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Critiques de Daniel Morvan (26)
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Lucia Antonia, funambule

Accepter la perte. Lucia Antonia, funambule, ne peut s’y résoudre. Arthénice est tombée. Sa partenaire, son âme sœur, son double. Depuis la chute fatale, Lucia Antonia a quitté le cirque de son grand-père. « Ma famille m’a bannie […] je me suis bannie moi-même pour ne pas porter malheur au cirque. »



Aujourd’hui pourtant, sur cette presqu’île où elle a échoué, elle accepte à nouveau de déplacer son corps sur un fil. Sur cette presqu’île elle rencontre Eugénie et Astrée, réfugiées fuyant un pays en guerre, mais aussi un artiste peintre et un garçon voilier qui deviendra son ami. Sur cette presqu’île Antonia va peu à peu se reconstruire et accepter la perte.



Poétique et fragmenté, ce texte relève de l’esquisse. Par petites touches successives, Lucia Antonia brosse le portrait de sa douleur la plus intime. Tout en retenu, elle consigne dans de petits carnets la géographie de cette absence qu’elle ne parvient pas à surmonter. Arthénice le corps brisé. Cette partenaire, cette amie, cette jumelle. La mort d’Arthénice dont elle se sent responsable. Rien de larmoyant pour autant, aucun pathos. Les réflexions de Lucia Antonia naviguent entre ciel et terre, dans une sorte de rêverie éthérée.



Évidemment, j’aime cette écriture elliptique, tout en suggestion. Une écriture minuscule pouvant parfois sembler insaisissable et nébuleuse mais qui se révèle au final lumineuse. De la poésie, quoi. Et une forme de catharsis pour cette touchante funambule qui, grâce aux mots, parvient à faire les pas décisifs devant l’amener sur le chemin de la résilience et accepter la perte, enfin : « Il y avait près d’une année que tu étais morte, et c’est seulement ce jour où je me perdis en forêt que je pénétrai dans le territoire de ta mort. Ta voix me priait d’ouvrir jusqu’à elle le chemin de la perte, et je consentis à m’égarer. »



Un très beau texte.
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Lucia Antonia, funambule

Bannie du cirque par sa famille car elle est accusée de porter malheur, Lucia Antonia tente de faire le deuil de sa « jumelle ». La jeune trapéziste a perdu sa complice et amie lors d’un numéro particulièrement spectaculaire qui se déroulait au-dessus d’un gouffre. Depuis, l’ombre de cette sœur de cœur plane sur Lucia Antonia. Abandonnée sur une presqu’île, entourée de marais salants, la jeune femme tente de monter, seule, un numéro qui pourrait la réhabiliter dans ce milieu qu’elle a toujours connu…



Dans ce roman construit sous la forme de quatre carnets, l’on découvre des pensées intimes, des anecdotes, des conseils et des réflexions sur le monde du cirque. Daniel Morvan nous ouvre les portes d’un univers incroyable, sans concessions, dans lequel certaines erreurs ne pardonnent pas… Un texte tout en pudeur et en retenue, qui dit la douleur de la perte et la difficulté à continuer après un drame. Malgré la sensibilité et la finesse de l’écriture et bien que touchée par le sujet, il m’a manqué d’être réellement bouleversée par ce texte plein de mélancolie…
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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia et Arthénice , deux jumelles de coeur, nées le même jour , unies par leur amour mutuel et celui du fil ..jusqu'à ce jour funeste ou Arthénice est tombée .."La mort d'un trapéziste est suivie d'un deuil très long. Celui d'une trapéziste est sans fin"p 13 . Lucia a accepté le verdict et s'est "bannie" elle-même et a quitté le cirque, elle s'est posée sur la presqu'île de Lysangée là où elle avait rencontré Arthénice.

4 petits carnets de la mi-mars à la mi-juillet nous relatent la vie au quotidien de celle qui ne vit plus que dans le souvenir de celle qui n'est plus .Quelques mots , quelques réflexions, Eugénie et sa fille venue du Pays des peuls, l'ami le garçon voilier et le peintre ... et toujours Arthénice , l'absence , le deuil.

