C'est un livre bizarre. Au plus joli sens du terme. Un livre qui sonne comme Zazie dans le métro. Une voix enfantine qui invente une langue bien à elle, pour nous parler d'une enfance de travers et une vie d'adulte pas beaucoup plus droite. Aussi bizarre que de choisir de tailler la route avec Nicole, redevenue poussière, dans le coffre de sa voiture, de traverser l'Italie et de rejoindre les forêts de Slovénie.
Helena, sans accents, ne sait pas grand-chose. Juste que son nom, Cervak, avec des accents toniques, vient de Slovénie. Alors à la mort de Nicole, moitié féminine de sa famille d'accueil, elle abandonne tout, pour retrouver son enfance inconnue.
Dans ce road-trip foutraque on est plus porté par la langue que par la route. On se moque bien des paysages traversés, on rigole un peu des hôtels miteux. Mais c'est le voyage intérieur qui compte, celui dans la « tétère », caboche pleine de questions souvent soumise à celle du « péripate ». Helena ne va pas bien, disons qu'elle fait régulièrement des séjours pour se reposer, le dernier, c'était à cause des roues de la voiture sous lesquelles elle a glissé.
Derrière cette langue gouailleuse et inventive, l'angoisse de l'enfance. La perte des parents, le mystère qui plane autour de la filiation. La recherche de soi au coeur de tout. Helena est un personnage qui me plaît beaucoup. le fait qu'elle écoute fort Mourir sur scène de Dalida n'y est pas pour rien, je dois l'avouer. Il y a parfois quelques longueurs, c'est le risque quand on fait le choix audacieux d'une écriture comme celle-là, qui n'obéit pas aux codes. On se laisse porter par un flow. Rien d'incompréhensible, mais quelque chose qui ne demande pas qu'on se focalise sur chaque mot. Un peu comme un long poème narratif. Et puis parfois, être frappé par une phrase.
Je ne sais pas exactement s'il y a une part autobiographique, je crois bien que je m'en moque. Je ne garde que l'image du chien le plus lent de la terre, une ponette en peluche et une chambre à soi, enfin, au bout de la route. Et tout un tas de mots qui vont bien ensemble.
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Ce roman se déploie comme une exploration des liens familiaux, un road-trip déjanté à travers les méandres de l'identité. Porté par une plume déroutante et inventive, il nous entraîne dans une histoire à la fois étrange et exaltante. Son héroïne, un brin fantasque, nous guide à travers l'invention d'un langage singulier, nous plongeant dans un univers à la fois poétique et captivant. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce roman.
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Helena Cervak, sans accents sur les E, a vécu une enfance rude, allant de famille d'accueil en foyer. Orpheline très jeune, elle n'a aucun repère familial, aucun fondement éducatif par un parent. Elle décide, un jour, de prendre sa « titine » rouge chargée de l'urne funéraire de Nicolas pour traverser le pays, passer par l'Italie pour se rendre en Slovénie. Car voilà la seule chose qu'elle sait : elle vient de là-bas.
Son vide familial, son errance dans des foyers, lui ont provoqué des troubles dans sa « tétére » et elle nous embarque dans ses pérégrinations cérébrales. Même si elle a eu la « poisse dès l'allumage », que les cris nocturnes la réveille depuis quelques temps, elle a une agilité cérébrale qui lui permet de jouer avec les mots, d'engendrer des néologismes, elle nous régale avec ses phrases atypiques.
Helena Cervak c'est la petite fille devenue adulte qui a besoin de savoir où elle se sent bien, de se sentir à sa place pour se trouver. Elle aspire à comprendre mais sais que beaucoup d'inconnues demeureront toujours. Comment vivre avec ces carences qui ne remplissent pas le coeur ? Un livre qui m'a parlé, amusé et qui reflète surtout et encore une fois le besoin impérieux d'une enfance tout sauf nébuleuse.
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Un voyage très particulier en Slovénie qui m'a laissé un peu songeur. J'ai eu beaucoup de mal au début a bien m'imprégner de l'histoire. L'écriture n'est pas toujours aisée car elle bouscule nos habitudes.
Puis à petit on s'habitue à ce style particulier où certaines émotions peuvent nous parvenir.
Une recherche de soi qui pourra intéresser certains et laisser dubitatif d'autres.
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Un formidable voyage initiatique porté par une langue à l'inventivité jouissive.
Lire la critique sur le site : Culturebox
L’autrice s’oriente, dans son [...] roman “Une existence sans précédent”, vers le berceau balkanique de sa famille. Pour mieux parler, drôlement, de la colère et de l’enfance.
Lire la critique sur le site : Telerama
Je suis habitée par un cri. C'est mon animal intérieur. La nuit, parfois, j'ai besoin de le laisser s'échapper. Je crie, je crie, je crie. Quand je dors dans ma voiture, ça ne dérange personne; quand je suis à l'hôtel, je dois le contraindre, L'étouffer, cest comme s'étrangler, c'est mauvais pour le bien-être du corps et de mon esprit embrouillé.
p. 11
Par l'autrice & Kerwin Rolland
« Je veux naître sans aveu. »
Helena Cervak a grandi en France entre foyers et familles d'accueil avec, pour essentiel refuge, le langage qu'elle réinvente à sa guise comme une identité possible et habitable. Un jour, elle décide de rejoindre la Slovénie pour retrouver ses origines, « ses » Cervak. Bien sûr, elle craint de tomber sur un vide, un « vide d'histoire ». Elle a une urne dans sa voiture. Avec les cendres d'une certaine Nicole. Mais qui est Helena…? Une existence sans précédent est un road-trip au côté d'une digne descendante du Momo de Gary, son versant féminin et tout contemporain.
Je suis venue jusqu'ici, j'ai fait le voyage pour ça : être une fois petite fille, voir l'enfance depuis son sein. Je veux être celle qui n'a pas encore découvert les ténèbres du passé ni éprouvé les souffrances du futur, je veux accéder à la vie nue.
Claire Fercak, Une existence sans précédent.
À lire – Claire Fercak, Une existence sans précédent, Verticales, 2024.
Son : Adrien Vicherat
Lumière et vidéo : Bastien Serrand accueilli par Iris Feix
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
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