L'assiette
anglaise : émission du 5 mars 1988
Depuis le Saint James Club de Paris,
Bernard RAPP porte un regard différent sur l'
actualité en compagnie des chroniqueurs habituels. L'invité est
Christian DAVID,
journaliste au "Nouvel économiste".Au sommaire de cette émission :- le ministre professeur d'un jour- Cités-cinés- Salon sponcom- Disque barre- Loto- La dent du diahot- de l'importance du décor- Pubs indiennes- Les tableaux fous
Joie née du sentiment d'une réconciliation; plus de nécéssité de se défendre, de se méfier, ni de se punir. Plus de désir d'attaquer sinon pour le plaisir. Et tout cela grâce à un seul être. Immense gratitude à son égard: l'amour vrai remercie toujours, du plus profond de soi, l'autre d'exister, de seulement être. Reconnaissance douce à sentir et où s'alimente à son tour la joie dont elle-même procède. Plaisir de la gratitude qui compense des affres de l'envie. Plaisir d'une attention intense, soutenue et concentrée, sans aucun effort, sur un autre que soi, grâce à la coïncidence en lui de l'identité et de l'altérité. Je t'aime parce que tu es la meilleure partie de moi-même. Je t'aime parce que tu es ce que je ne suis pas, ce que je ne pourrai jamais être. Fascinant objet que celui qui rend possible une telle convergence! Aussi tout amoureux est-il attentif et tout amour, par essence, attention. Le moraliste le savait bien qui décelait dans l'indifférence une injure incommensurable à la haine.
Trouver un objet d'amour, c'est bien le retrouver comme le dit Freud, mais c'est aussi le découvrir et quasiment l'inventer. Être amoureux c'est revivre un ensemble d'affects et de désirs anciens transférés, mais c'est aussi amorcer une vie nouvelle - dût-elle se révéler sans lendemain-, et l’énigme, le mystère de l'amour résident bien dans ses préfigurations oubliées, mais également, de par sa plasticité essentielle, dans ses anticipations et comme ses mutations et transmutations psychiques imprévisibles.
Nous ne vivons jamais rien de simple. Un amour qui se simplifie est un amour qui meurt.
Il n'est plus aussi sûr aujourd'hui que l'anatomie soit, ou soit à elle seule, le destin : il y a bien une réalité sexuelle qui conditionne une certaine destinée, sexuelle, mais si forte et si décisive est l'influence de la réalité psychique, en l'occurrence, que du jeu s'introduit parfois au point de transformer le comportement sexuel, le vécu de la sexualité, voire l'identité sexuelle elle-même.
Favoriser la réinvention de l'amour qu'appelait le poète, constitue pour chaque être une exigence permanente.