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Citations de David Heska Wanbli Weiden (144)


Comme promis, la Casa Bonita était un mélange bizarre de parc d'attractions et de restaurant mexicain. L'endroit était gigantesque, avec un immense clocher rose planté au milieu du parking. A l'intérieur, nous découvrîmes avec surprise une cascade de dix mètres de haut et un bassin, des plongeurs, des groupes de musiciens qui se promenaient entre les tables, des spectacles de marionnettes et même une grotte de pirates. La serveuse nous prit en pitié et nous installa loin des familles avec des enfants qui hurlaient. Elle nous emmena à l'étage et nous attribua une table près du sommet de la cascade. Nous étions entourés de faux palmiers et de torches en bambou, qui nous donnaient un peu d'intimité et une vue imprenable sur les plongeurs. Il s'agissait apparemment d'étudiants, déguisés en bandits, en pirates, et - je vous le donne en mille- en Indiens. Les plongeurs braillaient leurs répliques, qui semblaient toujours tourner autour de gentils pourchassés par les méchants, avant de se jeter dans le bassin en dessous. Je fus soulagé de voir que le méchant n'était pas un faux Indien mais une personne vêtue d'un costume de gorille. A chaque plongeon, les enfants en bas criaient leur enthousiasme, et il était facile de se laisser aller à la frivolité de l'endroit.
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Nous attendîmes à peu près dix minutes qu'il prépare les boissons, autrement dit, qu'il finisse de moudre les grains, qu'il installe un drôle d'entonnoir au-dessus d'un pot et verse de l'eau bouillante une molécule après l'autre dans l'entonnoir. Tout le processus me rappelait mes cours de chimie. Rien à voir avec la préparation du café à l'indienne, qui consiste à jeter du café moulu dans une cafetière sur un réchaud. Je dois l'avouer, le café était vraiment bon, et même exceptionnel, rien de comparable avec le jus qu'ils servaient au Big Bat à Pine Ridge. Et le café de Big Bat était unanimement considéré comme le meilleur dans un rayon de cent cinquante kilomètres. Bien entendu, ce café sophistiqué avait intérêt â être bon, vu que chaque tasse coûtait en gros le prix d'une livre de Folgers.
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- Deux grands café, un noir et un crème, répondis-je.
- Aujourd'hui, on prépare La Mestiza. Ce sont des grains lavés en provenance du Guatemala, de la variété Caturra et dont le terroir se situe au sud de la région du Huila. Si vous avez envie de lire les notes de dégustation, je les ai là. Il a un corps rond et léger, avec des arômes de pop-corn caramel et sucre brun. Et je suis désolé, on ne sert pas de lait avec nos cafés. Nous voulons que vous fassiez l'expérience des saveurs et du bouquet du café, pas de ceux d'un produit animal bourré d'hormones.
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Oui, il était mon neveu, pas mon fils, mais pour les Indiens, la distinction n'existait pas. Les nièces, neveux, cousins - tous étaient considérés comme la famille proche, pas comme des parents éloignés qu'on pouvait ignorer.
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C'était drôle que Marie - pacifiste à ses heures - fasse référence à Crazy Horse, le Lakota qui avait juré de combattre les hommes blancs jusqu'à son dernier souffle.
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Personne n'aimait les indics, mais les Indiens surtout détestaient les fédéraux, qui n'avaient jamais tellement manifesté d'intérêt quand on leur demandait d'arrêter des criminels sur la réserve.
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- Mais pourquoi les réserves ? demanda Marie. Nous ne sommes pas très nombreux. Il semblerait plus logique d'aller dans des endroits où il y a plus de monde.
- Le reste du marché est saturé, du moins dans l'ouest. Et les réserves sont une cible logique, car la présence policière y est faible. Il y a combien d'agents de la police tribale chez vous, une cinquantaine ?
- Même pas, dis-je.
