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Citations de Clarence Pitz (83)


Quelques gouttes de pluie percutent les cheveux sombres et denses de Guntur qui imprègne dans sa mémoire chaque mot que lui souffle Made. L’eau tinte sur le bassin aux lotus, s’immisce dans la pierre poreuse du rebord et dilue le sang épais qui ruisselle le long de l’allée encadrée de bananiers. L’inspecteur appelle un technicien et lui somme de couvrir la scène de crime d’une bâche. Le pauvre homme se bat contre de puissantes et soudaines rafales qui finissent par arracher le plastique de ses mains humides.
— Faut remballer, Made, et vite ! Satanée mousson.
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Trois cadavres, aucune tête et des lieux typiquement touristiques. Et que signifie la position des mains ?
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Un sabre, une coupure nette… Ce doit être quelqu’un d’entraîné à l’arme blanche ou au maniement d’outils. Il ne doit pas être à son coup d’essai. Mais qui ? Un boucher ? Un militaire, un médecin ?
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— On se doute que les trois assassinats sont l’œuvre d’une même personne. Les corps sont laissés dans une position identique : assis jambes tendues, le dos appuyé contre un support, les bras repliés au niveau du coude et les paumes des mains tournées, l’une vers le ciel et l’autre vers le sol.
— Et surtout, ajoute Guntur qui rompt son mutisme, les victimes ont la tête coupée.
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Le dernier meurtre date d’il y a plus de six ans et c’était une affaire de famille. Des touristes américains…
Guntur se souvient de l’histoire. Un truc bien glauque, un cadavre suintant au fond d’une valise. Un crime aussi noir que ceux qu’il a dû traiter à Jakarta quand il bossait à la criminelle.
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Une odeur de terre humide se mêle à celle, métallique, du corps sanglant que l’inspecteur observe d’un air calme, presque dégagé.
— Le troisième en moins de six mois, entend-il derrière son dos.
Il se retourne vers Made, son collègue de la police balinaise. De ce petit homme se dégage une aura mystique, une sorte de sagesse qui vous transperce l’esprit et sonde votre conscience.
— Vous comprenez, c’est pour ça qu’on vous a fait venir. Nous, on n’est pas du tout habitués à ce genre de crime sur l’île.
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Si vous ne signez pas tout de suite, vous n’aurez pas de seconde chance. On ne rappelle jamais personne. Si vous hésitez, c’est que vous partirez après quelques heures. Les statistiques nous le prouvent.
— Vous ne faites pas passer un examen d’aptitudes ? Des tests psychotechniques ou de résistance au stress ?
— On le faisait avant, mais on s’est rendu compte que cela ne servait à rien. Les employés les plus prometteurs étaient souvent ceux qui craquaient le plus vite. Alors, décidée ?
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— Vous allez voir tout ce qu’il y a de plus cruel dans la nature humaine. Vous aurez sous les yeux cent fois pire que ce que vous êtes déjà en train d’imaginer. Si vous signez le contrat, vous commencerez dès aujourd’hui, mais vous serez libre de quitter le poste quand bon vous semblera. Chez BioSurf, nous préférons nous séparer de nos employés plutôt que de les forcer à rester. Nous avons fait cette erreur au début et certains en ont gardé des séquelles irréversibles. Mais, rassurez-vous, ça n’arrive plus. Vous bénéficierez directement de séances auprès d’un psychothérapeute. C’est obligatoire et non négociable.
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— Sur papier, c’est le paradis. Mais où est le souci ? Ne me dites pas que pour un montant pareil je dois encoder des données ou servir le café ?
— Non. Vous serez payée pour regarder des images. Ce sera à vous de faire le tri entre ce qui doit être censuré ou non. Ça paraît simple comme ça, mais, croyez-moi, ça ne l’est pas. D’où le salaire et la rotation du personnel.
— Et ces images, elles montrent quoi ?
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Anja se demande dans quel traquenard elle est tombée. L’annonce proposait un emploi sérieux, bien payé, sans compétences préalables, mais pour lequel il fallait faire preuve d’une très grande résistance au stress. Elle serait dans un bar qu’elle aurait déjà compris de quoi il retournait. Mais une startup qui veut faire dans le réseau social écolo…
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— Je me fous, en fait, de qui vous êtes, de ce que vous aimeriez devenir et de vos problèmes de ponctualité. Je n’ai pas besoin que vous m’enrobiez votre curriculum pourri dans un emballage doré. De toute façon, dans moins de quatre mois, vous ne serez plus là. Les autres n’ont pas tenu plus longtemps. La moyenne est de deux semaines.
