Citations de Claude Nougaro (53)
Sur l'écran noir de mes nuits blanches,
Moi je me fais du cinéma
Sans pognon et sans caméra
Bardot peut partir en vacances
Ma vedette, c'est toujours toi
Pour te dire que je t'aime, rien à faire, je flanche
J'ai du cœur mais pas d'estomac
C'est pourquoi je prends ma revanche
Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
D'abord un gros plan sur tes hanches
Puis un travelling-panorama
Sur ta poitrine grand format
Voilà comment mon film commence
Souriant je m'avance vers toi
Un mètre quatre-vingts, des biceps plein les manches
Je crève l'écran de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
Te voilà déjà dans mes bras
Le lit arrive en avalanche
Sur l'écran noir de mes nuits blanches
Où je me fais du cinéma
Une fois, deux fois, dix fois, vingt fois
Je recommence la séquence
Où tu me tombes dans les bras
Je tourne tous les soirs, y compris le dimanche
Parfois on sonne; j'ouvre: c'est toi
Vais-je te prendre par les hanches
Comme sur l'écran de mes nuits blanches
Non: je te dis "comment ça va"
Et je t'emmène au cinéma
J'aime les grands brûlés. Eux seuls répandent cette poignante odeur des fraîcheurs primordiales. J'aime les grands acteurs, avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir, à claquer, à brandir. J'aime les saints, leurs couronnes d'épines brillantes des rosées de l'âme. J'aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c'est de choisir ses barreaux. J'aime les poètes, qui claudiquent sur les marelles du mystère d'être, et qui chantent des mots de moelle et de sang à travers tous les bâillons du monde. Je t'aime, Philippe Léotard.
Paroles de la chanson C'est Mon Coeur par Claude Nougaro
Ce vieil astre qui bout et qui bouge
Sous une gelée de douceur
Cette étoile blessée qui voit rouge
C'est mon cœur, c'est mon cœur
Cette éponge de sang qui ne songe
Qu'à laver les sept plaies du malheur
Ce paradis perdu qui me ronge
C'est mon cœur, c'est mon cœur
Cette chose qui se veut l'image
D'un amour partagé tous en chœur
Cette bête affolée dans sa cage
C'est mon cœur, c'est mon cœur
Cette horloge qui bat dans le monde
Cette grappe d'un vin de vigueur
Cette giclée de pleurs qui m'inonde
C'est mon cœur, c'est mon cœur
Ce vieux cœur brinquebalant je le montre
À qui veut s'en servir pour voir l'heure
Pour voir l'heure qu'il était à ma montre
Si je meurs, si je meurs
Les aiguilles formaient une fille
Tellement belle qu'elle m'en faisait peur
Ce clair minuit obscur
Ce noir midi qui brille
C'est mon cœur, c'est mon cœur
Une nuit, je faisais un rêve désopilant quand je fus réveillé par un frisson de l'air. J'ouvre les yeux, que vois-je ?
Dans l'obscurité de la chambre, des myriades d'étincelles... Elles s'en allaient rejoindre, par tourbillonnements magnétiques, un point situé devant mon lit. Rapidement, de l'accumulation de ces flocons aimantés, phosphorescents, un corps se constituait. Quand les derniers flocons eurent terminé leur course, un ange était là, devant moi, un ange réglementaire avec les grands ailes de lait. Comme une flèche d'un carquois, de son épaule il tire une plume, il me la tend et il me dit :
"C'est une plume d'ange. Je te la donne. Montre-la autour de toi. Qu'un seul humain te croie et ce monde malheureux s'ouvrira au monde de la joie. Qu'un seul humain te croie avec ta plume d'ange. Adieu et souviens-toi : la foi est plus belle que Dieu."
Et l'ange disparut laissant la plume entre mes doigts. Dans le noir, je restai longtemps, illuminé, grelottant d'extase, lissant la plume, la respirant.
[Extrait de : Plume d'ange]
Parce que j'ai l'espoir qu'en offrant un regard artistique sur ce qui nous entoure, nous puissions être meilleurs.
Parce que papa a écrit des contes tels des courts métrages qui mettent ses mots en scène et parlent de la vie, de nous, de notre univers, de son espérance en l'homme.