Par petites touches très poétiques Daniel Morvan accompagne son héroïne mais jusqu'où ira t'elle ? Toute la question est là .Certes un fort beau texte mais que de tristesse, que de douleur, rien pour enfin relever la tête et continuer son chemin ou si peu ...
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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia, funambule se présente comme la compilation de quatre carnets intimes, ceux de Lucia Antonia justement. Cette dernière a perdu sa compagne de fil lors d’un accident mortel. Elle décide alors de quitter la troupe du cirque pour se retirer dans un village en Bretagne.



Entre souvenirs de sa vie itinérante et récit au présent, la funambule nous embarque sur ce drôle de fil tendu au-dessus du vide, entre désespoir et élans vers l’avenir, elle oscille… Les chapitres, d’une ligne à un peu plus d’une page, se lisent chacun comme un texte poétique à part entière. Le décor sur fond de marais salants se prête aux plus belles métaphores qui soient sur la vie me semble-t-il. S’il n’était un roman, Lucia Antonia, funambule pourrait se lire comme un recueil de poèmes. Une très belle introduction à la poésie en prose pour ceux qui n’y sont pas habitués, un très beau roman pour tous. Fragile.



Daniel Morvan, à chaque étape de ces carnets, abordent successivement et subtilement tous les points clés d’une vie, tous les sentiments, les travers et les plus belles qualités de l’humain, l’air de rien. A mon sens, Lucia Antonia, funambule, avec ses allusions à l’autre, au double, à la sœur, à la fois jumelle et différente, à elle-même, fait étrangement échos par la thématique abordée aux Textes d’Ombre d’Alejandra Pizarnik…
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Lucia Antonia, funambule

Arthénice a chuté ! C’est l’horreur, c’est ma faute se persuade Lucia Antonia. Mais pourquoi suis-je donc tombée malade ce jour-là ? Notre numéro était parfaitement au point nous devions le présenter ensemble… Tout allait bien entre les deux meilleures amies du monde unies dans une complicité indestructible de jeunes filles tellement heureuses dans cet univers dynamique de gens de la balle qui les a vu naître…

Lucia a le sentiment qu’elle ne s’en remettra jamais.

Soucieuse de ne pas perturber la vie de la troupe qui leur a permis des jours si heureux, Lucia s’exilera. Ses carnets feront vivre ses souvenir jusqu’à ce qu’un jour …

La sensibilité, l’espoir, le rêve sont l’essence de ce roman qui fleure bon la poésie et la douceur qui nous promène avec légèreté comme sur un … fil.









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Lucia Antonia, funambule

Un nouvel objet précieux édité par Zulma: un petit texte de rien, sur le fil. Sur les fils. Les invisibles qui lient les uns aux autres, qui attachent ou qui retiennent, qui tendent ou s'assouplissent. Qui cassent. Pling. Une corde de guitare qui claque.
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Lucia Antonia, funambule

Zulma a l'habitude de concocter de belles surprises. Ce roman ne dérogera pas à cette règle. A condition d'aimer les livres qui ne racontent pas forcément une histoire avec un début et une fin, d'aimer être surpris et prendre son temps. Car c'est une histoire qui ne se presse pas, des personnages qui prennent le temps de réfléchir sur leur vie actuelle, passée et future. Lucia Antonia rencontrera Eugénie et sa fille Astrée, deux réfugiées, un garçon voilier qui lui tend ses fils et un peintre poursuivi par le souvenir d'un ancien modèle. Tous vont lentement. Tous ont des envies, des souhaits, des désirs qu'ils expriment plus ou moins, des soucis dus à leur art, à leur passé d'artiste ou d'émigrées. Ils se rencontreront pour tenter de repartir ensemble ou chacun de leur côté.

Daniel Morvan écrit un texte plein de douceur, de calme, une sorte d'oasis de quiétude dans les moments d'intensité, de course parfois un peu vaine que l'on peut vivre au quotidien. Un livre qui prend son temps et nous fait prendre le nôtre ! L'auteur procède par ellipses. En le lisant, on ne visualise pas un film, mais plutôt des images arrêtées, à nous de faire le lien ensuite entre icelles, ce qui est automatique et sans effort. Lucia Antonia parle indifféremment de son présent, d'Eugénie, d'Astrée du peintre ou du garçon voilier, mais aussi de son passé avec Arthénice, de l'avant-accident et de son aïeul Alcibiade (son arrière-grand-père) qui écrivait lui aussi sur des carnets, le créateur du cirque et sorte de dandy de son époque.

