AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Corine Pourtau (30)


Colère ou préméditation ? Deux types de fugue, qui ne répondent pas aux mêmes motivations. La fugue-colère est le plus souvent motivée par un événement ponctuel, ressenti comme traumatisant, une frustration, une dispute, une faute que l’adolescent ne parvient pas à assumer. La fugue-préméditation, calculée, organisée, témoigne d’un malaise plus profond, parfois d’un véritable mal-être, et demande un suivi psychologique destiné à cerner la nature exacte de ce mal-être.
Commenter  J’apprécie          10
Nico avait traîné trois jours autour de la gare de Perrache, trop jeune encore pour se résoudre à partir véritablement.
Commenter  J’apprécie          10
La police l’avait retrouvé assez vite, cette fois-là. Il y a des zones clés, des passages quasi obligés. Ils ont l’habitude.
Commenter  J’apprécie          10
Il avait quinze ans et demi la première fois qu’il avait fugué. Un tremblement de terre. Un tsunami. Le ciel qui lui tombait sur la tête. Le sol qui s’ouvrait sous ses pieds et l’engloutissait toute, la broyait en se refermant, lui brisait les os un à un, pulvérisait ses viscères. Soixante-sept heures de pure terreur, à tout imaginer, à lutter contre des visions sanglantes de corps fracassé par le pare-chocs d’une voiture, de corps tabassé dans un sous-sol, d’errance hagarde sur le bord d’une route. Et puis la honte ensuite, quand elle avait su. Le puits sans fond de la honte. Ni accident, ni séquestration, ni amnésie. Fugue. Et la question du pourquoi qui butte sur le bord des lèvres. Un garçon qui avait été si désiré... Tant aimé… Une enfance sans problème. Et pour elle, un parcours de mère zéro faute.
Commenter  J’apprécie          10
Elle aurait voulu que ces moments durent toujours. Elle aurait voulu que Nico ne grandisse jamais.
Commenter  J’apprécie          10
La bonne fée avec une formule magique pour chaque petit malheur de l’existence.
Commenter  J’apprécie          10
L’enivrement de savoir qu’elle était tout pour lui, le recours absolu, la toute-puissance qui chassait les mauvais rêves, les monstres dans les placards.
Commenter  J’apprécie          10
Très tôt, sans qu’elle s’explique pourquoi, il avait eu peur du noir. Quand la nuit tombait, il devenait nerveux. S’ils étaient à l’extérieur tous les deux, il la pressait de rentrer, l’entraînait en courant presque à proximité des zones de lumière, des magasins tout éclairés, des grandes avenues inondées de la clarté des lampadaires. S’ils étaient chez eux, il s’éloignait des fenêtres, jetant à intervalles réguliers à travers les vitres des coups d’œil pleins de malaise comme si de terrifiantes créatures menaçaient de traverser le verre pour se ruer sur lui, le manger ou l’emporter au fond de leur tanière, comme dans ces contes absurdes qu’elle refusait de lui lire, mais qu’il avait dû trouver quand même ailleurs, à l’école peut-être.
Commenter  J’apprécie          10
Peut-être, dans cette nébuleuse rassurante, aurait-elle alors cru l’entendre marcher dans la maison. Peut-être se seraient-ils parlé dans sa tête. Peut-être n’y aurait-il rien eu du tout, qu’un vide tranquille, un no man’s land de la mémoire et des sensations. Mais la première disparition de Nico ne l’avait pas rendue folle. Elle lui avait simplement permis d’apprendre que la douleur n’a pas de limites…
Commenter  J’apprécie          10
La première fois qu’il avait disparu, elle aurait aimé que les mots « folle de douleur » soient bien plus qu’une hyperbole. Folle, véritablement folle, au moins aurait-elle perdu la notion du temps qui s’égrène. Elle se serait laissée glisser dans une forme de catalepsie, un entre-deux de la conscience, comme lorsqu’on fait la planche sur les vagues, les bras en croix, qu’on ne sent plus rien que la brûlure du soleil sur la figure et que l’eau clapote aux oreilles, brouillant les repères.
Commenter  J’apprécie          10
Il fouille dans sa poche, en sort un paquet de cigarettes. Il en prend une, la met à la bouche, allume le briquet, approche la flamme de son visage, puis l’éteint brusquement : un homme s’avance vers lui.
Commenter  J’apprécie          10
Six ans, Nico…

