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Critiques de Dan Slott (216)
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Fantastic Four, tome 2 : M. et Mme Grimm

Ce tome fait suite à Fantastic Four by Dan Slott Vol. 1: Fourever (épisodes 1 à 4) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend le numéro Wedding Special, l'épisode 5 de la série, mensuelle, initialement parus en 2019, ainsi que l'épisode 8 de la série initiale de 1961, paru en 1962.



Wedding Special - Girls gone wild (20 pages, scénario de Gail Simone, dessins et encrage de Laura Braga, couleurs de Jesus Aburtov) - Rikki est venue chercher Susan Richards et Alicia Masters dans le quartier général des Fantastic Four à Yancy Street, pour les emmener à l'enterrement de la vie de jeune fille de cette dernière. Arrivent également Argo et Delia, 2 autres artistes appartenant au même collectif qu'Alicia et Rikki. Une fois sorties, elles retrouvent Jennifer Walters, Medusa et Crystal qui les attendent devant une immense limousine, conduite par un certain Liosk. Elles se rendent dans un grand club, avec de la musique et des jeunes hommes à la belle carrure et peu vêtus.



Conscient de ne pas forcément être très à l'aise dans l'écriture de l'enterrement d'une vie de jeune de fille, Dan Slott laisse cette partie à une scénariste confirmée, une femme avec plus d'expérience en la matière que lui. Gail Simone utilise la trame attendue : sortie avec les copines, irruption d'une jalouse, affrontement contre des méchants (il s'agit d'un comics de superhéros), et déviation vers des bons sentiments pour finir. Le lecteur ne retrouve pas forcément un degré de sensibilité émotionnelle qu'il associe avec ce genre d'événement. Il sourit en découvrant la nature de la jalousie, moins évidente qu'une simple rivale. La fin sert d'ouverture pour montrer que le mariage peut ne pas se limiter à un repli sur deux individus. Laura Braga effectue une mise en images professionnelle, avec un bon niveau descriptif, un combat clair sans être mémorable, avec des personnages féminins qui donnent l'impression de minauder, pas toujours de façon naturelle. 3 étoiles.



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Wedding Special - Father figure (8 pages, scénario de Dan Slott, dessins de Mark Buckingham, encrage de Mark Farmer, couleurs de Matt Yackey) - Ben Grimm sacrifie à la tradition, à la fois pour apaiser sa conscience, à la fois pour tout faire selon les règles vis-à-vis d'Alicia : il se rend à la prison haute sécurité The Raft, pour demander la main d'Alicia à son père Phillip Masters.



Le lecteur reconnaît plus la sensibilité de Dan Slott dans ces 8 pages. Ben Grimm reste un individu attaché aux traditions, et prenant ses responsabilités même si ça lui coûte. Il n'entretient pas beaucoup d'espoir quant au résultat, et il fait preuve d'une forme d'humilité impressionnante en demandant une faveur à un des ennemis mortels des Fantastic Four. L'entretien évite la dramatisation facile, pour montrer la tension entre les 2 individus, pour mettre en lumière la différence de caractère et d'état d'esprit entre Ben et Phillip, le souhait d'éviter de déclencher des représailles d'un côté, un mode de réflexion égocentrique de l'autre. Le scénariste réussit à surprendre le lecteur par l'issue de la conversation. Les responsables éditoriaux ont réussi à confier cette séquence à Mark Buckingham. Il est d'abord moins baroque que dans la série Fables (de Bill Willingham), mais le merveilleux affleure à bon escient dans quelques cases, et certaines cases portent en elles des réminiscences de Jack Kirby. 5 étoiles.



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Wedding Special (3 pages, scénario, dessins et encrage de Fred Hembeck, couleurs de Megan Wilson) - Pour l'occasion, peut-être à la demande de Dan Slott, les responsables éditoriaux ont fait appel à Fred Hembeck, caricaturiste parodiant les superhéros. Phillip Masters s'adresse au lecteur face caméra pour évoquer la vie de sa fille adoptive, sa rencontre avec Ben Grimm, son remplacement par un skrull. Ces 3 pages font office de résumé succinct de la relation entre Alicia et Ben, sur un ton bon enfant, sans vraiment être drôle.



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Épisode 5 (scénario de Dan Slott, dessins et encrage d'Aaron Kuder pour 20 pages, Michael Allred pour 18 pages, Adam Hughes pour 18 pages) - Les derniers préparatifs vont bon train. Comme à son habitude, Reed Richards exaspère son épouse Susan, en refusant de quitter ses expériences qui ne peuvent pas attendre. En outre, il délègue l'organisation de l'enterrement de la vie de garçon de Ben à Johnny Storm, car il n'a pas non plus le temps de s'en occuper. Ben Grimm a une faveur à demander à Susan Storm (dessins de Mike Allred) : l'aider à répéter la danse, et ils se souviennent des débuts des Fantastic Four. La soirée de l'enterrement de la vie de garçon arrive (dessins d'Adam Hughes) : un peu de catch, des gâteaux assez grands pour contenir une stripteaseuse et bien sûr une partie de poker avec les potes. Enfin, la cérémonie se déroule, à Benson en Arizona, uniquement avec la famille proche, pour éviter l'irruption d'individus mal intentionnés et dotés de superpouvoirs.



Après le numéro spécial de préparatifs du mariage, le lecteur n'est que moyennement confiant sur un autre épisode à rallonge. Il n'échappe pas à un retour sur les origines des Fantastic Four, mais racontée d'une manière originale. Cette fois-ci, elles sont présentées du point de vue de Susan Storm qui évoque son ressenti vis-à-vis de Ben Grimm, sa transformation, la première fois qu'Alicia Masters a rencontré les membres de l'équipe. Les dessins faussement naïfs et rétro sont parfaitement adaptés pour évocation d'une époque révolue, tout en faisant ressentir l'état intérieur des personnages, avec une approche descriptive plus développée que les épisodes originaux qui sont évoqués. Le lecteur cède avec plaisir à la séduction de ce regard sur le passé, qui n'est ni mièvre ni fade. Il est tout aussi honoré d'être invité à l'enterrement de vie de garçon de Ben Grimm. Adam Hughes s'est pleinement investi dans ses 18 pages, avec un impressionnant degré de finition, une grande inventivité dans la mise en page, des personnages très vivants, et une sensibilité toute en nuances. Dan Slott est en meilleure forme que Gail Simone : l'amitié entre les invités est plus palpable, les festivités et les imprévus sont à la hauteur de The Thing, et la bonne humeur génère un sourire chez le lecteur.



Vient ensuite le moment tant attendu, mais aussi tant redouté : la cérémonie de mariage. Là encore, Dan Slott fait preuve de finesse. Au lieu d'un événement newyorkais avec des centaine d'invités, et des supercriminels inéluctables, il met en scène une cérémonie plus intime, loin de tout. Aaron Kuder réalise des dessins descriptifs, avec ce qu'il faut de dramatisation, mais sans exagération lourdaude. La cérémonie recèle quelques surprises, à commencer par le comportement de Reed Richards qui est le témoin de Ben. Le scénariste réussit à combiner émotion et danger, tout en contournant les clichés habituels, et en transcrivant l'émotion générée par une telle cérémonie. Tout en regrettant quand même qu'il ne s'agisse pas d'un événement plus médiatisé dans l'univers partagé Marvel, le lecteur participe à une cérémonie de mariage adulte et touchante. 5 étoiles.



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Fantastic Four 8 (1962, scénario de Stan Lee, dessins de Jack Kirby, encrage de Dick Ayers, couleurs de Stan Goldberg) - Ben Grimm vient de rentrer au Baxter Building emmitouflé dans ses habits pour essayer de passer inaperçu dans les rues de New York. Reed Richards, Susans Richards et Johnny Storm lui interdisent l'entrée du laboratoire de Reed. Devant ces cachoteries, il prend la mouche et ressort dans la rue pour s'en aller. Il est suivi par Susan Richards qui s'est rendue invisible et qui essaye de le ramener à la raison. Peu de temps après, Mister Fantastic et Human Torch doivent intervenir pour sauver un homme qui veut se suicider depuis le sommet d'un pilier du pont de Brooklyn.



C'est tout naturellement (mais aussi pour augmenter la pagination) que le tome se termine avec l'épisode dans lequel apparaît pour la première fois Alicia Master s et son terrible beau-père Puppet-Master. Le lecteur replonge dans une autre époque. Ben Grimm était soupe-au-lait, prêt à prendre la mouche à la moindre réplique de travers, terriblement susceptible. Le mode opératoire de Puppet-Master laisse rêveur : comment a-t-il fait pour avoir des répliques miniatures de tous ces lieux dans son appartement ? Sa stratégie pour infiltrer les Fantastic Four laisse dubitatif : déguiser sa fille adoptive en Susan Richards, et penser que les autres ne s'apercevront pas qu'elle est aveugle !!! Non, mais sérieux là ? De temps à autre, le lecteur peut déjà percevoir la force créatrice de Jack Kirby dans certaines cases, imaginant des visuels épatants.
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Fantastic Four, tome 2 : M. et Mme Grimm

Accompagné par une équipe de dessinateurs qui mettent leurs différents talents au service de cet événement éditorial, Dan Slott a réussi son pari à nos yeux et propose aux lecteurs un récit intéressant sur un événement attendu de très longue date.
Lien : https://www.actuabd.com/Fant..
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Fantastic Four, tome 3 : Le héraut de fatalis

Ce tome fait suite à Fantastic Four by Dan Slott Vol. 2: Mr. and Mrs. Grimm (épisodes 5, Wedding Special, 8 de la série de 1961) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il comprend les épisodes 6 à 11, initialement parus en 2019, tous écrits par Dan Slott. Aaron Kuder a dessiné et encré l'épisode 6, l'épisode 7 (aidé par John Lucas au dessin et à l'encrage). L'épisode 8 a été dessiné et encré par Aaron Kuder, Stefano Caselli, David Marquez, Reilly Brown. L'épisode 9 a été dessiné et encré par Kuder, Caselli et Paco Medina, le 10 par Medina et Kevin Libranda et le 11 par Medina, Libranda et Paolo Villanelli, Juanan Ramírez. La mise en couleurs a été réalisée par Marte Gracia (épisodes 6 & 7), Rachelle Rosenberg (é7), Matt Yackey (é8), Erick Arciniega (é6, é9), Jesus Alburtov (é10 & é11). Les couvertures ont été réalisées par Esad Ribic. Il contient également les couvertures alternatives réalisées par Bill Sienkiewicz (*5), Alex Ross, Mike McKone, Rachel & Terry Dodson, Joe Quesada, Pepe Larraz.