C'est un récit qui avance par petites touches, 170 chapitres (écrits en chiffres romains = CLXX) pour 128 pages, avec des titres explicites qui permettent de se repérer dans le temps. Un livre superbement écrit, hymne à la liberté, la nature et la vie. Poétique. Onirique. Merveilleux.

"Un enchantement de lecture" est-il écrit sur le rabat de la première de couverture. Enchantement que je partage entièrement auquel je rajouterai même un ravissement. Et comme toujours, chez Zulma, la couverture est superbe et le livre (papier, mise en page, police d'écriture, aération du texte, ...) est un très bel objet.
Lien : http://lyvres.over-blog.com/
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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia a perdu Arthénice, sa jumelle funambule. Exilée du cirque, elle se reconstruit, peu à peu, dans une presqu'île, refuge pour les âmes.

Sous forme de journal intime, on suit le fil des pensées de Lucia Antonia comme elles lui viennent. Pas forcément d'ordre chronologique, mais un cheminement, le deuil qui fait sa route petit à petit. Ses sentiments, ses émotions éclairent les faits qui sont dévoilés, ou pas, progressivement.

Un joli et triste voyage, lumineux pourtant.
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Lucia Antonia, funambule

"Parce que ma famille m’a bannie et parce que je me suis bannie moi-même pour ne pas porter malheur au cirque" : Lucia Antonia funambule a quitté le cirque familial après le décès d’Arthénice. Sa jumelle de cœur, sa partenaire, son autre moi. Désormais, Lucia Antonia vit sur une presqu’île. Dans ce lieu de salines, entre mer, terre et ciel, elle se noue d’amitié avec des réfugiées Eugénie et sa fille Astrée qui ont fui la guerre, un peintre et un garçon voilier.



Lucia Antonia écrit sur un carnet ses pensées, remonte le cours de sa mémoire et celle de sa famille, mais aussi décrit son présent. Dans ce roman tout est dévoilé par petites touches où Lucia Antonia nous fait découvrir le monde des funambules et des trapézistes, du spectacle qu’elles offraient elle et Arthénice en évoluant dans les airs. Lestée du décès d’Arténice dont elle se sent responsable, elle n’a plus l’équilibre pour remonter sur un fil. Des courts fragments où le deuil et la douleur s’affichent en retenue comme l’histoire de sa famille ou de sa nouvelle vie. Le lecteur suspendu flotte au gré des mots de Lucia Antonia mais sans se perdre. Ces mots consignés par écrit vont lui permettre de retrouver la force de se reconstruire.



Un roman de toute beauté, d’une grâce aérienne portée par une écriture elliptique, visuelle et poétique. Lumineux et d'une douceur incandescente par la simplicité de son élégance. J’ai été plus que touchée !


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Lucia Antonia, funambule

J’ai tourné longtemps autour. Très longtemps. J’en lisais et entendais beaucoup de bien, mais j’étais un peu inquiète par la présentation de l’éditeur et, surtout, par la forme. Comme je l’ai déjà dit je n’aime pas les nouvelles, et là on n,’est même pas dans les nouvelles mais dans les entrées de journal, un peu décousues, pas du tout chronologiques, et en fait je me suis perdue. Je n’ai pas réussi à m’intéresser à ces bribes de personnages, pas réussi à rentrer dedans… Pas réussi, quoi. Je pensais lire en apesanteur, je me suis retrouvée plus au ras du sol malgré plusieurs tentatives.



Bon, voilà, on n’y arrive pas à tous les coups !
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Lucia Antonia, funambule

Un livre au son ténu, délicat, fragile.

Un livre qui résonne au cœur de ceux qui connaissent la perte d'un être cher.

Un livre tout en poésie, alliant l' imaginaire et la réalité, l'obscur et la beauté.
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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia... : deux prénoms.



- Sainte Lucie rompit ses voeux de fiançailles pour se consacrer au Christ... ici Lucia Antonia quitte le cirque pour se consacrer à un souvenir... (et puis Sainte Lucie, c'est aussi une petite île isolée...).

