De nulle part les oiseaux surgissent

Laura est née Luis dans le village de Cayalti, sur la côte nord du Pérou. le pays est déchiré par la guerre civile qui oppose les forces armées péruviennes aux guérillas communistes du Sentier Lumineux et du mouvement révolutionnaire Tupac Amaru. Ils ont en commun une haine farouche des homosexuels et des trans, accusés de propager le VIH dans le pays.

Sa mère a tout essayé, la sorcière, la Santera, qui vend amulettes et remèdes ancestraux à base d'herbes, les chamanes qui promettent la guérison grâce à un cochon d'inde, son père l'a emmené jouer au foot, mais rien n'y fait. Efféminé, moqué par les élèves et rejeté par les profs, il sera obligé de partir.

Entrainé par une amie, il se retrouvera dans les bois de Boulogne, avec son nouveau prénom.

Son rêve était de se faire assez d'argent pour aider sa famille, retournée au pays, acheter une maison à sa mère, mais les illusions se perdent vite dans ce milieu et dans ce métier, la concurrence, les agressions sont légion.

Sa vie croisera celle d'Alexandre, un nanti du XVIe arrondissement, il réside dans un immeuble somptueux, datant des années trente. Ses amis et lui vont être horrifiés par l'installation d'un campement pour sans-abris, juste sous leurs fenêtres.

Deux mondes complètement opposés, Alexandre, découvrira l'autre facette de la vie, entre les bourgeois et ceux qui sont obligé de se vendre pour survivre mais aussi l'amitié et l'entraide.

Un récit réaliste, inspiré d'un fait réel.

J'ai découvert Claire Léost avec son roman précédent "Le passage de l'été" que j'avais beaucoup aimé mais je me suis dit que j'avais peut-être été influencée par mon attachement à la Bretagne qui se trouvait être le personnage le plus important de ce roman. D'ailleurs ce roman a obtenu le prix Breizh 2021.
J'ai voulu savoir si ce dernier roman de Claire Léost me plairait autant; en fait, il m'a emballée, embarquée dans cette histoire de deux mondes proches géographiquement mais aux antipodes socialement et qui se côtoient mais s'ignorent complètement.
En août 2022, une prostituée trans, péruvienne de 36 ans est retrouvée sauvagement assassinée dans le bois de Boulogne. Il s'agit de Laura Fuentes, né Luis Elias. Obligée de quitter le Pérou où des trans étaient régulièrement assassinés, elle finit par s'exiler à Paris où elle se prostitue dans le secret espoir d'acheter une maison à sa mère au Pérou.
Tout près d'elle, mais dans le XVIème huppé, vit Alexandre Vladi, avocat d'affaires, appartenant à la très haute bourgeoisie. Par un jeu de rencontres inattendues, Alexandre prend conscience de ce monde violent, précaire, pauvre, interlope, qu'il ignorait et va se retrouver lié au destin de Laura.
Ce roman s'inspire d'un fait réel : l'assassinat de Vanessa Campos, prostituée trans, dans le bois de Boulogne la nuit du 16 au 17 août 2018. On sent bien que Claire Léost a été touchée par ce drame; on sent l'empathie pour ces femmes exilées, qui se vendent pour survivre, victimes de violence, méprisées, mais qui s'entraident autant qu'elles le peuvent, dans une sorte de sororité du malheur.
Ce roman décrit la rencontre de deux mondes au travers du personnage d'Alexandre qui se retrouve propulsé dans la vie réelle, lorsqu'il découvre l'envers du décor du XVIème. C'est aussi la rencontre du monde du jour (les sportifs, les familles qui se promènent dans le bois de Boulogne...) avec celui de la nuit (les prostituées, les vols, les viols...). L'alternance des chapitres entre les beaux quartiers et le bois de Boulogne la nuit rend cette rencontre encore plus percutante.
Claire Léost change totalement de registre ce que j'apprécie particulièrement; elle nous livre une peinture sociale réaliste, sans misérabilisme et donne une dignité et une humanité à tous ces laissés-pour-compte dont la vie consiste à survivre jusqu'au lendemain.
Un bien beau roman qui fait réfléchir tout en offrant un superbe moment de lecture.
#Denullepartlesoiseauxsurgissent #NetGalleyFrance