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- Ils vendent aux clients eux-mêmes, ils suppriment l'intermédiaire. Ils créent des dizaines de petites unités avec des chauffeurs et un opérateur téléphonique. Le client appelle le téléphone portable et dit où il se trouve, l'opérateur appelle un chauffeur qui rencontre le client sur le parking d'un fast-food. Le client donne l'argent et récupère un ballon de came. Comme s'il commandait une pizza. Autrefois, il fallait aller voir les dealers, maintenant ils viennent à vous. En plus, ils font des opérations spéciales, du genre après neuf achats le dixième ballon est offert, et ils distribuent des échantillons à la volée, pour essayer de gagner de nouveaux clients.
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- Nous allons passer notre tour, dis-je. Où avez-vous appris ces trucs ?
- Eh bien, répondit-il, avec un peu plus de chaleur, j'ai entendu parler de cette école à Boulder, le Shamanistic Institute, qui propose une formation en médecine psychédélique, thérapie psychosociale et guérisons amérindiennes. Elle est très prestigieuse, alors je me suis inscrit. C'est tellement gratifiant d'être un guérisseur. C'est mon but dans la vie , vous savez, d'aider ceux qui sont spirituellement moins évolués que moi. (Il nous dévisagea avec plus d'insistance). Hé, vous avez l'air amérindiens. Vous devez tout savoir sur ces sujets ! Le peyotl, les cercles de guérison.
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- La demande est de plus en plus importante, poursuivit-il. Mais l'offre n'a pas suivi. Alors certains cartels mexicains commencent à se concentrer sur l'héroïne plutôt que sur l'herbe. Mais ce n'est pas de la poudre blanche - c'est du goudron noir, à l'œil et au goût, ça ressemble à un caramel à la réglisse. C'est plus facile à fabriquer et à passer. Le gros hic, c'est qu'il est dix fois plus puissant que la poudre. On voit du goudron noir pur à soixante-quinze pour cent. L'héroïne China White d'autrefois avait un taux de peut-être cinq pour cent.
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- Que savez-vous sur les opioïdes?
- Vous voulez dire l'héroïne, dis-je ?
- Eh bien, l'héroïne n'en est qu'un aspect. Les opioïdes - les antidouleurs- sont le plus gros problème de drogue que nous ayons jamais eu. Et en gros, il a été créé par les gros laboratoires pharmaceutiques.
- Bien sûr, dit Marie. Prescriptions abusives. Ce n'est pas franchement nouveau.
Il but une gorgée d'eau.
- En quelque sorte. Il y a des dizaines d'années, les laboratoires pharmaceutiques ont commencé à vendre des antidouleurs - comme l'OxyContin- et se song lancés dans des campagnes féroces. Mal au dos ? Tenez, une ordonnance pour de l'oxycodone. Des douleurs chroniques ? Prenez-en plus. Maintenant on a toute une génération accro aux cachets. Ensuite les officines frauduleuses se sont mises à pulluler, et on s'est retrouvés avec encore plus de camés, jusqu'au fin fond de la cambrousse.
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Le nom avait l'air sophistiqué, mais une petite recherche sur internet m'apprit que ce quartier était l'un des plus pauvres de Denver, presque intégralement latino, mais qu'il commençait à changer à mesure que des gens plus aisés à l'affût de logements bon marché et atypiques venaient en chasser les habitants. D'après l'article de journal que j'avais consulté, les résidents originels étaient ouvertement hostiles à ces néo-bourgeois, mais ils ne pouvaient pas faire grand-chose contre l'invasion de leur quartier par les nouveaux colons. Une histoire familière.
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- Qu'est-ce que c'est ? L'enthéo..quoi? demanda-t-elle, les sourcils arqués.
- C'est la science de la thérapie psychédélique et du développement spirituel, dit-il avec hauteur.
Marie et moi échangeâmes un regard. Je décidai de me lancer.
- C'est quoi la théorie psychédélique?
- J'aide les gens qui souffrent de dépression, de stress post-traumatique ou d'insatisfaction spirituelle en leur administrant de micro-doses de cannabis, de LSD et de MDMA. Une fois qu'ils ont ingéré la substance, on travaille sur leurs ruminations, leurs schémas toxiques et la scénétique de répétition.
- Qu'est-ce que c'est, euh..la scénétique? intervint Marie.