Galactus vient d'apparaître au-dessus de Doomstadt en Latvérie. Heureusement, le bon docteur veille au grain : Victor von Doom envoie Victorious (Zora Vukovic) comme fer de lance pour attaquer Galactus, suivie de près par une escouade de servodroïdes. Galactus accuse le coup de l'attaque et se tient immobile. Une alarme retentit dans le panneau de contrôle de Doctor Doom : un aéronef non autorisé vient de pénétrer dans l'espace aérien de la Latvérie. Il constate qu'il s’agit de celui des Fantastic Four : il ordonne à Victorious d'aller les intercepter. Celle-ci s'interroge mais change de cap pour accomplir sa nouvelle mission. Étant partis en catastrophe de la cérémonie de mariage, Johnny Storm et sa sœur s'habille dans le Fantasticar. Avant de pouvoir s'attaquer au problème de Galactus, ils sont interceptés par Victorious. Invisible Woman utilise ses pouvoirs pour dresser un champ de force protecteur autour de l'aéronef, pendant que Human Torh s'enflamme et se lance au-devant de Victorious. Les 3 autres membres des FF sont éjectés du Fantasticar.



Reed Richards prend la forme d'un parachute pour ralentir la chute de son épouse, pendant que Ben Grimm se met en position de boule et se prépare pour l'impact. Il atterrit brutalement à côté d'une ferme, faisant fuir toutes les chèvres paniquées par sa chute inexpliquée. La fermière sort de chez elle et commence à taper sur The Thing en disant que Victor von Doom avait raison de dire que les Fantastic Four sont des dangers pour la sécurité publique. Pendant ce temps-là, le combat s'engage entre Human Torch et Victorious, celle-ci expliquant que c'est elle qui a convaincu Doom de mettre fin à son exil et qu'en récompense il lui a donné des pouvoirs cosmiques. Reed et Susan Richards ont atterri aux côtés de Ben Grimm et Mister Fantastic récupère les chèvres et les rend à leur propriétaire. Au mont Doom, Doctor Doom attaque Galactus avec un sort magique, mais celui-ci le neutralise avec facilité. À Benson en Arizona, Valeria et Franklin suivent l'affrontement à la télévision, en compagnie de Petunia & Jake Grimm, Wyatt Wingfoot et Alicia Grimm.



Avec ces épisodes, le scénariste peut entrer dans le vif du sujet, après avoir reformé l'équipe dans le premier tome et organisé la cérémonie de mariage dans le deuxième tome. Avec ce troisième tome, il donne l'impression de s'attaquer de front à deux des plus éminents ennemis de l'équipe des Fantastic Four, parce qu'il faut bien donner ce aux lecteurs ce qu'ils attendent. Dans un premier temps, le lecteur se demande d'ailleurs s'il s'agit réellement du vrai Galactus car le personnage semble en pilotage automatique à ressortir les phrases classiques, sans plus. En cours de route, il se rend compte que cette intrigue n'occupe que 4 épisodes et que les 2 derniers sont consacrés à autre chose. Dan Slott inclut énormément d'événements et d'actions dans ces 4 épisodes (de 6 à 9) : 2 ennemis emblématiques, le fonctionnement en équipe des FF, l'intégration d'Alicia Masters au sein de la famille (son séjour chez Petunia et Jake Grimm), l'attitude des enfants Franklin & Valeria qui se retrouvent mis à l'écart de l'aventure. L'affrontement en lui-même suit le schéma classique : les Fantastic Four arrivent en Latvérie, sont neutralisés par Doctor Doom qui réussit en prime à vaincre par lui-même Galactus, à l'aide de ses inventions, et la reprise en main de la situation par les superhéros.



En découvrant la liste des artistes qui ont travaillé sur ces 6 épisodes, le lecteur est un peu surpris de voir qu'ils sont au nombre de 9 : Aaron Kuder, John Kucas, Stefano Caselli, David Marquez, Reilly Brown, Paco Medina, Kevin Libranda, Paolo Villanelli, Juanan Ramirez. Les pages d'Aaron Kuder sont très impressionnantes : une partie de la minutie d'Art Adams et Nick Bradshaw, avec une grande fluidité dans la narration graphique. Le lecteur retrouve tous les détails qu'il attend dans une aventure des Fantastic Four : l'architecture néo-médiévale de Doomstadt, le comportement régalien de Doctor Doom, les caractéristiques techniques des Doombot, le gigantisme de Galactus, la peau rocailleuse de The Thing. Il constate que cela n'empêche pas l'artiste d'apporter sa petite touche personnelle : la barbe de Reed Richards, le nouveau Fantasticar, la visualisation des champs de force d'Invisible Woman. Dès l'épisode 7, les responsables éditoriaux font appel à un autre dessinateur pour les pages consacrées à Franklin & Valeria : tout d'abord John Lucas (un peu moins détaillé que Kuder), puis plusieurs autres pour les épisodes 8 & 9. Le lecteur comprend bien que les comics sont produits selon un processus industriel, avec un découpage des tâches pour pouvoir respecter les délais de production mensuels. Les autres dessinateurs sont compétents, avec un bon niveau professionnel, mais le lecteur aurait préféré une meilleure cohérence visuelle.



Malgré le nombre de dessinateurs, cette première partie apporte son lot de surprise et de divertissement, Dan Slott sachant également mettre en jeu la notion de famille, les tensions générées par la mise à l'écart des enfants, et l'esprit d'équipe. La libération des Fantastic Four passe par une action qui atteint Doom directement à son plus gros défaut de caractère, avec une forme de cruauté déstabilisante. Le lecteur est pris par surprise, tout en se rendant bien compte qu'il s'agit pour le scénariste de rétablir la haine de Doom contre les FF. Le lecteur se demande bien ce que lui réserve les 2 épisodes suivants. Le numéro 10 satisfait à l'obligation de montrer les répercussions de War of the Realms (2019, de Jason Aaron & Russell Dauterman) : Dan Slott trouve comment mettre à profit cette contrainte pour développer son propre récit, et plus particulièrement le nouveau positionnement du quartier général des FF dans Yancy Street et la présence de Lunella Lafayette dans les parages. Les caractéristiques graphiques des dessinateurs sont assez proches pour qu'il n'y ait pas de solution de continuité, et l'aventure est rendue très agréable par l'entrain de Valeria & Franklin. Arrivé à la fin de l'épisode, le lecteur comprend bien qu'il a assisté aux prémices d'un potentiel retour de Franklin et Valeria dans une nouvelle itération de la Fondation du Future.



L'épisode 11 se focalise à nouveau sur Valeria & Franklin Richards. Un voisin bien intentionné a dénoncé les Fantastic Four car ces deux adolescents conduisent des aéronefs sans permis. Dan Slott se montre à la fois facétieux avec cette histoire en 1 épisode, à la fois très chaleureux dans la manière de mettre en scène le caractère et la sensibilité de chaque personnage. Le lecteur éprouve une forte empathie pour Franklin Richards, sous le coup d'un sentiment d'infériorité croissant, amusé par Gargantua (une supercriminelle qui défie les conventions habituelles en vigueur), touché par la force de caractère de Victor von Doom… À nouveau, il faut 3 dessinateurs pour réaliser les 20 pages mensuelles. À nouveau, leurs caractéristiques graphiques sont assez proches et ils appuient un peu sur les touches juvéniles pour que la narration donne la sensation d'être proche du point de vue des 2 adolescents, apportant une légèreté bien agréable.



Alors que dans le même temps il réussit des épisodes remarquables pour la série Tony Stark: Iron Man Vol. 2: Stark Realities, Dan Slott semble avoir plus de difficultés à trouver le bon rythme pour la série Fantastic Four. C'est assez déconcertant car il sait mettre en scène l'amour familial qui unit Reed, Ben, Susan, Franklin, Johnny et Valeria. Il sait faire apparaître comment la confiance qu'ils se portent l'un à l'autre leur permet de fonctionner comme une équipe. Il n'hésite pas à inclure les personnages que le public attend : Doctor Doom, Galactus. Il développe de nouveaux personnages : Victorious. Il met à profit avec une dextérité épatante la richesse de l'univers partagé Marvel : Moon Girl, War of the Realms, sans que ces éléments ne deviennent des prétextes artificiels pour pallier un manque d'inspiration. Dans la première moitié du récit, il bénéficie de la narration graphique d'un excellent artiste : Aaron Kuder. Par la suit, le récit pâtit un peu de la valse des dessinateurs, mais chacun d'entre eux réalise des planches de qualité. Pourtant le lecteur éprouve la sensation qu'il se trouve encore dans un prologue où l'auteur continue de placer ses éléments d'intrigue, sans parvenir à raconter une histoire pour elle-même.
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Fantastic Four, tome 4 : La Chose Vs L'immo..

Ce tome fait suite à Fantastic Four By Dan Slott Vol. 3 (épisodes 6 à 11) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 12 & 13, ainsi que les numéros spéciaux Fantastic Four Yancy Street et Fantastic Four Negative Zone, initialement parus en 2019.



Épisodes 12 & 13 : scénario de Dan Slott, dessins & encrage de Sean Izaakse, mise en couleurs de Marcio Menyz - Ben Grimm est dans un appareil d'analyse de Reed Richards. Celui-ci lui confirme que sa transformation annuelle en être humain est proche, dans onze heures et cinquante-neuf minutes exactement. Reed remet à Thing un dispositif se portant au poignet avec le décompte de sa transformation. Quelques minutes plus tard, Reed et Sue accompagnent Ben et Alicia Masters à un Fantasticar pour qu'ils se rendent au lieu de leur lune de miel. Johnny Storm est également présent pour leur souhaiter un beau voyage. Alicia et Ben s'installe tranquillement dans leur bungalow, mais la nuit même Hulk débarque sur l'île alors qu'il ne reste plus qu'une heure et vingt-six minutes avant la transformation de Thing en humain.



En 2012, dans le numéro 605 de la série Fantastic Four (par Jonathan Hickman & Ron Garney), Franklin et Valeria Richards offrent un cadeau à Ben Grimm : une semaine par an à passer sous sa forme humaine. C'est le moment rêvé pour effectuer son voyage de noces avec son épouse. En voyant le titre et la couverture, le lecteur a bien compris que Dan Slott continue dans la mise en œuvre de moments consacrés dans la série, cette fois-ci un combat, forcément homérique, entre et Thing. Le dispositif est des plus simples Philip Masters entend faire payer à Ben Grimm son mariage avec sa nièce. Du coup, il a confectionné une statuette à l'effigie de Hulk et c'est parti pour deux épisodes de castagne, et bien sûr une remise en cause de la lune de miel, sans compter le temps qui passe et qui rapproche Thing de sa forme humaine qui ne pourra pas résister aux coups de Hulk déchaîné. Dan Slott fournit un eu plus que le minimum syndical puisque la motivation de Philip Masters provient d'un petit coup de pouce donné par Alicia Masters (dans un tome précédent) qui se retourne contre elle. Tout du long du combat, il est question du besoin de Hulk de prouver sa force supérieure, et de Thing qui fait tout pour protéger les civils et sa bien-aimée.



