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Critiques de Claude Lanzmann (66)
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Le lièvre de Patagonie

Voilà un livre qui traînait dans ma PAL depuis 11 ans et c'est grâce à une lecture commune avec Myriam et Stéphanie pour le sympathique groupe FB "À l'assaut des pavés" que je me suis enfin décidée à le lire.



Dans LE LIÈVRE DE PATAGONIE, Claude Lanzmann nous livre ses mémoires mais ça se lit comme un roman. Il faut dire qu'il est né en 1925 dans une famille juive non pratiquante, a eu une vie passionnante et a été le témoin direct des plus grands événements du 20ème siècle :



☆ Pendant la seconde guerre mondiale, il participe à la lutte clandestine et à des embuscades dans le maquis auvergnat alors qu'il était en hypokhâgne dans un lycée de Clermont-Ferrand.



☆ Après la libération, il part à Paris retrouver sa mère et continuer ses études. Parmi ses amis, on compte entre autres Michel Tournier et Jean Cau, mais surtout, il va y rencontrer Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir (dont il partagera la vie pendant plusieurs années).



☆ Il a écrit dans Les Temps Modernes (et en a été, plus tard, le directeur), France Dimanche, Elle, France Soir, Le Monde.



☆ Il fait partie des rares européens à s'être rendu en Corée du Nord, en plus à deux reprises.



☆ Il a été un "insoumis" de la première heure en signant le manifeste des 121 afin de contester la guerre d'Algérie et ce qui s'y passait.



☆ Mais Claude Lanzmann est aussi réalisateur de documentaires, et surtout du bouleversant SHOAH, un OCNI (Objet Cinématographique Non Identifié) de plus de 9 heures où il a réussi à faire témoigner d'anciens nazis et des rescapés des camps de la mort.



Mais...



Ce n'est pas parce que Claude Lanzmann a eu une vie exaltante qu'il faut en oublier tout esprit critique !



Tout d'abord parce que la mémoire étant ce qu'elle est, il y a certainement des inexactitudes (ce que Claude Lanzmann reconnaît d'ailleurs à plusieurs reprises en avouant que lui et Simone de Beauvoir ne se souviennaient pas de certaines choses de la même façon). Ensuite, qui n'a jamais pris des accommodements avec sa conscience en essayant de se donner un meilleur rôle que ce qu'il en était vraiment ?

Et il ne faut pas oublier que plusieurs controverses ont émaillées la vie de Claude Lanzmann, notamment des accusations d'agressions sexuelles... d'ailleurs à la lecture de certaines phrases, je trouve qu'il a une vision très sexiste des femmes et quelques réflexions m'ont fortement déplues.



Cependant, je pense qu'il faut séparer l'oeuvre de l'homme et remettre les éléments dans leur contexte. Claude Lanzmann est un homme du 20ème siècle et on ne peut pas le juger avec notre vision du monde actuel.



LE LIÈVRE DE PATAGONIE est un livre essentiel dans l'histoire française du 20ème siècle et il mérite sa place dans toute bonne bibliothèque.





LE LIÈVRE DE PATAGONIE

de Claude Lanzmann



Éditions Gallimard (GF) / Folio (poche)
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Le lièvre de Patagonie

Il m'a fallu longtemps avant de me décider à entrer dans ce livre de mémoires - terme que réfute partiellement à raison l'auteur - de 757 pages. D'abord parce que Claude Lanzmann était pour moi le père de - SHOAH - et qu'être celui qui avait conçu, réalisé, porté un tel monument ne pouvait que me "décevoir" en se racontant...

Parce que du point de vue de l'écriture j'associais le nom de Lanzmann à son frère Jacques, le "marcheur" qui avait contribué à quelques-unes des très bonnes émissions dont pouvait s'enorgueillir la télévision française des années 60/70/80, le formidable parolier ( grand prix de la SACEM comme auteur d'environ 90 textes utilisés sur plus de 400 écrits ) des chansons essentiellement de Jacques Dutronc, parmi lesquelles - Et moi, et moi, et moi -, - Les playboys -, - J'aime les files -, - Les cactus - ( ô combien culte ! ), et puis ma préférée avec - L'opportuniste -, le standard des standards - Paris s'éveille -, chansons dont la gageure pour Lanzmann était de "faire pire" que ce que faisaient Mireille Mathieu et Dalida ( dixit l'auteur ), rédacteur en chef, directeur de la rédaction et PDG du magazine - LUI -, romancier de plus de 50 ouvrages à succès.

