Citations de Claude Mamier (22)
Ecrire n’avait rien d’innocent, écrire pouvait faire pleurer, rire, trembler, écrire pouvait influencer, manipuler. Les mots pouvaient tout faire parce qu’ils avaient été inventés pour cela. Et il fallait en profiter (au bon sens du terme) parce que leur liberté était fragile. […] De fait, quand je commence une histoire, je sais, en dehors des effets ponctuels, quel effet général j’ai envie de faire passer. Je me dis tiens, à la fin de cette histoire, le lecteur devrait avoir le sourire aux lèvres, ou être effrayé, ou être triste, ou se sentir romantique. Et parfois, j’ai envie que ça fasse mal. Très mal. Parce que j'ai envie de profiter (dans le mauvais sens du terme) de la puissance de l'arme que j'ai entre les mains, parce que j’ai envie de rappeler au lecteur que lui non plus n’accomplit pas un acte gratuit, qu’en ouvrant un livre il offre sa poitrine aux flèches.
[La Postface – Récits des Coins d’Ombre]
Mon docteur m'a recommandé l'exercice physique, alors je roule mes clopes moi-même.
[Les Aiguilles]
- Parfois, quand l'alcool ne suffit pas, quelques hommes choisissent un ensemble cohérent de contes, l'élèvent au rang de vérité, et centrent leurs vies sur ce noyau pour oublier qu'il existe un monde autour d'eux. Arrivé à ce stade, les noms ne signifient plus rien. Qu'importe la divinité, le plan du vieux de la montagne ne pouvait pas essence qu'être déjoué. Les dieux passent. La mort reste.
[Une fin de soirée au Bar de Partout]
[Citation introductive - Les dents acérées de mes rêves]
Telle est ma quête, suivre l'étoile
Peu m'importent mes chances
Peu m'importe le temps
Ou ma désespérance
Jacques Brel, La Quête
[Citation de conclusion - Devant un Soleil Rouge]
La vérité d'un jour n'est pas celle de toujours.
Ernesto "Che" Guevara
[Citation de conclusion – Juste un banc pour m’asseoir]
Societies work on force power and coercion. People don’t behave themselves because they’re nice. That’s the liberal falacy. People behave themselves because if they don’t they will be punished. All this is known. It isn’teven debatable.
Iain M. Banks, The Algebraist
Aline sentit le moment lui échapper. C’était là qu’il aurait fallu dire quelque chose, protester, pour se prouver qu’elle n’abandonnait pas la lutte. Mais elle baissa les yeux et fit celle qui n’avait rien entendu. Elle n’osait regarder personne. Ceux qui l’entouraient maîtrisaient les rênes de sa vie, elle ne voulait pas leur déplaire. Elle était prête à tout accepter.
[Juste un banc pour m’asseoir]
Billy se définissait en tant qu'observateur. Sans domicile, sans emploi ni attache, il était celui que l'on ne voit pas et qui par conséquent voit tout le monde. Son terrain d'étude favori : les poubelles. Les restes, les débris, les immondices. Rien de tel pour comprendre la société que d'examiner ce qu'elle éliminait.
[Musiques des Morts]
[Citation introductive - Devant un Soleil Rouge]
Dans une révolution, on doit triompher ou mourir.
Ernesto "Che" Guevara
[Citation introductive - Comme un poussière parmi d'autres]
Si Dieu devait apparaître aux affamés, il n'oserait leur apparaître que sous forme de nourriture.
Gandhi
Les « Homme Hors du Peuple » n’étaient pas inconnus au village. Ils surgissaient dans leurs voitures fumantes, ils posaient des questions, prenaient des notes, comptaient les enfants et les têtes de bétail. Haruna était de ceux à qui ils avaient appris à reconnaître les signes alignés sur leurs papiers, les lettres, les chiffres. Pelaw, le vieux chef assis par terre devant le tableau noir, avait répété après chaque leçon que c’étaient surtout les chiffres qui importaient aux Hommes Hors du Peuple. C’étaient les Nouveaux Dieux, dont ils croyaient maîtriser la colère en gravant leurs noms sur le papier, encore, encore, mais les billets régentaient les vies plus que n’importe quelle idole.
