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Critiques de Damien Vidal (90)
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La Truie, le Juge et l'Avocat

En qualité de juriste, on ne peut qu'être intéressé par un procès dont l'accusé est un simple animal à savoir une truie qui ne demande qu'à allaiter ses petits pourceaux. Elle est accusée officiellement d'avoir renversée le cheval du fils du comte. Il faut dire que ce dernier maltraitait sa monture ce qui peut expliquer aisément l'accident dont il a été victime mortellement.



Oui, au Moyen-Age, on jugeait les animaux pour assurer le spectacle auprès de la population avide de châtiment, ceci avec l'objectif de conserver l'ordre et de contenter les notables.



On se rendra compte que c'était également un moyen de tenir les femmes réduites au rang d'objet comme un avertissement en cas de rébellion. La femme du juge va d'ailleurs joué un rôle assez primordiale dans cette BD aux accents satyriques.



On ne peut que souligner l'absurdité d'une telle parodie de justice mais cela est à mettre en lien avec une critique à peine voilée de la justice aux mains des puissants qui rend des verdicts contre toute logique. Je n'ai pu m'empêcher de mettre cela en parallèle avec ce qui se passe dans notre pays...



Le final est grandiose dans le message délivré. Oui, celui qui rend l'injustice finit un jour par en payer le prix dans le sang. A bon entendeur, salut !



J'ai été séduit par cette oeuvre assez originale dans le concept qui nous pousse dans les derniers retranchements. On n'est pas prêt d'oublier ce récit et cette pauvre truie victime de la méchanceté humaine la plus abjecte. Evidemment, une pensée également pour cet avocat courageux qui va défier l'autorité au péril de sa vie.



Je remercie les éditions Delcourt et Babelio pour la découverte de ce passionnant roman graphique dans le cadre d'une masse critique.
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La Truie, le Juge et l'Avocat

Il n'y qu'à lire le titre et observer la couverture pour deviner que "La truie, le juge et l'avocat" est sans doute une sorte de satire sociale, ayant un côté probablement insolite, incongru.



Le résumé de la quatrième de couverture, ainsi que la lecture de ce roman graphique le confirmeront. Puisqu'en effet, ce dernier raconte le procès d'une truie, accusée de meurtre, celui d'un jeune cavalier dont le père qui est comte demande que justice soit faite. Tout un chacun sait que cette malheureuse truie sera pendue, voire même brûlée vive, déjà coupable avant même toute forme de procès. Mais ce n'est pas compter sur l'Avocat qui, pour retrouver sa réputation d'antan, se nomme le défendeur de l'accusée.



De là, alors que le procès attirait déjà la foule, c'est à une sorte de spectacle, de mascarade plutôt qu'à un jugement auquel nous assistons. Le juge fulmine de ne pas pouvoir annoncer son verdict, le procureur est tourné en ridicule, le peuple change d'opinions sur la truie au gré des nombreux retournements de situation. Parce que même si l'avocat défend la truie pour des raisons qu'on pense douteuses, il faut bien lui reconnaître qu'il la défend sacrément bien notre accusée !



Malgré l'humour quelque peu détourné, où dérision et burlesque se disputent la première place, il y est tout de même question de sujets sérieux : de justice et d'équité avant tout, d'accusation à tort et à travers et/ou sans preuve, de manipulation des petites gens, d'inégalités entre classes sociales, de maltraitance envers les animaux, de la place des femmes et des animaux dans ce monde d'hommes qui se savent supérieurs.



Commençons par le point faible de ce roman graphique, pour finir sur le positif : les dessins. Non pas qu'ils s'adaptent mal à l'histoire, au contraire je trouve qu'ils reflètent d'ailleurs très bien l'ambiance moyen-âgeuse. Mais ils manquent, à mon avis, d'un peu d'originalité, peut-être sont-ils trop épurés, trop simples, peut-être un peu trop secs également.



En revanche, le gros point positif de cet ouvrage, c'est la façon dont sont octroyés des sentiments et des pensées aux animaux. Ainsi on pourra observer la poule et l'oie cancanner, commenter, juger, participer aux rumeurs, ou encore voir notre pauvre truie pleurer sous les coups, s'inquiéter de ses petits seuls à la porcherie. Les animaux, parce que capables d'empathie et d'entraide, de ressentir et de penser, sont rendus bien plus humains que les hommes eux-mêmes, montrés ici sous leur vraie nature. On prend automatiquement partie pour eux et pour les quelques humains qui prennent leur défense, à savoir l'avocat évidemment, le porcher qui gâte sa truie d'affection, et puis aussi la femme du juge (dont j'ai adoré la manière dont elle s'est vengée).



Le dénouement n'est pas du tout celui que j'avais imaginé, peut-être pas non plus celui que j'aurais voulu... Mais la derrière scène, bien qu'horrible, n'en est pas moins terriblement jouissive !



Reçu et lu dans le cadre d'une masse critique privilégiée, je remercie Déborah de Babelio pour la sélection et les éditions Delcourt pour l'envoi de ce roman graphique à la fois burlesque et allusif, que je n'ai pas vraiment trouvé drôle comme c'était certainement voulu et dont j'ai éprouvé quelques difficultés à me familiariser avec les dessins, mais dont l'intrigue reste tout de même bien menée de bout en bout, faisant preuve d'empathie et de sensibilité envers les animaux, malgré la divergence des thèmes évoqués.

