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Citations de Christophe Tarkos (16)


Christophe Tarkos
Je vis parce qu'il est agréable de vivre.
Je sais pourquoi je vis.
Je vis parce que cela me fait plaisir.
J'ai bien vu que c'est agréable d'être vivant, qu'il y a des plaisirs.
Si je suis en vie, c'est que je trouve qu'il est agréable de vivre.
Ainsi j'ai décidé de vivre.
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Je soulève le couvercle de la théière
  
  
  
  
Je soulève le couvercle de la théière. La théière est
en fer peint de fleurs sur un fond blanc. La théière
est en fer-blanc, a la forme d’une cafetière. Je soulève
le couvercle de fer-blanc de la théière, je le pose à ses
côtés sur la table en bois. Je prends la bouilloire et je
verse l’eau bouillante de la bouilloire dans théière en
fer ouverte. J’enlève le couvercle, je pose le couvercle,
je verse l’eau, je prends le couvercle, je repose le cou-
vercle sur la théière en fer. Je referme la théière en fer
qui fume. La théière de thé tiède est pleine d’eau chaude.
Le thé dans la tasse blanche a le goût du thé couleur thé.
Eclaircie par la tache blanche, la vapeur d’eau et l’eau
chaude versée dans la tasse blanche aux bords chauds.
Une goutte de thé versée goutte sur le bec de la théière
qui verse le thé dans la tasse et glisse sous la gouttière
courbée de la théière puis le long de la courbe de la théi-
ère de terre et tache la table. Je prends la tasse. Je bois
une gorgée de thé chaud. Le thé fait mal au cœur. Je bois
une gorgée, je repose la tasse. J’oublie la tasse de thé.
J’ai mal au cœur. J’ai soif, je prends la tasse, je bois une
gorgée. Je repose la tasse. Le mal au cœur s’adoucit.
J’oublie la tasse. Je bois une gorgée de thé, le thé est
froid.
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Les Nuages / B
  
  
  
  
des nappes boursouflées de nuages ronds, arrondis, tour-
nés, retournés sont des taches blanches dans le ciel, sont de
grands voiles      les enfants sont seuls, sont avec des
enfants, jouent avec des enfants, font l’amour avec des
enfants, les enfants ont la peau douce, blanche, lisse, ils
prennent toute la place, ils prennent place dans le ciel, en
haut, les nuages sont au niveau des yeux, ne se lèvent pas,
ne prennent pas de la hauteur, le ciel descend sur les yeux,
ferme le sol, le ciel est au niveau du sol      le sol bordé
par le ciel, le ciel au même niveau que le sol, en suivant le
sol du regard, on voit les nuages dans le ciel, les enfants ont
une peau claire, lisse et douce, ils se caressent, la peau
blanche des enfants caresse la peau blanche des enfants, les
enfants savent lire, lisent      regarder les nuages, les
nuages passent, est le passage visible du temps, est le temps
qui passe, si le passage du temps est les nuages, si le passage
des nuages dans le ciel n’a aucun lien avec ce qui se passe
sur terre      le temps n’a aucun lien avec la terre, avec
ce qui se passe sur terre, les nuages passent lentement, la
lenteur des nuages est la lenteur du temps qui passe, les
nuages n’ont aucun rapport avec ce qui se passe sur terre,
le temps qui passe n’a aucun rapport avec la terre, les
nuages glissent lentement      ce qui se passe sur la terre
ne fait pas de liens avec le glissement lent des nuages dans
le ciel, les nuages essayent un encerclement, transparaissent,
transpercent le soleil, laissent filtrer la boule de soleil, lais-
sent translucide, laissent un voile, un voile voile les
yeux      les nuages sont de grands nuages, les enfants
sont grands, souples et longilignes, ont de longues chevilles,
de longues mains, de longs pieds, sont lisses et doux et