- Antonia signifie, en latin, inestimable. Et je me suis souvenu en lisant ce roman, que dans ma famille (et ailleurs), quand on a perdu quelque chose, on plaisante en disant que l'on va faire appel à St Antoine de Padoue pour le retrouver...



- Et un troisième prénom: funambule... :-)



La suite:
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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia, funambule a été chassée de son cirque et donc de sa famille suite à la mort de sa "jumelle" (partenaire) suite à une chute, alors qu'elle même était malade . Elle décide de s'installer dans la Presqu'île au milieu des marais salants peuplés de déracinés comme elle.



Elle va y rencontrer des personnages attachants comme

Eugénie et Astrée qui ont fuit leur pays, un artiste peintre vivant dans un moulin en ruine, et un jeune garçon qui travaille dans une voilerie. Tous ces personnages vont l'aider à se reconstruire en lui permettant de recréer un numéro qui lui permettra de se rapprocher de sa jumelle disparue et de faire son deuil.



Court roman très poétique sous forme de journal, on est touché par la détresse de Lucia Antonia suite à la perte de sa jumelle et de tout ce qui faisait sa vie. Un très joli roman!!!!

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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia, funambule écartée de son cirque suite à la chute de sa partenaire, nous livre ses carnets où par brides elle nous raconte sa pénitence sur une presqu’ile. Présent et souvenir se mêlent pour nous faire toucher du doigt ce qui ne peut être dit à la suite du décès d’un proche, d’un double, d’une sœur jumelle funambule. Une certaine évanescence plane sur le récit, cette période de deuil est un entre-deux, de la chute du fil au retour sur le fil. Parfois une phrase, parfois un paragraphe pour dire la reconstruction, la peine, le souvenir, sans pathos. Le récit est touchant par sa pudeur, l’absence d’envolée lyrique, dans sa sobriété poétique. Ce récit se goûte et s’évapore en laissant une agréable sensation.
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Lucia Antonia, funambule

"Arthénice est tombée au cours d’une scène où je devais être sa partenaire. Notre numéro de jumelles était le clou du spectacle. Au dernier instant, souffrante, je dus me faire remplacer. Ma cousine Livia prit ma place. Le numéro, si souvent répété, voulait que l’ont se croisât sur le fil. Ce moment le plus délicat où l’une se suspend et l’autre traverse sur les mains."



C’est ici un roman empreint d’émotions nostalgiques que nous propose l’auteur. Je n’irai pas jusqu’à dire que je n’ai pas aimé, mais j’ai été déçu. Je vous explique.



Lucia Antonia vit depuis son plus jeune âge avec ses parents dans un cirque. Elle a appris à marcher sur un fil avant même de marcher sur la terre ferme. Son père la berçait sur un câble nylon 14mm quand elle pleurait, et c’est pour elle un échappatoire que cette vie de déplacements, d’art et d’amour.



Seulement voilà, peu après sa rencontre avec Arthénice à qui son père à voulut transmettre le virus du vide, cette dernière chute et se fracasse le crâne au sol. Lucia Antonia est alors bannie du cirque pour se recueillir et se couper de toute parole. Elle choisit ce moment pour écrire son petit carnet, que nous lisons avec attention.



Certains passages y sont très forts, quelques rencontres sont inattendues et donnent un peu de piment au texte, notamment la rencontre avec celui qu’elle appellera Pierrot, comme ce clown sérieux, qui ici est peintre.



Tout la raméne à penser à son amie, sa jumelle, son double, Arthénice. Arthénice qu’elle voit dans une peinture, Arthénice qu’elle voit dans les nuages, Arthénice qu’elle voit dans l’envol de plusieurs oiseaux et qu’elle chercher à retrouver dans les odeurs, les couleurs, les formes, la nature et la vie. Arthénice qui a disparut subitement et laissé seule Lucia Antonia. Arthénice avec qui Lucia aurait dû partir pour l’éternel voyage. Arthénice qu’elle aurait dû accompagner sur le fil malgré son malaise passager.



C’est un roman aux chapitres très court, très saccadés, et pourtant qui créent un sens dans la lecture et la compréhension hors normes. C’est un roman d’une intensité peut commune sur la nostalgie d’une personne, sur le deuil, sur la faute.