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La Truie, le Juge et l'Avocat

Dans les rues de ce village, en plein Moyen Âge, des hommes recherchent avidement une truie. Dénoncé par son propre voisin, c'est ainsi que cet humble porcher se voit confisquer sa belle truie. Son crime, à la truie et non au porcher, avoir menacé un cavalier et sa monture et provoqué un accident ayant entraîné la mort du jeune homme. Aussi se voit-elle emprisonnée pour trouble à l'ordre public et meurtre ! Le porcher n'en croit pas ses oreilles et ce n'est pas le Plaideur qui ira le réconforter, des témoins ayant assisté à la scène. Mais en prison, un rat tenu au courant du sort de la truie s'en va raconter cette terrible histoire à une corneille qui, elle-même, va quérir l'aide d'un mendiant derrière lequel se cache un ancien avocat...



Au Moyen Âge, les animaux, supposés dotés d'une âme, étaient jugés au même titre que les hommes. Aussi, comparait-elle devant le juge, cette truie accusée d'avoir accidentellement tué un cavalier, au grand désarroi de son maître. De même que pour un homme, elle sera défendue par un avocat prêt à tout pour lui éviter la peine capitale, d'autant que, face à lui, se tient un juge visiblement indifférent, voire empreint de mépris, face à cette pauvre truie. Cet album, telle une farce cocasse, amorale, presque irrévérencieuse, met en avant la bêtise humaine, les notions de pouvoir, l'ignorance, le tout mâtiné d'humour (parfois noir). Les dialogues, parfois abracadabrantesques, ne manquent pas de piquant et parfois de ridicule, Laurent Galandon n'hésitant d'ailleurs pas à donner la parole à certains animaux qui se révèlent, au final, plus censés et plus empathiques que les humains. Ce scénario absurde et drôle, au final jouissif, est servi par un graphisme qui manque de finesse et de précisions. Un trait un peu rude et anguleux, des décors épurés.

Une satire sociale percutante...
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La Truie, le Juge et l'Avocat

Club N°53 : BD sélectionnée

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Très réussi !



La fable est belle avec suspens, rebondissements et une chute en dernière pirouette : les héros sont morts, vive les héroïnes !



Quant au graphisme, je lui ai trouvé une inspiration en lien avec l'iconographie médiévale qui ne dépareillait pas.



Gwen E.

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Réussi, très réussi...



Il y a du Voltaire dans cette histoire...



Vincent T.

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Cette fable sur la justice est une très bonne surprise, à priori pas emballé par le dessin j'ai été vite embarqué dans l'histoire.



Clément

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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La Truie, le Juge et l'Avocat

Une truie, accusée d’avoir provoqué la mort d’un notable, va être traduite en justice. Alors que s’ouvre son procès, un avocat se présente pour assurer sa défense, en place du plaideur de la ville mystérieusement absent.

Aidé par une corneille, avec qui il communique et qui va interroger pour lui tous les témoins et les protagonistes à quatre pattes de cette affaire, il parvient à découvrir l’enchaînement des événements et à innocenter l’animal. Mais « le pouvoir n’a que faire de la vérité »…

Si au Moyen Âge les animaux étaient jugés, ce n’est pas tant qu’ils avaient des droits mais pour entretenir une illusion : « pour que règne la paix chez les petites gens, le sentiment de justice doit être indiscutable ». Derrière ce fabliaux plaisant, c’est le fonctionnement inéquitable du système judiciaire qui est donné à voir. Et si vengeance n’est pas justice, c’est tout de même l’épouse du juge, terriblement malmenée, qui aura le mot de la fin.



Article à retrouver sur le blog :
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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La Truie, le Juge et l'Avocat

Ces histoires de procès d'animaux mis en place à partir du Moyen Age, j'en avais déjà entendu parler. Les bêtes accusées comparaissaient pour être jugées, certaines étaient même affublées de vêtements pour l'occasion. Des porcs et des bovins furent ainsi condamnés à la potence ou au bûcher.

Je lis dans Wiki que « l'Église étendit [également] ses excommunications aux rats, mouches, sauterelles, taupes, poissons. »

Diantre ! 😈

.

Dans cette histoire de truie jugée pour avoir tué un homme, la vision extérieure (par des animaux, en l'occurrence) des "mises en scène" & effets de manche judiciaires, souvent ridicules, est amusante, et les interventions de l'avocat ne manquent pas d'intérêt.

Le côté historique et le cocasse/absurde du sujet font penser au regretté Jean Teulé qui aurait pu nous livrer une version pleine de panache de ce genre d'affaire. L'exercice est plus terne ici, même si les auteurs introduisent un peu de scabreux pour pimenter.

La fin est délectable !

.