Claude avait donc à mes yeux un statut iconique quand son frère avait celui d'un illustre mortel de talent.

Ce n'est qu'après avoir lu - le bureau d'éclaircissement des destins -, le formidable roman de Gaëlle Nohant, que j'ai ressenti la nécessité de réécouter des interviews de Claude Lanzmann, et ce faisant, éprouver l'irrésistible besoin de prendre sur l'étagère de ma bibliothèque où il patientait - le lièvre de Patagonie -



Difficile de sortir de la banalité de mes billets, de mes "habituelles" recensions de lectures à partir d'une telle oeuvre ; oeuvre dictée à son amie, la philosophe Juliette Simon ou à sa secrétaire, Sarah Streliski sur plusieurs années.

Il est à noter que c'est après qu'on lui eut offert un ordinateur et qu'il eût appris à s'en servir que CL décida de parler, je dis bien parler de sa vie. "Lorsque je dictais à Juliette assise auprès de moi, tous deux devant un large écran, je trouvais miraculeuse l'objectivation immédiate de ma pensée, parfaite au mot près, sans ratures ni brouillon. Finis les problèmes que m'a toujours posés ma propre écriture, changeante à mes yeux selon l'humeur, la nervosité ou la fatigue, quoi que m'en aient dit ceux qui la jugeaient belle. Il m'arrivait souvent d'être écoeuré par ma graphie, que je trouvais, pour reprendre un mot de Sartre à propos de la sienne "gluante de tous mes sucs".

Difficile parce que s'il s'agit d'une autobiographie, c'est avant tout un livre d'aventures - Claude Lanzmann aimait passionnément la vie - "Je ne suis ni blasé ni fatigué du monde, cent vies, je le sais, ne me lasseraient pas." Et dans ces 757 pages, un homme raconte non pas sa vie mais ses vies, et Dieu sait qu'elles furent au moins au nombre de cent !



Cet hymne à la vie s'ouvre sur un cauchemar récurrent de l'auteur, cauchemar qui a trait à la guillotine...

"La guillotine - plus généralement la peine capitale et les différents modes d'administration de la mort - aura été la grande affaire de ma vie." Et lorsqu'on pense à - SHOAH -, mais pas que... on comprend ces cauchemars "prémonitoires".

Ce "fou de la vie" qu'était CL, il l'exprime d'entrée à travers le titre et son animal totem, le lièvre, le lièvre qui parvenait à s'enfuir des camps de concentration, le lièvre qui réussit à échapper aux roues meurtriètres du bolide de Lanzmann sur une route de Patagonie, ce lièvre qui, enfin, ne sera jamais rattrapé par la tortue. Et ce lièvre il le célèbre grâce à un texte pré-avant-propos - La liebre dorada, "Le lièvre doré" – de Silvina Ocampo dans lequel ..." Un jour il s'arrêta comme à l'accoutumée, à l'heure où le soleil donnant à pic empêche les arbres de faire de l'ombre, et il entendit aboyer non pas un chien, mais beaucoup de chiens, dans une course folle à travers la campagne. D'un bond le lièvre traversa le chemin et se mit à courir. Les chiens le prirent en chasse dans la plus grande confusion. "Où allons-nous?" criait le lièvre d'une voix tremblante, vive comme l'éclair. " À la fin de ta vie", criaient les chiens d'une voix de chien."

C'est on ne peut plus éloquent !



Claude Lanzmann naît en 1925 dans le 12ème arrondissement de Paris dans une famille aux origines juives, mais "grandit sans l'ombre de l'ombre de quelque éducation juive que ce soit, ni religieuse, ni culturelle." Son père Armand Lanzmann épousera Pauline, dite Paulette, Grobermann. de leur union naîtront Claude, Jacques et Évelyne ( dite Évelyne Rey, comédienne célèbre... que je voyais à la télé dans les années 60 en ignorant tout de sa parenté avec ses deux frères dont les trompettes avaient pourtant déjà claironné la renommée...)

Ses parents divorcent en 1934.

Les enfants vont vivre avec leur père à Brioude en Haute-Loire, avant de retourner à Paris où ils retrouveront Paulette qui vit avec Monny de Boully, un poète franco-serbe.

