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Citations de Clément Osé (15)


Nous vivons sous le seuil de pauvreté, et pourtant nous mangeons bio à tous les repas et nous habiterons bientôt une maison bioclimatique avec un domaine de plusieurs hectares. Ma vie n'a jamais été aussi luxueuse que depuis que je suis pauvre.
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Depuis sa création, en 2003, Terre de Liens a acheté entre deux cent cinquante et trois cents fermes. Chaque semaine sur la même période, un nombre équivalent de fermes a disparu. L'association maintient une ferme pendant que mille s'éteignent. C'est dérisoire. Pourtant, dossier après dossier, l'idée du financement citoyen des terres agricoles fait son chemin, et de jeunes agriculteurs hors cadre familial s'installent sans contracter les dettes qui les rendraient dépendants de volumes de production démesurés. Noémie me dit que posséder collectivement le foncier grâce à l'épargne solidaire, c'est comme signer un contrat social entre citoyens et agriculteurs pour préserver la terre et la mettre hors d'atteinte des logiques spéculatives ou capitalistes qui fragilisent les installations de paysans. C'est un outil décisif pour contrer le sourd accaparement des terres pour les projets mortifères des multinationales.
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En France, il y a 29 millions d'hectares de surfaces agricoles utilisées [...]. Si notre régime alimentaire reste le même et si la production est intégralement relocalisée (contrairement à aujourd'hui) et passée en bio, ça déborde : il faut 42 millions d'hectares pour nous nourrir. Si, en revanche, nous baissons d'un quart notre consommation de produits animaux, ça marche, il ne faut plus que 27 millions d'hectares pour nourrir tout le monde. Si on la réduit de moitié, 19 millions d'hectares suffisent. A condition de modifier nos habitudes et de manger moins de viande mieux produite, sortir de l'agriculture industrielle ne signifie pas plonger dans la famine [...]. En gardant le scénario de la relocalisation bio avec un quart de produits animaux en moins, la simulation [application PARCEL] dit qu'il faudrait un million cinquante-six mille paysans pour faire tourner les fermes [...]. En 2022, il y a quatre cent mille agriculteurs exploitants en France. [...] qui va nous nourrir ?
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(à propos des cochons) Depuis peu, je les emmène enfin pâturer sur la colline. Ils me suivent en trottant, les oreilles rebondissant sur leurs yeux, attachantes boules de poil. Quand ils ont assez mangé, assez couru, ils rentrent d'eux-mêmes dans leur cabane. C'est dans ces moments de lien à l'animal, de confiance mutuelle, de drôlerie, que je trouve tout le sens de mon métier d'éleveuse. Mes animaux sont beaux, passent leur journée à manger, à marcher, à jouer et à dormir. Ils cherchent l'interaction avec moi et sont sereins. Je crois qu'ils vont bien. (p 177)
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Je suis rentré sans le savoir dans une zone de turbulence mentale appelée "dissonance cognitive", caractérisée par une contradiction entre ce que je sais - ma nouvelle conscience de l'effondrement - et ce que je fais - continuer à jouer avec les anciennes règles du jeu. Je suis ce type qui s'envoie des whiskys au bar du Titanic en train de couler en se disant que, tant que je n'ai pas d'eau jusqu'au cou, il est toujours possible que le trou dans la coque se rebouche.
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Quand on demandera à la majorité des rescapés comment le virus les a affectés, 90% répondront donc : une pénurie de P.Q. Combien parmi eux auront eu l'instinct de donner une seconde vie à leur attestation ?
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J'ai l'impression que c'est le défi qui nous attend, nous les femmes dans des milieux d'hommes : rester fidèles à nous-mêmes, à nos valeurs et à nos modes de communication. Oser nous montrer sûres de nous et compétentes avec notre sensibilité et notre force. Ne pas céder aux sirènes de la dureté, du virilisme, du roulement de biceps pour s'imposer aux autres.