• Merci à Babelio & Delcourt pour cette MCS.
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La Truie, le Juge et l'Avocat

En 2014, j’avais beaucoup aimé la lecture de Lip : des héros ordinaires de Laurent Galandon au scénario et Damien Vidal au dessin, qui racontait la lutte ouvrière et la solidarité qui s’étaient mises en place dans les années soixante-dix dans cette entreprise d’horlogerie de Franche-Comté. C’est pourquoi, quand on m’a proposé de lire La truie, le juge et l’avocat du même binôme d’auteur-illustrateur, je n’ai pas hésité.



La truie, le juge et l’avocat présente un récit qui se déroule au Moyen-Age, époque à laquelle il existait des procès d’animaux. La truie est jugée, car en voulant sauver ses porcelets, elle a effrayé un cheval qui a cabré et ainsi causé la mort de son cavalier, un notable qui n’hésitait pas à donner des coups à sa monture. Au cours de son procès, elle va être défendue par un avocat brillant mais qui cache un secret, devant un juge qui ne correspond peut-être pas à l’idée qu’on se fait de la fonction.



Dans ce roman graphique, deux thématiques sont abordées : le statut animal qui a beaucoup varié au cours du temps et la justice à deux vitesses, en différenciant le faible du fort. A travers des humains qui sont plus bestiaux que les bêtes elles-mêmes, de nombreuses discriminations et violences sont dénoncées en utilisant l’arme de l’humour.



Cette œuvre est engagée comme avait pu l’être celle sur Lip. Le traitement par la dérision plutôt que par l’enquête historique permet d’explorer d’autres pistes au soutien de grandes causes. J’ai donc passé un excellent moment de lecture avec les textes de Laurent Galandon. Concernant le graphisme, le trait de Damien Vidal est précis, classique, et parfaitement adapté au scénario et à la période du Moyen-Age.



Si vous aimez combiner humour et sujets de fond, vous apprécierez particulièrement La truie, le juge et l’avocat, avec des retournements de situations bien trouvés afin qu’il y ait un peu de justice, même si elle s’exprime hors du prétoire !



Je remercie les éditions Delcourt et Babelio pour cet envoi dans le cadre d’une masse critique privilégiée.

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La Truie, le Juge et l'Avocat

Voici un roman graphique qui m’a rappelé de nombreux souvenirs de mes cours d’histoire des institutions ! Et pour cause, la période moyenâgeuse nous offre des pépites quand il est question de jugement ! Des ordalies ou « jugement de Dieu » s’opposant aux pratiques du « droit coutumier », on retrouve aussi des procès assez singuliers ; celui du jugement des animaux.



Damien Vidal et Laurent Galandon nous offrent au travers de cet album une très belle satire de la société en retraçant un procès assez particulier qui aurait tendance à faire sourire. C’est une truie, maman de nombreux porcelets qui va devoir comparaître devant le tribunal de la ville, car, celle-ci «a menacé un cavalier et sa monture. Par son attitude agressive, elle a provoqué un accident ayant entraîné la mort dudit Cavalier ».



J’ai beaucoup aimé cet ouvrage plein d’humour et d’ironie qui utilise merveilleusement bien d’allégorie du porc. Côté illustration, j’ai aimé les traits assez simples et épurés des illustrations qui se prêtent totalement au récit.



Je tiens à remercier les Editions Delcourt et Netgalley France pour la découverte de cette belle fable qui ouvre à la réflexion et au questionnement sur les institutions mises en place...
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L'observatrice

Voilà une petite BD fort intéressante mais qui malheureusement est passée trop inaperçue.

Cette histoire nous éveille sur la difficulté de changer un régime politique pour une indépendance. En effet c'est en 1991, à la fin de l'ex URSS, que le Kirghizistan déclare son indépendance.

La BD focalise sur l'élection présidentielle de 2005 qui a abouti à la présidence "Bakiev".



Le scénario d'Emmanuel Hamon :



Emmanuel Hamon aime bien aborder les sujets politiques dans ces œuvres.

Il nous livre ici une tranche de vie d'un pays en pleine reconstruction politique avec toutes ses qualités et ses défauts.

Via les yeux de la jeune et encore naïve héroïne qu'est Mathilde, il nous décrit donc succinctement à la fois les missions de l'OSCE, mais aussi les ressentis populaires, les tréfonds des manipulations politiques et le trafic d'influence.



Ainsi la protagoniste va évoluer rapidement, d'espoirs en désillusions, de futilité à action, et se remettre en question quant à son parcours, ses diplômes, ses objectifs de vie et son utilité.

Elle se rend vite compte que sa présence d'observatrice est quasi-inutile face à la corruption ambiante, que la population n'est pas dupe vis à vis des évènements mais se sent finalement impuissante.

A travers ses épisodes et visites de l'hôpital de la ville, elle en mesure l'ampleur de la gangrène et s'explique ainsi la résignation des Kirghizes.

Emmanuel Hamon nous crie aussi probablement son désespoir de ces situations hélas trop commune encore de nos jours (y compris chez nous), et développe ainsi une évolution psychologique rapide très affectante et touchante de Mathilde au travers ce récit.

Notre héroïne, face à ces constats de pauvre ruralité du pays et des manques de moyens des institutions, brave son interdit d'observatrice pour finalement agir en jouant de ses relations, prenant ainsi un risque énorme pour le Kirghizistan et pour elle.

