la keraunopathologie, du grec Keraunos / foudre, est la spécialité biomédicale qui étudie la fulguration, le foudroiement et les lésions occasionnées par la foudre sur les êtres vivants, ainsi que les moyens de s'en protéger.
Helena a gardé les chaussures qu'elle portait le jour de sa fulguration, et elle n'est pas la seule à conserver les preuves de cet événement. Un article au titre qui lui fait lever les yeux au ciel - " Sa vie bascule en un éclair " - attire son attention. Sur la photographie qui l'accompagne, elle découvre Roy Sullivan, un garde forestier américain : il prend la pose, et entre ses mains, offre à l'objectif son chapeau brûlé.
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Un oubli, comme un vide. Une grande incompréhension. Une profonde solitude. Un moment long et suspendu. L’impression de flotter. Le goût de la poudre.
Et de cette survie qu’on pensait impossible naît une grande sidération.
La crise devrait rendre plus humains, plus modestes ceux qui ont échoué par arrogance, mépris, intérêt financier
La mémoire est une faculté qui oublie.
Je suis habitée par un cri. C'est mon animal intérieur. La nuit, parfois, j'ai besoin de le laisser s'échapper. Je crie, je crie, je crie. Quand je dors dans ma voiture, ça ne dérange personne; quand je suis à l'hôtel, je dois le contraindre, L'étouffer, cest comme s'étrangler, c'est mauvais pour le bien-être du corps et de mon esprit embrouillé.
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Et de cette survie qu'on pensait impossible naît une grande sidération.
J'entends un glapissement, je reconnais son timbre, Odradek arrive, il court vers moi en jappant, il me tourne autour, puis frotte son front contre mes mollets. Je perds l'équilibre, toute la puissance de son corps appuyé sur moi, alors il enroule ses bras atour de mes jambes. Je me penche en avant, m'accroche à la laine de son col roulé, il me retient, nous rions. je lâche son pull, je me redresse, il est toujours là à mes pieds, tendre, je caresse son dos, il enserre mes jambes plus fort.
Je grogne. Je chasse l'homme. Je chasse l'homme en moi.
Trois jours par semaine, je vais à la bibliothèque. Anonyme, bourru, inquiet, c'est le lecteur que je suis. J'étudie. Je prends des notes. J'étudie. Je recopie. J'en apprends davantage sur ma nature première. J'aime bien les nocturnes du mardi. Mons de monde, moins de bruit, moins de tout. Il est plus facile de se faufiler comme un animal entre les étagères et passer inaperçu.