— Vous me vendez du rêve.
— Je vous vends un job à cinq mille euros bruts par mois, cinq jours par semaine, huit heures par jour, vous vous organisez comme bon vous semble.
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Tu fais semblant que c’est le job de tes rêves ou c’est la rue.
L’homme chétif assis devant elle a le teint mat et les traits fins. Son type indien ne l’étonne pas. L’Inde est devenue championne mondiale de la sous-traitance et des services informatiques. Et puis, Indra Cawu, ça ne peut être qu’un nom de là-bas.
— Pouvez-vous me parler de vous ?
La question qu’elle redoutait. Elle déteste raconter sa vie. Une vraie torture.
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Son esprit tourmenté se vide pour rejoindre le néant. Les images s’échappent, les couleurs s’assombrissent, les sons s’assourdissent. Elle ne ressent plus rien. Ni angoisse ni tristesse.
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Son cœur s’emballe, le sang lui monte à la tête et la lourdeur de sa salive se transforme en une nausée qui lui serre la gorge et lui brûle l’œsophage.
Elle se tourne sur son côté gauche, les lèvres entrouvertes, un filet de bave s’écrasant sur un coussin de flanelle sale. Le joint la nargue de ses formes irrégulières, de son odeur enivrante et de ses promesses palliatives. L’atteindre lui paraît insurmontable, mais s’en passer serait intolérable.
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Elle pousse un juron, tend le bras au maximum, trop lasse pour se lever, dépose le cône sur sa table de nuit entre une bouteille de whisky et un cendrier plein
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Sur le quai, à quelques mètres à peine, des dockers attendent le débarquement du ferry. Deux flics aussi.
Quelques minutes plus tard, l’un d’eux fouillera les cales, inspectera quelques containers et vérifiera une série de documents avant d’y apposer un tampon.
L’autre, pendant ce temps, se verra remettre une enveloppe.
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Il se penche pour ramasser une planche carrée puis prend soin de bien refermer la boîte, plongeant les deux captifs dans l’obscurité complète.
Comme il entend encore des pleurnichements, il donne un violent coup de pied dans le bois et ordonne :
— À partir de maintenant, tu la boucles et tu te débrouilles pour que le mioche fasse de même. Si on vous repère, vous êtes morts.
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Une marche de métal rouillé grince sous la lourdeur de son pas. Les murs de la pièce sombre et humide suintent des relents de corrosion et d’eau salée. Le bruit des machines lui percute les tympans et couvre les cris du bébé qui proviennent du fond de la cale. Les pleurs, puissants, s’étouffent sous l’épaisseur des parois d’une caisse en bois, mais ne faiblissent pas malgré le bercement des flots et les gestes apaisants d’un père aussi bienveillant que désemparé.
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Il sent le navire ralentir et comprend qu’ils débarqueront dans quelques minutes. Il ordonne au père de replier ses jambes et de rester à l’étroit dans la caisse. Le malheureux refuse, implore, hoquette de peur. Alors, l’homme se place face à lui, lui qui n’est plus que l’ombre de lui-même, lui que toute dignité a quitté. Le maton tape du pied sur le sol si fort que toute la carcasse d’acier tremble et résonne tel un concert de gongs chinois. Effrayé, le captif serre un ballot de linges jaunâtres contre lui, un amas de tissus aux humeurs surettes d’où émanent des pleurs lancinants. Il se terre au fond de sa geôle de pin, se tapit en son antre exigu et crasseux, se cogne à ses parois constellées de traces de vomi et de matières fécales et renverse un bol de bouillie de riz d’un geste maladroit. Sa peau, trop tendue sur ses os saillants, se tuméfie lorsqu’elle se frotte à la surface rugueuse de l’abri de fortune, à la fois enfer et refuge.
L’homme est satisfait, sa marchandise lui a obéi.
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L’odeur de rouille se mêle à celle de la crasse, miasmes de transpiration, urine et vomissures. L’homme s’approche de son étrange marchandise, en aperçoit d’abord les pieds dont un est solidement attaché à une chaîne. Des mollets d’une maigreur affligeante apparaissent lorsque le prisonnier tend les jambes, les laissant dépasser du cageot dans lequel il s’est bâti un nid peu douillet et sinistre.
L’homme est rassuré. Les deux sont toujours vivants. Il sera payé.
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