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Citations de David Gordon (20)


Tout a commencé le matin où, affublé d'une robe de ma défunte mère, en compagnie d'une collégienne de quinze ans qui était par ailleurs mon associée, j'ai reçu une lettre d'un pénitencier et découvert qu'un tueur en série condamné à mort était mon plus grand fan.
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Ça fait une vingtaine d’années que j’exerce en tant qu’écrivain, et dans ce laps de temps, j’en ai écrit des histoires, vraies ou fausses. Ceux d’entre vous qui lisaient le magazine Chaud Lapin à la belle époque se souviendront peut-être de l’Homme qui murmurait à l’oreille des salopes. Vous me remettez ?
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N’allez pas vous méprendre. Ce n’est pas comme si je n’avais jamais écrit de romans. Vingt-trois au dernier recensement, il me semble. Ce qui s’est passé, c’est qu’Internet a tué Chaud Lapin et avec lui tous les magazines, comme la télé et le cinéma ont tué les livres avant ça, et comme encore plus tôt je ne sais plus quel truc a tué la poésie. À moins qu’il s’agisse d’un suicide.
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Le porno, à l’instar des mycoses, est comme un coq en pâte partout où il y a des hommes sans femmes – prisons, armée, magasins de bandes dessinées, laboratoires de mathématiques humides et froids du Massachusetts Institute of Technology – et les détenus avaient non seulement le temps de lire le magazine, mais aussi de réagir, de s’investir, chose qu’en général seuls les gens très seuls, tarés ou un peu bêtes prenaient la peine de faire.
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Et que me voulait cette personne ? Etais-je victime d'un inadapté social, comme dans les romans de gare de Jim Thompson ? Un pigeon tombé dans un piège, comme dans tous ces films de Hitchcock ? Ou, comme dans un thriller sur deux, les miens y compris, n'étais-je qu'un témoin empoté sur le point de se faire éliminer, trop bas du front pour voir la vérité, jusqu'à ce que les eaux du fleuve rejettent mon corps sans vie au chapitre suivant ?
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Ensuite, je me suis lancé dans le roman afro-américain des quartiers difficiles, le genre dit d’“expérience ur­­baine”. Cette série met en vedette un ancien lieutenant des Forces spéciales, vétéran de la guerre en Afghanistan et en Irak, qui commence à se droguer après une blessure. De retour chez lui, à Harlem, il fait face au manque, devient un honnête flic, mais se fait virer quand son passé ressurgit. Alors il finit comme détective privé, fournisseur indépendant de justice urbaine pour deux cents dollars par jour plus les frais. J’ai fait de lui un Juif noir d’origine mi-éthiopienne, mi-américaine : Mordechai Jones, le shérif du ghetto. Par J. Duke Johnson. Dans une interview que j’ai réalisée avec moi-même pour le magazine La Cible, les lecteurs ont appris que le J signifie John. Mais tout le monde m’appelle Duke.
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Tout a commencé le matin où, affublé d’une robe de ma défunte mère, en compagnie d’une collégienne de quinze ans qui était par ailleurs mon associée, j’ai reçu une lettre d’un pénitencier et découvert qu’un tueur en série condamné à mort était mon plus grand fan.
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Tout a commencé par un contrat pour écrire ce que l’on appelle, dans le jargon éditorial, des “propos recueillis”. Mais le narrateur n’est lui-même plus qu’une ombre, et il m’a confié son histoire, que ça me plaise ou non. Et bien sûr, maintenant qu’elle est à moi, qui va s’embêter à la lire ? Qui s’intéresse à ce que les auteurs de l’ombre ont à dire ?
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Jusqu’à maintenant, j’étais un écrivain de l’ombre. Je me cachais derrière des pseudos ou empruntais le nom et le visage d’autres personnes. Et, pour tout vous dire, à la base, même cette histoire n’était pas de mon cru.
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Mais ne vous en faites pas, je ne suis pas de ceux-là. Dans ce livre, ni pièges ni ruses. Ce n’est pas moi l’assassin. Comme je l’ai dit (à moins que j’aie oublié ?), ceci est une histoire vraie, et j’ai l’intention de la raconter telle quelle.