La pluie fait des claquettes
Sur le trottoir à minuit
Parfois, je m’y arrête,
Je l’admire, j’applaudis
Je suis son chapeau claque,
Son queue-de-pie vertical,
Son sourire de nacre
Sa pointure de cristal (...)
LE ROUGE ET LE NOIR
L'enseigne au néon
À l'entrée du
Bouge
Éclaire la chambre
Noire
D'une lueur
Rouge
Quand descend le
Soir
Et dans cette chambre
Rouge
Y a un grand type
Noir
Avec une fille
Rouge
En robe de soie
Noire.
L'enseigne au néon
À l'entrée du
Bouge
Éclaire la chambre
Noire
D'une lueur
Rouge
Couleur d'abat-
-Toir
Et dans cette chambre
Rouge
Y a le grand type
Noir
Qui boit du gin
Rouge
Comme un enton-
-Noir
Tandis qu' la fille
Rouge
Se remet du rouge
Noir
L'enseigne au néon
À l'entrée du
Bouge
Éclaire le type
Noir
Qui s' met à rire
Rouge
Et s' ressert à
Boire
Tandis qu' la fille
Bouge
Ses hanches de soie
Noir
Au rythme d'un
Blues
Qui sort du bouge
Noir
L'enseigne au néon
À l'entrée du
Bouge
Bat comme un cœur
Noir
Le type se fait tendre
Rouge
La fille dit - Non
Noir
Qu'est ce qui te prend ?
Rouge
Lui demande le
Noir
Qui voit soudain
Rouge
C'est parce que je suis
Noir?
- Non, dit la fille
Rouge
C'est parce que t'es
noir.
Mai mai mai Paris mai
Mai mai mai Paris
Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile.
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau forçat enchaîné à sa plume
Et piochant l'évasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le Sacre du Printemps.
Ces temps ci, je l'avoue, j'ai la gorge un peu âcre
Le Sacre du Printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellira mon cri
Il se peut que je couve un Igor Stravinski (...)
Armé d'Amour - Claude Nougaro
Un jour, un jour c'est sûr
Reviendra le jour pur
L'immense jour d'avant le Temps
Le couple moribond
Se lèvera d'un bond
Armé d'amour jusqu'aux dents
Mon bras c'est ton collier et tes doigts sont mes bagues
Tu es ma parure, je suis ton joyau
Mes orteils de soleil marchent sur tes vagues
Tu es ma pâture jusqu'au fond du boyau
Tu m'éclates de paix, je t'éclaire de rires
En dansant devant toi la nuit de Walpurgis
Puis je bois dans ton cou comme font les vampires
Mélangeant savamment nos vices à nos lis
Un jour, un jour c'est sûr
Reviendra le jour pur
L'immense jour d'avant le Temps
Alors la femme et l'homme
Retrouveront la pomme
Sans la morsure dedans
Je me courbe vers toi ma tremblante statue
Le miel de mille ciels ruisselle de tes cils
Qu'une ombre te traverse aussitôt je la tue
Que mon chant soit bloqué tu en dénoues le fil
Calmement tu t'endors quand je pars pour mes guerres
Le casque de mon front pour tout arsenal
Je pars saigner de l'eau sous le feu des mystères
Une étoile de mer me fera général
Un jour, un jour, c'est sûr
Reviendra le jour pur
L'immense jour d'avant le Temps
Et l'on verra l'enfant
Que plus rien ne défend
Être bercé par Satan
Cet enfant surgira d'un silence de perle
De nos vies échangées dans un éclair d'azur
Et le noir aujourd'hui et l'effroi qui déferlent
S'enfuiront à jamais poursuivis par les murs
Les murs d'une maison qui se nomme le monde
Ouverte à tous les vents fredonnant des oiseaux
Il renaîtra de nous, ma brune à l'âme blonde
Et la mort plus jamais ne fera de vieux os
Un jour, un jour, c'est sûr
Reviendra le jour pur
L'immense jour d'avant le Temps,
Le couple moribond
Se lèvera d'un bond
Armé d'amour jusqu'aux dents.