Néanmoins, le prétexte est très mince, et le déroulement du combat s'apparente à un test d'endurance et de résistance pour Ben Grimm qui pourrait bien en sortir victorieux grâce au pouvoir de l'amour, en même temps que s'égrène le compte à rebours avec la transformation en Ben Grimm. En outre le titre contient une autre promesse : celle de voir un combat différent de d'habitude parce qu'il s'agit de Immortal Hulk, une version du personnage développée par Al Ewing & Joe Bennett. Sur ce point, le lecteur en est pour ses frais parce que les particularités de cette version ne ressortent pas pendant le combat. Pour ces deux épisodes, le dessinateur attitré Aaron Kuder laisse la place à Sean Izaaske. Il dessine de manière un peu plus réaliste que Kuder, avec un bon niveau de détails dans les personnages et les décors. L'appareillage d'analyse de Reed Richards impressionne. Le bungalow sur la plage avec les cocotiers est très sympathique et donne envie de le réserver pour y séjourner. Lorsque Hulk arrive, le combat s'engage sur la plage et les décors se réduisent à la ligne d'horizon et du sable. Mais au fil des pages, le lecteur apprécie la force que Izaaske parvient à mettre dans les coups portés par Hulk et par Thing, son sens du mouvement, ainsi que le découpage des planches pour montrer la logique de l'enchaînement des coups portés. De ce point de vue, la narration visuelle se montre à la hauteur du combat, et en phase avec le niveau de force brute voulu par Dan Slott.



En découvrant la composition de ce recueil, le lecteur éprouve une petite déception : seulement 2 épisodes de la série mensuelle, et en plus pour une figure imposée, à savoir le combat entre Hulk et Thing. Il se dit que Dan Slott va y apporter une saveur particulière comme il a su le faire pour le combat contre Doctor Doom dans le tome précédent. En fait, le déroulement est très linéaire et très classique, sans réelle surprise, et sans particularité pour ce Immortal Hulk.



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Fantastic Four Yancy Street : scénario de Gerry Duggan, dessins réalisés successivement par Greg Smallwood, Mark Bagley avec Scott Hanna, Luciano Vecchio, Pere Pérez, avec une mise en couleurs de Greg Smallwood pour ses planches, et d'Ercik Arciniega pour toutes les autres. - Ben Grimm se souvient de son enfance, de son père alcoolique, de la mort de son grand-frère Daniel, encore adolescent, jusqu'à son voyage dans l'espace avec Reed Richards, Sue Storm et Johnny Storm. Mais aujourd'hui il est furax parce que quelqu'un a tagué le mur de centre pour jeunes Daniel Grimm junior. Il va trouver Reed Richards qui lui confie un outil capable de traquer la bombe de peinture qui a été utilisée.



Le lecteur n'est donc pas venu pour lire deux numéros spéciaux venant étoffer la pagination de ce tome 4, en fait avec plus de pages que les 2 épisodes mensuels. Gerry Duggan a choisi lui aussi de rendre hommage à une composante classique de la série : Ben Grimm se trouve en bute avec les agissements d'un gamin de Yancy Street. Les 3 pages d'introduction retraçant rapidement la vie de Ben Grimm sont sympathiques avec des dessins de Greg Smallwood plus réalistes que superhéros, avec une bonne sensibilité. Le scénariste passe ensuite à l'histoire proprement dite avec le graffiti. Mark Bagley & Scott Hanna dessinent en mode hommage à Jack Kirby & Joe Sinnott le temps de 2 pages, avant de perdre le bon dosage pour les 2 pages suivantes. Puis les dessins se font un peu étranges pour l'enquête de Grimm afin de retrouver le coupable, avec des proportions parfois surprenantes, une mise en page moins fluide, et des expressions de visage peu convaincantes, en particulier pour celles de Sue Richards. Les dessins se font plus simples à lire et plus convaincants avec Pere Pérez, mais le dénouement est tout aussi convenu que le reste du récit.



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Fantastic Four Negative Zone histoire 1 : scénario de Mike Carey, dessins et encrage de Stefano Caselli, mise en couleurs d'Erick Arciniega - Un bidule flottant circule à toute vitesse en zigzaguant dans les couloirs du laboratoire de Reed Richards. Quand enfin, Sue Storm parvient à l'arrêter, Reed Richards se rend compte qu'il s'agit d'une balise d'avertissement liée à une de ses expériences dans la zone négative. Il n'y a pas le choix : les Fantastic Four doivent pénétrer dans la zone négative pour aller enquêter.



Encore une autre histoire annexe qui donne l'impression au début de visiter un autre élément classique de la mythologie des Fantastic Four. Le lecteur se rend compte que Stefano Caselli réalise des planches très propres sur elle, avec une lisibilité parfaite, et un soin apporté aux détails. La mise en couleurs vient étoffer chaque case sans les écraser. Par contre le scénario de Mike Carey se déroule de manière assez plate, avec une idée intéressante (Clostridum Difficile, la cause de l'activation de la balise de surveillance), mais des affrontements convenus, et une évocation d'Annihilus et de Blaastar sans saveur. Ce n'est qu'à la dernière page que l'intérêt de l'histoire apparaît, grâce à une comparaison bien trouvée avec les souches de varioles.



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Fantastic Four Negative Zone histoire 2 (12 pages) : scénario de Ryan North, dessins, encrage et couleurs de Steve Uy - C'est le retour des Fantastix, un groupe de de quatre superhéros aux pouvoirs très dérivatifs des Fantastic Four. Ils se sont installés dans le Baxter Building, et ils ne peuvent que faire le constat qu'ils sont des Fantastic Four au rabais. Que vont-ils faire de leurs pouvoirs ?



Le lecteur part avec un gros a priori négatif pour cette dernière histoire, la plus courte sur un groupe de superhéros tellement dérivatif qu'il en est ridicule de redondance. Il se compose de 2-D (Darell Paine), Ms. Fantastix (Erika Kelley), Hope (Ariana Diamante) et Iceberg (Jack Pierce), apparus pour la première sous le nom de Liberteens dans Avengers Initiative, et cocréés par Dan Slott. Contre toute attente, Ryan North met directement les pieds dans le plat avec des personnages qui constatent leur redondance et leur absence totale d'originalité, en se demandant à quoi ils peuvent bien servir en tant que superhéros. Les dessins de Steve Uy donnent la sensation de s'adresser à un lectorat de jeunes adolescents, voire d'enfants, mais sans condescendance, avec une finition soignée. Le récit donne la sensation de présenter 2 niveaux de lecture : le métacommentaire sur l'absence d'originalité, mais aussi un vrai questionnement sur ce que l'individu peut apporter à une société qui compte déjà tellement d'êtres humains, certains ayant développé des compétences ou des capacités inatteignables par la majeure partie du genre humain. À l'opposé d'un récit bouche-trou de plus, ce récit est de loin le plus réussi et le plus intéressant du recueil.
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Fantastic Four, tome 5 : Point d'origine

Ce tome fait suite à Fantastic Four by Dan Slott Vol. 4: Thing Vs. Immortal Hulk (épisodes 12 & 13 et numéros spéciaux Fantastic Four Yancy Street et Fantastic Four Negative Zone) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 14 à 20, initialement parus en 2019/2020, tous écrits par Dan Slott. Les dessins et l'encrage ont été réalisés par Paco Medina (é14, é15, é18, é20), Sean Izaaske (é16, é17, é19), Bob Quinn (é15, é17), Luciano Vecchio (é17), Carlos Magno (é17, é18), Francesco Manna (é18). La mise en couleurs a été réalisée par Jesus Abertov (é14, é15, é20), Marcio Menyz (é16, é19), Erick Arciniega (é17 à é19). Les couvertures ont été réalisées par Mike Deodato junior (é14) et Nick Bradshaw (épisodes 15 à 20). Les couvertures variantes ont été réalisées par Tom Raney, Christian Ward, Valerio Schiti, Mike McKone, InHyuk Lee, Ryan Brown, Carlos Gómez, Khoi Pham, J. Scott Campbell, Greg Land, Greg Smallwood, John Tyler Christopher, Emma Lupacchino.



Les quatre Fantastiques ont été invités pour inaugurer l'addition d'une nouvelle acquisition par le musée national de l'Air et de l'Espace : la fusée Marvel-1, le premier vaisseau à propulsion plus rapide que la lumière, celui qui a emmené les quatre compères dans l'espace et où ils ont été bombardés par des rayons cosmiques. Reed Richards coupe le ruban. Sue Richards indique qu'elle est contente que leur vaisseau ait trouvé un site d'accueil. Reed commente le fait que ce vaisseau constitue un rappel que l'on apprend autant de ses échecs que de ses triomphes. Ben est accompagné de son épouse Alicia. Franklin et Valeria estiment que le vaisseau est une vieille relique bonne pour la poubelle. Ben appuie sur le bouton qui permet de repasser l'enregistrement de leurs échanges alors que les rayons traversent la coque du navire et qu'ils ressentent qu'ils traversent leur corps. Deux personnes s'avancent pour saluer Johnny et Sue : le colonel Duke Duchman et la capitaine Sandy Sanders ceux qui auraient dû accompagner Reed et Ben au cours de ce vol, et dont Sue & Johnny ont pris la place. En fait, le colonel et la capitaine les remercient car ils préfèrent de loin leur vie normale à avoir été transformés par les rayons cosmiques. La cérémonie étant terminée, les Fantastic Four repartent pour leur quartier général, implanté dans Yancy Street.



Pendant la nuit, Reed se réveille et travaille à une invention sur sa tablette holographique. Ça finit par réveiller son épouse à ses côtés qui lui dit qu'elle voit bien dans son regard qu'il a envie de se lancer dans de nouvelles explorations. Dans sa chambre, Johnny Storm se sent seul et décide de s'enflammer pour aller faire un tour. Il se rappelle Reed Richards expliquant l'objectif de leur voyage : rallier un système solaire à double étoile situé à 44 années-lumière. À l'époque, il avait déclaré vouloir accompagner Reed et Ben et ce dernier lui avait dit que pour ça il devrait suivre un entraînement d'astronaute. Johnny l'avait pris au mot, et avait fait preuve d'une motivation et d'une assiduité inhabituelle chez lui. Au temps présent, dans la nuit, Alicia se lève pour se rendre aux toilettes et elle butte contre une caisse qui n'était pas à cet endroit durant la journée. Reed vient s'excuser car c'est lui qui a un peu changé la disposition des pièces : il bricole une nouvelle invention avec Johnny.