Et pourtant, c’est un roman qui ne m’a pas passionné. Une écriture qui se veut très poétique et qui n’est finalement que snobinarde, une forme qui déconcerte et empêche de rentrer pleinement dans l’univers du personnage, une barrière bien réelle entre l’auteur et son lecteur qui empêche les larmes de couler à flots. Un roman qui se veut optimiste dans la tristesse et finalement ne fait que plomber le lecteur par sa lenteur et son engouement au nombrilisme d’une jeune fille du monde du cirque. Monde dont on n’apprendra en outre pas grand chose, alors qu’il y aurait tant à dire.



C’est un roman en-deça de mes espérances. Les éditions Zulma m’ont habitué à des textes avec un fond plus poussé et travaillé, avec une poésie plus touchante et plus rude. Que ce soit dans La lettre à Helga, qui sort le même jour que celui-ci ou dans les textes de Audur Ava Olafsdottir parut précédemment, il y a au-delà du simple texte posé sur le papier un fond et une réflexion qui ne laissent pas de marbre.



Suis-je simplement insensible à la tristesse d’une jeune fille qui tente de faire son deuil ou alors à une écriture aux paragraphes bien trop courts qui m’ont privé de l’émotion que j’aurais aimé ressentir ? Ou est-ce que je m’attendais à un feu d’artifice de sensations vertigineuses, perché en haut d’un fil entre deux immeubles, arbres, ou canyons pour n’avoir finalement qu’un petit pétard à lancer dont le son s’effacera de mon esprit juste après avoir couru cinq minutes en rigolant ?







"Mon aïeul avait la superstition du treize. Il a fait sa rentrée parisienne au cirque Napoléon un 13 mai. A la conscription, il portait le numéro quatre-vingt-treize. La première voiture qu’il prit en arrivant de Toulouse à Paris était le quatre-vingt-treize. Il est logé au numéro quatre-vingt-treize de sa rue et sa chambre est la chambre treize, comme à Berlin. A Toulouse, il faisait partie d’un cercle qui finit par s’appeler le cercle des Pas-de-Chance car ils se retrouvaient toujours à treize.



Arthénice est tombé un 14 juillet."







Dommage pour moi, espérons que le prochain essai soit plus décisif.







Ouvrage disponible aux éditions Zulma à partir du 22 Août 2013.
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Lucia Antonia, funambule

de Marie-Hélène Prouteau sur Terres de femmes. Voici un roman singulier et qui prend toutes les libertés avec les formes d'écriture. Les lisières des genres s'effacent. Roman, poème, conte d'aujourd'hui, il est tout cela, ce livre de deuil. Il était une fois, dans une presqu'île au nom merveilleusement antique, une jeune fille qui tentait de surmonter la douleur causée par la chute mortelle de son amie Arthénice, sa partenaire funambule. Cette Lucia Antonia qui fait entendre sa voix dans des carnets semble sortie de l'Écume des jours ou d'Alice au pays des merveilles. C'est dire si nous sommes loin du chant de déploration et du tombeau. Daniel Morvan se saisit de la fiction et du romanesque, les fait voler en éclats. La cohérence d'ensemble, profondément originale, repose sur la forme poétique et narrative de l'injonction initiale, « Choses à faire ». Ceci n'est pas sans rappeler Notes de chevet, de Sheï Shōnagon, auteure du Japon de l'an mille, qui décline sa poésie sur le mode des listes. Dans ce bloc-notes à l'ancienne, Daniel Morvan invente une écriture syncopée, au gré des vibrations intérieures du personnage et des signes du monde. Il pose son regard sur les salines, sur les gestes des hommes qui y travaillent, sur la beauté des choses changeant avec les marées. L'action, jamais située dans le temps, est une suite de fragments, enlevée comme le sont certaines suites de Chostakovitch, dont le nom revient associé au souvenir de la jeune morte. Entre ces fragments, beaucoup de blancs, à l'image du vide au-dessus duquel marchaient les amies funambules. La langue est tout en retenue, tendue, sensuelle.



