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Citations de Claude Lanzmann (73)


Claude Lanzmann
Je me suis battu pour imposer “Shoah” sans savoir que je procédais ainsi à un acte radical de nomination, puisque presque aussitôt le titre du film est devenu, en de nombreuses langues, le nom même de l’événement dans son absolue singularité. Le film a été d’emblée éponyme, on s’est mis partout à dire “la Shoah”. L’identification entre le film et ce qu’il représente va si loin que des téméraires parlent de moi comme de “l’auteur de la Shoah”, ce à quoi je ne puis que répondre : “Non, moi, c’est ‘Shoah’, la Shoah, c’est Hitler.”

Ce mot de « Shoah », Le Monde du 26 février 2005.
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Claude Lanzmann
J’étais un homme des mûrissements longs, je n’avais pas peur de l’écoulement du temps, quelque chose m’assurait que mon existence atteindrait sa pleine fécondité quand elle entrerait dans sa deuxième moitié.
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C'était à la fin novembre 1942.
Et comme on nous chassait du travail
vers nos baraquements, tout à coup,
de cette partie du camp qu'on appelait
le camp de la mort, jaillirent des flammes.
Très haut.
Et en un instant tout le paysage,
tout le camp parut s'embraser.
[...]
et soudain l'un de nous se leva...
nous savions
qu'il était chanteur d'opéra à Varsovie.
Il s'appelait Salve
et devant ce rideau de flammes, il a commencé
à psalmodier
un chant qui m'était inconnu :

Mon Dieu, mon Dieu
pourquoi nous as-Tu abandonnés?

[...]

Il a chanté en yiddish,
tandis que derrière lui flambaient
les bûchers
sur lesquels on a commencé, alors, en novembre 1942,
à Treblinka, à brûler les corps.
C'était la première fois que cela arrivait :
nous sûmes cette nuit-là
que désormais les morts ne seraient plus enterrés,
ils seraient brûlés.
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L'assimilation est aussi une destruction, un triomphe de l'oubli.
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Tout est mort, mais on n'est qu'un homme, et on veut
vivre.
Alors, il faut oublier.
Il remercie Dieu de ce qui est resté et qu'il oublie.
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L'assimilation est aussi une destruction, un triomphe de l'oubli.
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Les Allemands avaient même ajouté
qu'il était interdit d'employer le mot "mort"
ou le mot "victime",
parce que c'était exactement comme un billot de bois,
que c'était de la merde,
que ça n'avait absolument aucune importance, c'était
rien.

Celui qui disait le mot "mort" ou "victime"
recevait des coups.
Les Allemands nous imposaient de dire, concernant
les corps,
qu'il s'agissait de Figuren,
c'est-à-dire de…
marionnettes, de poupées,
ou de Schmattes, c'est-à-dire de chiffons.
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Claude Lanzmann
Tout un homme, fait de tous les hommes et qui les vaut tous et que vaut n'importe qui. ( Sartre )
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La joie, chez elle [Simone de Beauvoir], n'excluait pas la gravité, elles se conjuguaient au contraire dans une très rare attention à l'humanité de l'autre.
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Claude Lanzmann
Choisir, c'est tuer.
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En vérité, je crois que ma soeur se sentait bien avec les hommes laids, ils la rassuraient, l'amour étant à ses yeux autre chose que le double mirage de belles apparences, d'abord amour de l'âme, car elle vivait contradictoirement sa beauté, évidente sous le regard des autres, problématique pour elle : elle ne s'en éprouvait pas propriétaire, elle ne se tint jamais pour une "belle souche" et c'était la source constante d'une incertitude, d'une interrogation inquiète à laquelle il n'y aurait jamais de réponse avérée.
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Claude Lanzmann
il y a identité entre l'art et la morale.
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La lassitude de ces valeureux s'indique d'une seule façon : ils fument comme des sapeurs, enchaînant l'une après l'autre, sans un repos, des cigarettes au goût infâme. Un demi-siècle de mobilisation, un demi-siècle sur pied de guerre sans tirer un coup de feu, cela ne peut être et se poursuivre sans un très puissant dérivatif : le tabac.
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et juste au moment où nous passions, ils étaient en train d'ouvrir les portes de la chambre à gaz...
et les gens sont tombés comme des pommes de terre.
Bien sûr, cela nous a épouvantés et choqués.
Nous sommes retournés nous asseoir sur nos valises,
et nous avons pleuré comme des vieilles femmes.
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Je n'aurais jamais pu consacrer douze années de ma vie à accomplir une oeuvre comme "Shoah" si j'avais été moi-même déporté. Ce sont là des mystères, ce n'en sont peut-être pas. Il n'y a pas de création véritable sans opacité, le créateur n'a pas à être transparent à soi-même.
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Elle comme lui – et c’est aussi depuis très longtemps ma conviction – pensaient qu’on ne discute bien qu’avec ceux avec lesquels on est d’accord sur le fond. C’est pourquoi ils détestaient les mondanités et les grandes tablées françaises, privilégiant la relation duelle. Être deux, se parler deux à deux était selon eux – selon moi aussi, ils m’ont appris cela – la seule façon de se comprendre, de s’entendre, d’avancer, de réfléchir. La formule de cette relation était : « Chacun sa réception »
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Lanzmann citant le philosophe Vladémir Jankélévitch : Celui qui a été ne peut plus désormais ne pas avoir été. Désormais, le fait mystérieux et profondément obscur d'avoir vécu est son viatique pour l'éternité.
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Pierre Lazareff me convoqua un jour dans son grand bureau de la rue Réaumur et me demanda si j'acceptais d'assister le fameux commandant Cousteau dans la rédactiond'un texte sur une expérience de maisons sous-marines qu'il allait tenter au large de Marseille.
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Des décennies plus tard, ... j'arrivai dans la belle petite ville moyenâgeuse de Günzburg, presque caricaturale tant elle ressemblait à sa propre idéalité, fief des usines Mengele et lieu de naissance du fils de la famille, le Dr Josée Mengele, l'"ange de la mort" d'Auschwitz. Des dizaines de kilomètres avant et autour de Günzburg, dans les champs et les prairies, les tracteurs, les moisonneuses, les machines agricoles portaient fièrement, en lettres blanches, sur leurs toits et parois le nom de MENGELE, répété ad nauseam.

P 275 Folio
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C' est toujours le plus particulier qui fait accéder à l'universel cela s'appelle l'universel concret.
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