Elle agit en son âme et conscience croyant bien faire, mais elle finit par s'apercevoir que son manque d'expérience l'a finalement dépassé.

On a peur pour elle...



Le scénariste, également réalisateur et acteur de cinéma, dénonce ainsi habilement les mascarades de ces hommes d'importance, la corruption généralisée et les manipulations de masse tout en y opposant un idéalisme altéré et parfois à la limite de la condescendance, à travers les représentants de l'OSCE.

Ce scénario est donc, selon mon opinion, du grand art dans ce registre.

Tout parait transparent et relativement simple au premier abord, mais s'avère finalement beaucoup plus complexe que prévu.



Le dessin de Damien Vidal :



Damien Vidal nous reviens après ces deux extraordinaires ouvrages avec Laurent Galandon : Lip et le contrepied de Foé.

Cette fois ci c'est donc avec Emmanuel Hamon qu'il fait équipe pour nous raconter une autre tranche de vie mais plutôt politique cette fois ci.



Le dessin réaliste de Damien Vidal est appréciable et fort bien adapté à ce genre de récit. Son trait est fluide, simple et efficace.

Les détails semble sporadique et n'apparaissent que s'ils semblent nécessaires (exemple : décoration d'intérieur parisien, ou architecture particulière par exemple...).

Les arrière-plans sont donc purgés et réduit à leur plus simple appareil. Ils sont brillamment représentatifs de la pauvreté du pays et de la population. A noter tout de même que les vignettes de paysage Kirghize sont magnifiques et font penser à un sublime carnet de voyage, comme Mathilde aurai pu le faire. Les couleurs sont gaies et vivantes mais loin d'être criarde.

J'adore par exemple les couleurs du passage en boite de nuit, c'est un style que ce dessinateur devrait à mon sens, beaucoup plus exploité.

Je regrette tout de même un petit point. Si je devais comparer avec les autres œuvres de Damien Vidal (le contrepied de Foé par exemple), je trouve que les personnages manquent un peu de relief et de caractère. Les expressions se devinent mais se confondent aussi parfois un peu, à la manière d'un Jiro Taniguchi où les visages paraissent neutres, stoïques et impassibles, la plupart du temps.

Mai cela ne reste que mon opinion...



Les effets sont peu nombreux mais bien placés et apportent du mouvement au dessin (Les effets de poussière et ce léger flou des roues de camion par exemple...)

Au final, j'aime beaucoup le coup de crayon de Damien Vidal



En bref, l'observatrice est au final une oeuvre très engagées dénonçant nombre de malversations encore trop communes de nos jours et plus ou moins visibles. Le récit se passe au Kirghizistan, mais notre pays n'est pas en reste non plus avec sa classe politique.



C'est donc bel et bien une oeuvre osée et critique si l'on y réfléchi bien.


Lien : http://www.7bd.fr/2019/06/lo..
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Lip : Des héros ordinaires

Mis en péril par la concurrence américaine et japonaise, l'horloger Lip dépose le bilan en avril 1973. Les ouvriers réagissent, s'opposant au démantèlement de l'entreprise et aux licenciements. Ils manifestent, occupent les locaux, continuent à produire et à vendre des montres. La lutte dure presque un an, bras de fer entre salariés et actionnaires soutenus par le gouvernement. Ce conflit a été abondamment relayé par les médias et a suscité des mouvements de solidarité au niveau national et même au-delà des frontières.



Les auteurs inscrivent subtilement quelques trajectoires individuelles dans l'histoire de cette mobilisation sociale emblématique, notamment celle d'une femme qui s'émancipe de la domination de son mari. On entend des salariés prendre conscience de l'importance de la solidarité et de leur propre valeur, eux qui se dépréciaient en tant que "simples OS". On voit certains quitter le navire (il faut bien continuer à gagner sa croûte), d'autres rejeter toutes les propositions qui viennent d'en haut (question de principe).



BD à la fois simple et intéressante, avec la voix du chanteur François Béranger (1937-2003) en bande-son - réellement venu soutenir le mouvement à Besançon :

"La morale du travail,

La productivité,

L'Etat et les patrons,

Leurs mensonges et leurs lois...

Tu n'es que la victime

D'un complot bien monté,

Celui de l'exclusion

Parfaitement planifiée...

Pour faire marcher le monde,

Hier on t'exploitait,

Aujourd'hui on te jette,

Ça s'appelle le progrès..."

(p. 96 - Parole aux exclus)
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La Truie, le Juge et l'Avocat

Au Moyen-Âge, il arrivait qu'on fasse des procès aux animaux. Ici, une truie est accusée du meurtre d'un jeune noble. Elle risque la mort.

Je ne connaissais pas les procès d'animaux moyenâgeux, même si je n'en suis pas vraiment surprise. Cet album est l'occasion de mettre en lumière ces pratiques d'une autre époque. Mais c'est aussi et surtout l'occasion de faire une satire de la société. Entre la place des femmes, les nantis qui ont toujours raison et l'opinion publique fluctuante, l'histoire n'épargne pas grand-chose à ses protagonistes. Et le happy end semble pointer son nez, on aurait tort de crier trop vite victoire.

