"L'épouse et la veuve" de Christian White lu par Odile Cohen I Livre audio
Un rayon de bibliothèque - virtuel ou non - donne généralement une assez bonne image de son propriétaire.
Mais elle se rendait compte à présent qu'il vallait mieux faire l'expérience des affaires criminelles à distance, dans un endroit chaud et sûr, près d'un feu de cheminée ou d'une piscine.

Durant les vingt-trois années suivantes, Abby vécut comme si elle attendait un bus qui n’arrivait pas. Elle ne parvenait pas à comprendre les gens qui disaient des choses comme « La vie est trop courte », ou « Le temps file trop vite », ou encore « Mon Dieu ! C’est déjà Noël ? ». À ses yeux, la vie était longue, le temps passait trop lentement et… qu’est-ce qu’on en avait à foutre de Noël ?
Ses journées s’organisaient toutes de la même manière : rendre visite à Ray au centre de détention de South Hallston, emprunter des livres à la bibliothèque municipale de Belport, travailler au Buy & Bye, empailler des animaux et fumer des cigarettes sous la véranda en regardant les saisons se succéder. Son corps vieillit, le monde changea, mais elle avait mis son existence entre parenthèses jusqu’au retour de son mari.
Elle avait décidé d’appliquer ses propres conseils et d’enfermer toutes ses pensées les plus sombres dans une pièce de son esprit où elle évitait de se rendre. Au fil des ans, il devint de plus en plus facile pour elle de les ignorer. Mais, parfois, au beau milieu de la nuit, quand Milt Street était tranquille, elle les entendait gronder derrière la porte et griffer les murs, lui rappelant ainsi qu’elles étaient toujours là et ne disparaîtraient pas d’elles-mêmes.
Tu disais que les choses allaient s'arranger, Patrick, mais c'est chaque jour plus difficile. Je prie parfois pour que la lumière monte en moi et je me souviens alors que ma lumière, c'est toi. Tu es la lumière qui brille dans mon cœur et au bout du tunnel. Mais je ne sais pas combien de temps je pourrai encore vivre de la sorte. Reviens, Patrick, reviens et emmène-moi loin d'ici. Reviens et sauve-moi de tous ces gens.
Avec tout mon amour, B.
- Non pas un policier. Un comptable, qui fait des recherches au sujet d'une enfant disparue il y a longtemps. Vers 1990. Une petite fille qui s'appelait...
Je m'interrompis en voyant que le visage de Dean était devenu livide. Il serrait sa serviette si fort dans sa main, si fort que ses jointures avaient blanchi.
- Mais des fois, quand je me pose des questions sur Dieu, j'ai de mauvaises pensées.
- Ah bon ? Comme quoi, par exemple ?
- Ben, d'abord, comment Noé a pu mettre autant d'animaux dans l"Arche ?
Lorsqu'un souvenir se forme, le cerveau crée aussitôt une empreinte neurochimique qui permettra de le retrouver en cas de besoin. Imaginez une sorte de gros fil rouge partant de votre conscience et plongeant dans les profondeurs de votre esprit. Quand vous voulez évoquer un souvenir précis, vous tirez sur ce fil et il remonte à la surface.
J’ai toujours été une grande lectrice, avec un penchant marqué pour les histoires d’épouvante. Amy, ma cadette, me regardait parfois d’un air un peu vexé avaler trois livres d’affilée tandis qu’elle peinait à en finir un. Je lui ai déclaré un jour que le secret pour lire vite, c’est d’avoir une vie ennuyeuse.
- Tu travailles, ce soir ? demanda-t-il.
- Oui, ne m'attends pas.
- Toi et moi, on est comme des bateaux qui se croisent dans la nuit, hein ?
Si on a quelque chose à cacher, on a quelque chose à protéger, et si on veut protéger quelque chose, on a une raison de tuer.