- Vous savez, la transférence et la visualisation scéniques. Le fait de changer nos schémas pour embrasser notre complétude. Ça vous intéresserait d'essayer ? Je fais des tarifs dégressifs, de trois cents à cinq cents dollars pour l'ensemble de la,thérapie; vous pouvez aussi payer à l'heure. Soixante-quinze dollars. Débarrassez-vous de vos toxines spirituelles et purifiez-vous.
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- Je sais qu'elle a quitté ton tipi avec ses affaires - divorce indien-, mais y a pas de règle qui dit qu'elle peut pas les remettre, tu vois ce que je veux dire ?
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La ville de Denver apparut à l'horizon, les Rocheuses bien visibles à l'ouest, les gratte-ciel comme une imitation artificielle des sommets qui se découpaient au loin. J'avais passé du temps à Denver des années auparavant, mais on m'avait dit que la ville avait énormément changé, à mesure que les jeunes fuyaient le coût de la vie exorbitant sur les côtes pour venir chercher un endroit moins factice, plus authentique. Et la légalisation de la marijuana dans le Colorado attirait un genre différent de pionniers.
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Nos enseignements servent précisément à ça - détourner notre peuple de l'herbe, de l'alcool, de toutes ces choses-là. J'aurais dû faire quelque chose, dire quelque chose, mais je n'ai pas levé le petit doigt.
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Dans le silence, la majesté des voitures enterrées me coupa le souffle. Je réfléchis aux sensations qu'on avait du éprouver, quatre mille ans auparavant, devant les véritables monolithes en Angleterre et me sentis connecté, véritablement connecté, à la terre, aux étoiles et aux Esprits.
Je contemplai les voitures si longtemps que ma tête se mit à tourner, et j'eus l'impression de m'envoler dans l'espace, de flotter dans les cieux. Le temps parut s'arrêter et la phrase lakota, mitakuye oyasin- nous sommes tous reliés - me revint; à cet instant, je compris la signification de ces mots. Je les perçus dans ma chair tandis que des images, des pensées et des souvenirs émergeaient au milieu des vieux véhicules.
Je vis ma mère, partie mais toujours avec moi, mon père, qui était mort trop tôt, et ma sœur, que j'avais aimée plus que tout. Mes grands-parents, tantes, oncles, amis. Ils apparurent devant moi, tous mes parents, mes ancêtres, indiens et blancs, qui avaient aimé et lutté, chassé et cueilli, travaillé et joué; ils se trouvaient sur ce continent, les yeux levés vers ces étoiles et ces planètes. Nous étions en plein jour, mais je voyais les étoiles, toutes les étoiles, qui m'entouraient, éclairaient le ciel, leur lumière éblouissante se reflétant sur les monolithes. Puis ce fut la nuit, un ciel noir d'encre. Quand je baissai les yeux, je vis que les étoiles - toutes sans exception- se trouvaient maintenant dans mes mains, elles éclairaient mes veines, mes muscles, mes os.
Je restai là, seul avec mes ancêtres, et les écoutai. Je finis par me détourner. En réintégration tranquillement ma vie, les paroles de ma mère me revinrent en mémoire.
Wakan Tanka Nice un. Que le Grand Esprit te guide.
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Il régnait beaucoup de tristesse chez nous aussi, mais pourquoi ne pas mettre en lumière les bonnes choses qui se passaient à Rosebud et Pine Ridge ? Tous les artistes et musiciens de la réserve, les skate-parks, les nouvelles entreprises, et les groupes qui travaillaient à redynamiser la langue et la culture lakotas ?
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- J'ai beaucoup prié et j'ai eu une idée . Peut-être qu'il pourrait venir aider au foyer. Faire du bénévolat, s'occuper des anciens ou des enfants à la garderie. Passer du temps avec la communauté, et se tenir à l'écart des gangs et des drogues.
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Lorsque Sybil était décédée, tout le monde avait dit que le chagrin allait diminuer avec les années, mais cela n'était pas arrivé. J'avais découvert que la tristesse était comme une vieille voiture abandonnée pour de bon dans un champ - elle change un peu avec le temps, mais elle ne disparaît jamais. On peut l'oublier pendant un moment, mais elle est toujours là, de plus en plus mangée par la rouille, jusqu'à ce qu'on la remarque à nouveau.
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