Citations de Daniel Bailly (137)
Avant même de naître, tout enfant s'inscrit dans une histoire complexe qui n'est pas la sienne. Ce réseau de désirs enchevêtrés projetés sur lui conditionne toujours plus ou moins nos attitudes parentales. Ce berceau psychologique dans lequel il va grandir risque cependant aussi de l'enfermer dans un faux personnage et de l'empêcher d'évoluer. L'enfant auquel nous donnons la vie n'est pas l'enfant que nous avons été ni celui que nous désirons qu'il soit.(...) Etre un guide pour nos enfants exige d'abord que nous soyons nous-mêmes au clair avec les valeurs que nous voulons défendre et leur transmettre.
Même si notre pays revendique certaines nuances auxquelles il tient d'ailleurs beaucoup, "l'exception française" en matière de chômage, d'urbanisation, d'industrialisation, est très loin de rendre compte de l'ampleur du phénomène benzodiazépines. En réalité, les Français ne diffèrent pas fondamentalement de leurs voisins et des habitants des autres pays industrialisés. Pas suffisamment en tout cas pour rendre compte d'écarts allant du simple au quintuple (proportion France-Grande-Bretagne). C'est donc essentiellement du côté de l'organisation sanitaire et notamment de la source des prescriptions qu'il faut se tourner si l'on veut trouver une raison à ce comportement de consommation spécifiquement français (et belge francophone).
Il est probable que les comportements liés une impulsivité excessive soient la clé du développement des troubles de la personnalité antisociale. Comme de nombreux travaux l'ont montré, le trouble de la personnalité antisociale est très souvent associé aux troubles liés à l'utilisation de substances. Le modèle d'abus de drogues chez les enfants hyperactifs correspond à celui trouvé dans la littérature concernant les troubles antisociaux. Cette donnée est un argument indirect tendant à montrer qu'il n'y a pas de schéma particulier d'abus de drogues dans le groupe des enfants atteints de THDA. Dans l'ensemble, ils abusent apparemment de tout ce qui est en vogue. A l'époque de notre suivi, c'était la marijuana qui faisait le plus l'objet d'abus dans la communauté, et les probants se conforment au schéma général.
Des troubles de la personnalité sont fréquemment rapportés dans conduites addictives.
La grand variabilité des résultats publiés s'explique en partie par l'hétérogénéité des instruments d'évaluation et par celle des classifications mêmes des troubles de la personnalité. Par ailleurs, de nombreuses caractéristiques psychologiques sont secondaires aux addictions. Le moment de l'évaluation psychologique dans l'histoire du comportement addictif est une préoccupation relativement récente des auteurs. Les études prospectives ressentent encore l'exception.Les modèles à cinq ou à sept facteurs de la personnalité paraissent avoir un intérêt pour identifier les caractéristiques psychologiques fréquemment relevées lors de ces troubles addictifs. L'anxiété, la dépendance affective, la quête d'approbation, caractérisent certains patients addictifs Ces caractéristiques marquent l'existence d'une vulnérabilité psychologique particulière et, surtout, relèvent vraisemblablement de stratégies thérapeutiques particulières.
Les troubles liés à l'utilisation de substances continuent à être le motif d'hospitalisation principal en psychiatrie (environ 45% des hospitalisations en milieu psychiatrique sont dus à l'alcoolisme).
Le client ne savait pas s'il était déprimé, s'il souffrait d'une crise de la maturité, s'il vieillissait tout simplement, s'il était insatisfait de son travail, ou s'il était "inconsciemment insatisfait" de son mariage. Il espérait que ce n'était pas son mariage qui le tourmentait parce qu'il pensait aimer sa femme et il pensait qu'elle l'aimait. Il disait qu'il ressentait une insatisfaction vague, non explicite, inintelligible, ou un vide. Plus il y pensait, plus il était dérouté quant à (z) ce que pouvait bien être le problème, (b) ce que pouvait bien en être la cause, (c) le fait qu'elle pouvait être une combinaison de plusieurs des possibilités, et (d) qu'il puisse s'agit d'un problème totalement différent, dont on ne s'était pas aperçu.
Observez tous les signes vous permettant de dire s'il fait semblant ou s'il est simplement en train de faire semblant de faire semblant.