[L’homme des plaines sans fin]
[Citation introductive – L’homme des plaines sans fin]
It’s been a long long time since they first came
and marched through our village
They taught us to forge tour past
And live the future in their image
Johnny Clegg, Third World Child
[Citation introductive – Le premier car d’une longue série]
I’m standing at the Crossroads
And there are many roads to take
I stand here so silently, I’ve got fear of a mistake
One roads leads to paradise, one road leads to pain
One roads leads to freedom, but the all look the same
Calvin Russel, Crossroads
[Citation introductive – Juste un banc pour m’asseoir]
A dire de l’eau dans le vin, des frontières aux pays,
Je passe pas le joint, on dirait que des conneries
A dire ici tout va bien, la démocratie
Serait facile d’entretien, on dirait que des conneries
Tarmac, Des frontières aux pays
Au rez-de chaussée du bâtiment D, un pan de mur dissimulé sous l’escalier abrite les commentaires que certains visiteurs ont cru bon d’y écrire, comme s’ils voulaient prouver qu’ils avaient compris, qu’ils compatissaient, et qu’il fallait que tout le monde le sache.
Les phrases, rédigées à l’encre noire ou bleue, parfois gravées au couteau sur le plâtre, prétendent que les gens n’apprennent rien de l’histoire. Ceux qui ont tenu ces stylos en sont une nouvelle preuve. Il n’y en a qu’un qui a peut-être réfléchi un peu plus et qui a écrit « voici l’HOMME, regardez-le ». Sauf qu’il ne parlait pas que bourreaux, pas de ceux qui avaient survécu en oubliant qui ils étaient, ceux qui avaient dénoncé leurs proches ou qui avaient tué pour ne pas être tués. Les bourreaux et les victimes n'étaient pas différents. Voici l’homme, celui qui ne veut pas mourir.
[L’odeur des barres de fer]
[Citation introductive – L’odeur des barres de fer]
My dear young friend, civilization has absolutely no need of nobility or heroism. These things are symptoms of political inefficiency.
Aldous Huxley, Brave New World
[Citation de conclusion – La Ville des Barrières]
Pour faire la révolution, il ne suffit pas de haïr et de croire au passé. La haine et la foi dans le passé ne sont de bons stimulants que la phase de révolte. Si nous souhaitons mener à bien la révolution, nous devons aimer et nous tourner vers l’avenir.
Ghassan Kanafani
Le vent qui tourbillonnait dans la rue, chargé de poussière, transportait deux feuilles de journal rédigées en anglais. Ahmed reconnut les pages du Jérusalem Times. La publication extrémiste dénonçait, jour après jour, les crimes du tyran sioniste dans la langue d’un autre pays. Et cette même langue était utilisée par le quotidien rival, le Jérusalem Post, pour déverser son fiel sur les terroristes palestiniens. Quand un attentat survenait, le Post titrait sur les barbares qui frappaient au cœur de la civilisation, tandis que le Times insistait sur le petit nombre de victimes comparé aux raids meurtriers de l’armée juive. Pourquoi en anglais ? Qui voulaient-ils convaincre ?
Ahmed piétina une page. Les mots n’étaient plus aussi solides qu’avant. Ce que le Times appelait résistance, le Post l’appelait terrorisme, sans se soucier que les morts soient des soldats ou des civils, alors que toute la différence était là. Ce que le Times nommait agression, le Post le qualifiait de droit à se défendre. Les définitions se diluaient dans la haine. Même la Shoah devenait un outil, une justification. Les mots n’étaient plus que des coquilles vides, que le vent dispersait sans effort.
[La Ville des Barrières]
[Citation introductive – La Ville des Barrières]
C’est que pour cesser d’avoir peur les hommes croient bon de faire peur. Les torts dont ils se garantissent, ils les infligent à leurs adversaires, comme s’il était nécessaire que l’on fût toujours oppresseur ou opprimé.
Machiavel, Histoires Florentines
[Citation introductive – Le regard de l’Oncle]
Mais si le tortionnaire venu du nord,
Le conquistador blanc,
Le chercheur d’or touche à cette feuille,
Il trouvera seulement en elle
Prison pour son corps et folie pour son esprit,
Car son cœur est aussi dur
Que son épée et son armure
Antonio Diaz Villamil