p.12
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Ses ongles sont fins



extrait 2

Le fait qu'il fasse jour change les choses. Les bruits murmurent différem-
ment. Ses yeux sont bleus. La ville remue.
La nuit est plus calme que le jour, la nuit est surveillée dans leur
sommeil.
Ses os se brisent facilement. Pendant la journée, il est impossible de
partir.
Il ne peut pas rester longtemps sans manger, la tête lui tourne. Il
manque d'eau.
L'eau coule au robinet de l'évier, au pommeau de la douche, par le
wc. Il boit l'eau qui coule du robinet. Il fait jour. En partant seul en
mer, il y mourrait en manquant d'eau.
Dans la cuisine, ce qu'il reste à manger.
En restant sans manger trop longtemps, ses liquides s'amollissent.
Il y a des bruits de toutes sortes qui sont chaque jour les mêmes
bruits à peu près. Il devrait partir.
La peur l'en empêche. Il boit de l'eau, il a peur.
Le verre se casse. L'été est plus chaud que l'hiver. L'hiver, il y a de
l'eau. Il ne devrait pas rester ainsi.
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Une expérience, un truc expérimental, une expérimentation, il est possible d'expérimenter, expérimenter sur soi, nous allons faire une expérience, faire l'expérience de certains produits cérébraux, de certains états d'âme, de certaines ambiances, de certaines substances qui suintent, qui coulent de la pensée, la pensée fabrique des suintements, des écoulements de produits, par l'émotion procurée par la pensée, la pensée est émouvante, est liquide, est liquéfiée, et suintante, est forte de réactions chimiques dangereuses, fortes, réactives, produites par le simple fonctionnement normal sentimental de la pensée, fabrique de la drogue, fabrique des produits de droguerie, de l'alcool, de l'acide, de l'anesthésie, de l'adrénaline, fabrique une tension, une alternative, un combat face au déjà de la conscience, une défense, un procédé produit par le flux de la conscience qu'il n'y a rien à espérer, il est possible d'être une longue source d'expérimentation, est juste nécessaire un quai de métro, un quai de RER, un quai de gare, un certain attentisme, un flottement et c'est parti, l'expérience peut commencer : je ne vais pas devenir les relations telles qu'elles sont, on sait comment elles sont, je ne vais pas penser ce que tout le monde pense, je ne veux pas, c'est trop difficile, je ne peux pas y arriver, je ne peux pas arriver à penser ce que tout le monde pense, cela fait trop de pensée en même temps, je ne peux pas penser plusieurs pensées à la fois, on sait trop ce que tout le monde pense, on sait trop ce que sont les relations, comment elles sont, sur quoi elles se tiennent, le nombre de personnes qui pensent qu'ils pensent en même temps, je n'arriverai jamais à penser ce que tout le monde pense, je ne peux pas, je vais rentrer dans sa nuque, par ses oreilles ou ses narines ou ses yeux, je vais passer directement en entrant dans sa nuque, je serai proche des nerfs, proche du cervelet, je pourrais modifier la réception des nerfs, de tous les nerfs, et remplir l'hypophyse de produits hormonaux, j'aurais la possibilité d’éclater, de partir dans toutes les directions depuis le cervelet, de faire fonctionner la machine, que la machine soit en marche, qu'elles produisent de la poudre, qu’il y ait des tonnes de poudre, une production ininterrompue de poudre, zappe, éclate, passe, prends, chope, écoute, attrape, recueille, est une chape de tout ce qui est passé et a été attrapé et a été conservé, tout ce conserve, le kaléidoscope visionne toutes les formes, toutes les écoutes, tous les enregistrements, toutes les formes visionnées, je reste à l'écoute, le défilement, l'enregistrement, l'absorption, le tam-tam de l'absorption continue, la fraise perfore, le tunnelier perfore, la roue crantée perfore, poursuit sa route dans les souterrains, dans l'obscurité éclairée par les néons disposés de tous les vingt mètres, garde en conserve tous les défilements, passe à autre chose, est une image ininterrompue.