Claude Lanzmann va nous conter l'histoire très riche, très aventureuse, romanesque et quasi cinématographique de ses grands-parents paternels et maternels, son enfance chaotique, ses études de philosophie, sa participation militante et combattante à la Résistance, son entrée dans le journalisme, sa collaboration à des journaux comme France Dimanche, France-Soir, Elle, le Monde et surtout Les Temps Modernes.

Son amitié avec Jean Cau, son exil berlinois en 1947 au cours duquel il occupe un poste de lecteur à l'université libre de Berlin, sa rencontre avec Sartre et ses sept années de vie commune avec " le Castor", plus connue sous le nom de Simone de Beauvoir, ses voyages en Israël, pays auquel il va "viscéralement s'attacher", et bien entendu les douze années consacrées aux neuf heures et demie de projection que contera - SHOAH -, neuf heures et demie sur plus de trois cents heures d'interviews et de pellicule... ( c'est passionnant !)

Comme je l'ai dit précédemment, il est impossible de faire un billet sur les cent vies de Claude Lanzmann. Toutes les pages consacrées à sa soeur fourmillent de tant d'infos, tant d'anecdotes, tant de noms, de dates, d'évènements personnels - sa liaison avec Sartre entre autres -, mondains, historiques - je pense à la guerre d'Algérie -, son suicide après un brillant documentaire réalisé en Tunisie... que ça rend l'intention dissuasive... Et que dire de ses sept années de cohabitation amoureuse avec Simone de Beauvoir...sinon qu'il faut lire le livre pour m'éviter le piège d'un résumé qui tomberait dans un développement aussi long et rébarbatif qu'idiot.



J'ai dit hymne à la vie à travers les cent vies de Claude Lanzmann. Il me faut rajouter ou du moins insister sur le fait qu'on a autant affaire à une autobiographie qu'à un livre d'aventures.

Que l'écriture dictée est d'une très grande qualité syntaxique, lexicale, que la pensée est riche, profonde et dense.

Que l'érudition colle au récit mais sans matuvuisme.

Pour être honnête, je ne peux pas ne pas faire mention de deux éléments dérangeants dont Claude Lanzmann s'est délesté en les ignorant : je veux parler des scandales sexuels au coeur desquels se sont retrouvés Simone de Beauvoir ainsi que l'auteur.

Je n'en dirai pas plus. Pour ce qui est du "Castor", ils sont aujourd'hui connus et documentés. Pour Claude Lanzmann, ils sont un peu plus "opaques".



Cela étant, - le lièvre de Patagonie – est un livre remarquable que je ne peux que recommander. Un homme qui a compté dans cette seconde moitié que fut le XXème siècle le raconte. On y croise L Histoire, la littérature, la politique, l'élite, la famille, le quotidien... c'est totalement subjugant.



"J'aime les lièvres, je les respecte, ce sont des animaux nobles... S'il y a une vérité de la métempsychose et si on me donnait le choix, c'est, sans hésitation aucune, en lièvre que je voudrais revivre."



PS : j'avais pris une foultitude de notes, répertorié des citations, sélectionné des passages... chemin faisant, j'ai renoncé à faire de ce résumé un exposé.

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Le lièvre de Patagonie

J'ai beaucoup aimé cette rencontre avec Claude Lanzmann. Ponctué de réflexions aussi pertinentes que passionnantes son livre est servi par une écriture irréprochable -quelquefois un peu lassante tellement elle se veut sobre- qui vous entraîne dans le sillage de toute une vie. Si j'ai eu du mal à passer les soixante premières pages, j'ai été prise ensuite par le rythme du récit, qui nous promène à toute allure entre relations, liaisons, amitiés, amours, guerres, voyages, interviews, témoignages et création. Excusez du peu !

Lanzmann nous offre une vision passionnante sur le XXème siècle, dans un regard qui essaie de comprendre sans juger. Extrêmement vivant, son récit nous emporte comme dans un film, et nous fait devenir à notre tour à la fois spectateur et témoin. Nous côtoyons de grands personnages qui nous deviennent si proches que nous avons l'impression de les avoir connus, et en même temps nous les découvrons sous des aspects qui ne correspondent pas forcément à leur réputation.

Et en même temps Lanzmann relie ce passé à notre XXIème siècle, utilisant sa longévité dans un mouvement d'aller et retour qui donne un peu le vertige aux "jeunes" que nous sommes...

A quand une deuxième vie ? Plus qu'en lièvre, j'aimerai me réincarner en chat...