Je ne dix mots
Bien incapable de citer
Un mot parmi la ribambelle;
Chacun d'eux a droit de cité,
Du plus offert au plus rebelle.
Dans leur pays multicolore,
Dans le secret de leur couleur,
Si je préfère l'un des leurs,
Un autre peut-être m'adore.
Où est le grave sans l'aigu?
Où va le rêve sans étoile ?
Le temps unit, tissant sa toile,
La transparence à l'ambigu.
Les mots divins, les mots en vain,
Les mots de plus, les motus
Les mots pour rire, les mots d'amour
Les mots dits pour te maudire
Au delà de nos oripeaux,
Noir et Blanc
Sont ressemblants
Comme deux gouttes d'eau
Chante pour moi, Louis, oh ! oui
Chante, chante, chante, ça tient chaud
J'ai froid, oh ! moi
Qui suis blanc de peau
Il vaut mieux s´adresser au bon dieu qu'à ses saints
Je ne dis pas non mais là n'est pas mon dessein
Je n'en veux qu'à tes seins
Je ne veux parler qu'à tes seins
Sur terre un peu partout retentit le tocsin
Je fais l'escalade vers des sommets plus sains
Je m'élève vers tes seins
Je ne veux parler qu'à tes seins
D'un rayonnement aigu d'invisible oursin
Il protège leur tendre duvet de poussin
Innocents, assassins
Je ne veux parler qu´à tes seins
Ce poème maladroit, suspect et succinct
Je l'enfante comme si j'en étais enceint
Depuis Nice où tes seins
Giclaient blancs dans l'eau du bassin
Depuis Nice où tes seins
Giclaient blancs dans l'eau du bassin
2004 - [Librio n° 199, p. 39]
J'aime la vie quand elle rime à quelque chose
J'aime les épines quand elles riment avec la rose
J'aimerais même la mort si j'en sais la cause
Ah, tu verras, tu verras
Tout recommencera, tu verras, tu verras
La vie, c´est fait pour ça, tu verras, tu verras
Tu verras mon stylo emplumé de soleil
Neiger sur le papier l´archange du réveil
Je me réveillerai, tu verras, tu verras
Tout rayé de soleil, ah, le joli forçat!
Et j´irai réveiller le bonheur dans ses draps
Je crèv´rai son sommeil, tu verras, tu verras
Je crèv´rai le sommier, tu verras, tu verras
En t´inventant l´amour dans le cœur de mes bras
Jusqu´au matin du monde
Mai mai mai Paris mai
Mai mai mai Paris
Le casque des pavés ne bouge plus d'un cil
La Seine de nouveau ruisselle d'eau bénite
Le vent a dispersé les cendres de Bendit
Et chacun est rentré chez son automobile.
J'ai retrouvé mon pas sur le glabre bitume
Mon pas d'oiseau forçat enchaîné à sa plume
Et piochant l'évasion d'un rossignol titan
Capable d'assurer le Sacre du Printemps.
Ces temps ci, je l'avoue, j'ai la gorge un peu âcre
Le Sacre du Printemps sonne comme un massacre
Mais chaque jour qui vient embellira mon cri
Il se peut que je couve un Igor Stravinski
Mai mai mai Paris mai
Mai mai mai Paris
Regarde là, ma ville.
Elle s'appelle Bidon,
Bidon, Bidon, Bidonville.
Vivre là-dedans, c'est coton.
Les filles qui ont la peau douce
La vendent pour manger.
Dans les chambres, l'herbe pousse.
Pour y dormir, faut se pousser.
Les gosses jouent, mais le ballon,
C'est une boîte de sardines, Bidon.
Donne-moi ta main, camarade,
Toi qui viens d'un pays
Où les hommes sont beaux.
Donne-moi ta main, camarade.
J'ai cinq doigts, moi aussi.
On peut se croire égaux.
Armstrong, un jour, tôt ou tard,
On n'est que des os...
Est ce que les tiens seront noirs ?
Ce serait rigolo
Allez Louis, alléluia !
Au delà de nos oripeaux,
Noir et Blanc
Sont ressemblants
Comme deux gouttes d'eau