Le précédent tome ne contenait que 2 épisodes de la série, et proposait une situation classique : The Thing se battant contre Hulk, pour profiter de la période Immortel de ce dernier, une rencontre un peu poussive. Le lecteur commence ce nouveau tome un peu plus confiant car il contient 7 épisodes de la série, tous écrits par Slott : au moins ça sera plus copieux. Le premier épisode est sympathique car le scénariste joue sur la chaleur humaine qui se dégage des relations entre les membres de l'équipe, Alicia Masters, les 2 enfants. Il est question de la fusée à bord de laquelle ils ont voyagé dans l'espace. Les dessins sont sympathiques, avec un bon niveau de détails, un peu ronds, et des personnages souriants. Dans la première partie il flotte un parfum de nostalgie, et dans la seconde les héros manifestent leur envie d'aller de l'avant, de partir pour de nouvelles aventures. Le lecteur sourit en voyant passer les 2 astronautes militaires qui se sont fait griller la politesse par Sue et Johnny, car c'est l'une des premières fois qu'il est question d'eux, si ce n'est la première. Il sourit également en voyant la fusée en forme de cigare ou de suppositoire, identique à sa forme initiale assez naïve. Il est également vraisemblable qu'il ne s'était jamais interrogé sur la destination du vol spatial, ou plutôt il soupçonne le scénariste d'enjoliver les éléments du scénario du premier épisode de la série de Jack Kirby & Stan Lee.



Du coup, le lecteur se dit que le récit ne commence véritablement qu'avec l'épisode 15, se déroulant justement sur la planète Spyre, dans le système solaire Kor & Kaylo, la destination originelle de la fusée de Reed Richards qu'ils n'ont jamais atteinte. Le scénariste inverse fort habilement le point de vue puisque l'histoire est racontée du côté des habitants de la planète Spyre, inquiets de voir une fusée arriver vers leur planète, encore plus inquiets de se rendre compte qu'elle est en provenance de la Terre. Du coup, quand les quatre Fantastiques débarquent de leur navette spatiale, leurs propos sont incompréhensibles, car écrits dans un alphabet imaginaire, pour rendre compte que fait qu'ils ne parlent pas la langue des habitants de cette planète. Le lecteur fait l'expérience de l'inquiétude des habitants, voyant ces étrangers comme des ennemis, à cause d'une prophétie très vivace. Bien évidemment, les membres de l'équipe se retrouvent séparés, Ben Grimm d'un côté, Johnny Storm d'un autre, et les époux Richards encore ailleurs. La barrière de la langue finit par être surmontée grâce à un dispositif technologique de traduction efficace et bien pratique, et chaque héros découvre ainsi une facette différente de la société dans laquelle ils ont mis les pieds, effectivement sans y être invités.



Pas moins de 6 dessinateurs différents pour ces 7 épisodes avec un summum atteint dans le numéro 17 dessiné par quatre d'entre eux : Vecchio, Magno, Quinn, Izaakse. Contre toute attente, l'unité graphique du récit n'en souffre pas trop, à part l'épisode 17 et quelques pages de l'épisode 18. Paco Medina donne donc le ton dans 4 épisodes sur 7, mais pas dans toutes les pages. Il représente les quatre Fantastiques comme des adultes, tout en faisant bien apparaître la différence d'âge entre Johnny et Reed. Il fait montre d'une bonne implication pour les vêtements civils et d'une belle inventivité pour les costumes de superhéros, les variations de ceux des FF, et les nouveaux de certains habitants. Cet artiste dispose d'un sens sûr du spectaculaire, de l'action, et du mouvement, pour une narration superhéros de bonne facture, avec une variété d'expressions de visage. Jesus Aburtov complète ses dessins de manière à bien faire ressortir les différentes formes les unes par rapport aux autres, souligner le relief de chaque surface délimitée par un trait d'encrage et ajouter des effets spéciaux pertinents et efficaces. Il est ensuite difficile de savoir qui a dessiné quoi épisode par épisode, sauf pour le 16 entièrement illustré par Sean Izaakse. Ce dernier s'intéresse moins aux décors que Medina, et les expressions de visage deviennent trop sérieuses, par rapport aux épisodes précédents, les personnages semblant une partie de leur joie de vivre.



Comme à son habitude, Dan Slott fait preuve d'une gentille sensibilité qui ne s'apparente ni à de la naïveté, ni à du manichéisme. Il parvient à montrer que la démarche des Fantastic Four de se rendre sur cette planète habitée manquait de tact et de diplomatie, voire était un peu irresponsable. Il montre progressivement plusieurs facettes de la civilisation en place sur la planète, certaines un peu manichéennes (la place des individus laids), d'autres plus inattendues, comme ces bracelets unissant les êtres qui sont faits l'un pour l'autre. Bien sûr, cette société est fondée sur une dynamique présentant un défaut, et le grand chef temporel a quelques secrets à se reprocher. Les quatre Fantastiques servent de révélateur à ces secrets, et le récit s'achemine vers une confrontation manichéenne devant sûrement déboucher sur la défaite du méchant. Sauf que non, car la révélation des secrets honteux provoque des réactions de natures diverses, reflétant la complexité de la situation politique, et la faillibilité des uns et des autres faisant que personne ne peut se targuer d'une position morale supérieure inattaquable. En terminant cette aventure, le lecteur se rend compte que Slott s'est également montré particulièrement habile pour introduire des éléments de rétro-continuité assez subtils pour que le lecteur ne s'en offusque pas violemment. Le dernier épisode voit le retour des héros au bercail, et une nouvelle aventure complète impliquant un ennemi classique des FF, pour une nouvelle déclinaison de l'apprentissage du vivre ensemble, gentil et plein de bon sens, sans oublier un dinosaure.



Indubitablement, ce tome est d'une meilleure facture que le précédent, plus consistant, et plus ambitieux. Dan Slott revisite les origines des Fantastic Four, en ouvrant la perspective vers des horizons entre évidence et rétro-continuité, pour une rencontre avec une civilisation extraterrestre, oscillant entre trame classique et déroulement plus adulte qu'il n'y paraît de prime abord. Malgré la valse conséquente des dessinateurs, la narration visuelle conserve une cohérence inespérée, et un niveau satisfaisant tout du long. Le lecteur ressent toute l'affection que le scénariste porte aux personnages, parfois un peu trop bon enfant.
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Fantastic Four, tome 6

Ce tome fait suite à Fantastic Four by Dan Slott Vol. 5: Point of Origin (épisodes 14 à 20) qu'il vaut mieux avoir lu avant pour avoir fait la connaissance de Kaila (Sky). Il contient les épisodes 21 à 24, ainsi que les numéros spéciaux Empyre 0 Fantastic Four et Empyre Fallout Fantastic Four, initialement parus en 2020, tous écrits par Dan Slott. L'épisode Empyre 0 a été dessiné et encré par R.B. Silva & Sean Izaakse, avec une mise en couleurs de Marte Gracia & Marcio Menyz. Les épisodes 21 & 22 ont été dessinés et encrés par Paco Medina & Sean Izaakse, avec des couleurs de Marcio Menyz, Erick Arciniega et Jesus Aburtov. Les épisodes 23 & 24 ont été dessinés et encrés par Paco Medina, avec des couleurs de Jesus Aburtov. L'épisode Fallout a été dessiné et encré par Sean Izaakse, et mis en couleurs par Marcio Menyz. Les couvertures ont été réalisées par Jim Cheung, Nick Bradshaw (*4), R.B. Silva, et les couvertures variantes par John Tyler Christopher, InHyuk Lee, R.B. Silva, Jorge Molina, Patch Zircher, Arthur Adams, Iban Coello, Khoi Pham, Carmen Carnero, Alan Davis, Alex Ross (*4).



À l’intérieur du colisée de de la dimension Casino Comico, Profiteer introduit le combat à venir dans l'arène de telle sorte que les milliers de spectateurs placent leurs paris : Jo-Venn le kree, contre N'Kalla la skrull. Le site du combat est simulé par un générateur de réalité virtuelle : les coulées de lave de Lorkanna Six. Le combat s'engage entre les deux adolescents. Sur un astéroïde à quelque distance de là, les quatre Fantastiques sont naufragés, leur vaisseau ayant subi une avarie irréparable en l'état. L'équipe se compose de Human Torch (Johnny Storm), The Thing (Ben Grimm), Invisible Woman (Sue Storm Richards), Mister Fantastic (Reed Richards), Powerhouse (Franklin Richards) et Brainstorm (Valeria Richards). Un autre vaisseau vient à passer par là et Johnny troque le passage des Fantastic Four à bord contre la participation de Ben Grimm à un combat dans l'arène du colisée. Une fois sur place, Johnny se fait l'imprésario de Ben, Susan et Reed vont découvrir les lieux, Valeria & Franklin sont chargés de surveiller ce qui reste de leur vaisseau. Valeria va finir à une table de jeu en misant la somme qu'elle a obtenu en gageant le vaisseau, et Ben va finir dans l'arène.



La guerre entre les krees et les skrulls a duré pendant des siècles et même des millénaires. L'intelligence suprême a recueilli les témoignages des combattants aux fil des siècles, et l'impératrice en a fait de même pour les guerriers skrulls. Récemment, chacun des deux peuples a intronisé un nouveau-né comme étant l'incarnation du combattant représentant leur race : Jo-Venn avec le titre de Chronique du Sang kree, N'Kalla avec le titre de Requiem de l'âme informe. Par un concours de circonstances inattendu, ces deux adolescents sont devenus la responsabilité des Fantastic Four. Présentement, ils se trouvent à bord du vaisseau spatial des FF, surveillés par toute la famille : Susan Richards, Reed Richards, Johnny Storm, Ben Grimm, Valeria et Franklin Richards. Ils ont d'ailleurs vite tendance à repartir dans des propos agressifs. Afin de pouvoir se consacrer à la guerre contre les cotatis, Reed Richards confient la responsabilité des deux jeunes adolescents à Franklin & Valeria. Ils doivent les emmener en sécurité sur Terre. Mais dans la région d'Agaphaur au Vietnam, les prêtres de Pama reçoivent des consignes des cotatis.



En découvrant ce nouveau tome de la série, le lecteur a conscience qu'il se déroule pendant le crossover Empyre (2020) dessiné par Valerio Schiti, et coécrit par Al Ewing et Dan Slott, le scénariste de la série Fantastic Four. Il constate que l'éditeur a choisi de reprendre les épisodes 0 et Fallout des FF déjà présents dans le recueil Empyre. D'un côté, c'est dommage pour le lecteur ayant lu ce dernier ; de l'autre côté, cela permet au lecteur ne suivant que la série FF d'avoir un chapitre cohérent, sans devoir lire la minisérie Empyre. Enfin pas tout à fait, parce qu'après les 6 épisodes du présent tome, il n'a aucune idée de ce qu'il s'est passé durant le conflit qui oppose les krees, les skrulls, les cotatis et les superhéros terriens. En revanche, il découvre une aventure d'une version originale de l'équipe. Le prologue Empyre 0 permet de découvrir N'Kalla & Jo-Venn dans leur première apparition. R.B. Silva et Sean Izaakse dessinent dans un registre descriptif et détaillé. La mise en couleurs soutenue apporte une forte densité à chaque élément détouré, et une impression cosmique grâce à des camaïeux savamment composés. La mise en page de Silva fait la part belle aux cases de la largeur de la page. Izaakse s'appuie plus sur un détourage appliqué.