Prétendre ou faire comme si le miracle s'était produit sert ici encore à séparer la construction de la solution du processus de développement du problème/plainte, et à contourner le point de vue historique et structuraliste des clients, ainsi qu'à éviter tout désaccord sur la véritable nature du problème. UNe fois que la solution se développe, une fois que les clients savent que le problème est résolu, peu importe pour eux (ou pour quiconque) ce que le problème pouvait bien avoir été.
La structure de la question miracle et des autres questions de ce type permet aux clients de contourner leurs hypothèses structuralistes et causales, ils n'ont pas à imaginer le processus de suppression du problème, uniquement ses résultats.
Les objectifs sont donc des descriptions de ce qui sera présent, de ce qui va se passer dans la vie des patients quand la plainte sera absente, quand la douleur qui les a amenés en thérapie sera absente et qu'ils ne décriront donc plus leur vie en termes de problèmes.
Sans moyens clairs et concis de savoir si oui ou non la thérapie a réussi ou échoué, celle-ci peut se poursuivre à l'infini - ce qui veut dire que parfois le thérapeute et le client réussissent sans qu'ils le sachent. Quels que soient les autres résultats qui en découlent, une conversation thérapeutique non achevée est un échec partiel, car l'un des buts de la thérapie devrait être de résoudre le problème du client et d'achever la thérapie dès que possible.
Ecrire l'histoire d'un cas est une forme de récit, et Erickson est un remarquable conteur. Ses études de cas se lisent souvent comme des nouvelles, qu'ils soient agrémentés ou non d'un propos didactique ou d'illustration. Ceci explique en partie la fascination qu'Erickson exerce sur les thérapeutes.
Les débats conceptuels sur les changements de premier et de second ordre, et sur le changement continu et discontinu paraissent déplacés dans un contexte de conversation thérapeutique. Le changement est le changement tant qu'il demeure satisfaisant pour les clients, tant que les changements qu'ils décrivent sont des changements qui leur indiquent qu'une solution s'est développée.
Pour être pleinement satisfaisants, il semble que les changements qui précèdent la séance doivent être certifiés par le thérapeute comme des changements significatifs pour qu'ils soient perçus comme authentiques et réels. Sans ces confirmations, il semble que les changements ne puissent être vécus comme authentiques et réels - le couple est donc assez incertain de ces changements pour devoir venir en thérapie même si le processus menant à une solution est enclenché.
Selon la vision historique et archéologique de Foucault, tout "changement est le fruit du hasard, qui nous apparaît comme une transformation discontinue" (Leitch [...]), ce qui concorde tout à fait avec les descriptions du changement proposées par la majorité des clients.
... il n'est pas nécessaire d'avoir une équipe pour considérer la thérapie comme une entreprise constructiviste interactionnelle.
Il suffit d'un thérapeute et d'un client pour développer deux descriptions, tant que les deux descriptions sont clairement similaires tout en présentant suffisamment de différences.
Bref, ce que les thérapeutes [orientés changement] désirent, c'est que leurs clients décrivent leur vie en dehors de la situation thérapeutique comme étant d'une certaine manière bien différente à la fin de la thérapie de ce qu'elle était au début de celle-ci.
Clairement, les récits axés vers une solution ont davantage de chances que les récits centrés sur les problèmes (la forme la plus répandue de construction narrative thérapeutique) de produire des transformations et des discontinuités.
On peut considérer les conversations entre thérapeutes et clients comme des histoires, des narrations. Comme toute histoire, chaque cas ou chaque séance de chaque cas a un début, un milieu et une fin, ou tout au moins un moment qui donne un sentiment d'achèvement. Comme dans toute histoire, la cohérence de la conversation est maintenue par les modèles impliqués, par l'intrigue. Comme beaucpup d'histoires, les conversations trhérapeutiques parlent de difficultés humaines : désespoirs, ennuis, résolutions et tentatives de résolutions.
Les deux priorités du traitement des sujets dépendant des opiacés sont les mêmes : il faut les aider à entrer en traitement de substitution et à rester ensuite en traitement dès qu'ils ne peuvent visiblement plus rester abstinents spontanément ou sous traitement psycho-social seul.