Vois-tu facteur, certains prennent leur bain assis, d'autres prennent leur bain couchés... Moi, je prends mon bain... de boue !

– Les… chaussures… les chaussures…
– Du calme, James, dit une grosse voix. Tu dois te reposer.
J’ouvris péniblement les yeux. Dans une sorte de brouillard épais, j’entrevis la face burinée du capitaine O’Connors. Il était penché sur moi.
– Heureusement que tu as la tête dure comme du bois, mon garçon.
Sans répondre, je jetai un coup d’œil rapide autour de moi. Je reconnus ma cabine. J’étais allongé sur ma couchette, bordé jusqu’au cou, un oreiller me soutenant le dos.
– Notre moussaillon en sera quitte pour une grosse bosse, reprit O’Connors en regardant par-dessus son épaule.
– Une bosse ? murmurai-je d’une voix empâtée, en m’efforçant de rassembler mes souvenirs.
– Aussi grosse qu’un œuf de pingouin, dit la voix d’Owen.
Le grand Gallois se tenait derrière le capitaine O’Connors. Il avait posé son poing sur son crâne.
– Grosse comme ça, ajouta-t-il avec un rire sonore.
J’essayai de me redresser.
– Qu’est-ce qui s’est passé ?
– Allons, ne t’agite pas ainsi, dit le capitaine en me plaquant d’une main ferme contre mon matelas. Tu as dû te cogner.
– Ça arrive quand on n’a pas le pied marin, rajouta Owen.
Et il rit de plus belle.
– Mais comment suis-je arrivé ici ?
– C’est Oliver qui t’a ramené, dit encore O’Connors. C’est lui qui t’a découvert.
– Oliver ?
– Oui, reprit une voix douce et traînante que je reconnus immédiatement, tu gisais inanimé, dans… dans l’entrepont.
Oliver. C’était bien lui, il se tenait à l’écart, à moitié dissimulé par les larges épaules d’Owen. Pendant une fraction de seconde, son regard rencontra le mien. Une image me revint alors en mémoire. Oliver, recroquevillé contre le mur de sa cabine. Oliver, les yeux sans vie. Et maintenant… il était là. Bien vivant.
Je m’appelle James Watson. Watson, ça vous dit quelque chose,
non ? Pas vraiment ?
Et si je vous dis : « élémentaire mon cher Watson ». Ah ! ça y est.
Attendez, attendez ! Je ne suis pas celui auquel vous pensez, le
célèbre docteur Watson, le plus fidèle compagnon du non
moins célèbre détective Sherlock Holmes.
Non ! je suis seulement son petit-neveu...
Je m’appelle James Watson. Watson, ça vous dit quelque chose, non ? Pas vraiment ?
Et si je vous dis : « élémentaire mon cher Watson ». Ah ! ça y est.
Attendez, attendez ! Je ne suis pas celui auquel vous pensez, le célèbre docteur Watson, le plus fidèle compagnon du non moins célèbre détective Sherlock Holmes.
Non ! je suis seulement son petit-neveu. J’ai douze ans, bientôt treize, et je vis à Dublin, en Irlande.
Vous connaissez certainement le dicton : Bon sang ne saurait mentir ? Eh bien ! figurez-vous qu’il y a quelque temps, plus précisément en avril de cette année 1934, alors que j’étais en vacances à Wexford, une ville irlandaise située au sud de Dublin, je fus amené à résoudre ma première enquête policière. Et sans fausse modestie, je crois bien que mon grand-oncle n’aurait pas désavoué la manière dont j’ai réussi à dénouer cette affaire.
Victor déchire délicatement l'enveloppe et en sort la lettre mystérieuse. Il la tourne et la retourne entre ses mains. Sur le papier, il n'y a pas un mot. Juste un dessin, un dessin de poisson...
L’homme prit l’argent et le fourra dans la main calleuse de la vieille Martha.
– Voilà ! dit-il, je ne crois pas que tu y perdes.
La vieille regardait l’argent d’un air suspicieux.
– C’est un appareil pas ordinaire, lâcha-t-elle...
Tout a vraiment commencé un mardi matin. J'étais arrivé à Nightingale House, une petite pension de famille tenue par Grand'Ma, mon ancienne nourrice. Ici, d'ailleurs, tout le monde l'appelle Grand'Ma.
A l'heure du petit déjeuner, ce mardi matin donc, les pensionnaires de Grand'Ma étaient réunis dans la salle à manger. Pour la plupart, ce sont des habitués que je connais depuis des années, à part une nouvelle, Miss Rose, une vieille fille entre deux âges, souple comme une lame de couteau, douce comme une toile émeri. Pas aimable, si vous voyez ce que je veux dire, jamais un sourire.
Bref, au total huit personnes, toutes en vacances dans l'un des plus beaux paysages d'Irlande, près de la Pointe Carnsore qui s'ouvre sur la Mer Celtique.
Comment suis-je devenu Ali Pacha, le prince le plus puissant
du monde ? Généralement, quand on me pose cette question, je
réponds avec un petit sourire énigmatique : « motus et babouches
cousues ». Et je n’en dis pas plus...
Quelqu’un m’avait assommé. Purement et simplement assommé.
Pourquoi ? Ce n’était pas difficile à deviner, j’étais certainement
à deux doigts de découvrir la clé de l’énigme !
Ce qui était plus compliqué, c’était : « qui » ?
Peut-être le nom de celui ou celle qu’il présumait être le meurtrier. Mais pourquoi cette mise en scène, alors qu’il lui suffisait de dire clairement vers qui allaient ses soupçons ?