Passé ce prologue, les 3 épisodes suivants racontent comment les Fantastic Four essayent de protéger N'Kalla & Jo-Venn des assassins du culte des prêtres de Pama. La couverture du recueil révèle la composition de l'équipe : Spider-Man (Peter Parker), Wolverine (Logan), Brainstorm (Valeria Richards) et Powerhouse (Franklin Richards). En découvrant cette couverture, le lecteur comprend que le scénariste rend hommage aux épisodes 347 à 349 de la série initiale, parus en 1991, écrits par Walt Simonson et dessinés par Art Adams dans lesquels l'équipe se composait (temporairement) de Spider-Man, Wolverine, Hulk et Ghost Rider. D'un côté, il s'agit effectivement d'une aventure sans grande conséquence sur l'aboutissement d'Empyre. D'un autre côté, il s'agit bien d'un chapitre de la série Fantastic Four écrite par Dan Slott au cours duquel il continue à développer ses personnages et à faire vivre la famille élargie des Richards. Le lecteur retrouve donc avec plaisir Alicia Grimm et Kaila, l'âme sœur de Johnny. Il voit comment les enfants Richards font tout pour se montrer à la hauteur de la confiance que leur accordent leurs parents, et pour parvenir à remplir leur mission.



Sean Izaakse et Paco Medina poursuivent la narration visuelle dans la continuité de l'épisode prologue. Le lecteur prend plaisir à des dessins léchés, un encrage légèrement arrondi, et une mise en couleurs toujours aussi riche. Les artistes savent aussi bien donner à voir des moments spectaculaires d'affrontement, que des moments plus calmes d'interaction entre les personnages. Ils en mettent plein les yeux avec le torse éventré du Céleste, avec les acrobaties improbables des prêtres de Pama (même si la source de leurs pouvoirs est expliquée en cours de route), avec Spider-Man transportant Wolverine (pas très enchanté de cette position peu flatteuse) sous son bras droit (une variation de la couverture de Jack Kirby pour Amazing Fantasy 15), Wolverine éventrant un allié avec ses griffes (Oups ! La boulette), et bien sûr l'apparition de (presque) Hulk et Ghost Rider. Ils savent également trouver la justesse émotionnelle pour montrer la solennité de la naissance N'Kalla et Jo-Venn, l'échange de propos agressifs entre ces deux jeunes adolescents, le plaisir de Valeria à concevoir une solution technologique pour reprendre l'avantage, la sollicitude d'Alicia pour la blessée alitée, la chaleur humaine manifestée par Franklin et Valeria au bénéfice de N'Kalla et Jo-Venn. Malgré le caractère anecdotique de cette histoire, le lecteur en ressort avec le sourire aux lèvres car le scénariste sait donner vie à ses personnages, les animer avec une forme d'héroïsme crédible et humaniste, dans une dynamique familiale.



Le tome revient alors à Empyre, avec l'épilogue consacré aux Fantastic Four. Sauf que cet épilogue est plutôt celui de la minisérie et qu'il dépasse largement le cadre de cette équipe de superhéros. Du coup, s'il n'a pas lu la minisérie, le lecteur risque d'être un peu perdu avec une partie des enjeux et une partie des résolutions, n'ayant pas assisté aux affrontements. Il est encore plus décontenancé par la dernière séquence (sur deux pages) qui décrit un événement dont il ne peut pas savoir s'il connaîtra une suite dans la série FF, ou s'il donnera lieu à un futur événement propre à se propager à toutes les séries de l'univers partagé Marvel. Sean Izaakse réalise des dessins un peu moins détaillés, peut-être était-il pressé par le temps, se focalisant presque exclusivement sur les personnages.



Le dernier épisode du recueil semble totalement gratuit : le X-Man Iceman (Bobby Drake) raccompagne chez ses parents, Franklin qui était venu passer un peu de temps sur Krakoa. Toute la famille des FF est présente prête à passer à table : une prise de bec survient entre Johnny et Bobby car ce dernier prétend avoir été le premier membre remplaçant au sein des Fantastic Four. Dans un premier temps, l'histoire semble complètement futile, tout juste bonne à boucher un trou entre deux histoires plus conséquentes. Certes, Sean Izaakse impressionne en passant en mode rétro dans ses dessins lors de l'évocation de l'anecdote qui justifie les prétentions de Bobby Drake, et que Johnny trouve tout à fait injustifiée. L'artiste parvient à mélanger une apparence désuète à une apparence moderne, avec un hommage à Jack Kirby et John Buscema, et surtout à l'encrage de Joe Sinnott, sans rien perdre de sa propre personnalité visuelle, pour des pages vivantes et irrésistibles de candeur, tout en conservant une bonne densité d'informations visuelles. La dernière page permet de conforter le lecteur dans son impression de ce que cet épisode apporte à la série, et il en sort avec un grand sourire de contentement.



Au cours de ces épisodes, le lecteur passe par plusieurs réactions : bof des épisodes bouche-trou pour aller avec l'événement du moment, mouais c'est plutôt bien fait côté narration visuelle sans être follement original, ah ouais c'est sympa cet hommage à l'équipe intérimaire de Simonson & Adams, effectivement c'est très sympathique de voir Franklin & Valeria en action, c'est quoi cet épilogue d'Empyre, oui c'est exactement ça l'essence des FF à la fois sur le plan visuel à la fois pour l'esprit de famille. Globalement un bon recueil pour le lecteur de passage, une réussite pour le lecteur investi sur le plan affectif dans les personnages.
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Fantastic Four, tome 7 : The forer gate

Ce tome fait suite à Fantastic Four by Dan Slott Vol. 6 (épisodes 20 à 24) qu'il vaut mieux avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 25 à 30, initialement parus en 2020/2021, écrits par Dan Slott. R.B. Silva a dessiné et encré les épisodes 25 à 28, Zé Carlos les épisodes 27, 29 et 30, avec Juann Ramirez pour l'épisode 27. La mise en couleur a été assurée par Jesus Alburtov, à l'exception de l'épisode 27 mis en couleurs par Chris O'Hallaran. Les couvertures ont été réalisées par Mark Brooks. Ce tome contient également les couvertures variantes réalisées par Alex Ross, Kriss Anka, Juan Ferreyra, Daniel Acuña, Skottie Young, Nick Bradshaw, Stanley (Artgerm) Lau, R.B. Silva, Ema Lupacchino.



Dans l'espace, un individu particulièrement puissant appelé Cormorant s'approche de la Terre, sous les ordres du Timonier. Il défonce avec fracas les étages supérieurs du Baxter Building qui abrite quatre personnes. Le Timonier l'informe qu'il ne s’agit pas des Fantastic Four, mais de remplaçants. Il lui ordonne de se consacrer exclusivement à la mission. Quatre heures auparavant, Nicholas Fury junior est assis à une table dans un café. Une voix désincarnée l'informe de l'arrivée de Susan Richards. Il lui demande de s'assoir, et lui explique la mission qu'il souhaite qu'elle accomplisse : s'introduire dans l'ambassade de Latvérie pour rendre un coffre-fort invisible et ainsi rendre apparent ce qu'il contient. En effet plusieurs coffres de ce type par le monde ont été pillés récemment. Au 4 rue Yancy Street, dans un laboratoire, Reed Richards félicite sa fille Valeria qui vient d'achever la construction d'un téléporteur fonctionnel. Dans les étages, Johnny Storm apporte son nouveau costume FF à Franklin. Dans une autre chambre, Jo-Venn et N'Kalla sont déjà au lit : Alicia et Ben leur expliquent leur rentrée des classes le lendemain matin. Au sein de l'ambassade de Latvérie, Invisible Woman découvre que les renseignements de Fury n'étaient pas exacts car Doctor Doom est bel et bien présent, et il est en train de discuter avec Victorious (Zora Vukovic) des nouvelles mesures de sécurité en place dans le bâtiment. Soudain le mur explose, pulvérisé par Cormorant.



Après le combat acharné contre Cormorant, les Fantastic Four se retrouvent avec une porte de l'Infini en plein cœur de Manhattan, une technologie qui permet de se rendre instantanément dans tous les points de l'univers, à n'importe quelle époque. Pour l'instant, ils ne savent pas la faire fonctionner. Mais ça ne tarde pas : des dizaines de réfugiés extraterrestres franchissent la porte pour venir trouver refuge sur Terre. Ils sont poursuivis par l'Endeuillée de la fin de toutes choses. Après avoir réglé ce nouveau problème des plus catastrophiques du fait des pouvoirs de l'Affligée, les Fantastic Four doivent encore faire face à l'invasion des symbiotes de Knull, en provenance de la planète Klyntar.



Tout commence avec l'épisode 25 décrété numéro anniversaire et donc doté d'une pagination double. Le scénariste n'y va pas avec le dos de la cuillère puisqu'il introduit un nouvel ennemi surpuissant Cormorant dont on ne sait rien, si ce n'est qu'il est lui-même au service d'un autre ennemi dont le lecteur se dit qu'il doit être encore plus puissant. Il rappelle en passant l'affront que Sue Richards a fait subir à Doom en rendant son masque invisible lors d'une intervention télévisuelle ce qui fait que le monde entier a pu découvrir son vrai visage à nu, et il rappelle qu'elle effectue régulièrement des missions pour le SHIELD, en liaison directe avec Nicholas Fury. Cet épisode se termine avec une histoire bonus de 8 pages se déroulant sur la Lune et ramenant le personnage de The Unseen, lui-même un élément assez particulier de l'univers partagé Marvel, renvoyant à Original Sin (2014) de Jason Aaron & Mike Deodato. Par la suite, il intègre aussi bien l'Endeuillée de la fin de toutes choses (apparue pour la première fois dans le numéro 2 de la présente série) que le voisin Hiram Sheckerberg, ou encore deux équipes de superhéros. Les Fantastix composé de 2-D (Darell Pain), Hope (Ariana Diamante), Iceberg (Jack Pierce), Ms. Fantastix (Erika Kelley). La Future Fondation composée de Julie Power, Alex Power, Dragon Man, Tong, Korr, Mik, Turg, Onome, Rikki Barnes, Leech, Artie Maddicks, Bentley-23 (Bentley Wittman). Il y a encore bien d'autres personnages, dont la participation d'un superhéros cosmique, et le combat contre Knull à l'occasion de King in Black (2020/2021) par Donny Cates & Ryan Stegman.



