Citations de Danya Kukafka (109)
Et puis, comme par miracle, la neige . La plus belle façon pour le ciel de pleurer un être humain .
La mémoire du cœur élimine les mauvais souvenirs pour embellir les bons.
Il éprouvait au fond de lui-même cette sensation unique que l’on ne ressent que seul, au sommet d’une montagne balayée par le vent.
Mais la vie réelle ne fonctionne pas comme ça, elle ne se déroule pas en vagues dont on peut anticiper les creux et les crêtes. L'amour non plus d'ailleurs. A vrai dire je ne sais pas au juste comment procède l'amour, mais je dirais que c'est de façon bien différente. A la manière d'une avalanche.
Le Colorado avait une odeur très particulière en été : la senteur des aiguilles de pin qui se remettaient d'un terrible hiver se mêlait aux effluves de la terre rouge et chaude dévalant les flancs abrupts des montagnes.
Lucinda was dead, and the reminder slapped him constantly, freezing ocean waves against his thighs. He could only wade deeper. Deeper, until the truth bubbled into his mouth, salty, miserable. Deeper, until it was pointless to search for shorelines because he knew Lucinda would not be standing on them.
Les confins de Broomsville étaient plats, ouverts à tous les vents. Des maisons décrépites s'alignaient au bord de la route, dans un décor de pick-up déglingués, de granges branlantes et de drapeaux américains en lambeaux saluant l'espace vide. Les gens ici vivaient différemment : assis sur des canapés défoncés, ils regardaient des télévisions à l'image brouillée et buvaient du thé glacé maison. Les habitations disparaissaient dans le paysage. Et les gens avec elles.
Elle venait de découvrir que le malheur avait une texture. C'était un noeud, implorant qu'on le dénoue.
(p. 129)
(...) elle s'interrogea sur sa boussole interne, cette aiguille censée la maintenir sur la bonne voie, l'empêcher de s'égarer, de retourner sur ses pas ou de renoncer. Et elle se rendit compte d'une réalité effrayante : il n'existait rien de tel. Il n'y avait que les choix qu'on faisait quotidiennement.
(p. 205)
Ses mains, c'était ce que Cameron préférait dans son corps, parce qu'elles parlaient tous les langages que sa bouche ne savait exprimer.
Avant toi, un autre détenu a gravé laborieusement dans le ciment : On est tous enragés. Tu souris chaque fois que tu vois ces mots. C'est tellement bizarre, tellement absurde, tellement différent des autres graffitis de la prison (surtout des versets de la Bible et des dessins de parties génitales).
(p. 19)
(...) sa mémoire confirmait cette certitude dévastatrice ; rien n'était comparable à l'amour d'une mère pour son enfant. C'était biologique. Un élan primaire, vital, impossible à bannir. Il avait continué de vivre en elle durant tout ce temps. Dans la moelle de ses os.
Personne n'est mauvais à cent pour cent. Et personne n'est bon à cent pour cent. Nous vivons tous égaux dans la grisaille entre les deux.
Même si tu refuses de regarder l’horloge murale, tu as conscience des secondes qui s’égrènent et s’échappent de ta cellule. Ces secondes. Tu voudrais t’accrocher à chacune d’entre elles, les retenir, éprouver la texture même de ta vie tandis qu’elle te glisse entre les doigts.
Ton cœur cognait dans ta poitrine. Ton corps avait momentanément repris une forme familière.
L’espoir, comme un coup de poignard.
Mais Saffy attribuait ses succès à une certitude : pour chaque criminel qui correspondait à un stéréotype, on en trouvait des dizaines d'autres qui y échappaient. Chaque cerveau était différent dans sa déviance, et la souffrance prenait des formes aussi variées que mystérieuses. Il fallait par conséquent chercher le déclencheur, l'endroit où la douleur s'était logée et la plaie infectée, le point faible qui poussait à la violence certains individus endurcis.
Cameron est à cette terrible croisée des chemins, le moment chaotique de l'adolescence auquel on a peur de ne jamais pouvoir survivre. Monté en graine, des cheveux blond-roux qui pendent en mèches grasses. La peau grasse également, un nez busqué en bec d'aigle. Des yeux, trop rapprochés, qui hésitent entre le vert et le noisette.
Tu as avancé de cinq minutes la montre dont tu as hérité dans le Module C. Tu n’aimes pas être pris au dépourvu.
Elle te révèle qu’il te reste onze heures et vingt-trois minutes à vivre.
Je me souviens surtout de la façon qu'il avait de nous regarder. Comme s'il se demandait à quoi on pourrait bien servir.
Les confins de Broomsville était plats, ouverts à tous les vents. Des maisons décrépites s’alignaient au bord de la route, dans un décor de pick-up déglingués, de granges branlantes et de drapeaux américains en lambeaux saluant l’espace vide. Les gens ici vivaient différemment : assis sur des canapés défoncés, ils regardaient des télévisions à l’image brouillée et buvaient du thé glacé maison. Les habitations disparaissaient dans le paysage. Et les gens avec elle.