« Tendre un fil » : le jeu de l'infinitif, répété à plusieurs reprises, donne un phrasé surprenant à ces pages. Par ce verbe nu, sans pronom, il s'agit, pour la narratrice, de fixer brièvement des tâches et, par là, de canaliser la douleur. Ce mode de la vitesse correspond parfaitement au personnage que l'on sent comme une boule de pures tensions. Contrairement aux apparences, l'infinitif ne promet pas l'infini. Depuis que Lucia Antonia s'est retirée dans cette presqu'île, elle vit sans argent, rencontre Eugénie et Astrée, deux réfugiées, un garçon voilier, un peintre, elle se promène dans les salines et voit partout l'image de la disparue. « Tracer un plan du marais », tel sera l'infinitif qui pointe sa détermination tenace : « C'est là que je fonderai le nouveau cirque d'Arthénice ».




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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia est une jeune funambule, elle vient de perdre sa partenaire de cirque tombée du fil lors d'un numéro. Lucia Antonia a été bannie et s'est bannie elle-même du cirque, elle est malheureuse, elle se sent coupable. Avec des courts paragraphes, elle nous emporte dans un voyage nostalgique. Elle dépeint la vie du cirque, le monde des acrobates qui flirtent avec la mort à chaque numéro. Elle décrit les belles rencontres qu'elle fait sur la presqu'île où elle s'est réfugiée et peu à peu son ton se teinte à nouveau d'espoir.

La forme du récit découragera peut-être certains lecteurs mais c'est un très joli roman sur le deuil, un court roman teinté de poésie, très touchant qu'on peut faire découvrir à nos lecteurs.

J'ai beaucoup aimé !
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Lucia Antonia, funambule

Un livre très poétique mais qui m'a pas vraiment boulversé. Malgré une très belle écriture, des petits chapitres, je ne suis pas entrée facilement dans ce conte.

Une jeune funambule nous livre via ses carnets le deuil qu'elle subit par la perte de son amie et collègue de cirque.

Rencontre de personnage étonnant. Auteur prometteur
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Lucia Antonia, funambule

Lucia Antonia, funambule en duo avec Arthénice, a quitté le cirque depuis un tragique accident. Exilée volontaire, elle s’installe sur une presqu’île pour surmonter son deuil et écrit sur un carnet de petites notes où souvenirs, colère, tendresse et poésie se mêlent.

Ce n’est pas LE premier roman de la rentrée littéraire mais Daniel Morvan réussit à créer une ambiance et c’est avec une belle plume qu’il explore l’univers des funambules. Un roman qui ne laisse pas indifférent et sans aucun doute un auteur à suivre…



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Lucia Antonia, funambule

Ce roman pourrait être le journal d’un deuil en notes éparses – « courts paragraphes numérotés en chiffres romains » -, reliées par ces fils tissés entre les souvenirs de l’absente et l’histoire familiale, rédigées par une narratrice en exil dans une presqu’île de marais salants : « Je me suis posée ici, au milieu des oiseaux du sel. ». Mais il est troublant ce roman, il semble (em)porter plus que ça. Et cette narration ainsi que l’écriture sont à la fois prenantes et distanciées, alternant une sobre rigueur à des voltiges oniriques, à l’image de l’exercice du funambule peut-être.



Si les mots de Lucia Antonia s’élèvent et vibrent sans conteste au-dessus de la profondeur du gouffre, si j’ai perçu sa voix qu’elle croyait brisée, si j’ai vu la beauté de son regard à travers les personnes qu’elle côtoie, les images et les paysages, je n’ai pas reçu son émotion, perdant l’équilibre lors des virevoltes lyriques et égarée par les réflexions du personnage qui joue en écho le rôle du peintre, celui autant voué à immortaliser qu’à perdre son modèle. Ce peintre, seconde lecture troublante.



Peut-être trop en filigrane, le cirque, la fascination des spectateurs, les réfugiés d’Afrique, les liens qui se créent, qui créent une famille; trop de reflets et de miroirs ( déclinant la » gémellité » autant que la perte et l’inconsolable – se laisser regarder, aimer, par ceux qui ont regardé avec amour l’autre, l’autre que j’aime, qui est une part de moi, en moi – ) dans ce déroutant récit déroulant pourtant des thèmes universels et intemporels. J’ai eu l’impression que ce roman racontait plus une quête identitaire au sens identité à se réapproprier malgré le vide, le chemin de deuil que mena Lucia Antonia, l’adieu pour reprendre son envol, le nouveau départ d’une funambule dont les attaches se sont rompues. Au-dessus de cet abîme intime, l’air m’a paru tellement dense.
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