Christophe Taros, Anachronisme, p. 20. POL 2001.
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Ma langue est poétique, est naturelle, est sonore, est bruitée, est féconde, est douce, est inondée de soleil, ma langue a des sons d'herbes et d'été, les herbes sont sonores, l'été est sonore d'herbes, l'herbe bruit dans ma langue, l'herbe sèche de l'été, en été, l'herbe sèche est bruyante, bruisse et cingle, ce sont les herbes, les bruits viennent de l'herbe, ce sont des bruits d'herbes sèches, ma langue a les bruits sonores des herbes desséchées de l'été, les bruits répétitifs, incessants, les bruits de ma langue ne cessent pas, cinglent et se répètent, et se dessèchent au soleil, le soleil sèche les herbes, les herbes bruissent, sifflent et cinglent, ma langue sèche, siffle, cingle, ma langue sonore, ma langue herbeuse, ma langue de sons herbeux, ma langue d'herbes qui sèchent, qui sont sonores, sonne, musicale, ensoleillée, sèche, ma langue est poétique, est sèche, crépite tout l'après-midi, depuis le lever de soleil, tout l'après-midi de cet été.
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Tue-moi tue-moi ne me laisse pas crever de rien ne me laisse pas mourir sans que que personne ne me touche par simple flocalisation ne me laisse pas finir à cause de rien je ne suis pas rien je mérite que tu mes tues que tu me poignardes dans le dos .........................................
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Ses ongles sont fins



extrait 1

Ses ongles sont fins
Il y a une chambre, une salle de toilette et une cuisine.
Ses cheveux sont blonds, comme les poils qui recouvrent sa peau.
Un seau est rempli d'eau, de l'eau coule dans l'évier.
Sa peau est fine et blanche.
Il y a de l'eau dans le seau, dans le baquet des wc et l'eau qui coule
du robinet. L'eau est transparente. Les rideaux font une lumière
légère. Il fait jour.
Il y a quatre saisons, l'été, la saison chaude, puis l'automne, l'hiver,
la saison froide, puis le printemps.
Ses os sont fins comme des ongles. Il y a une bouteille d'eau dans le
seau d'eau.
Il saigne peu de son sang couleur de cerises claires.
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LE SENTIMENT


Extrait 3

j'espère qu'il [le sentiment] ne m'entraînera pas dans l'inquiétude, je ne suis pas sûr, je ne sais pas, je suis dans l'interrogation sur tout le mouvement dans lequel il m'entraîne même si je le suis je ne peux pas m'en détacher, je vais le suivre je ne sais pas où il m'emmènera, il est fait de la certitude d'être ancré en lui, de ne pas pouvoir m'échapper, qu'il me retient, qu'il me porte et dans l'incertitude de ce qu'il prépare, je suis dans l'inquiétude de ce qu'il prépare, d'en être spolié, je ne le suis pas, je n'ai pas peur, il verse, il a le liquide, savoir qu'il est liquide ne me donne pas une grande assurance, mon sentiment de maintenant est de ne pas avoir peur, est d'être porté par le sentiment vers des sentiments désagréables, de peur, d'effroi, vers un sentiment de grande inquiétude, de croire être détaché, je ne suis pas sûr qu'il me porte à ne pas avoir peur, à m'installer dans la tranquillité et dans la quiétude.
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Les Nuages / C
  
  
  
  
souples et blancs      caressent avec la peau du visage,
avec la peau du sexe la peau des enfants, il y a un remplisse-
ment de nuages, s’approchent, se touchent, s’embrassent, se
caressent, se frôlent, se tiennent par la main, ils jouent, ils
ne jouent pas, ils jouent ou ils ne jouent pas, forment un
recouvrement, recouvrent tout le dessus, sont toujours au-
dessus, levant les yeux on voit le recouvrement de la blan-
cheur moite dans le ciel qui ne laisse pas une parcelle de ciel
ouvert dégagé sans le moindre nuage, ce sont les enfants qui
font l’amour, les nuages sont nus, les enfants qui font l’amour
sont nus, nus et blancs      les nuages s’avancent, voya-
gent, ils flottent, ils se laissent aller, n’ont pas de soutien, ils
ne sont pas soutenus, ils flottent sans arrêt, sans soutien, les
nuages s’avancent, changent, ne vont pas quelque part,
avancent, ils ne s’appuient pas sur la terre, ils flottent, ils
flottent dans le ciel      il y a des places blanches, il y
a des places bleues, il y a des trouées, les nuages laissent
des trouées, laissent des mouvements      les nuages
ne touchent pas terre, les enfants grandissent, sont
longs      les nuages sont visibles, tous les nuages sont
visibles, il n’y a pas de faces de nuages qui ne soient pas
visibles, sont dans tous les sens, sont retournés, se retour-
nent, sont de grands voiles retournés      il n’y a aucun
lien entre les nuages qui passent dans le ciel et ce qui se passe
sur terre, les nuages sont vastes, remplissent le ciel, naviguent
dans le ciel, et il n’y a aucun lien entre ce qui se passe dans
les nuages et ce qui se passe sur terre      ne naviguent
pas, les enfants      n’aiment que les enfants ils sont
vastes, ils se retournent, ils se tournent, ils se déplacent, ils
s’avancent, ils glissent, il ne font aucun lien, ils se laissent aller,