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Shoah

Combien d'étoiles? Impossible

Ne pas parler de ce livre? Impossible

En parler comme d'un livre parmi d'autres? Impossible

Un livre à considérer comme l'exception, celui qui limite l'expérience humaine. Celui qui a recueilli sous forme écrite, un fragment de l'impossible à dire.

Le lire et se taire? Impossible

Le lire, et espèrer convaincre qu'il faut le lire.
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Le lièvre de Patagonie

"Un lièvre en son gîte songeait"....

Aujourd'hui, chers petits amis, notre leçon de choses parlera de cet animal si répandu mais souvent discret: le lièvre.

Le lièvre, du genre Lepus, famille des léporidés, s'est rendu tristement célèbre dans la fable "Le Lièvre et la Tortue", qui le présente comme très sûr de lui, limite prétentieux, croyant ridiculiser une pauvre petite tortue qui le défie à la course.

Depuis cette mésaventure, le lièvre fait profil bas, il se cache tellement elle lui a mis la honte, et Adidas lui a retiré son sponsoring.

Le lièvre ne creuse pas de terrier, il se contente d'un gîte, où il se tapit, solitaire, aux aguets, prêt à fuir à la moindre menace.



Le mâle reproducteur porte un nom étrange: le bouquin. En effet, quand on dit que le lièvre bouquine, cela ne signifie point qu'il relit toute la Comédie Humaine, ou Guerre et Paix, ou Les Rois Maudits, mais qu'il cavale après la gent femelle. Bref, pour le dire sans détours, il s'accouple.

J'en profite pour vous dire que la femelle du lièvre se nomme......qui a dit "la levrette"? Philibert, sortez du cours.

La femelle se nomme la hase. Elle milite chez les Femen, a lu tout Simone de Beauvoir et Marcela Iacub. La hase profite des assiduités du bouquin pour s'accoupler avec plusieurs mâles, qui sont, on s'en doute, de chauds lapins.

Ces moeurs scandaleuses et immorales donnent lieu à des scènes pittoresques de courses poursuite dans la campagne, aboutissant à de nombreuses portées de lapereaux, qui feront d'excellents civets.

Mais revenons à notre Lièvre, héros d'une autre fable:



"Dans un profond ennui ce Lièvre se plongeait :

Cet animal est triste, et la crainte le ronge.

"Les gens de naturel peureux

Sont, disait-il, bien malheureux.

Ils ne sauraient manger morceau qui leur profite ;

Jamais un plaisir pur ; toujours assauts divers.

Voilà comme je vis : cette crainte maudite

M'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts".



Car voilà le drame de Lièvre: c'est un froussard, il n'a jamais de repos, il détale au moindre danger, il vit dans l'angoisse et la crainte. Pour apaiser cette anxiété, il bat des records de course à pattes, aligne les sprints et les marathons, court comme un dératé. Au point que parfois son esprit divague, et qu'il s'imagine être un ours! Un ours, animal invincible et courageux, doté d'une force qui dissuade tous les prédateurs. Mais Couard le Lièvre ne sera jamais un ours, il ne fait peur qu'aux grenouilles de la fable, ou se tire d'affaire par la ruse.



Si vous tenez vraiment à lire une bonne critique sur le bouquin de Lanzmann, n'hésitez pas, 17 autres lecteurs l'ont fait avant moi, et de plus j'ai complètement oublié ce que fait le lièvre de Patagonie dans cette galère. Je vous souhaite la bonne soirée.
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Le lièvre de Patagonie

Il y a des livres qui vous emporte dès les premières lignes, et bien pour moi les mémoires de Lanzmann font partis de ceux-là. Cet homme dont le nom est systématiquement lié au livre et au film "Shoah" a vécu mille autres aventures douloureuses, fantastiques professionnelles ou intimes. Sa rencontre essentielle avec Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre , la création des "Temps modernes", son histoire d'amour avec une nord-coréenne, son adolescence dans la résistance , toute la vie de Lanzmann est incroyable. Beauvoir dite le castor est présentée sous un jour peu connu, les facheries avec Sartre montre que ses idéaux passent avant l'amitié, les pages sur sa soeur suicidée son magnifiques de pudeur et un magnifique témoignage d'amour fraternel. Certe, on est parfois irité par la suffisance du personnage mais ce lièvre de Patagonie mérite largement l'entousiasme. Car Lanzmann est avant tout un passionné de la vie et chaque page en est l'exemple. Un très grand bouquin.
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Le lièvre de Patagonie

Serais-je en sympathie particulière avec Claude Lanzmann ? non, bien évidemment non, je ne l'ai jamais rencontré et ne le croiserai jamais. Mais en empathie, alors ? alors là, je dis oui ! En empathie totale avec cet homme, je dirai même cet "honnête homme", au sens que l'on donnait jadis à cette expression !