Cette histoire étonnante est appuyée par de très beaux dessins au trait fin et aux jolies couleurs qui collent parfaitement à l'ambiance et à l'époque décrite.

Un roman graphique original et prenant, bien plus profond qu'il n'y parait au-delà de la farce initiale.

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La Truie, le Juge et l'Avocat

Quelque part en France, une petite cité médiévale est en émoi. Suite à une chute accidentelle de cheval, un cavalier est mort ; son père, un notable influent réclame justice : que la coupable soit attrapée, jugée et condamnée ! Fusse t-elle une truie…



Un animal porté devant la justice des hommes et conduit au tribunal pour répondre de ses actes criminels, cela pourrait porter à sourire, voire à moqueries mais le fait est connu : au Moyen Âge, les procès d'animaux étaient monnaie courante.

Laurent Galandon et Damien Vidal se sont saisi de ce qui peut apparaître comme une incongruité pour notre époque contemporaine pour nous interroger sur le rapport qui lie l’homme à l’animal ; plus précisément encore sur le regard porté sur certains animaux, car il apparaît plus justifié de s’en prendre à une truie ou une corneille qu’à un noble cheval…

Cette truculente BD est aussi l’occasion pour ses auteurs d’attirer l’attention sur toutes les formes d’injustices d’une société pas si éloignée de la notre, comme celles faites aux pauvres, aux femmes, aux originaux. Est-il seulement possible d’instaurer une justice équitable ?



Vous l’aurez compris, derrière la truculence du propos, une BD sociale et engagée, comme j’avais déjà eu le plaisir de le savourer dans « Lip, des héros ordinaires ». Un duo à suivre !

Merci beaucoup à Babelio et aux Editions Decourt / Mirages pour cette lecture offerte dans le cadre de l’opération Masse critique.
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Lip : Des héros ordinaires

Cette BD revient sur l'affaire LIP qui avait fait grand bruit dans les années 1970. A travers la vie de Solange, personnage de fiction ouvrière chez LIP, nous suivons le quotidien des ouvriers en grève, leurs actions, leurs coups d'éclat, leurs déboires, le soutien - ou non- des citoyens et des politiques.

C'est très intéressant à suivre et à découvrir. C'est beau de voir cette solidarité qui se met en place entre les êtres et la façon dont une idée, une volonté de donner le meilleur à tous de façon égalitaire peut motiver. Cette BD-documentaire montre aussi de façon très nette la façon, toutefois, dont le mouvement s'essouffle et atteint ces limites.

Pour le reste, je dois souligner quelques éléments qui m'ont beaucoup moins plu et à commencer par le système même de personnage de fiction que l'on suit au sein d'une histoire réelle. Je comprends, évidemment, cette démarche mais comme les auteurs veulent une personnalité attachante, il multiplient les scènes consacrées à la jeune-femme, Solange, et qui ne sont vraiment pas très intéressantes. Certes, elle est touchante par moment mais elle n'a pas du tout éveillé mon intérêt. D'autant que c'est souvent elle qui donne les bonnes idées (prendre les montres en otage, les cacher etc) alors que cet évènement historique ne peut, bien évidemment, pas être de son fait.

Second point décevant, et pas des moindres pour moi : la qualité du dessin. Je l'ai trouvé inégal, mal proportionné et peu attrayant...

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Lip : Des héros ordinaires

Après Les Vieux Fourneaux que Michel avait dévoré avec un plaisir communicatif, la Bande dessinée continue, chez Dargaud du moins de nous parler social et lutte des classes.



En effet, une BD - enfin plutot un roman graphique -- Lip, des héros ordinaires, publié courant du mois de mars se charge de nous rafraichir la mémoire sur une affaire qui a tenu en haleine toute la France en 1973, et qui nous a vraiment emballé, Michel et moi. La bonne idée des auteurs c'est de raconter ces 329 jours de lutte à travers le prisme d'une ouvrière, Solange, d'abord réticente puis partie prenante... Un roman graphique de 176 pages – dont un cahier supplémentaire inédit – idéal pour se rafraichir la mémoire pour les générations de l'époque, ou pour les nouvelles pour découvrir la lutte des ouvriers dont le leitmotiv était : "On fabrique, on vend, on se paie !"



Et le récit est admirablement tissé par Laurent Galandon, le dessinateur Damien Vidal est au diapason en adoptant un trait simple et une mise en noir et blanc des plus sobres qui rendent parfaitement crédible l’histoire de Solange et de cette lutte si emblématique.



Et comme Damien Vidal est lyonnais -et carrément du même quartier que moi- on a pu le rencontrer autour d'un café ce samedi et on lui a posé toutes les questions qui nous brulaient les levres :
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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La Truie, le Juge et l'Avocat



« La truie, le juge et l’avocat » : une fable inédite de La Fontaine ? Non ! Le dernier roman graphique de Laurent Galandon et Damien Vidal paru dans la collection « Mirages » chez Delcourt qui sur une base historique fort bien documentée nous livre un apologue et une satire aux résonnances toujours actuelles ….



