas et n'eurent aucun enfant .
UN IHONE!!! Le dernier modèle en plus !!! Oma trouve que c'est le moment idéal pour rappeler qu'elle, à mon âge, elle avait une orange à Noël . EH BAH MOI J'AI EU UNE POMME!!!
A peine arrivées, on se prépare une ventrée de pain grillé au Kiri. Très difficile de manger en rigolant. La fatigue tombe d'un coup. On se traîne jusqu'à la salle de bains. On perd deux kilos en se démaquillant. Ensuite, on laisse nos fringues où elles tombent, on se glisse dans nos pyjamas, on se balance encore quelques blagounettes et on s'effondre sur nos lits.
p. 157
Mon grand-père passe ses journées enfermé dans son bureau à faire des recherches. Des recherches sur quoi je ne sais pas, chaque fois que j'ouvre la porte, il fait la sieste. Il doit faire des recherches sur le sommeil...ou sur la façon d'éviter ma grand-mère.
( p 125)
Je suis un vrai juke-box. Yannick me demande une cartouche pour son stylo plume , je me met à fredonner "L'Encre de tes yeux " de Cabrel . Ma mère me demande d'allumer le feu sous la casserole et c'est parti pour "Allumeeeeeer le feu " de Johnny . Mon père remarque qu'il n'y a pas foule au marché, crac: "Foule sentimentale"... La première fois que Nathan m'a dit "je t'aime" dans le parc de la colline, j'ai honte , mais je me suis retenue de lui suggérer:" comme un fou, comme un soldat, comme une star de cinéma"?
Attention, je ne suis pas du genre à lâcher l'affaire, je ne m'appelle pas Louise Mortier pour rien : Quand je veux quelque chose, j'agis avec la délicatesse d'une grue de démolition.
( p 23)
Noël à Munich, faut aimer le froid et l'oie farcie. Ma grand-mère, c'est ma mère puissance dix, autant dire qu'on ne rigole pas tous les jours.
( p 125)