Cet homme qui a traversé la presque totalité du vingtième siècle et en a vécu, dès l'adolescence les principales convulsions, en participant dès l'âge de dix-sept ans à la lutte clandestine contre l'occupant allemand.

Il s'agit ici d'une autobiographie ! et dans une autobiographie, on parle de soi, évidemment, de soi et des siens au sein d'un monde en mouvement ! C'est le projet qu'a dû se donner l'auteur, ce me semble, ce qui est parfaitement logique !

Et cela n'a rien à voir avec une hagiographie, n'en déplaise aux grincheux (ou jaloux) qui ne veulent y voir que le monde selon Claude Lanzmann, "à la gloire de Claude Lanzman, célébrant le génie universel de Claude Lanzman" (là, je cite directement un babeliote dont j'ai trouvé la "critique" particulièrement malvenue et vénimeuse). Et il y en a d'autres ! ce qui m'a laissée vraiment perplexe.

Chacun d'entre nous a sa propre perception du monde et ce monde, notre monde, chacun le comprend à l'aune des expériences qu'il est amené à vivre.

Il s'avère que Claude Lanzmann a eu la chance infinie de vivre dix vies, cent vies, mille vies, en fait non, seulement le nombre de vies que l'on se donne "en vrai" ou dans sa tête ! seulement le nombre de projets que l'on se sent capable d'assumer et que le destin nous aide à mettre en oeuvre ! En véritable témoin de son temps, il a eu la chance de par son travail et ses relations de se trouver bien souvent au plus près des événements qui ont secoué la seconde moitié du vingtième siècle.



Cet homme qui parle avec ardeur, avec bonheur et dans un style éblouissant de ceux qu'il a connus et aimés, qui nous fait partager ses émotions, son vécu, ses expériences en mettant dans son propos enthousiasme ou retenue, colère et joie, enfin toutes les émotions qui envahissent l'être humain au cours de sa vie, cet homme enfin, c'est notre contemporain. Il nous fait partager une vraie bonne (ou mauvaise) tranche de vie, grâce au temps qu'il a passé sur terre et aux opportunités qui se sont présentées à lui. Il nous ramène au présent tous les grands événements écoulés depuis plus de soixante ans et il nous les rend tout neufs, comme si nous les vivions là, maintenant ! Grâce lui soit rendue de ce talent !



En outre, il consacre plus de cent pages de son autobiographie à nous faire partager l'expérience de la réalisation de "Shoah" son grand oeuvre, à laquelle il a consacré douze ans de sa vie. Grâce à son obstination, à sa pugnacité, il a pu offrir à l'humanité ce film nécessaire, en sachant faire parler les ultimes témoins de cette abomination. En sachant d'abord les retrouver, puis les apprivoiser et les convaincre d'extirper de leur mémoire les monstruosités qu'ils avaient vécues ! ou alors en les trompant, lorsqu'il s'agissait d'anciens nazis, pour qu'ils acceptent de se remémorer leur participation active à "la solution finale".

Il en découle plus de neuf heures d'un film bouleversant, qu'il "faut" avoir vu.



A lire et relire comme un témoignage nécessaire et incontournable du vingtième siècle !

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Shoah

Claude Lanzmann à réalisé un "documentaire de référence" sur la Shoah.

Ce livre en reprend les témoignages (habitants polonais voisins des camps, conducteurs de locomotives, rescapés des camps mais aussi le témoignage d'un bourreau en poste à Treblinka ).

Il s'agit d'un livre à lire, surtout pour ceux que la longueur du documentaire rebuterai ( approximativement huit heures).

Mais pour moi, il manquera toujours les visages...les lieux...l'ambiance particulière du document vidéo.
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Le lièvre de Patagonie

L’auteur nous entraine dans une hallucinante autobiographie retraçant son parcours sur 50 années d’histoire politique et culturelle du 20ème siècle à travers le périple vertigineux de cette vie de journaliste indépendant (au moins dans l’esprit), qui a côtoyé les acteurs les plus éminents des événements majeurs de cette période (Sartre, Simone de Beauvoir, sa compagne de plusieurs années, mais aussi les hommes politiques les plus influents au Moyen Orient et au Maghreb sur la dernière partie du vingtième siècle, avant de se consacrer à ce qui est l’oeuvre de sa vie : le film Shoah. Presque un quart du livre est consacré à ce travail.