UN OUVRAGE DOCUMENTAIRE



C’est leur troisième collaboration et les auteurs s’intéressent à un aspect du Moyen Age qu’on ne connaît guère et n’a jamais été réellement abordé en Bd (même s’il donne son nom énigmatique au premier tome de la série « St Elme » de Lehman et Peeters : « La vache brûlée ») : le procès d’animaux. En effet, même si cela nous semble aujourd’hui tellement stupéfiant qu’on serait tenté de croire qu’une telle histoire est le fruit de l’imagination du sieur Galandon, pendant près d'un millénaire en Europe, les bêtes de ferme et autres insectes nuisibles pouvaient être envoyés devant des tribunaux, et jugés !

Le fait divers relaté ici est directement inspiré d’une affaire réelle : celle du procès de Falaise en 1386. A l'époque, les cochons servent d’éboueurs et déambulent librement dans les rues. Un jour, une truie s’attaque à un nourrisson mal surveillé et commence à le dévorer. Le nouveau né meurt peu après, et la truie est conduite au tribunal et condamnée à être pendue.

Dans l’album, la coche est accusée d’avoir provoqué la mort d’un riche cavalier. Il y avait des témoins qui l’ont formellement reconnue et le juge, le procureur et même le plaideur qui doit assurer sa défense s’accordent à considérer l’affaire comme réglée avant même le procès. Mais un mendiant mystérieux, avocat déchu, se saisit de cette occasion pour tenter de se réhabiliter …

La Bible elle-même permettait de justifier de telles pratiques puisque le livre de « l’Exode » stipule que « si un bœuf a renversé un homme ou une femme et qu'ils en sont morts, le bœuf devra être lapidé. Ses chairs, en revanche, ne seront pas mangées, et le propriétaire du bœuf sera considéré comme innocent ». De plus, les animaux étaient tenus pour certains en partie responsables de leurs actes, dans la mesure où au Moyen Age (avant la théorie de l’animal machine de Descartes) on considère que comme tous les êtres vivants, ils possèdent une âme.

On a donc bien un aspect documentaire dans cet album, parfaitement rendu par le trait réaliste de Damien Vidal qui s’attache à reproduire tous les détails de la vie quotidienne de l’époque dans les décors, les vêtements et les accessoires. L’album est un fabliau : un petit récit « tranche de vie » qui met en avant une situation a priori cocasse pour faire rire le lecteur.



DU FABLIAU A L’APOLOGUE



Mais c’est aussi bien plus ! Une dimension presque fantastique apparaît rapidement dans l’œuvre avec la « connexion » qui lie le mendiant à sa corneille et les savoureux commentaires dispensés par la poule et l’oie sur les événements. Avec ces animaux qui parlent ainsi que des personnages réduits à leur seul rôle social (le procureur, le noble, le porcher, le juge etc…) et dépourvus de patronymes, on rejoint le domaine de la fable et qui dit fable dit morale et enseignement !

Tout d’abord, on remarquera « l’humanité » paradoxale qui se dégage des animaux. Leurs sentiments sont forts bien rendus tant dans le trait que les dialogues. Vidal souligne en permanence de son trait expressif la peur de la truie et l’attachement qu’elle éprouve vis à vis de ses porcelets tandis que la corneille et le rat sont capables de s’entraider et de s’épauler : leurs échanges rendent plus saisissants, par contraste, les comportements humains dénués d’empathie et de solidarité. Enfin, les analyses des volatiles soulignent les faux semblant qui règnent dans la société et font particulièrement réaliser au lecteur l’aspect théâtral du monde dans lequel ils évoluent.

On notera alors que le traitement hyperréaliste des décors n’est pas gardé pour les personnages. Leurs traits sont souvent caricaturaux, ils sont presque croqués dans une esthétique « gros nez » et présentés de façon plutôt statiques. Ils apparaissent donc comme des marionnettes. Et si le procès est bien considéré comme un lieu de spectacle pour lequel il faut se dépêcher d’avoir les meilleurs places (ce qui occasionne d’ailleurs des scènes très drôles dans un comique de répétition), chacun joue finalement un rôle, celui que la société lu a assigné.



UNE SATIRE AUX RÉSONNANCES ACTUELLES



Dans une perspective presque baroque en effet, le procès est montré comme hyper théâtralisé et ritualisé ce qui permet de souligner comme il a une valeur d’exemple pour l’ensemble de la société. Les bourgeois offrant en effet ces spectacles d’animaux jugés au peuple comme un moyen de lui rappeler qu’il lui fallait rester docile…

D’ailleurs il n’y a guère d’outrance dans cette vision du scénariste comme le montrent les documents conservés sur le procès de Falaise dans lesquels on apprend qu’avant de la pendre, on habilla la truie avec des vêtements de femme à la demande du juge bailli de Falaise qui exigea également qu’une grande peinture soit faite pour l’église de la Trinité de Falaise afin de garder mémoire de l’événement pour que les hommes en tirent des leçons !

