Daniel Prévost - On n'est pas couché 28 avril 2018 #ONPC
Le temps passe et les œufs durent !
Le monde est rempli de gens qui traversent la vie sans savoir qu'ils font du mal.
Il était minuit et demie en Kabylie, à Taghzout.
Un homme s'endormait là ou il avait tant rêver dormir ...
Il est très difficile de discuter le bout de gras avec un végétarien.
Pourtant le mur du silence familial donnait des signes de faiblesse. Des lézardes, d'où s'échappaient des mots graves, se dessinaient. Des fuites à l'étage du coeur... Le mur du silence, c'était son mur de la Honte... Un jour ou l'autre il s'effondrerait.
Tous les murs finissent par tomber.
Tous les silences aussi finissent par faire du bruit. Tous les silences finissent par parler.
Les lettres étaient souvent identiques dans leur contenu. Elles racontaient la souffrance, la rage et l'impuissance que créent les secrets de famille, cachés, tus par bêtise, méchanceté ou vengeance, sans que les responsables s'inquiètent de leurs conséquences sur l'enfant, les enfants.
Elle était la plus forte, le gendarme de la famille, celle qui crie, qui hurle, qui éructe, qui régente.
Denis subissait, ne se révoltait pas. Une partie de sa volonté était anéantie, éliminée, tuée, effacée.
La mère imposait sa propre vision de l'Histoire... Au besoin, elle révisait, inventait, réinventait, faisait taire (...).
Dans sa classe, il est le seul enfant sans père, cela il en est sûr.
Le mot "bâtard", c'est dans cette école qu'il l'a entendu pour la première fois. Qui l'a prononcé devant lui ? Il ignore le sens de ce mot. Mais il l'a retenu. Pourquoi ? Face à ses camarades, il est le "filleul" de la directrice. Et, par ce statut, il bénéficie d'un privilège : sa maîtresse, madame Grenot, le désigne pour apporter, une fois par semaine, le cahier de roulement de la classe, qui contient les meilleurs devoirs, au bureau de madame la directrice, charge dont il s'acquitte avec fierté.
Il attend ce jour avec impatience.
« Quand les mots n’ont plus aucun sens,
Même si on les tourne dans tous les sens,
L’amour, la mort n’ont plus d’importance.
Quand on se retrouve terriblement seul,
Seul dans l’univers qui se joue de nous,
Qui se rit de nous et même à genoux,
Nous crions sans cesse nous crions toujours
Et nul ne répond : il n’y a plus d’amour. »
Est-ce nul ? Peut-être. En tout cas, moi, je me sens nul. Mais je n’ai pas honte.
Il faut savoir attendre, désirer, mériter, mon petit.