Si l’analyse minutieuse de certains faits peut perdre le lecteur non initié, celui-ci pourra toujours s’y retrouver tant est grande la variété des épisodes relatés. Pourtant cela avait mal commencé dès le début du livre puisque le premier chapitre est consacré à l’analyse détaillée des différents moyens mis en oeuvre pour l’exécution des peines capitales, d’un point de vue géographique et historique. Le deuxième chapitre ne rachète pas le premier : je n’ai pas suffisamment de connaissance ni de gout pour l’aviation pour l’apprécier .

Je ne voulais pas abandonner avant d’avoir poursuivi un peu, et finalement je me suis attachée à ce récit, dense, servi par une plume racée et érudite, connaissant à fond son sujet. Son destin est à peine croyable : tant d’événements et de rencontres accumulés dans une vie ne seraient pas crédibles dans un roman



Le destin de cet homme est tout simplement extra-ordinaire, comme guidé par une nécessité transcendante.

On peut cependant être gêné par l’auto-dithyrambisme est présent à chaque page, et il aurait été intéressant de connaître la version des protagonistes.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Shoah

Je n'ai pas "lu" Shoah, mais je l'ai "vu" trois fois au moins, peut-être quatre. La force de ce film, c'est de raconter l'indicible avec une totale économie de moyens, une complète absence de pathos, une rigueur de professionnel du reportage.

Il ne montre rien d'autre que l'état actuel des lieux où se sont déroulées les horreurs que les camps d'extermination ont engendrées.



La force de Shoah ? Pas d'images choquantes, non, mais le bruit des roues du train sur les rails et le sifflement de la locomotive, puis le son de plus en plus assourdi de la machine qui ralentit et s'arrête devant le panneau "Treblinka" là où tout finit !



La force de Lanzmann, c'est de permettre aux derniers survivants de transmettre leur témoignage.



la force de Shoah ? c'est l'émotion de Filip Müller, qui raconte au bord des larmes comment il était chargé de récupérer les corps de la chambre à gaz et de les larguer dans les crématoires d'Auschwitz



et celle d'Abraham Bomba, qui à Treblinka devait tailler les chevelures des malheureux avant de pénétrer dans la chambre à gaz.



La force de Lanzmann, c'est aussi de donner la parole à ces paysans polonais, souvent indifférents, qui voyaient passer les convois en faisant ce geste, le doigt passant devant le cou, compréhensible par tous.

C'est aussi, d'avoir réussi à dérober les souvenirs de ce nazi, ayant sévi à Treblinka et qui raconte, avec une complète absence d'émotion le déroulement des opérations de mort !



Il y a aussi les témoignages implacables de ceux, qui pendant que ces horreurs se produisaient, ont tenté, en vain, d'avertir les hautes instances internationales.

Roosevelt, Churchill, de Gaulle, ils ont tous été au courant. Mais les camps n'étaient pas un objectif prioritaire ! et en outre, ils n'ont pas été immédiatement convaincus de la réalité de ces abominations.

Le film dure plus de neuf heures, mais il faut le voir.

On peut le regarder en plusieurs fois ! car neuf heures d'affilée c'est trop demander à notre capacité d'acceptation de ces paroles implacables ou déchirantes.

Et ces paroles, il faut s'en souvenir .... et pour cela, il faut lire et relire le livre, qui n'est rien d'autre que la relation exacte du film.

Une oeuvre insoutenable, une oeuvre incontournable.



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Le lièvre de Patagonie

Un désir d'impartialité m'a fait coter un peu mieux ce livre. Cette critique demeurera pourtant entièrement subjective. Il y a, dans la personnalité de Claude Lanzmann, quelque chose qui pour moi ne passe pas. Ce livre , qui pourrait s'appeler le monde selon Claude Lanzmann, ne passe pas non plus.
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Shoah

Une démonstration implacable, des témoignages accablants, des bourreaux sans remords, des témoins sans regrets, des victimes anéantis.

Pour contrer le négationisme Shoah est plus qu'un témoignage du passé : Une Preuve.
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Le lièvre de Patagonie

Un livre de Claude Lanzman,à la gloire de Claude Lanzman,célébrant le

génie universel de Claude Lanzman...C'est forcément indécent,le plus

souvent ridicule et toujours insupportable!
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Le lièvre de Patagonie

Copieux dans tous les sens du terme, car volumineux et chargé de détails, et écrit dans une langue travaillée, dense et faite de longues phrases, ce livre est le témoignage personnel d’une vie riche de son vécu, de ses rencontres et de son héritage.