Le lecteur effectue donc une immersion totale à la fois dans la continuité des Fantastic Four, à la fois dans l'actualité du moment de l'univers partagé Marvel. Comme à leur habitude, l'équipe des Fantastic Four doit lutter contre des ennemis d'une grande puissance, et se retrouve au beau milieu d'événements extraordinaires, souvent d'ampleur cosmique. Le lecteur peut admirer l'inventivité de Dan Slott pour imaginer des situations et des personnages nouveaux. Il se rend également rapidement compte que le scénariste met en œuvre le thème de la famille avec différentes facettes. Il parsème ces 6 épisodes de séquences mettant en scène des interactions entre les membres de cette famille élargie. Reed et Sue qui décident de ne plus avoir de secrets l'un pour l'autre. Alicia et Ben jeunes mariés qui doivent affronter l'éducation de deux enfants qu'ils sont pris en charge : Jo-Venn et N'Kalla. Johnny prêtant une attention inhabituelle à sa copine du moment qui lui rappelle régulièrement qu'ils sont des âmes sœurs. Valeria et Franklin faisant de leur mieux pour que leurs parents soient fiers d'eux. Etc.



Il revient à R.B. Silva de mettre en images le numéro double 25, ainsi que les 3 suivants, et il a fort à faire. Le lecteur est tout de suite impressionné par la qualité de la mise en couleurs, en particulier de la mise en œuvre des effets spéciaux pour rendre compte de l'atmosphère vue de l'espace, de la grille lumineuse de Manhattan, des lâchers d'énergie par les combattants, de l'attention portée aux éléments technologiques dans le laboratoire de Reed Richards pour figurer la superposition des hologrammes, des effets dans le ciel, de l'énergie cosmique, etc. Jesus Aburtov, aidé par Chris O'Hallaran le temps d'un épisode, est déchaîné et très en verve. Il en va de même pour le dessinateur qui a besoin de l'aide de deux autres pour l'épisode 27. Il doit représenter un nombre de personnages très élevés en leur donnant à chacun une apparence unique et conforme à ses apparitions précédentes : les Quatre Fantastic et leur famille élargie, les quatre Fantastix (2-D, Hope, Iceberg, Ms. Fantastix), la bonne douzaine d'enfants et d'adolescents constituant la Future Fondation, sans oublier Doctor Doom, Comorant et encore quelques autres. Le lecteur a tout juste le temps de noter leur présence pour certains. Il met en scène un combat homérique opposant le FF à Cormorant en plein cœur de New York, à proximité des ruines du Baxter Building. Assez rapidement, le pauvre dessinateur ploie sous la masse de travail à réaliser, et les décors sont les premiers à en pâtir vers les deux tiers de l'épisode 25. Cela donne une impression très étrange : les superhéros se battent contre une entité d'une rare puissance, détruisant tout autour d'eux, mais sans qu'on aperçoive les gratte-ciels ou les civils.



C'est Zé Carlos qui hérite des deux épisodes participant à l'événement King in Black. Il a un peu moins de personnages à représenter, mais quand même quelques Avengers pour faire bonne mesure, et la version transformée de plusieurs superhéros à commencer par les Fantastic Four, qu'il réussit vraiment bien. Il apporte une petite touche manga aux visages, mais sans donner l'impression de singer un courant graphique qu'il ne maîtriserait pas. Il capitule encore plus vite que Silva pour les décors, se focalisant plus sur les symbiotes et les décharges d'énergie. Cela donne des séquences très vivantes, pleines de bruit et fureur, mais semblant à nouveau se dérouler dans un décor vide de tout bâtiment, de toute population, les superhéros possédés et les libres pouvant donner la pleine mesure de leurs superpouvoirs sans risquer de vie civile.



Dan Slott est vraiment surprenant : il doit s'accommoder de plusieurs obligations éditoriales (numéro anniversaire, crossover) et il le fait bien sans donner l'impression de se faire déposséder de ses intrigues au long cours. Il commence par introduire une nouvelle menace, un individu surpuissant dont on ne sait rien, pour un combat titanesque, puis il ramène l'Endeuillée de la fin de toutes choses pour un affrontement facétieux, et il termine avec le crossover. Tout du long il parvient à garder le cap de ce qui fait le cœur de la série : les personnages et la famille élargie qu'ils composent. Avec les dessins très spectaculaires de R.B. Silva, et ceux plus centrés sur les personnages de Zé Carlos, il sait mettre en valeur la relation de couple d'Alicia et Ben, celle de Sue & Reed, et celle de Kaila et Johnny, avec une facétie irrésistible quand il se trouve contraint à passer en revue ses amours successifs, dont Alicia. Le lecteur fond également devant la situation de Franklin qui s'estime sans valeur par rapport au reste de la famille.
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Fantastic Four, tome 8 : The Bride of Doom

Défauts de personnalité

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Ce tome fait suite à Fantastic Four, tome 7 : The forer gate (épisodes 25 à 30) qu'il faut avoir lu avant. Il regroupe les épisodes 31 à 35, initialement parus en 2021, écrits par Dan Slott. Les épisodes 31 à 34 ont été dessinés et encrés par R.B. Silva, avec l'aide de Luc Maresca pour le numéro 33, et une mise en couleurs de Jesus Aburtov. L'épisode 35 a été dessiné par John Romita junior, encré par JP Mayer, avec l'aide de Scott Hanna, Cam Smith, Rafael Fonteriz et Mark Morales. Sa mise en couleurs a été assurée par Marte Gracia. L'histoire supplémentaire des origines de l'équipe a été écrite par Mark Waid et dessinée par Paul Renaud qui en a également réalisé la mise en couleurs. Les couvertures ont été réalisées par Mark Brooks. Le tome contient également les couvertures alternatives réalisées par Carlos Pacheco (*2), Jack Kirby (*2), Skottie Young, Valerio Schiti, Ron Lim, Rob Liefeld, Dike Ruan, Peach Momoko, Nick Bradshaw, Javier Rodriguez, John Romita junior, Elizabeth Torque, Betsy Cola, Paul Renaud.



Reed Richards propose une sortie à Ben Grimm, afin qu'ils puissent disposer d'un peu de temps pour parler entre eux. Ils revêtent tous les deux une combinaison intégrale avec casque car il ne s'agit pas d'une partie de pêche, mais d'une virée dans l'espace-pensée, accessible grâce à la porte d'éternité. Dans sa chambre, Nicki, jeune fille Skrull, se réveille dans son lit et regarde Jo-Vell, le garçon Kree, en train de dormir. Elle se rend à la cuisine pour prendre son petit-déjeuner : Alicia Masters, sa mère d'adoption, s'y trouve déjà et elle propose à Nicki de lui apprendre les rudiments de la sculpture, ce qui la fait beaucoup rire. Elle explique qu'en tant que métamorphe elle maîtrise déjà cette compétence, et que ça fait longtemps qu'elle a pris Alicia comme modèle. Dans l'espace-pensée, Reed est aux anges : il voit des concepts se matérialiser sous yeux, et il les comprend sans aucune difficulté. Malheureusement, les pensées de Ben prennent également forme et il s'agit de deux gros monstres agressifs.



Après cette expédition, Johnny Storm teste un nouvel appareil de communication en appelant Crystal Amaquelin. Il évoque le fait qu'il sorte ce soir avec Ben, chacun accompagné par une dame. Il en vient à lui parler de Sky, son âme sœur, une femme ayant vécu dans une race cachée. Crystal ironise bien sûr, car il a également entretenu une relation avec elle issue aussi d'une société cachée. Luna Maximoff, la fille de Crystal intervient, et indique à Johnny qu'il va finir par faire le mauvais choix, et tout faire capoter. Il reste interdit puis se rend à l'exposition qui se tient à l'ambassade de Latvérie à New York. Le suzerain est représenté par Zora Vukovic, la superhéroïne Victorious. Il pénètre à l'intérieur au bras de Sky : l'accueil de Vukovic manque de cordialité et elle demande à Ben Grimm de déplacer les statues réalisées par Alicia Masters, également présente, dans une pièce adjacente. La situation prend une vilaine tournure quand une deuxième Sky entre dans la pièce, et qu'il s'avère que celle au bras de Johnny n'est autre que la skrull Lyja.



Après la sécurisation de la porte de l'éternité, le lecteur se doute que les Fantastic Four vont être tentés de l'utiliser, et il comprend en découvrant le titre de ce tome que Victor von Doom a l'intention de se marier. Le premier épisode s'avère sympathique, comme Slott semble savoir en écrire sans se forcer. Une bonne idée d'exploration pour deux membres de l'équipe, dans un environnement réellement fantastique, avec des conséquences dues à un manque de réflexion de la part de Reed qui n'a pas bien réfléchi à tout ce qui pourrait arriver. Concomitamment, le lecteur en apprend plus sur le lien préexistant entre N'Kalla et Alicia Masters, avec un moment épatant quand l'adulte indique à sa fille adoptive qu'elle souhaite lui faire profiter de ses compétences, et que la fillette lui fait prendre conscience de l'évidence, aussi touchant que poignant. Il y a une scène d'une page entre Susan et son fils, également émouvante et très juste, amenant à une deuxième scène avec Terrance Ward (Trauma), pour une séance de soutien psychologique. Décidément Slott est très fort pour intégrer des problématiques purement familiales dans son récit. Il ajoute une petite menace à venir avec les manigances de Bentley Wittman. La narration visuelle est d'un très bon niveau descriptif et très colorée dans l'espace-pensée, un épisode divertissant.



Avec l'épisode 32, le lecteur éprouve la sensation que la série reprend le fil de l'intrigue principale, enfin d'une des intrigues principales parce que la porte d'éternité en est une également. Ça commence par l'exposition de sculptures dans l'ambassade de Latvérie : une sorte de prologue puisque Doom est représenté par Victorious, et l'affrontement relève plus de l'escarmouche que du combat avec un enjeu colossal. Le lecteur y croit car le scénariste a réussi à marier Alicia Masters et Ben Grimm au début de la présente série, et visiblement cette union tiendra au moins aussi longtemps qu'il restera sur la série. Le mariage reste une conquête à réussir pour Doom, une manière d'établir qu'il peut faire aussi bien, sinon mieux, que son rival Reed Richards. L'organisation de la cérémonie et la raison de la présence des Fantastic Four sont présentées de manière convaincante, logiques avec le caractère de Doom et son histoire personnelle, compatible avec la fibre morale des époux Richards. La narration visuelle reste dans un registre superhéros, mêlée de personnages en civil, comme il est de coutume pour les FF. Silva passe visiblement du temps sur ses planches, pour les postures personnages, leur tenue vestimentaire, la mise en scène, la représentation des décors. Le coloriste effectue un travail remarquable pour ajouter de la consistance à chaque élément détouré, pour augmenter la lisibilité en faisant en sorte que chaque élément se détache des autres, en développant une ambiance lumineuse appropriée à chaque scène.



