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Citations de Christelle Verhoest (46)


Nous répétâmes, phrase après phrase. Encore une fois, nous n’avions pas le choix, mais ça ne
signifiait pas que je devais les prendre pour argent comptant. Oh, j’imaginais que toute trahison serait
punie, mais je n’étais pas fou. Je songeais déjà aux moyens d’échapper à ce cauchemar sans en révéler
quoi que ce soit. J’étais déjà prêt à me taire et à fuir au bout du monde. Avec Lou ? Non, je me projetais
trop loin, dans quelque chose que je n’aurais peut-être pas le courage d’accomplir, et surtout pas seul. La
peur affluait de partout, je sentais que la cérémonie était en train de nous ouvrir à ce que nous avions
ignoré jusque-là, à la manière d’une clé. Une femme s’avança et nous tendit deux robes parfaitement
pliées.
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Les lumières filaient, défilaient, à ma droite, rondes et blanches. Le reste du paysage était plongé
dans une obscurité relative. Assis à l’arrière de la voiture, j’étais agité par de multiples sentiments.
D’abord, j’étais en colère, parce que mes parents m’avaient imposé de venir avec eux à cette soirée.
Mon père s’était montré très ferme, et je ne me serais jamais opposé à lui. Même ma mère, pourtant dotée
d’un fort caractère, ne l’avait jamais fait. Il émanait de lui une autorité inaltérable contre laquelle crise ou
déferlante d’arguments étaient juste des idées aussi intrépides qu’absurdes.
Ensuite, j’étais perplexe, voire perdu et inquiet. Jamais mes parents n’avaient parlé de ces soirées,
auxquelles ils assistaient invariablement une fois par mois, le samedi, ou des gens qu’ils y rencontraient.
C’était un mystère soigneusement entretenu, dont j’avais toujours été écarté, depuis que j’étais en âge de
comprendre. Qu’ils s’y rendent et n’en disent rien était devenu naturel. Et mon père tenait tout à coup à ce
que je découvre ce qu’on me cachait. J’étais persuadé qu’il ne s’agissait pas de dégustations de vins
rares, ou de discussions autour du dernier bouquin à la mode. Je m’étais de toute façon toujours imaginé
quelque société secrète, dont mes parents auraient fait partie. Voilà où l’amour des livres et des histoires
m’avaient mené. J’avais une imagination débordante. Néanmoins, ce soir-là, je pensais être dans le vrai,
quand je me disais que mon initiation allait avoir lieu. Il restait à savoir en quoi consistait l’initiation en
question.
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— Tu as eu une bonne journée ? s’enquit tout de même Amos. C’était comment, cette reprise ? — Naze. Un con-nard avait garé sa pu-tain de ba-gnole pile à l’em-placement ré-servé au phonebus. Le chauf-feur a galéré tout à l’heure pour sor-tir la rampe et me faire mon-ter. — Oh, les gens sont tellement irrespectueux ! — Je ne te le fais pas di-re. Il fallait toujours que les valides oublient ceux qui étaient moins chanceux qu’eux en les empêchant de se déplacer sans encombre. Le phonebus était pratique à condition de le respecter. Les personnes âgées, à mobilité réduite ou habitant loin, là où aucune ligne ne les desservait, bénéficiaient de petits bus. Il suffisait d’appeler et de réserver avant puis de payer à la montée. Rien de plus simple. Sauf quand des abrutis empêchaient Andrea de se sentir autonome en lui rappelant que plein d’obstacles se dressaient devant son fauteuil.
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— Eh bien, à un certain moment, j’ai su que les actes de mon père étaient immondes. En même temps, je me disais que c’était sa façon à lui de m’aimer et que je ne pouvais pas le condamner entièrement. Tu comprends ? Je détestais ce qu’il me faisait mais je voulais être un bon fils et ne pas le trahir en le dénonçant. Je ne voyais pas comment arrêter tout ça. Ce qui était normal pour lui était anormal pour la société. Du coup, plus rien n’a eu de sens parce que je ne voyais pas de solution au problème essentiel de mon existence.
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Je vis le saladier au sol deux secondes avant qu'il s'y écrase véritablement. La sauce vinaigrette sur le carrelage gris, les quartiers de tomates éparpillés. Un massacre culinaire. Même si je savais que ça arriverait, le bruit me fit sursauter malgré tout. Ma mère poussa un juron et s'agenouilla. Je lâchai la mozzarella que j'étais en train de découper en dés, afin de lui apporter mon aide.
- Merci, Lan, soupira t-elle. Je ne fais rien correctement, aujourd'hui. J'ai la tête ailleurs.
- J'ai vu ce qui allait se passer, avouai-je en me penchant. Mais je n'ai pas eu le temps de te prévenir.
C'était le problème. Mes parents et moi voyions le futur. Mais il pouvait s'agit d'un événement qui aurait lieu bien plus tard... ou quelques secondes après la vision.
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« — Ok. Tu veux être avec moi ?
— Je le suis déjà, non ? demanda-t-il, perplexe.
— Si tu veux être avec moi, rester avec moi, rester en vie, arrête de jouer les têtes brûlées. Tu n’es plus tout seul, tu es en couple, arguai-je. Tu souhaites que je fasse une crise cardiaque ?
— Toi ? s’écria-t-il, avec une lueur amusée au fond de ses prunelles noisette. Quantico ne t’a pas appris à résister à tout, même à la torture ?
— Il n’y a pas que ça, répliquai-je sèchement. Je peux résister à beaucoup de choses, mais pas à ce qui pourrait arriver à ceux qui me sont chers. Ça explique en partie pourquoi je ne m’attachais pas à mes fréquentations. Et tu es arrivé. Désormais, nous sommes deux. Je ne rigole pas. Tu ne peux plus prendre de risques inconsidérés.
