Citations de Claire Léost (31)
Il faut avoir parcouru le monde pour savoir qu’on est au bon endroit.
En 2012, l'écart de salaire à poste équivalent entre la rémunération d'une femme et celle d'un homme chez les cadres supérieurs est toujours de 30%, il n'y a toujours que 7% des femmes dans les comités de direction.
Et, depuis le départ d'Anne Lauvergeon du groupe Areva, aucune femme n'est PDG d'une entreprise du CAC 40.
A Sciences Po, leurs profs d'histoire leur avait raconté un monde binaire, la gauche et la droite, le libéralisme et le socialisme. Et qu'on accédait à la présidence de la République après une longue expérience d'élu de terrain, de parlementaire, de ministre et avec un grand parti derrière soi. Un long chemin de croix. Et là, d'un coup de balai, une bande de trentenaires prétendait que c'était fini et qu'un nouveau monde advenait. Le nouveau président était un OVNI. Les garçons en particulier étaient abasourdis. Ils avaient grandi avec Mitterrand et sa double vie, puis Chirac à la réputation d'ogre sexuel, puis Sarkozy tombeur d'une chanteuse top model du haut de ses talonnettes. Alors ce président marié à sa prof sexagénaire, qu'est-ce-que ça disait de la place de l'homme? Aujourd'hui le pouvoir semblait se conquérir sans programme, sans idées, sans libido. Etait-ce la politique 2.0? L'écroulement des valeurs viriles? Ils étaient perdus.
« Enfance mon amour, n’était - ce que cela ?
Qu’y avait - il alors qu’il n’y a plus ?
SAINT - JOHN PERSE .
——- « Fais attention aux gens du coin . Ils t’observent , ils parlent .
Elle serre sa main encore plus fort et lui sourit :
——- T’inquiète pas , Papa.
Il lui a toujours dit : les balivernes des gens du coin on s’en contrefiche , ————-garde la tête haute dans leur monde étroit, fais la girafe devant les chacals » …
Chez elle, paysan, c'était une vocation, une fierté qui nourrissait tout le village. A Paris, c'était un stigmate tatoué sur le front.
Tu sais, la plus grande détresse n'est pas le manque d'argent ou la précarité mais l'invisibilité et la solitude.
Louise se sentait observatrice de sa propre vie. Les autres vivaient dans le moment, dînaient avec des amis, faisaient l'amour, partaient en vacances. Ils n'étaient pas constamment nostalgiques d'un avant ou rêvassant d'un après au goût différent. Elle naviguait dans une brume légère, submergée à intervalles réguliers par des vagues de tristesse dont elle ne parvenait à identifier la cause.
« Le visage du jeune homme s’illumine, il ronronne comme un matou gavé de caresses.
Marguerite devine que ses parents doivent être avares en compliments , alors elle en rajoute, l’encourage à parler.
Yannick raconte la vie au village , les haines cuites et recuites héritées de l’Occupation, voire d’avant , la façon dont on s’évite jusque dans le choix de la crêperie , du coiffeur, de l’heure à laquelle on va à l’épicerie . »
À paris, elle n’était rien. Ou plutot moins que rien : une paysanne, une pedzouille, une péquenaude. Chez elle, paysan, c’était une vcation, une fierté qui nourrissait tout le village. A paris, c’était un stigmate tatoué sur le front.
Les "vraies filles", comme il dit, sont tristes, n'ont pas le sens de la fête. La différence entre elles et les trans, c'est que les trans travaillent pour nourrir leurs mamans, elles, pour nourrir leurs gosses.
Très bon roman qui retrace l'histoire d'un groupe d'amis qui se rencontre à Sciences Po, eux qui viennent tous de milieux sociaux différents et qui au départ tout oppose.
On se balade dans Paris et rue Saint-Guillaume très facilement grâce aux propos de l'auteure.
Très beau roman aussi sur ce que peut représenter une amitié au fil des années, et surtout la force d'un amour non vécu au delà des années.
A quoi ressemblerait le monde si personne n'essayait de le changer ?
Elle s'était souvent demandé pourquoi, dans la multitude de rencontres qui jalonnent une vie, si peu comptent vraiment. Pourquoi la plupart des gens défilent tels des arbres le long d'une route, quand tout à coup, par surprise, quelqu'un jaillit dans le paysage, que l'on reconnaît sur-le-champ.
Certains êtres possèdent une grâce, une force magnétique, qui immédiatement vous aimante.
Claire Léost : “Plutôt que de rejoindre un réseau de femmes, il faut investir les réseaux d’hommes et en faire les réseaux mixtes qu’ils devraient être”
A Sciences Po, elle avait vu à l'oeuvre le processus de reproduction sociale, le mépris des Parisiens maîtrisant les codes à l'endroit des Ploucs de Province - on ne disait pas encore "des régions", et encore moins des "territoires" - qui les découvraient. Leur façon de s'habiller, de parler aux profs avec connivence, d'élite à élite. La vanité des débats entre élèves qui défendaient des points de vue différents mais venaient du même endroit et parlaient de la même façon.
On était en 1995 et il flottait une ambiance de fin de siècle, avec des parfums venus de celui qui s'annonçait. Mitterrand vivait son crépuscule, le directeur achevait son mandat sous les huées, et une étrange technologie, Internet, était en train de remplacer les polycopiés, dans l'indifférence la plus totale des étudiants. Seule la politique comptait, Internet, c'était un truc d'informaticiens boutonneux, ça n'intéressait personne.
Il me dit aussi que ma spirale de haine et de vengeance est vouée à l’échec, que, contrairement à ce que j’ai appris au Betar, la Torah récuse la loi du Talion et encourage la réconciliation. Ne te venge pas et ne te garde pas rancune. Aime ton prochain comme toi-même. Il me dit aussi de façon énigmatique : « Tu as passé beaucoup de temps à te connaitre, maintenant, apprends à t’aimer. »
L'enfance dure une éternité, puis un jour, elle prend fin à l'occasion d'on ne sait quoi. Soudain, la vie s'éccélère, et on doit choisir son métier, ses amis, ses opinions, qui on va aimer pour la vie et quelles sont nos valeurs. Pourquoi n'existe-t-il pas une répétition générale de l'âge adulte, où on aurait le droit de se tromper, de tomber de cheval, de remonter, de prendre différents chemins, puis de tout effacer car ce n'était qu'un jeu ?