Bien sûr, il se produit un événement qui vient fortement perturber le déroulement de la cérémonie. Dans un premier temps, le lecteur peut trouver ça trop gros, un comportement pas vraiment naïf, mais franchement crétin, peu plausible. Il se souvient qu'il avait éprouvé le même réflexe de recul avec celui de Johnny Storm à la fin de l'épisode 32, et dans une moindre mesure devant celui de Luna s'adressant au même Johnny. Connaissant Dan Slott, il s'interroge et il revient à la page 16 de l'épisode 32 : il y a certainement là une justification à ces comportements ne correspondant pas aux personnages. C'est un peu gros, mais ça permet de mieux les faire passer, même si ça induit que celui qui est à l'origine manipule les personnages, comme le scénariste les manipule et manipule le lecteur. Ce dernier éprouve effectivement la sensation d'être manipulé en voyant la conséquence de ces épisodes pour Human Torch : ces 3 épisodes n'avaient pour but que ça, de manière un peu téléphonée. Pour autant ils restent divertissants, car inventifs, avec une narration visuelle énergique et colorée, du bon comics de superhéros. En dehors de la sensation de manipulation concernant la cérémonie de mariage, Slott se montre un auteur toujours aussi sensible. La séquence dans laquelle Doom convainc Richards d'être son témoin s'avère être de haute volée, avec les dessins teintés de nostalgie de Maresca.



Le lecteur se lance ensuite dans l'épisode triple numéro 35, pour célébrer les 60 ans d'existence de cette équipe. C'est un vrai plaisir de retrouver les dessins de John Romita junior, pour une narration toujours aussi exemplaire, il a visiblement disposé du temps nécessaire pour peaufiner ses planches, et la contribution de 5 encreurs différents n'est pas vraiment apparente. Les Fantastic Four doivent faire face à une nouvelle machination de Kang : le lecteur comprend rapidement là aussi que c'est un point de départ prétexte pour pouvoir mettre en scène différentes versions des FF piochées à différents moments dans leur histoire. JRjr s'en donne à cœur joie pour concevoir des visuels de science-fiction afin de donner à voir la base hors du temps de Kang et de ses alliés, et pour imaginer une nouvelle évolution du personnage à l'histoire si complexe. Sous réserve d'avoir à l'esprit qu'il s'agit d'une intrigue prétexte pour un numéro anniversaire, l'histoire s'avère fort divertissante avec des visuels forts.



Le tome se termine avec une nouvelle version des origines de l'équipe. Mark Waid est un scénariste chevronné qui apporte quelques nuances nouvelles ici et là, pour consolider l'esprit famille de l'équipe, et ça fonctionne bien. Paul Renaud est en mode plus Adam Hughes que Alan Davis, et les planches sont superbes, agréables à l'œil, pleines de vie. Même le lecteur chevronné prend plaisir à relire une énième fois l'origine des Fantastic Four, grâce au savoir-faire des auteurs.



Arrivé au terme de ce tome, le lecteur se trouve content de s'être lancé dedans. La narration visuelle de R.B. Silva est de très bon niveau, celle de John Romita junior passe à un stade supérieur, et celle de Paul Renaud enchante les yeux. Ce dernier avec Mark Waid parvient à rendre intéressante une nouvelle version des origines du quatuor. Dan Slott développe de nombreuses idées comme à son habitude, avec une sensibilité parfaite pour évoquer les petits riens qui font une famille. Il peut sembler moins convaincant dans la trame de fond de ses intrigues, un peu téléphonées à une ou deux reprises.
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Justice league aventures, tome 2

Comme pour le tome précédent, je n'ai pas perdu de temps dans ma lecture de cette série.

Quand j'ai vu qu'urban comics avait sorti cette série de comics aux couleurs de la justice League de mon enfance, je me suis jeté sur les 3 volumes et je suis passé à la caisse. Pour 10€ c'est accessible en plus, alors je n'ai pas réfléchi.



Les histoires de ce 2nd volume sont un peu plus développé que le tome précédent. Bien que les épisodes soient à lire sans prise de tête, on sent un scénario plus travaillé dans la lecture. Toujours adaptés aux jeunes lecteurs, elles sont toujours aussi sympa quand on est adule, ce qui est mon cas d'ailleurs.



On reconnait bien le caractère des persos du dessin animé, le style de Bruce timm que j'aime tant. Dans ce volume, le martien limier est un peu plus présent, et l'histoire tourne beaucoup autour de lui.



Je lirai le tome 3 quand je le pourrais mais je vous recommande sincèrement la lecture de cette série. Vous pouvez même le prêter à vos enfants ou vos proches, ils sont super simple à lire !
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Les Patients d'Arkham

À Gotham City, il ne fait pas bon plaider la folie pour s’éviter la prison. Cela, Warren White, alias le Grand Requin blanc de la finance, va l’apprendre à ses dépens. Confronté à Jane Doe, Poison Ivy, Killer Croc, Double-Face et autres gros poissons de la folie, sa fortune et ses belles paroles ne pèsent plus bien lourd.



Avant de prendre en main sur le long terme la destinée de Spider-Man, Dan Slott s’est attaqué à une mini-série particulièrement retorse : Les Patients d’Arkham (Arkham Asylum : Living Hell) en collaboration avec le dessinateur Ryan Sook : voici donc une vision d’horreur mais coutumière entre les murs du fameux asile d’Arkham qui constitue un des tomes de la collection DC Némésis de chez Urban Comics.

Dès le départ, Dan Slott multiplie les intrigues en cercles concentriques autour du protagoniste principal, Warren White. Celui-ci est aussi sain d’esprit que le lecteur, mais à l’image de Batman dans l’Arkham Asylum de Grant Morrison, il va démontrer contre son gré que l’asile d’Arkham peut rendre « fou » n’importe qui. Au fur et à mesure, il côtoie des petites frappes et des dingues de toutes sortes ; les plus célèbres super-vilains de Gotham City en sont réduits à la portion congrue et c’est tout aussi bien : faire du Joker, de Double-Face, d’Edward Nygma et de l’Épouvantail des guests stars n’intervenant qu’en ultime recours permet de se focaliser sur des criminels plus secondaires mais pourtant tout aussi intéressants à appréhender. Ainsi, nous découvrons une Jane Doe particulièrement retorse malgré ses difficultés à mener une vie criminelle de bonne tenue, une Poison Ivy vraiment… captivante vu combien sa proximité avec les végétaux l’entretient de belle façon, ainsi qu’un Humpty Dumpty étonnant en doux dingue sans grande volonté mais au rôle pourtant capital. Pendant ce temps, le Requin blanc rôde dans les murs d’Arkham en attendant de choper la bonne opportunité et de faire surface définitivement ; de surcroît, l’aspect surnaturel n’est pas négligé avec quelques démons qui hantent les sous-sols de l’asile pénitencier. Quel programme dirait-on !

Si l’introduction régulière de démons dans le monde de Gotham (comme par exemple dans les aventures de Batman par David Finch) ne m’est pas très agréable, le reste est ici plutôt plaisant car nous découvrons un aspect fondamental mais souvent annexe de la métropole de la Chauve-souris masquée. Dan Slott fait preuve d’inventivité pour ne pas raconter une histoire trop déjà vue, mais qui plaira pour autant aux fans de la première heure. Si les dessins de Ryan Sook sont un peu étranges à première vue, cela est sûrement dû à l’ambiance particulière d’Arkham qu’il a voulu retranscrire ; le passage à la vie de Humpty Dumpty rassure sur ses qualités de dessinateur car il sait changer soudainement d’ambiance graphique pour coller au récit.



Avec Les Patients d’Arkham, nous faisons une plongée toute neuve dans les murs de l’asile pénitencier de Gotham. L’aspect historique du lieu est gommé au profit des déboires d’un arnaqueur au pays des dingues de toutes sortes ; de ce point de vue-là, c’est réussi et divertissant.



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Les Patients d'Arkham

A travers le destin de cet escroc surpuissant réduit à l’état de « viande fraiche », les auteurs ont fait le choix de mettre en lumière des personnages plus méconnus tels que le doux Humpty Dumpty, le moins doux Killer Croc, Jane Doe… On retrouve également le Joker, Double-Face, Pison Ivy, Nygma et autres stars ayant pété la carafe mais ces personnages emblématiques font plutôt de brèves apparitions, et si c’est avec plaisir qu’on tombe sur leur trognes, j’ai vraiment apprécié qu’on nous propose autre chose aussi.



Il est assez fascinant de suivre le parcours de Warren, qui s’il n’arrive d’abord pas à accepter sa situation doit bien se résoudre à survivre entre ces murs. L’homme qui sait bien qu’il est le seul à être sain d’esprit ici va bien devoir trouver un semblant de protection quelque part. Mais au milieu de tous ces sociopathes, à qui peut-il vraiment se fier ? Warren va être confronté à plusieurs d’entre eux, et tous auront un avis bien tranché à son propos, l’une des idées les plus puissantes du comics d’ailleurs.



J’ai d’abord eu du mal à me faire au dessin, tout en contrastes marqués et en ombres, et puis finalement j’ai trouvé qu’il portait à merveille le récit et l’ambiance de cet asile, qui loin de soigner, rend littéralement fou. Sombre, tortueux à souhait, le coup de crayon s’adapte aussi de façon assez magique aux changements de ton. Je pense notamment au Gotham fou et naïf d’Humpty Dumpty (super personnage).
Lien : https://prettyrosemary.wordp..
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Les Patients d'Arkham

Il s'agit d'une histoire complète et indépendante de toute autre ; il vaut mieux être familier des principaux ennemis de Batman pour pouvoir pleinement l'apprécier. Ce tome comprend les 6 épisodes de la minisérie, initialement publiés en 2003, avec un scénario de Dan Slott, des dessins de Ryan Sook, un encrage de Wade von Grawbadger et Jim Royal, une mise en couleurs de Lee Loughridge, et des couvertures d'Eric Powell.



Il y a un siècle ou deux, dans la cave de la bâtisse où sera plus tard construit l'asile d'Arkham, un individu se livre à des pratiques médicales interdites dans le plus grand secret. De nos jours, un juge rend son verdict. Warren White (surnommé le grand requin blanc) s'est rendu coupable de fraudes à grande échelle, s'étant toujours vanté que seules les petites gens payent des impôts. Pour éviter le pire, son avocat a plaidé la folie. Le juge retient cet argument, White évite la prison mais la sentence le condamne à un internement à l'asile d'Arkham. Dans le véhicule qui le transfère sur place, il voyage avec Mad Hatter, Scarecrow et Riddler. C'est dans ces conditions qu'il découvre cet établissement dont il n'avait jamais entendu parler. Il partage une cellule avec un tueur en série persuadé de communiquer avec des fantômes. Lors de sa première douche, il fait tomber sa savonnette et c'est le Joker qui lui ramasse. Il se rend régulièrement aux consultations avec Anne Carver, la psychiatre d'Arkham, bien décidé à réussir à la soudoyer pour être transféré dans un autre établissement.