Si chacun des protagonistes connaît son « rôle » et si le juge, le procureur et le plaideur s’apprêtent à reprendre une pièce qu’ils ont jouée à de multiples reprises et dont ils énoncent mécaniquement les répliques, l’improvisation de l’avocat va tout mettre à mal. Ce dernier sert de « fou du roi » : il reprend les codes de la justice et convoque la truie à la barre, l’interroge, met les rieurs de son coté, retourne l’opinion et permet ainsi d’effectuer la satire d’une justice vide de sens et à deux vitesses. On connaissait l’intérêt du scénariste pour la justice depuis son triptyque « L’Avocat » mais on se souviendra également que le duo avait déjà signé « Lipp : des héros ordinaires » dans lequel ces artistes s’intéressaient également aux petits broyés par la machine judiciaire et sociétale comme ici la truie et son porcher.

Mais cet ouvrage ne se contente pas de montrer l’injustice régnant dans les prétoires, elle condamne également les comportements dans la sphère privée et se mue en un combat pour la condition féminine. En effet, parallèlement au procès on suit le martyre subi par la jeune épouse du juge, personnage haïssable qui agit …. Comme un porc et abuse de sa position d’autorité non seulement dans la salle du procès mais aussi dans sa chambre à coucher. Ce « me too » médieval trouvera son aboutissement inattendu dans une fin particulièrement jouissive qui réunit avec brio les deux arcs narratifs.



Cet album petit format aborde donc un tas de grands sujets : c’est à la fois un plaidoyer pour la condition animale (le thème de la maltraitance était déjà abordé par Galandon dans « La Tuerie »), une remise en cause de la suprématie de l’Homme et même de son humanité, la dénonciation d’une justice à deux vitesses et du poids que l’opinion publique peut avoir dans l’issue d’un procès ainsi qu’une défense de la condition féminine. C’est donc un ouvrage intelligent, drôle et glaçant à la fois qui sous les oripeaux du fabliau nous interroge sur des problématiques hélas toujours d’actualité.



Merci à Babelio et aux éditions Delcourt de m’avoir permis de le découvrir dans le cadre d’une masse critique privilégiée.

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Lip : Des héros ordinaires

Un livre magnifique sur les ravages du capitalisme et le mépris pour le travail et les travailleurs.



Les Lip, j’avais déjà entendu ce mot mais sans vraiment savoir de quoi il s’agissait précisément, cet ouvrage a comblé cette lacune et m’a donné envie d’aller plus loin encore dans mes recherches.



Les Lip semblent d’ailleurs être d’actualité, depuis ma lecture j’ai croisé sur les murs de Paris une affiche rappelant le 50è anniversaire de la lutte des Lip. Sans doute un écho aux derniers événements sociaux.



Les Lip, c’est l’histoire banale mais que l’on découvrait visiblement un peu à l’époque d’une logique financière bien différente de celle du commun des mortels.

Une grande entreprise internationale achète une petite usine de Besançon qui fabrique des produits renommés et dont la pérennité n’est absolument pas menacée.

Petit à petit le nouveau propriétaire, pour qui seul le nom de l’entreprise compte démantèle l’outil de production.

Et forcément, au bout d’un moment se pose la question de la survie du site de Besançon.

Les travailleurs vont alors se mobiliser et jour après jour démontrer leur détermination. Ils vont montrer grâce à leur persévérance et à leur créativité qu’un autre modèle est possible.



Au-delà de la lutte pour la survie d’une entreprise, on voit dans ce magnifique livre que c’est toute une ville, un département voire une région qui sont menacés et impactés par une telle fermeture.



C’est toute une époque qui est dépeinte ici, une époque où les femmes ne peuvent pas vraiment décider de leur sort (dans l’expérience Lip si) ; ou il y a une hiérarchie sociale stricte (pas chez les Lip), etc. Lip va créer une brèche dans tout cela.



Les Lip vont proposer de revenir à des valeurs très simples et efficaces, les valeurs du travail et de la lucidité économique, fabriquer des produits de qualité à des prix corrects dans le but de payer les travailleurs de façon convenable et ainsi créer un cercle vertueux et efficace.



Mais l’idée de ces coopératives ouvrières ne plait pas au patronat et ne plait pas non plus au gouvernement. Imaginez que cela fasse tache d’huile. Alors ils vont s’évertuer à détruire le projet réaliste et rentable pour prouver que cela n’est pas possible. 5 ans après mai 68 et alors que le Larzac s’enflamme il ne serait pas bon de créer des précédents et de laisser croire qu’un autre monde est possible.



En refermant ce livre, on se dit que Lip, ce fut un magnifique champ d’expérience qui aurait pu permettre une révolution industrielle positive mais que comme souvent dans les révolutions, on revient au point de départ lorsqu’elle s’achèvent.



Les Lip c'est un rêve, les Lip c'est une utopie peut-être mais surtout les Lip ce sont des hommes et des femmes qui ont essayé et un temps réussi à faire vivre un rêve, celui de travailler la tête haute. Ce livre rend vraiment hommage à ces hommes et à ces femmes.



Le contenu est fort et passionnant, le dessin le met superbement en valeur. En plus on peut trouver ce livre dans les nouveaux formats bd à moins de 10€.



Je suis très content d’avoir découvert cet ouvrage dans la librairie lyonnaise spécialisée « Expérience ».
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Lip : Des héros ordinaires

J'aime tout dans cette bande dessinée : le fond et la forme.