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Si j’ai envie de vraiment bien commencer ce livre, avec une bonne accroche, c’est aussi parce que c’est le premier que j’écris sous mon vrai nom, dans mon propre style, si ça veut dire quelque chose. Je veux être sûr de trouver le ton juste, de capter le lecteur, de vous gagner à ma cause. D’instaurer l’intimité liée à la première personne, pour que vous me suiviez où que j’aille, même si vous commencez, un peu trop tard, à me prendre pour un de ces narrateurs indignes de confiance dont on vous a parlé en cours de littérature
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Longtemps, en choisissant un bouquin, je me suis senti obligé de sauter à la fin pour lire la dernière phrase. Impossible de résister à la curiosité. Je ne sais pas pourquoi je faisais ça, à part le fait que c’était possible, et si c’était possible, il fallait que je le fasse. C’est un vieux réflexe de gamin qui déchire le papier cadeau, se cache derrière ses mains devant un film d’horreur. On ne résiste pas à l’envie de jeter un œil à ce qu’on ne devrait pas voir, à ce qu’on n’a pas envie de voir, à ce qui nous fait peur.
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La phrase la plus importante dans un roman, c’est la première – à l’exception, peut-être, de la dernière, qui reste avec vous une fois le livre fermé, comme l’écho d’une porte qui se referme vous accompagne au bout du couloir. Mais bon, à ce moment-là c’est trop tard, vous avez déjà tout lu.
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Claire me l’interdisait. “Ne fraie pas avec ces tarés, me conseillait-elle, comme si elle en était à son troisième divorce, ou tu finiras comme eux.” Ce qui me paraissait sensé, mais vu ma position, assis là dans le studio photo, à transpirer sous ma robe et ma perruque, ça n’était peut-être pas si pertinent : est-ce que je pouvais avoir l’air plus cinglé que ça ? Tandis que Claire passait derrière l’objectif pour avoir une idée du résultat, je me suis contemplé dans le miroir. Je me réfléchissais, pour ainsi dire. Mais c’était une vision dérangeante.
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Comment une fille de dix-neuf ans décide-t-elle qu’elle est versée dans la flagellation, le bondage, le vampirisme et “l’anal extrême” – même si je ne me représente pas bien ce dernier aspect ? Pourquoi voudrait-elle qu’on la verrouille dans une ceinture de chasteté ou qu’on la morde avec de faux crocs pour laisser son vrai sang s’écouler dans un calice en argent ? Quelles forces socio-psycho-sexuelles pouvaient bien faire dévier ces jeunes femmes par ailleurs en bonne santé vers des concepts aussi extrêmes ? Je n’en avais aucune idée, mais j’aurais bien aimé le savoir.
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Et bien sûr, elle avait raison. Mais bon, j’avais cliqué sur les liens Myspace et Facebook vers lesquels ces filles m’orientaient dans leurs mails, et n’y avais trouvé que l’imagerie gothique plan-plan : sang et dentelle, musique aux sonorités métalliques ou tout en soupirs, poésie ridicule. J’avais vu les tignasses rouges et violettes, les tétons percés, les grimaces aux lèvres retroussées, et, sous le maquillage de raton laveur spectral, les yeux écarquillés d’enfants apeurés, comme si dans ce monde souterrain on pouvait être à la fois la victime insomniaque et la bête sous le lit.
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Ce qui constituait un sujet sensible entre Claire et moi, et alors même que j’ouvrais la dernière enveloppe de vampire en brisant le sceau à l’aide du majeur, je la voyais froncer le sourcil, suspicieuse. Bien sûr, ça n’avait rien à voir avec la jalousie. Non, ses inquiétudes étaient purement en rapport avec le business : “Il suffit qu’une nana un peu énervée se mette à baver sur un site, à traiter Sibylline d’obsédée sexuelle dont il faut se méfier, et tout est fini.”
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Enfin, je n’étais absolument pas pressé d’ouvrir cette lettre parce qu’elle ne m’apporterait rien. Encouragés par une petite photo dédicacée ou autre babiole, mes autres correspondants, qu’ils soient fans d’érotisme extraterrestre ou de violence urbaine, achetaient, eux, plus de livres. Quant au lectorat de Sibylline Lorindo-Gold, ma principale source de revenus, il comptait de sacrés canons.
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Le fait qu’il soit vieux de plusieurs années importait peu. En prison, rien n’était dépassé, un magazine porno était un trésor qu’on devait préserver, se refiler, échanger.
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Pendant ce temps-là, en attendant le shooting, j’ai gardé la lettre de Sing Sing pour la fin. Après tout, je n’avais pas été Teubi Maguire ni l’Homme qui murmurait à l’oreille des salopes depuis des années, et à l’époque, le courrier de “prisonniers incarcérés à tort” était monnaie courante.
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