Christine Zolendz

Chapitre 3 :
«… Alors même que je pensais que mon âme ne pourrait en supporter davantage, la belle image de Shane s’écroula à genoux devant moi. Ses yeux bleus et anciens paraissaient torturés et choqués. Il écarta doucement les cheveux sales de mon visage et gémit mon nom.
Ma langue me paraissait trop large pour l’intérieur de ma bouche, mais j’essayai tout de même de parler. Des larmes coulaient sur son visage parfait.
— Là, ma belle, je suis là maintenant.
Je t’aime, Shane.
Si tu es vraiment Shane. Je t’aime.
— Que m’as-tu offert ?
— Là, ma belle, tout va bien…
— Non… je dois savoir que c’est toi… si après tout ça… c’est toi.
Au-dessus de nous se tenait l’archange Michael. Il me jeta un regard mauvais de ses yeux bleus et âgés.
— Shamsiel, es-tu certain de ta décision ? Gabriel pourrait continuer à la poursuivre.
Shane m’attira doucement entre ses bras et je tremblai contre la chaleur de son corps. Il fit tendrement courir le bout de ses doigts le long de ma mâchoire alors que le chagrin et la douleur assombrissaient ses traits.
— Absolument, Michael, elle en vaut la peine.
— Très bien.
Shane me tient plus près, plaçant ses lèvres contre ma tempe.
— Peu importe ce qui arrive à partir de maintenant, sache que je t’ai toujours aimée, que je t’aimerai toujours et je te protégerai toujours.
Je sentis le dernier morceau de mon cœur partir en poussière sous le poids de ses mots.
— Si je n’avais pas été là, tu serais ce que tu étais censée être. Alors, voilà ma chance de te laisser recommencer. C’est fini, ma belle. Ta peine est terminée.
Au début, je ne compris pas ce qu’il disait...»

Chapitre 4 :
«… Me souvenir de quoi que ce soit ?
Tout ce dont je me souviens, c’est le dos de mon ange alors qu’il s’éloignait, m’abandonnant à mon propre Enfer sur terre. C’est fini, mon cul, oui ! Je suis toujours là.
Mes yeux se mirent à piquer et à se remplir de larmes. J’essayai de les retenir. J’essayai de les empêcher de franchir la bordure de mes cils, mais l’une d’entre elles s’échappa rapidement. Elle roula sur ma joue, fuyant le profond regret qui m’emplissait.
— Où est Shane ?
Quand son nom passa mes lèvres, elles se mirent à trembler et le barrage qui contenait mes larmes se brisa. Rien ne pouvait me consoler.
Les épaules de Lea s’affaissèrent en avant et sa bouche s’incurva vers le bas.
— Je ne sais pas. Il, euh, n’est pas venu.
Il est vraiment parti. Si l’âme de Shamsiel était toujours dans le corps de Shane, il serait ici avec moi. Il m’a vraiment laissée ici, alors que je n’ai fait que compter les secondes jusqu’au jour où je le retrouverais. Je jure, qu’à cet instant, mon âme, mon esprit, ou quoi qui puisse constituer un humain… que cette part de moi se recroquevilla et se noya toute seule sous mes larmes. Je n’eus pas à lutter pour entendre les derniers morceaux restants de mon cœur se répandre sur le sol froid et implacable de l’hôpital.»

Chapitre 1 :
«…
— Hé, merci pour la chemise tout à l’heure. J’aurais eu froid en rentrant chez moi ainsi.
La blonde frappa à nouveau son pied par terre pour attirer son attention, mais il ne sembla pas la remarquer.
— C’est celle à qui tu as donné ta chemise ? Je veux une chemise aussi !
Je regardai Lea et lui lançai un regard pour lui faire comprendre que je voulais sortir de ce mauvais feuilleton, puis je me levai. Je me tournai vers la blonde et souris.
— Vois les choses ainsi : je l’ai déjà mis à moitié nu pour toi. Essaie de t’amuser. C’est le genre d’hommes qui a une mine dans son pantalon.
— Hein ?
Elle m’adressa un regard vraiment confus.
— Tu sais, une mine ; petite, cachée, et explose au contact.
Les yeux de Shane s’écarquillèrent pendant une fraction de seconde, puis il se leva et s’appuya contre la table en bloquant mon chemin.
— Tu dois être la meilleure amie de Lea,c elle avec qui elle a grandi et dont elle parle tout le temps, hein ?
— Certainement, répliquai-je.
Son sourire s’agrandit.
— As-tu un nom ?
— Oui, répondis-je sans le lui donner.
Lea se mit à rire. Elle croisa les bras et regarda.
— Conner, regarde-la le défier, contente-toi de la regarder.
...»

Chapitre 1 :
«… Je ne pus m’empêcher de lever les yeux pour voir à qui appartenait la voix. Comment n’avais-je pas pu le remarquer avant me dépassait. Il était la perfection. Je n’aurais même pas pu lui associer un adjectif le plus proche, et ce n’était pas encore assez fort pour le décrire.
Il regardait la foule de ses yeux intenses, comme s’il cherchait quelque chose. Puis, son expression s’assouplit en un sourire sexy. Ses courts cheveux noirs épais étaient indisciplinés, coupé en couche inégales. Ils avaient l’air ébouriffés, comme si une fille chanceuse venait d’y passer ses mains dans le coulisses. Ah, c’était peut-être elle qu’il cherchait.
Ses muscles fins se tendirent sous la peau de ses bras tatoués. Sa main parfaitement sculptée caressait le pied du micro ; l’autre courait dans ses cheveux parfaits. Sa voix rauque chuchotait sa chanson. Il fit taire la foule comme s’il était un dieu.
Pourquoi avoir un lendemain ?
J’endure depuis toujours
Il y a peu d’espoir.
Je noie mon chagrin.
...»

Prologue :
«… À une époque où nous ne savions pas encore ce que l’amour signifiait réellement, un jour, elle avait posé ses doigts sur mes lèvres… comment avait-elle réussi à capturer mon cœur immortel si totalement ?
La vérité, c’était que je n’avais jamais senti la douceur des mains humaines et mon cœur pleurait en pensant à ma solitude et mon désir de la connaître, de la connaître elle. Juste elle. Elle était la seule à consumer mes pensées.
J’avais conscience du rôle que mes frères et moi, les Grigori, les Veilleurs Angéliques, avions à remplir dans ce monde : protéger les humains. Tout simplement. Pourtant, je ne pouvais m’empêcher de penser à la douleur abjecte de ne pas la connaître. Je ne pouvais pas me contenter de veiller sur elle, de la protéger, sans l’aimer. J’avais besoin de la connaître, d’être près d’elle… »