Claude Lanzmann prend le parti de la thématique plutôt que de la chronologie. Cela surprend, et peut dérouter au départ, mais, la richesse de ce vécu prendra vite le pas, sur la façon de l’organiser.



Claude Lanzmann aura été un homme d’engagement et de combat. Le premier fût la résistance durant la seconde guerre mondiale dès ses premières années de lycée.



Jeune adulte, il est témoin de son temps, des grands bouleversements du monde d’après-guerre. Ainsi, il s’engage farouchement en faveur de la décolonisation. C’est d’ailleurs à cette époque qu’il rencontre Sartre et Simone de Beauvoir. C’est le temps de l’engagement sur le front des idées, et de la politique. Longue sera sa collaboration à la revue ″Les temps modernes″ dont il reprendra d’ailleurs la direction après la mort de Simone de Beauvoir.



Le combat qui sans doute lui aura le plus tenu à cœur, est celui pour Israël, la cause juive dont l’aboutissement ultime sera son film Shoah qui aura occupé dix années de sa vie.



Cette biographie est passionnante d’un bout à l’autre, même si certains aspects de la vie de l’auteur m’ont un peu moins parlé (sa période chinoise et nord-coréenne), même si la personnalité de Claude Lanzmann peut irriter par bien des aspects (sa misogynie, une certaine forme d’autosatisfaction), même si souvent j’ai eu l’impression d’une trop grande partialité (dans sa relation très libre avec Simone de Beauvoir, par exemple). Tous ces bémols, sont finalement assez peu significatifs eu égard à la richesse de cette vie, et à la grande qualité littéraire de l’ouvrage.

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Le lièvre de Patagonie

Claude Lanzmann , célèbre en sa qualité de réalisateur du film-documentaire Shoah , nous fait parcourir l'histoire récente ( XXe siècle ) à travers sa propre histoire personnelle .

Sa jeunesse dans la résistance , son premier voyage en Israël pays neuf , son voyage en Corée du Nord ou encore en Pologne pour la réalisation de son film emblèmatique : Shoah , ses vacances montagneuses en compagnie de sa très chère amie Simone de Beauvoir , dite le Castor , ... Ce n'est pas une vie qui nous est racontée mais cent ! Ce roman autobiographique est un précieux témoignage ainsi qu'une véritable oeuvre littéraire car Claude Lanzmann sait bien magner la plume .

J'ai particulièrement apprécié les passages sur sa relation complexe avec Simone de Beauvoir , ceux sur son voyage en Corée du Nord ou encore la dernière partie du livre consacrée à la réalisation de Shoah , où Claude Lanzmann se fait soudain enquêteur , où il marche sur les pas des Juifs déportés pour mieux s'imprégner des émotions ressenties dans les derniers instants de leur vie .

Je conseille chaleureusement ce roman , j'ai été très agréablement surprise car n'étant pas très fan de biographie je me suis retrouvée absorbée par ce roman au mille facettes .
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Shoah

Ce livre correspond très exactement au célèbre film de Claude Lanzmann sorti en 1985. La durée extraordinaire de "Shoah" (10 heures !) a pu décourager certains spectateurs et a motivé la parution du livre. Il n'en reste pas moins qu'il FAUT se confronter au film, car les images sont autrement plus fortes. Pour ma part je l'ai vu deux fois et, à chaque fois, je suis resté en état de sidération après l'avoir visionné. Ce qui est vraiment incroyable dans "Shoah", c'est la puissance d'évocation de C. Lanzmann, qui pourtant n'a utilisé aucune image d'archives. Un bord de rivière, un train à vapeur qui s'arrête dans une gare, une clairière déserte… suffisent à exprimer ce qui s'est passé à Auschwitz ou à Treblinka – avec cette voix off qui fait le récit d'une voix monocorde. Par ailleurs, le cinéaste a fait parfois appel à des témoins exceptionnels qui reviennent sur ces années de plomb: par exemple, l'interview en caméra cachée d'un ancien SS (impuni) était pour l'époque un tour de force et reste encore stupéfiant.