p.13
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Les Nuages / A
  
  
  
  
Les nuages sont beaux, blancs      les nuages sont blancs,
bleus, les nuages sont beaux, immondes, les nuages nagent,
les enfants font l’amour, lèvent, soufflent, grandissent, pas-
sent, ne reculent pas, se retournent, descendent, les nuages
nagent, les nuages volent, sont beaux immortels, couvrent
tout le ciel, remplissent le ciel, rendent le ciel plus blanc, ne
tordent pas, s’élargissent      font des nuées, les nuages
ne servent à rien, au-dessus de nos têtes, glissent, sont sur
le ciel, sont sur les yeux, il n’y a qu’à lever les yeux pour les
voir glisser au-dessus de nous      les mouvements sont
si lents, il n’y a pas de mouvements dans le ciel, les nuages
glissent lentement, si      lentement les nuages volent,
s’enfoncent, il y en a partout dans le ciel, ce qui reste est du
bleu, le bleu du ciel, des taches bleues, les enfants sont
jeunes et blancs, les enfants sont doux, les enfants sont jolis,
les enfants font l’amour, se font l’amour entre eux, sont en
train de faire l’amour entre eux, sont jeunes et doux, les
taches bleues sont semblables aux taches blanches des
nuages      les nappes blanches des nuages s’étalent, se
sont étalées, sont étalées, prennent la place dans le ciel, cou-
vrent, sont couvrantes, les mouvements sont si lents, les
masses blanches changent de forme sans qu’on les voie
changer de forme, on ne voit pas, dans les yeux, les nuages
sont sur le voile des yeux      les nuages voilent les yeux,
on ne voit que des nuages, le ciel se referme, ils peuvent
couvrir le ciel de nuages      le ciel est toujours plus
grand que le recouvrement du ciel par les nuages, par les
bandes nuageuses, par les superpositions des accumulations


p.11
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LE SENTIMENT


Extrait 2

c'est mon sentiment de maintenant, le fait de n'y être attaché qu'un moment, le fait de n'être attaché qu'à ce sentiment me donne un peu l'inquiétude, si ce sentiment était désagréable, je ne pourrais pas le retirer, l'éloigner, l'oublier, m'en séparer, je ne peux pas oublier dans quel sentiment je suis versé, je ne peux qu'espérer qu'il ne m'entraîne pas dans les affres douloureuses de sentiments désagréables, c'est mon seul sentiment, je ne peux que le suivre, de là vient l'inquiétude, s'il m'entraînait, je le suivrais, je ne sais pas de quoi il veut être fait, je suis tranquillement installé dans le sentiment, je lui donne toute ma confiance, je le suis, je ne sais pas où il va m'entraîner,
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LE SENTIMENT


Extrait 1

Le sentiment de maintenant, maintenant a un sentiment, le sentiment de maintenant est descriptible, le sentiment de maintenant est le sentiment de la tranquillité et de l'intranquillité, je suis dans le sentiment, je n'ai pas d'autres attaches, mon attache est ce sentiment de maintenant, fait de souplesse, fait d'assouplissements, fait d'os de côtes, de cages thoraciques, je respire le sentiment de maintenant, je n'ai rien d'autre à respirer, je suis installé dans le sentiment, rien ne pourrait m'en détacher, le sentiment n'est pas agréable et je le respire, il verse, je me verse, je suis versé dans le sentiment, j'y suis tranquillement installé, j'y suis inquiet, il ne me donne pas de quiétude, j'y suis solidement attaché, je ne pourrais pas m'attacher à un autre sentiment,
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