Le format (pas trop grand) et les dessins (en noir et blanc et épurés) rendent la lecture vraiment agréable sur un sujet de fond qui me rappelle mon enfance car je me souviens de l'impact au niveau national d'un conflit social pour la sauvegarde de l'entreprise LIP en 1973.

Laurent Galandon et Damien Vidal ont bien réussi ce "LIP des héros ordinaires" préfacé par Jean-Luc Mélanchon qui confirme que la lutte pour l'emploi est toujours d'actualité au sein de l'entreprise.

Il est vrai qu'à l'époque, les travailleurs ont innovés par l'autogestion et la solidarité entre syndiqués et non syndiqués et qu'en cela cette lutte pour la défense de l'emploi reste encore un modèle.

Et puis, j'étais fan de François Béranger qui est venu soutenir le mouvement en chantant alors ça ne s'oublie pas.

Ce que je trouve très bien aussi, c'est que l'histoire est raconté par une femme qui s'est engagée par conviction et qui témoigne aussi de la difficulté d'émancipation des femmes, surtout quand elles sont seules et mères (et ce n'est pas si loin). Son expérience en tant que LIP va l'aider à rencontrer les bonnes personnes et choisir sa vie.

Il ne me reste plus qu'à compléter cette lecture avec le documentaire de Christian Rouaud "Les LIP, l'imagination au pouvoir".

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La Truie, le Juge et l'Avocat

Quand on voit le titre du récit, on comprend tout de suite que l'on va avoir affaire à une satire sociale mettant en scène des animaux pour dénoncer des travers de la société comme le faisait Jean de la Fontaine avec ses fables.



Ici, nous allons assister à un procès, mais par n'importe quel procès, un procès bien étrange, celui d'une truie. En effet, cette maman cochon est accusé d'avoir entrainé la mort d'un cavalier et sera jugé pour son crime.

Si pour faire bonne figure elle a droit à une "défense", on comprend vite qu'il n'en est rien et que la pauvre bête est condamné avant même d'être jugée. C'est la que l'avocat intervient, un avocat miséreux mais qui pourrait avoir un atout dans sa manche.



J'ai été agréablement surpris par ce récit, par les thèmes abordés et par l'absurde qu'il dégage tout en étant sérieux.

Une BD qui m'intriguais par son titre et par sa couverture et qui a su me faire passer un bon moment de lecture.
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La Truie, le Juge et l'Avocat

Au Moyen Age, en Europe, les animaux pouvaient être jugés pour leur méfaits, et condamnés. Ici une truie est accusée d'avoir provoqué la mort d'un homme en effrayant son cheval.

Le lecteur comprend rapidement que ce crime n'est qu'un prétexte pour l'exemple, et que l'exécution de l'animal profitera à certains.

Il est insensé de condamner un animal pour des infractions dont il ne peut avoir conscience. L'auteur le met ironiquement en évidence. Il montre aussi que la justice à l'égard des hommes n'est à l'époque guère plus juste.



Gardons-nous bien cependant de juger hâtivement nos prédécesseurs, et regardons la manière dont les animaux et les hommes sont traités de nos jours. Les porcs ne sont plus jugés, ce qui ne nous empêche pas de les encager, puis de les exécuter pour les manger (je m'inclus parmi les responsables). On autorise aussi des tortures dans des arènes (là, je n'applaudis jamais). Quant à la justice des hommes, elle est toujours plus clémente avec des délinquants encravatés qu'envers d'autres qui n'ont pas réellement eu le choix de leur vie.
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La Truie, le Juge et l'Avocat



Saviez vous qu'au moyen-âge les animaux pouvaient être envoyés au tribunal à leur procès? Moi non, je l'ai appris avec ce roman graphique que j'ai beaucoup aimé.

Une bande dessinée nous contant une histoire digne d'une fable de la Fontaine.



L'histoire se déroule donc au moyen-âge, une truie est accusée de meurtre sur le fils d'un notable de la ville. Son sort semble scellé jusqu'à ce qu'un avocat arrive en ville et décide de s'occuper de la truie et de clamer son innocence face à un juge qui n'a que mépris face aux êtres qu'il juge inférieurs à lui.



Voici donc une satire sociale drôle, irrésistible et pathétique. Quand la folie humaine croise la route des animaux et leur laisse peu de choix face à leur avenir.

J'ai aimé la construction de l'histoire et l'arrivée de cet avocat un brin étrange et fantasque mais qui a à cœur de défendre cette pauvre bête tout en ridiculisant le juge et le procureur.

Je ne vous cache pas que cette pauvre truie maman de quatre porcelets m'a fait beaucoup de peine, le graphisme et la luminosité met bien en avant les sentiments de cet animal qui ne comprend pas ce qui lui arrive.

Le juge est un être exécrable qui, comme bon nombre d'hommes à l'époque, n'a que mépris pour les femmes pensantes, notamment pour la sienne qu'il prend comme un objet.

J'ai énormément aimé la fin de ce graphique qui est un juste retour des choses.



Un chouette graphique que j'ai pris plaisir à lire.

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