Il se redresse, fait deux pas vers la rue et vient s’appuyer de l’autre épaule contre l’arête du mur. Elle le voit mieux comme ça, même si son visage reste encore un peu dans l’ombre. Au moins n’y a-t-il plus ces fluorescences de dessin animé pour lui brouiller les traits. C’est vrai qu’il a maigri. Ses vêtements flottent autour de lui, sans tenue, défraîchis, comme s’il se les était procurés au hasard, piochant dans un bac à Emmaüs ou au Secours populaire.
Commenter  J’apprécie          10
Elle s’est inventé mille scénarios en trois jours et deux nuits, cinquante-neuf heures exactement. Elle a imaginé mille fois les dialogues. Et tous les mouvements de la caméra. Les travellings, les gros plans sur leurs regards. Les ralentis, mille fois aussi… Et pourtant, alors qu’il est là, elle reste dans sa voiture, incapable de s’extraire de derrière le volant. Terrifiée à l’idée qu’il disparaisse encore, les yeux fixés sur lui comme si cela pouvait suffire à le clouer devant cette porte, à le statufier.
Commenter  J’apprécie          10
Elle ne peut dire comment il est apparu là, s’il a surgi de derrière la lourde porte à double battant pendant qu’elle clignait des yeux ou bien s’il est arrivé d’une rue adjacente, caché par un passant. Il s’est matérialisé d’un coup dans le renfoncement, né de la brume peut-être, elfe du froid et de l’hiver.
Commenter  J’apprécie          10
À sa dernière pause à la maison pour prendre une douche et changer de vêtements, avaler un mug de café brûlant, elle a failli ne pas revenir. Elle aurait préféré que l’ancienne voisine ne l’appelle pas. Six ans c’est long. Suffisamment pour que le corps épuisé consente à l’apaisement, faute de consentir à l’oubli.
Commenter  J’apprécie          10
C’est que des « J’ai cru le voir » et des corps gonflés d’eau repêchés au pied des piles de ponts, il y en a déjà eu tant ! L’atroce soulagement, à chaque fois, de se dire qu’on va avoir enfin une certitude ; puis le démenti : « Non, ce n’est pas lui », l’autre soulagement alors et l’attente qui recommence. Trois jours et deux nuits qu’elle guette, avec la vue qui se brouille à force de fixer la même portion du quai. La même porte. Trois jours et deux nuits, et c’est ce soir seulement qu’elle le voit.
Commenter  J’apprécie          10
Et trois jours et deux nuits maintenant qu’elle guette, rentrant chez elle à Neuville entre deux factions pour de très courtes haltes, mangeant à peine, l’estomac noué d’appréhension.
Commenter  J’apprécie          10
Six, avait-elle précisé mentalement, le téléphone collé contre l’oreille. Six années de plus. Six longues années…
Commenter  J’apprécie          10
C’est une ancienne voisine avec qui elle garde de loin en loin le contact qui l’a avertie. Un jeune homme, planté quai Jean-Moulin depuis une huitaine et qu’elle croise tous les soirs ou presque vers 19 heures, en allant faire ses ménages. Une fois ou deux, elle l’a revu en rentrant, vers 22 heures. Elle pense l’avoir reconnu, mais comment en être certaine ? Il a tellement changé, si c’est vraiment lui. Amaigri, les traits fatigués. Et toujours seul. Toujours l’air d’attendre, à la même place, devant la même entrée. Elle ne pouvait pas se taire, n’est-ce pas, mais elle ne voudrait pas non plus lui donner de faux espoirs. Quelques années de plus, à ces âges, ça fait une telle différence…
Commenter  J’apprécie          10
Autour d’elle, l’agitation d’une fin de journée ordinaire… Les gens se pressent. Bottes, écharpes, chapeaux, manteaux serrés autour de corps invisibles. S’anime le ruban des véhicules qu’on verrouille et déverrouille, s’allument les phares, résonnent les bips, les coups de Klaxon impatients pour forcer le passage. Et à l’entrée du bâtiment, immobile, cette silhouette rencognée dans son blouson trop fin pour la saison et qu’elle ne quitte pas des yeux, cette blondeur qui se pare de tonalités maladives – joues enfiévrées ou lividité souffreteuse – au gré du néon. C’est bien lui, pourtant, elle ne se trompe pas.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Corine Pourtau (46)Voir plus

Quiz Voir plus

L'Avare Molière

Quel est le nom de l'avare?

Valère
Aragon
Anselme
Harpagon

10 questions
633 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}