Christophe Renault

C'est un supplice, la timidité. Un supplice dont on est à la fois le bourreau et le sacrifié. Parce que c'est vrai : après tout, libre à nous de réagir. D'oser.

Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère.

Je ne suis pas, messieurs, de ceux qui croient qu'on peut supprimer la souffrance en ce monde ; la souffrance est une loi divine ; mais je suis de ceux qui pensent et qui affirment qu'on peut détruire la misère.

Les livres sont de modestes lucarnes, des hublots permettant d’apercevoir une part infime d’un insondable océan.

j'eus dans mes larmes l'envie de hurler que j'en avais marre d'eux... que c'est facile de suivre le droit chemin quant on a la bonne taille pour avancer . Moi, je me frotte aux parois

La lumière est dans le livre. Ouvrez le livre tout grand.

- Tu es très belle, ma fille. Ne les écoute pas ceux qui te disent le contraire : ils ne font qu'entretenir ton rêve. Tu aurais voulu être svelte et musclée. L'embonpoint est ta réalité. Accepte-là ! Accepte-la, comme on doit tous un jour accepter que le bonheur est dans la vie et que que ce sont toujours les rêves les vrais responsables de nos douleurs...

Du jour où mon père nous quitta, ma mère, ma sœur et moi prîmes doucement cette habitude : à 19h30, on abandonnait chacun ses occupations pour se retrouver en cuisine. On préparait le repas du soir en partageant nos aventures du jour. C'était le plus souvent l'occasion d'entendre Lola se vanter d'avoir encore grossi des biceps et ma mère se lamenter d'avoir encore enflé des hanches

moi, je suis hord gabarit. laissez-moi prendre ma route. la vôtre est trop étroite.

Je reconnaissais volontiers mes silences, mais je ne supportais pas qu'on les porte au jugement. Personne ne sait. Jamais. C'est si facile de faire des associations : muet = triste. Réservé = timide. Discret = inintéressant. C'est que les gens n'ont qu'un seul code : leur propre personne. Eux se taisent quand ils ont du chagrin ? Parfait ! Grand bien leur fasse ! Mais qu'ils aient assez d'imagination -et de générosité aussi- pour croire que le sens qu'à leur mutisme n'a pas forcément celui qu'ont mes silences.

Cette carte, je l'ai achetée à la gare...
Souvenir d'un moment rare...
Souvenir de cet instant précis où, juste avant de te retrouver dans le train, mon père et moi avons conclu ce pacte : faire de toi désormais, notre souffre-bonheur...
Lola...

Alors voilà je suis fou, Lola! Fou de toi et de tes sourires, de tes timidités et de tes rougeurs, de tes grands yeux et dectes fossettes... Alors bien sûr, ce n'est plus des fesses que tu as, ce n'est plus des seins, ce n'est plus des jambes. C'est un trait. Une brindille! Une flaque! Un concept... Et alors?
Qu'est ce qu'on s'en fout! Tu es une page blanche, Lola. Une merveilleuse page blanche! Il n'y a plus qu'à dessiner... Et tes feutres sont dans tes yeux! Et tes pinceaux et ta palette y sont aussi! Ta palette dans laquelle j'ai aperçu des couleurs que même des surréalistes n'auraient pas osé inventer. Et moi je les ai vus, tous, tes outils et ta sensibilité! Alors crois moi que je suis fier, Lola.

c'est un bon ouvrage

On envisage de les soumettre à des professeurs d'un nouveau genre. Des profs capables de leur apprendre le goût de s'engager. D'exister. En fait, le goût de justifier leur naissance.

Mais arrete avec mon bien... Depuis que je suis ici, je n'entends que ça: Tout ce qu'on me fait, cest pour mon bien... On me force a bouffer, on me flique chaque fois que je vais aux toilettes, on me fait parler, on m'interdit les visites, on me coupe le téléphone, tout ça pourquoi? Parce que cest pour mon bien...
Mais merde, avec mon bien. Et si à moi, votre bien, il me faisait mal? Vous y avez pensé à ça? Sa voix se déchira dans les aigus:
-Hein? Et si à moi, votre bien, il me faisait souffrir?
Elle retint ses larmes et murmura:
- Alors lâchez moi tous! Je n'en veux pas moi de votre bien!

Ras-le-bol de m'abîmer : moi, je suis hors gabarit. Laissez-moi prendre ma route. La vôtre est trop étroite.

Mon père, ce héros au sourire si doux
Parcourait à cheval, le soir d'une bataille,
Le champ couvert de morts sur qui tombait la nuit.

( lors d'un enterrement)

Vêtue d'une robe à fleurs, ornée d'une parure rose, elle m'arracha un cri :
- ouah ! Tu es super élégante...
- Toujours quand je viens dans les églises ! répliqua-t-elle avec son énergie habituelle. Je me dis que l'endroit pourrait bien un jour donner des idées à un bonhomme...
- Des idées de quoi ?
- Bah de mariage, pardi !

- C’est dur, hein, Charles, d’avoir le courage d’affronter en face la vérité qui nous fait mal dormir … ? C’est dur, bien sûr, mais tellement nécessaire … il faut fuir les miroirs déformants : ce n’est pas avec leur reflet qu’on fait sa vie. Rien ne sert de tricher : il faut s’aimer tel qu’on est, en se disant que ce qu’on est, on est tout seul à l’être et qu’un tel privilège mérite toute notre fierté.

Yannick Poupard, tout comme moi, le comprenons enfin - un peu tard, mais enfin: c'est en ajoutant son petit bonheur à celui des autres qu'on finira par adoucir cette planète. Pas autrement.