— Ok. Je te demande pardon, me pria-t-il. »
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« — Et enfin, poursuivit Sky, je te présente Camden et Shay, les derniers arrivés dans notre groupe. Cam bosse avec Len et Nick, et Shay avec Jody. Et parce qu’on ne te l’avait pas dit, moi je suis assistante dans un cabinet d’avocats et Poppy secrétaire médicale. Notre religion à tous, c’est la mer et le soleil. Voilà, tu sais tout.
Camden, c’était donc le deuxième hétéro avec Nick, puisque Poppy avait dit qu’il courait les filles sur la plage. Il avait des cheveux en bataille, mais pas autant que Jody. Il était vraiment athlétique. Je me forçai à me détourner de ses muscles. Je croisai son regard. Merde, ses yeux étaient incroyables, dorés, et me jetaient dans le même trouble que sa silhouette.
Je dérivai donc vers Shay pour aboutir au même résultat. Il avait l’air beaucoup plus petit que son ami, autant que je pouvais en juger, vu qu’il était assis. Il était aussi beaucoup plus mince. Ses traits étaient… saisissants, dans un visage aux pommettes hautes. Sous les cheveux bruns et sages, ses yeux s’avéraient aussi surprenants que ceux de Camden, mais en bleu. Un bleu très bleu. Lui aussi me fixa. Intensément.
Un vertige me saisit, m’encercla, m’emporta. J’avais du désir, et c’était effrayant, parce que je ne connaissais pas ça, la sensation avait été fulgurante. Je me sentais aussi en décalage. J’étais un voyou, eux des gens bien. Un ensemble d’émotions puissantes me traversaient au point que je ne savais plus comment réagir. Merde, merde, merde. »
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« Ashley ouvrit les bras en grand.
Je me décidai vite. Je me précipitai, et je me blottis contre lui. Il referma ses bras, me serra. Ce qui avait gonflé dans ma poitrine, tout en meurtrissant mon cœur, se libéra, et les larmes dévalèrent, brûlante. Mais douces. J’étais là où je devais être. »
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« Retour sur la plage, ce soir où Ashley nous regardait alternativement, Len et moi. Je fixais les flammes du feu de camp. Les prunelles vertes d’Ashley étaient de nouveau posées sur Len. Même avec les yeux, on ne touchait pas au couple formé par Len et Jody. Je n’avais pas trouvé de copain, je connaissais juste les baises hygiéniques, alors je respectais l’amour que se portaient mes deux meilleurs amis, le brun tatoué, le héros, et le blond fragile aux cheveux teints, les yeux gris cerclés de noir dans les yeux bleus.
Ceux d’Ash, si verts, étaient incroyablement beaux dans le couchant, encore plus quand ils reflétaient le feu. Hypnotiques. Dévorants. Ashley se disputait avec Jody à propos d’un truc qui m’avait échappé parce que je m’étais perdu dans ma contemplation. »
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Je n'ai pas l'intention de gâcher quoi que ce soit, ripostais-je. Je suis juste le gâchis.
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Nous valons toujours plus que ce que nous croyons.
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Moi au moins, j'étais constant dans ma mauvaise humeur.
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« Était-ce l’instinct de celui qui veille ? Je me redressai et Jody souleva les paupières. Il paraissait encore fatigué mais la crise était manifestement passée. Il me sourit. Un sourire très doux, très tendre. Avec encore autre chose, que je pouvais nommer depuis la nuit. De l’amour.
— Comment tu te sens, Jody ? le questionnai-je.
— Bien. Encore un peu crevé, c’est tout.
— On a juste quatre heures de route à peu près pour rallier Denver et le Colorado, exposai-je. Ça va aller ?
— Ouais, ça va aller, m’assura Jody. Ce n’est pas moi qui conduis, rigola-t-il, les yeux pétillants.
— Tu es fort, de toute façon, repris-je. Prêt à aller manger tes pancakes aux myrtilles, champion ?
— Et pas qu’un peu ! s’exclama-t-il en s’asseyant, puis en se levant du lit.
— Alors c’est parti, à la douche !
Il se déshabilla sous mes yeux, comme tous les matins. J’avais à nouveau très chaud dans le bas-ventre et je l’examinai avec intérêt. Jody était beau, remarquai-je encore une fois. »
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J'étais chez moi. J'étais à lui. C'était une belle combinaison. Lui, moi, chez nous, avec eux, Emerys et Jonathan.
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C'est sûr que vivre avec son mari, ses deux enfants et un faux gourou, c'est mieux, ironisai-je, en colère,
stupéfait de leur audace et leur intolérance.
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Et même si je suis courbaturé demain, je m'en rappellerai que c'est pour la plus belle des causes, la nôtre.
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Moi, je dois réapprendre aussi pas mal de choses, c'est certain. Je suis gelé, Kim. Mon corps, mon âme,
mon cœur, tout est un peu mort.
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Ce qui m'agitait était affreux. J'étais la victime de deux sentiments contradictoires. La félicité de l'avoir
retrouvé, la douleur d'avoir perdu le Donovan d'avant.
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Ce qui m'agitait était affreux. J'étais la victime de deux sentiments contradictoires. La félicité de l'avoir
retrouvé, la douleur d'avoir perdu le Donovan d'avant.
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Ce qui m'agitait était affreux. J'étais la victime de deux sentiments contradictoires. La félicité de l'avoir
retrouvé, la douleur d'avoir perdu le Donovan d'avant.
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