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Ce lien quotidien à l'animal renforce ma sensibilité au vivant, mais il me rend aussi, peut-être, intransigeante sur les incohérences de certains discours urbains ou véganes qui méconnaissent la sensibilité des éleveurs. Je refuse de me laisser emmener dans ce discours manichéen qui rangerait les éleveurs du côté des méchants, des tueurs, des sans-cœur, et les urbains véganes du côté des gentils qui respectent la vie. Le vivant, justement, est plus complexe que cela. Choisir la vie, c'est choisir la mort. Je le répète comme un mantra. Il m'est insupportable de recevoir des leçons de personnes qui s'achètent une bonne conscience en décidant de s'extraire du rapport à l'animal plutôt que d'oser le regarder en face, dans sa complexité et son ambivalence. Les produits non animaux, issus de circuits longs, conventionnels, industriels, portent aussi leur lot de mort, celle qu'ils occasionnent aux sols, à la biodiversité, à leur écosystème, et la mort de nos idéaux : les monopoles de rente, le désastre social qui advient lorsqu'on délègue à quelques-uns le pouvoir de nous nourrir tous. (p 178)
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J'aimerai que chaque consommateur de viande fasse l'expérience de la mort de l'animal qu'il souhaite manger. Pas pour le culpabiliser ou le mettre au défi, mais pour qu'il prenne la mesure de ce que c'est que de prendre la vie, pour qu'il ressente les soubresauts nerveux de l'être vivant qui meurt, qu'il voit les paupières se fermer, qu'il palpe le pouls qui s'en va et sente le sang chaud sous ses doigts. Sinon, il mange de l'ignorance, trois fois par jour.
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Pour Noémie, paysan n'est pas un métier, c'est un mode de vie, de la même façon qu'une ferme n'est pas seulement un lieu de travail, mais un lieu de vie. Elle dit qu'il y a des loisirs paysans, une façon paysanne de socialiser, de s'aimer, un temps et des imaginaire paysans. Ce n'est pas que Noémie soit devenue vieille France, réactionnaire, ou qu'elle idéalise le passé. Elle a simplement tendu l'oreille à une culture plus ancrée dans la terre et les saisons.
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Je refuse de me laisser emmener dans ce discours manichéen qui rangerait les éleveurs du côté des méchants, des tueurs, des sans-coeur, et les urbains véganes du côté des gentils qui respectent la vie. Le vivant, justement, est plus complexe que cela. Choisir la vie, c'est choisir la mort. Je le répète comme un mantra. Il m'est insupportable de recevoir des leçons de personnes qui s'achètent une bonne conscience en décidant de s'extraire du rapport à l'animal plutôt que d'oser le regarder en face, dans sa complexité et son ambivalence. Les produits non animaux, issus de circuits longs, conventionnels, industriels, portent aussi leur lot de mort, celle qu'ils occasionnent aux sols, à la biodiversité, à leur écosystème, et la mort de nos idéaux: les inégalités, les monopoles de rente, le désastre social qui advient lorsqu'on délègue à quelques-uns le pouvoir de nous nourrir tous.
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J'ai ressenti l'enfermement dès ma première semaine. Le matin, en enfilant ma chemise, mon pantalon en toile, mes pompes "correctes" comme dit ma mère, en m'asseyant à mon bureau, en allumant l'ordinateur et en empoignant la souris, j'avais l'impression de rentrer dans une baignoire de glu. Je développais une aversion préoccupante aux fauteuils à roulettes, aux mails qui se terminent par "Cordialement" et au bip des caisses du Monoprix. J'avais de plus en plus de problèmes compliqués et de moins en moins de plaisir simples. Je moisissais dans le rôle de l'éternel stagiaire d'une structure dont l'utilité était difficilement démontrable en moins d'une minute. Le pire dans tout ça, c'est que c'était plutôt la belle vie.
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Je goûte quotidiennement au plaisir que connaissent les mômes qui ont grandi dans une valise de Lego : faire soi-même. Être porté par un plancher qu'on a posé, s'asseoir sur un fauteuil qu'on a construit ou caresser une arête de bois encore tiède d'avoir été poncée sont des sources intarissables de réalisation personnelle. La ferme n'est pas juste une ferme, c'est la matérialisation d'un rêve.
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J'aime les mots, j'aime l'idée qu'une réalité puisse être décrite, visualisée, rêvée, partagée, juste avec vingt-six lettres. Ces mots, j'ai l'impression qu'ils sont volés par l'industrie. Violés. Oser nommer "élevage" un bâtiment d'usine fétide, carcéral, où les êtres vivants en souffrance sont désignés comme du "minerai", cela me révolte.
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Colocataires : Nadia, la fidèle et douce amie journaliste, avec tout son monde créatif et culturel ; Rémi, antilope ou dauphin, hyperactif aux milles projets, des convictions jusqu'aux tripes et une intensité de vie de feu ; Nico, dont la dureté de façade cache une générosité immense et immédiate ; Lisa, la paisible et imperturbable femme koala de la tribu, qui rayonne d'un amour stable et pétillant. Les liens qui se créent sont forts, entiers. Mi-décembre, la coloc irradie, les autres, nous-mêmes.
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