Pendant des années, Arkham Asylum (1989, de Grant Morrison et Dave McKean) a été la meilleure vente de recueil de DC Comics. Il était donc logique que l'éditeur essaye de décliner ce concept en franchise. Pour commencer, l'asile d'Arkham est souvent apparu dans les séries mensuelles de Batman (par exemple Last Arkham en VO, 1992), mais pas de minisérie à l'horizon. Lorsque le lecteur plonge dans "Les patients d'Arkham" (qui porte donc l'étiquette "Arkham asylum"), il éprouve l'impression d'un récit sympathique, sans prétention. Certes il y a les couvertures d'Eric Powell (créateur et auteur de The Goon), légèrement exagérées, sombres à souhait, avec un savoureux fumet gothique, mais ce n'est pas lui qui dessine l'intérieur.



La première scène semble n'être là que pour souligner que le site d'Arkham a toujours été le lieu de meurtres perpétrés par des individus pas très bien dans leur tête. Certes, White côtoie des grands criminels (Joker, Killer Croc, etc.), mais le lecteur sait que la règle dans ce genre de récit est que ces personnages ne connaîtront pas d'évolution significative. Or les nouveaux personnages introduits brillent par leur simplisme : Doodlebug (prêt à tuer pour ses graffitis), Junkyard Dog (trouvant ses armes dans les ordures), Jane Doe (une amnésique experte dans l'art de décrypter le profil psychologique d'un individu pour assumer sa personnalité). Slott semble reprendre la recette utilisée par Alan Grant des années auparavant, enrichissant la galerie d'ennemis de Batman avec des criminels normaux (= sans superpouvoirs), mais avec un sacré grain (par exemple Zsasz). Les dessins de Ryan Sook sont sympathiques, entre simplisme et insistance prononcée à dessiner des visages habités par d'étranges émotions peu réconfortantes. Lee Loughridge insiste sur des teintes sombres et inquiétantes, pour une ambiance vaguement menaçante.



Mais il y a cette scène (très chaste) sous la douche, avec un Joker très suave, dans laquelle Slott manie le sous-entendu avec retenue (ne jamais se baisser dans une douche commune en prison) et Sook donne une interprétation visuelle du Joker originale et déstabilisante. Quelques scènes plus loin, il y a une relation sexuelle (non explicite) tarifée entre 2 détenus. Slott développe plusieurs personnages très originaux, avec chacun leur histoire sortant de l'ordinaire : Aaron Cash (le responsable de la sécurité, avec une mise en scène de sa motivation remarquable), Jane Doe (avec ses méthodes empruntées à Monsieur Ripley de Patricia Highsmith), et le plus étonnant de tous Humphry Dumpler (aussi simplet qu'imprévisible, avec une apparence aussi naïve que stressante). Décidemment il ne s'agit pas d'une histoire pour les enfants, et les personnages présentent une épaisseur insoupçonnée, Warren White refusant également de jouer la simple victime effarouchée dans ce milieu angoissant.



Au bout de 2 épisodes, le lecteur s'est préparé à avoir une succession d'histoires courtes, n'ayant que comme seul fil conducteur la présence de Warren White. Son sentiment se confirme avec le troisième épisode, consacré à Humphry Dumpler (Humpty Dumpty), personnage s'exprimant en rimes, avec une narration s'apparentant à celle d'un conte pour enfant. Slott s'en tire avec adresse, insérant même une référence à l'époque où Batman se battait dans des décors de machines à écrire géantes, le "Sprang act" qui a interdit la construction de ces objets géants et leur implantation à Gotham (en référence à Dick Sprang). Avec un sourire de suffisance, le lecteur entame la deuxième moitié du tome, ayant bien compris qu'il aura droit à 3 autres récits distrayants à la saveur originale. C'était sous-estimer Dan Slott qui a bel et bien construit une intrigue en bonne et due forme, savamment tissée pour que tous les fils des intrigues secondaires finissent par participer à une intrigue principale, avec une habilité remarquable. La scène d'ouverture finit elle aussi par s'intégrer au schéma narratif global, pour une histoire prenant un tournant vers le surnaturel, avec participation du Demon de Jack Kirby.



Comme beaucoup de ses collèges, Ryan Sook s'intéresse plus aux personnages qu'aux décors, laissant Lee Loughridge combler les arrières plans avec des camaïeux appropriés. Il est visible dans ce récit qu'il est fortement influencé par Kevin Nowlan (voir Jack B. Quick avec Alan Moore, ou Modern Masters volume 4), en particulier dans la façon de dessiner les contours d'un trait fin d'épaisseur constante, et de réduire à leur plus simple expression les traits des visages. Mais il a bien appris sa leçon et il sait également reproduire la manière dont il utilise l'épaisseur des traits pour conférer des expressions ambigües ou menaçantes aux personnages. Il conçoit également des apparences spécifiques pour chaque personnage, les rendant immédiatement reconnaissables. Pour une raison mystérieuse, il dessine souvent les individus avec des épaules tombantes. Même si Sook abuse de la facilité qui consiste à se passer de dessiner des décors, ses personnages possèdent une forte présence dans chaque case (avec une interprétation aussi personnelle que convaincante du Joker), et Loughridge masque avec efficacité ce manque d'arrières plans.



Parti pour une suite d'épisodes plaisant mais sans grande envergure, le lecteur découvre petit à petit des personnages inoubliables et pour certains improbables (Aaron Cash, Warren White, Jane Doe, Humphry Dumpler), dont les actions finissent par s'insérer dans une intrigue consistante et intelligente, avec des sous-entendus pas si innocents que ça. La personnalité graphique de Sook lui permet de se faire pardonner la trop grande absence de décors.
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Les Patients d'Arkham

Ça faisait longtemps que je n'avais pas lu un Batman aussi bon !

Une grande qualité d'écriture (qui rappelle parfois Sandman), une ambiance qui oscille entre la Quatrième Dimension et les pulps horrifiques (genre Contes de la Crypte), avec une horreur psychologique en crescendo.

Batman est (quasiment) absent de l'album, et si les méchants habituels sont présents, ils laissent surtout la place à de nouveaux méchants, encore plus déments et dangereux.

Un régal de noirceur maladive, infernale et grinçante.
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Les Patients d'Arkham

Un album dément, qui fait frémir tellement la folie est palpable à chaque page. Des méchants de plus en plus tordus et la naissance d'un nouveau monstre qui viennent enrichir l'univers de Batman.
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Les Patients d'Arkham

On entend souvent parler de personnes se faisant passer pour folle afin d'éviter la prison, c'est ce que va faire l'homme surnommé "le requin blanc", un trader qui a arnaquer des millions de dollars.



Il va ainsi pouvoir éviter la prison et aller en hôpital psychiatrique. Mais est ce une bonne chose à Gotham ? l'asile d'Arkham n'est il pas le pire endroit ou être enfermé ?



Un récit intéressant qui va nous faire suivre tour à tour l'histoire de cet homme enfermé dans l'asile et la vie des employés de ce même asile.



Cela a été une très bonne lecture pour moi jusqu'à la fin où l'auteur change de fil conducteur pour arriver dans une histoire de démon qui m'a complétement perdu.

On a donc une histoire sympa mais qui ne tient malheureusement pas ses promesses jusqu'au bout.
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Les Patients d'Arkham

(...) Que voilà un point de vue intéressant! Exit Batman & co, exit, ou presque, les « grands » méchants de la franchise, qui ne font que de la figuration. Ici nous avons affaire au Requin Blanc, un criminel en col blanc qui se retrouve pris à son propre piège et qui va découvrir qu’il y a pire que la prison.



La description de l’asile d’Arkham, des conditions de détention et de la vie des internés, mais aussi celle du personnel, tout ça fait froid dans le dos. C’est glauque et malsain à souhait et les personnages ne sont pas en reste. C’est à qui sera le plus flippant.



Le dessin est plutôt sympa, ce n’est pas le style que je préfère, mais ça fait le job honnêtement. Quelques planches sortent du lot.



Dans l’ensemble, une bonne lecture, qui aborde l’univers Batman sous un angle original et intéressant. Je ne lirais pas que ce genre, parce que c’est quand même super glauque, mais j’ai vraiment dévoré cette histoire. A découvrir.
Lien : https://bienvenueducotedeche..
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Les Patients d'Arkham

Une histoire cynique qui vire largement vers l'occultisme dans sa seconde moitié (le titre anglais étant Living Hell) et représente, sans être exceptionnelle, un bon moment de lecture dans cet asile qui finit quand même par être bien connu des lecteurs de comics tant il a inspiré les auteurs.
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
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Les Patients d'Arkham

Cet album se veut une suite du sublime Arkham Asylum. Ca se veut parce qu'il s'agit d'un album qui ne s'attache pas du tout à Batman qui ne fait que quelques fugaces apparitions et qui centre son histoire sur la vie dans l'asile d'Arkham autour d'un personnage qui vient d'y entrer sur la base d'un mensonge destiné à lui éviter la prison. L'idée de base aurait pu être intéressant s'il ne finissait pas par tourner dans un aspect surnaturel à la limite du grotesque. Autre reproche que l'on pourra adresser à cet album est de multiplier les personnages autour de Warren White ce qui fait qu'ils ne sont que trop superficiellement abordés et pas suffisamment approfondis. Du coup, quand on voit le Pingouin ou Poison Ivy, ces vilains ne servent que de faire-valoir à une histoire quelconque.



Heureusement que le dessin est là pour remonter le niveau. Euh... En fait, non. Le dessin n'est également pas extraordinaire. SI le découpage des planches est plutôt dynamique, le trait est plutôt banal et sans grand relief. Il n'y a aucune comparaison possible entre les somptueuses planches d'Arkham Asylum et ce dessin quelconque. De fait, ces Patients d'Arkham sont une belle déception. L'ensemble se révèle faible et sans grand intérêt. Un comics qu'on pourra très largement éviter.
Lien : http://croqlivres.canalblog...
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Les Patients d'Arkham

Un choix intéressant [...], notamment en matière d’ambiance, mais auquel il faudra adhérer pour pleinement profiter du final de ce récit abouti et maîtrisé.
Lien : http://www.actuabd.com/Les-P..
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Les Patients d'Arkham

Une plongée dans l'univers clos du centre psychiatrique de Gotham city. On y rencontre tous les super-vilains que Batman a fait enfermé au file du temps alors qu'ils font la vie dur à un voleur en col blanc préférant passé pour fou que d'aller en prison. Grave erreur qu'il va vite regretté.



Bon récit mais qui part peut être un peu trop dans tous les sens.
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