Beaucoup de gens différents dans ce bois de Boulogne. Ceux qui y habitent, comme notre narrateur, avocat de grande famille juive. Ceux qui y travaillent, prostitués venant de tout bord et de la Planète. Ceux qui y magouillent et violentent. Enfin ceux qui y survivent dans un foyer d'accueil. Et tout ne se passe pas convenablement lorsque ce foyer est installé dans ce XVIe très conservateur. Notre autrice nous oblige à porter un regard sur tous ces gens d'ailleurs venus chercher un Eldorado qui n'est plus, et notamment ces prostitués dans une situation pas enviable.Il y a quelques belles réflexions notamment sur ces exilés : quand on quitte famille et amis dans un pays pauvre c'est rarement choisi, ici pour des raisons de sexualité LGBT par exemple, éviter la mort assurée (mais c'est 300 millions de gens sur la route d'ici cinquante ans, rien qu'en Europe, pour des raisons climatiques : qu'est-il prévu ? Rien. Forcément ça va coincé !). le rythme est bon. Beaucoup de sujets traités, pour une fin peut-être en deçà. Ceci étant, roman agréable à lire, qui questionne d'autant qu'il est tiré de faits réels.

Le Bois de Boulogne : peut-être l'endroit de Paris où se côtoient les deux mondes les plus radicalement différents.

Côté cour, il y a les nantis. Appartements hauts de plafond, moulures et parquets en point de Hongrie, voitures puissantes, montres coûteuses, femmes liftées et désoeuvrées, week-ends en Sologne ou à Deauville. Je caricature à peine.

Côté jardin, la misère et la précarité. Les sans-abris et les travailleuses du sexe (des deux sexes).

À l'heure à laquelle les premiers vont se coucher, les seconds se trouvent exposés aux dangers de la nuit.

En juin 2018, un centre d'hébergement pour sans-abris est installé sous les fenêtres de la famille Vladi, issue de la noblesse russe. Alexandre, avocat d'affaires et héritier de l'illustre famille, se trouve malgré lui pris entre deux feux : s'allier aux défenseurs de la tranquillité qui s'insurgent contre l'initiative de la Mairie de Paris, ou enlever ses oeillères, retrousser ses manches et se ranger du côté des démunis.

L'alternance de chapitres revient sur le passé de Laura, née Luis au Pérou et le présent de Vladi, perdu entre la femme qui l'aime, celle qu'il croit aimer et celle qu'il veut sauver.

Inspiré d'un fait réel (l'assassinat d'une prostituée trans dans le bois de Boulogne en août 2018), le récit oscille entre espoir et résignation, insécurité et solidarité, violence et altruisme, précarité et humanité, parcours fracturés et illusions perdues.

De nulle part les oiseaux surgissent est un roman résolument contemporain, qui par-delà la fiction pose de vraies questions sur la difficile cohabitation de plusieurs microcosmes et l'hypocrisie de ceux qui s'octroient une « passe » après le bureau, sans voir la misère sous les faux cils et les manteaux en fourrure synthétique.

Entre restaurants étoilés et hêtres longilignes, il y a dans le XVIème, deux mondes bien distincts qui se croisent à l'orée d'un bois. Ils n'interférent jamais l'un avec l'autre, se voient-ils seulement ?
Il y a ceux qui sont bien nés, dignes lignées qui se perpétuent, appartements classieux, portefeuilles garnis. Quand ce monde-là se couche, l'autre sort du bois et vient investir son emplacement, prostituées, trans venues pour la plupart d'Amérique Latine. Depuis Lima, quand on a moins que rien, Paris est un leurre. le bois de Boulogne une solution.
Deux mondes donc, aucune interférence et pourtant.
Un jour de 2018, un centre d'hébergement pour sans-abris voit le jour au sein même du quartier paisible que la famille Vladi, issue de la noblesse russe, gère, protège, conseille par tradition presque séculaire. Alexandre héritier de l'illustre famille, dernier garant de son petit monde se trouve malgré lui pris entre deux feux.
C'est une prise de conscience, d'autres vies insoupçonnées, des parcours fracturés, des heurts et bien des malheurs. C'est aussi son histoire familiale de juif ashkénaze qu'il revisite, celle de son oncle disparu et le choix de sa grand-mère, celui d'être heureuse malgré tout, comme un devoir plus qu'une nécessité.
Les toutes nouvelles responsabilités d'Alexandre vont le conduire au Bois de Boulogne, version nuit, il va rencontrer Laura, trans née au Pérou, ses copines, l'entraide et la précarité de leur vie. Comment faire coexister ces deux mondes ?
L'insécurité et la violences sournoises que la bande des égyptiens font régner conduiront au drame où Alexandre aura sa part à jouer. Il en ressortira une leçon d'humanité.
Ce sont aussi les jeux du pouvoir lorsque la politique prend le pas sur l'humanitaire et alors, à ce moment-là, on se rend compte que la famille que l'on avait perdue de vue s'avère un refuge.
Je vous invite à faire le grand écart dans le 16ème entre bourgeois nantis et laissés pour compte, pour voir le monde autrement.