Citations de Christian Clot (113)
A vitesse humaine, sans créer de bruits ou si peu, je me fonds dans les paysages en les découvrant au coeur de leur réalité. J' en comprends mieux l' ampleur, les influences, les volumes. La fatigue des heures de progression efface petit à petit les pensées, les réflexions trop construites, les volontés de maîtrise. Elle autorise des perceptions qui transfigurent les lieux, où le ressenti de très nombreux sens oubliés retrouve sa place. Je ne vois plus le monde : il est devenu sensation.
Comme au sein d' un orchestre aux mille instruments, on devient capable d' isoler chacun d' entre eux et d' en saisir les subtilités. Une forme de pleine conscience qui transcende nos capacités. Je chéris ces sensations, bien que j' en connaisse les risques.
C' est l' équilibre ténu qu' il faut savoir trouver. Chercher la transfiguration sans perdre la vigilance indispensable à la sécurité, plus encore en solitaire : je suis en train d' approcher cet état dans le désert.
La routine est un leurre dangereux qui fait se focaliser sur des besoins nécessaires mais réducteurs. Je ne peux rien changer aux conditions. Mais je peux modifier mes paradigmes. Rompre avec les évidences. M’accorder un shoot de plaisir. Je n’ai pas encore trouvé meilleur dopant. Il ne se transporte pas en bouteille et aucune seringue ne saurait me l’inoculer. Mais sans lui je regarde le monde par le mauvais côté du télescope.
Explorer est un esprit pas un état. Il n’est jamais d’idéal sinon celui auquel nous voulons croire.
Qu’est-ce que le but ? Un cheminement dont l’errance orientée permet de savourer la finalité de la quête. Une raison d’être qui confine au suprême lorsque l’objectif transcende nos émotions. Un Graal peut-être jamais atteint qui conduit pourtant notre existence. Le perdre, c’est se perdre un peu.
... Chaque animal est un prédateur et une proie. Même les plantes semblent suivre le même schéma. Un vrai champ de bataille. En est-il de même dans nos campagnes, mais à échelle trop réduite pour être observable ?
- Une question me taraude, et j'espère vos lumières pour y répondre. S'il faut se battre pour vivre, est-ce alors seulement les espèces les plus fortes qui survivent ?
Son rêve était l’horizon !
La routine est un leurre dangereux qui fait se focaliser sur des besoins nécessaires mais réducteurs.
La bruine cesse alors que le soleil commence à s'étirer pour se coucher en dessinant un arc-en-ciel au-dessus du fleuve, comme une arche d'honneur pour le sublimer. Les lumières ondoyantes sur les eaux du fleuve racontent mille histoires d'un conte féerique universel.
Et puis soudain, au passage d'une bruine d'eau dansante sous les bourrasques, un arc-en-ciel fugitif ou un rayon de soleil déchire les nuages pour poser son doigt lumineux sur un groupe d'arbres, une vague ou un rocher noir, comme pour indiquer vers où doit se porter le regard.
Qu'est-ce que le temps? Il se précipite et il s'écoule, il s'étire, se perd, il crée et il détruit. On lui prête tout alors qu'il est impalpable. A l'instant où je parviens à le définir, il est déjà trop tard. Il est passé. Je suis envoûté par cette perception du temps.
Qu'est-ce que le but? Un cheminement dont l'errance orientée permet de savourer la finalité de la quête. Une raison d'être qui confine au suprême lorsque l'objectif transcende nos émotions. Un Graal peut-être jamais atteint qui conduit pourtant notre existence. Le perdre, c'est se perdre un peu.
Je crève d'envie de l'appeler. De pouvoir décharger un peu de ma détresse en la racontant à quelqu'un qui m'écoutera avec bienveillance. Qui me parlera. Me donnera des conseils que je connais déjà mais qui, venus d'ailleurs, auront une tout autre signification. Echanger entre humain à propos d'une situation la rend déjà différente, plus simple à vivre, même si aucun contact physique n'est envisageable. Dans les moments difficiles, cette distinction change tout.
Journaliste : Que pensez-vous des découvertes incroyables de votre camarade, le capitaine Speke ?
Burton: Pardon ?
Journaliste : Il a annoncé avoir trouvé seul les sources du Nil ! Vous n'étiez pas au courant ?... Capitaine Burton ???
Vous vous trompez. Vos actes me hérissent parfois c’est vrai. Mais c’est parce que j’ai mis beaucoup d’espoir en vous. Mais jamais, jamais, je ne vous ai pris pour un lâche.
Le John que j’ai connu était fait d’honneur et de force, de passion et de volonté, celui que j’ai retrouve ici n’était plus rien de tout cela. Qu’en avez-vous fait, Oliphant ? Qui l’a tué ?
- Bah ! Après tout, qu’est-ce qu’un mensonge ? La vérité sous le masque …
- Et celle-là est de Lord Byron !
— Vous pensez vraiment que ce voyage ne compromettra en rien sa réputation ni sa carrière d'homme d'église ? Il a déjà abandonné la médecine, je ne veux pas qu'il devienne oisif.
— Je pense au contraire que l'histoire naturelle est très appropriée pour un homme d'église, et que connaître le monde en fera un meilleur pasteur.
Une fois encore les rafales redoublent. Elles ne sont plus de simples coups de boutoir joueurs, mais des chocs meurtriers, assenés sur nos barques pour les retourner. Et tout bascule. En un instant.
"A vous je peux le dire. Je commence moi-même à douter de ce rêve fou qui pourrait me conduire jusqu'en enfer. Un enfer de glace et de misère. Mais je ne renoncerai pas jamais..."
Ce livre est tres bien ecrit, et raconte une exploration palpitante meme si l'on trouve bien souvent que christian clot n'a pas toute sa tete pour prendre des risques pareils! Oui, la grande question reste: pourquoi aller tant souffrir au bout du monde quand on est si bien chez soi! Christian clot repond a cette question dans son livre. C'est un livre qu'il faut lire douillettement installe sous la couette avec un chocolat fumant pres de soi! Tres agreable lecture avec juste ce qu'il faut de suspens.