Christophe Lemoine

Poil de carotte d'après l'œuvre de Jules Renard, scénario Lemoine, dessin Cécile aux Editions Glénat (Collection Vent d'ouest), 2014 - ISBN : 978-2-7493-0732-9



Christophe Lemoine a pris le parti de relier les scénettes de Jules Renart pour en faire une seule histoire, bien plus courte, bien sûr, que celle du "roman". Il a réussit à nous offrir une histoire claire et simple, bien adaptée pour les adolescents ou pour tous les lecteurs qui veulent se remémorer les mésaventures de François Lepic, baptisé par sa mère Poil de carotte, à cause de ses cheveux roux.







La BD évoque les vacances d'été de Poil de Carotte et de son grand frère Félix en pension le reste de l'année pour leurs études. On y retrouve les épisodes des poules, des poux, du melon, du pot de chambre, d'Honorine, de la pelle, des perdrix, du parrain, de la rivière, de la pêche aux têtards que Poil de Carotte a failli faire avec son amoureuse Mathilde, de l'hameçon, de la pièce perdue et de la révolte de l'enfant maltraité.







Une bonne adaptation avec deux petits bémols :



- Le dessin de Mme Lepic ne correspond pas à la description de Jules Renard, elle est trop en rondeur, pas assez sèche, pas assez peste et sans cœur, ce que je trouve décevant.



- L'ambiance trop estivale embellie un peu trop les vacances de Poil de Carotte et les moments de bonheur avec Mathilde et son parrain sont beaucoup plus présents dans la BD que dans le roman de Jules Renard. Bien sûr cette BD est une adaptation mais elle gomme trop la souffrance et la solitude profonde de Poil de Carotte ce qui dénature quand même le thème principal du roman : la maltraitance d'un enfant.







Malgré cela, la BD est à lire , elle pourra inciter les lecteurs à lire ou relire le roman de Jules Renard . C'est un bon moment de lecture à ne pas manquer.

Après avoir produit une quarantaine de volumes qui s’adressent plutôt aux adultes qu’aux enfants, la collection Les grands classiques de la littérature en BD tente avec Poil de Carotte une approche plus ludique.



L’œuvre originale s’adresse surtout aux enfants et son adaptation permet ici de respecter cet état d’esprit tout en permettant également aux adultes de trouver ici leur place. L’auteur, Lemoine, a opté pour un scénario complet qui relie plusieurs séquences indépendantes. Il s’agit donc ici d’une histoire continue et non pas d’une succession de séquences. Comme l’histoire se déroule sur plusieurs semaines, l’on se doute bien qu’il a des ellipses, des passages laissés sous silence, mais tout cela ne transparaît pas ici, tant le récit est fluide.



L’histoire, en fait constituée de plusieurs passages forts, faisant appel au ressenti du lecteur. Comment ne pas compatir aux malheurs du pauvre François, d’avoir envie de le défendre contre une mère acariâtre, une fratrie malveillante et de secouer le père, complètement soumis ? Assurément, le lecteur va s’approprier l’histoire dès les premières planches. Dommage que le dénouement soit aussi rapide et tranchant d'avec ce qui précède.



Les dessins sont sympathiques et très enfantins. Ils sont ici tout à fait adaptés au récit. L’on pourra constater que le décor est immersif et renforce cette impression d’être à la campagne, en plein été. Tout cela respire les vacances intemporelles, il y a ici un peu de Pagnol… La mère, le frère et la sœur de François ont un curieux air de famille avec des formes rondes et allongées assez désagréables, mais réussies, comme s’ils étaient liés par un pacte. Le père tranche un peu avec ses traits ronds, plus travaillés, comme s’il avait pu incarner une sorte de force tranquille. Poil de Carotte détonne, à se poser la question s’il appartient vraiment à cette famille de tortionnaires. Et enfin Mathilde, avec ses traits, et surtout ses yeux, ne peut que capter le regard de son ami.



Les explications laissées en fin d’ouvrage démontrent tout leur pertinence en permettant au lecteur d’en savoir davantage sur l’auteur, sur l’œuvre, sur son contexte et sur… les roux ! Bien vu !



Cette adaptation de Poil de carotte s’adresse aussi bien aux adultes qu’aux plus petits. Cette adaptation réussie est le fruit d’un travail qui peut s’adresser à toutes les générations et pourra faire l’objet d’un moment de partage. A lire, donc et à conserver dans sa bibliothèque.

Cette adaptation de Robinson Crusoé est plutôt sympathique et à l’image de la collection dont elle est issue. Il est d’ailleurs possible de l’acquérir de manière isolée et/ou de débuter ici cette collection afin de s’en convaincre.



L’essence même de l’œuvre est ici résumée, il est donc tout à fait possible de lire la bande dessinée pour ne pas avoir à lire le roman. Le démarrage est très scénarisé et permet de revenir sur ce qui se passe avant l’isolement. Bien plus qu’une introduction, ces passages sont tout aussi (sinon plus) intéressants que ce qui va suivre. D’ailleurs, cela permet également de rajouter un peu d’action et d’autres personnages.



L’essentiel de l’intrigue s’intéresse au personnage, à sa manière de lutter pour survivre. La religion tient ici une place qui ne pouvait être occultée mais qui reste assez anecdotique. Comme il s’agit d’un résumé, Robinson semble doué pour tout, même si certains textes annoncent qu’il fallait plusieurs tentatives pour réaliser tel ou tel objet.



L’ennui n’est pas au rendez-vous et l’isolement de Robinson n’ennuie jamais le lecteur, ce qui est plutôt inattendu pour une adaptation et constitue donc un argument supplémentaire pour justifier la lecture de l’album. D’ailleurs, le lecteur va pleinement s’immerger dans l’histoire, au point de ressentir des émotions à certains moments clés (notamment lors de l'arrivée et du départ de Compagnon).



Seul bémol : les dessins ont fait l’objet d’un traitement particulier. Les traits semblent avoir été comme grossis. Le trait des bordures est ici un peu trop prononcé. Certaines cartouches manquent également de précision, alors que dans l’ensemble, le travail reste de grande qualité. Le vieillissement du personnage permet à lui seul de suivre d’un coup d’œil les ellipses narratives.



Les explications de la fin de l’ouvrage sont (comme ce fut souvent le cas avec les premiers albums de la collection) un peu plus long que la moyenne, ils permettent d’en savoir plus sur l’auteur (qui eut une vie bien remplie), son œuvre et sur le contexte d’écriture. Tout cela est aussi pertinent qu’utile, même si les plus curieux peuvent toujours en attendre davantage.



En somme, voici une belle adaptation du roman Robinson Crusoé qui colle au roman d’origine. Un volume à acquérir et à découvrir !