J'eus envie de lui demander comment il avait su qu'il l'aimait, ce qu'il avait ressenti. Ma question le déconcerta et il resta pensif un moment.
- Parce que parfois, elle me faisait m'envoler, répondit-il.
Avant de connaître Karin, il ne me serait jamais venu à l'esprit que le mal prétend toujours faire le bien. Karin affectait toujours de faire le bien, et avait fait de même lorsqu'elle avait tué ou aidé des innocents. Le mal ne sait pas qu'il est le mal, tant que quelqu'un ne lui arrache pas le masque du bien. (p.144)
En sortant de là-bas [Mathausen], moi je voulais juste être normal, m'incorporer à l'humanité normale. Mais lui [Salva] m'avait dit que ce serait impossible, qu'il faudrait continuer à survivre. Et il avait raison, jamais plus je n'ai pu me doucher en fermant la porte à clé, jamais plus je n'ai pu supporter l'odeur de l'urine, pas même la mienne. A l'époque du camp, Salva avait vingt-trois ans et moi dix-huit, et j'étais physiquement plus fort que lui. Quand on nous a libérés, il pesait trente-huit kilos. Il était squelettique et pâle, mélancolique et très intelligent. (p.10)
Le mal ne sait pas qu'il est le mal, tant que quelqu'un ne lui arrache pas le masque du bien.
Que les monstres puissent eux aussi éprouver de l'amour était déconcertant, alors ils devaient eux aussi connaître la souffrance.
Je luttais pour un monde meilleur. Le monde progresse toujours grâce à un petit groupe d'hommes qui prend les rênes et guide les autres. Le peuple est incapable de savoir ce qu'il veut de lui-même.