Cette oeuvre magistrale est fascinante. Elle parvient à nous captiver, alors qu'elle évoque des faits horribles. On voudrait croire que ces abominations ne se reproduiront plus, mais sait-on jamais ?

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Le lièvre de Patagonie

De Claude Lanzmann, je ne connaissais que le nom, associé à Shoah que je n'ai pas vu par ailleurs. Lanzmann a grandi pendant la guerre (celle où on trouvait Hitler, Pétain, De Gaulle et tous ces gens là), a été résistant, a été journaliste et proche de Sartre et de Beauvoir, a beaucoup voyagé, est un Juif athée fin connaisseur d'Israël... A le lire, on a l'impression qu'il a tout vu du siècle où il a vécu, qu'il a été au bon endroit au bon moment, qui a rencontré tout le monde. C'est sans doute vrai et c'est ce qui rend ce livre étrangement passionnant, pour citer le même Fabrice.

Une partie des récits qu'il fait son proprement étonnants : ses récits de guerre, sa visite en Corée du Nord, l'odyssée de sa famille, certains de ses souvenirs de tournage de Shoah, mensonges et manipulations included. Pour le reste, j'ai eu l'impression d'entendre les souvenirs narcissiques d'un sympathique vieux monsieur, qui se complait pas mal dans le name-droping et les anecdotes sans intérêt sinon pour les proches des personnes concernées (je pense à ses récits d'excursion à Zermatt avec Beauvoir. Bon.). Le vieux monsieur raconte bien, certaines histoires sont très bonnes, mais on aura parfois le droit de se sentir agacé. J'imagine même qu'il serait d'accord.

Le quatrième de couv cite un journaliste qui parle d'un "immense écrivain". Peut-être, mais pas grâce à ce livre.
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Le lièvre de Patagonie

Livre faisant l'apologie de son auteur : arriviste, il a tout vu, a tout réussi, tout écrit et en plus ne s'set jamais trompé et en profite pour faire la promo de ses oeuvres! Il en devient vraiment antipathique et sa très longue biographie vraiment pénible à lire.

Heureusement que dans les toutes dernières pages il paraît ressentir un semblant de sentiment.
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Le lièvre de Patagonie

Je connaissais Claude Lanzmann évidemment par le film "Shoah", mais aussi par les ouvrages autobiographiques de S. de Beauvoir, dont il fut un temps le compagnon. J'ai ainsi découvert un personnage que j'ignorais, un intellectuel ouvert et plutôt sympathique, qui a fréquenté toute l'intelligentsia parisienne et a beaucoup roulé sa bosse. A travers ses yeux, nous voyons le cours de l'Histoire et de la société, dans une grande partie du XXème siècle, c'est donc un témoignage fort intéressant.



J'ajouterai que j été particulièrement intéressé par la partie du livre où il se focalise sur la création du film "Shoah" qui restera son oeuvre majeure. Je veux aussi mentionner le morceau de bravoure concernant son séjour en Corée du Nord, qui m'a vraiment époustouflé - quoique certainement véridique, cette aventure m'a parue presque invraisemblable !
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Le lièvre de Patagonie

(Chronique rédigée six ans après la lecture de ce livre)

Le décès il y a quelques jours de Claude Lanzmann est l'occasion pour moi d'écrire quelques mots sur son autobiographie, que j'avais lue en 2012. Ma mémoire s'est bien sûr un peu effacée, mais je conserve le souvenir d'une lecture exaltante.

J'étais pourtant parti avec quelques hésitations face à un bouquin de près de 800 pages bien denses (de longs paragraphes sans dialogues dans de longs chapitres) dans un genre (l'autobiographie donc) qui n'a pas ma prédilection.

Mais très vite, on est envoûté par la prose de Claude Lanzmann, embarqué dans cette vie si riche, si mouvementée. De sa Résistance en 1943 à son tournage du documentaire Shoah en 1985 (dont les dessous de la création sont fascinants), la Seconde Guerre mondiale et les déportations sont bien entendu au cœur de son livre/sa vie, et sont passionnants à lire. D'autres épisodes, comme ses rencontres avec Simone de Beauvoir et Jean-Paul Sartre ou son investissement dans le journal Les Temps modernes, m'ont moins intéressé, mais sont toujours aussi bien écrits (et accessibles à tous malgré la richesse d'écriture et de vocabulaire).

Quelle vie incroyable, quel homme ayant tout connu au XXe siècle, et quel livre pour en avoir un aperçu ! A lire absolument si vous voulez découvrir ce personnage.

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